Yobi, le renard à 5 queues

Après l'excellent Mari Iyagi, le réalisateur Seong-Gang Lee, l'un des grands talents du cinéma d'animation coréen, nous revient enfin en France avec Yobi le renard à cinq queues, long-métrage conçu en 2007 au sein du studio Sunwoo Entertainment, auquel nous devons notamment le film "Dark Fury" des Chroniques de Riddick. EN guise de base de ce nouveau film, Lee s'est inspiré d'une légende coréenne populaire.
Depuis plusieurs milliers d'années, un renard à cinq queues vit dans une colline au sein de la foret. Au fil du temps, Yobi, puisque c'est son nom, a noué des liens amicaux avec les créatures du coin, des sortes de tanukis, et a vu évoluer une société humaine qui a petit à petit pris le dessus sur la nature, tant et si bien qu'aujourd'hui, une petite ville est apparue au pied de la colline. Dans cette petite ville se dresse une école regroupant des élèves marginalisés mais non moins curieux de tout. Mais les hommes ont également grandi avec les légendes folkloriques, et vouent une véritable peur envers les renards à cinq queues, qui seraient capables de leur voler leur âme.
Mais voici qu'un jour, pour pouvoir récupérer un de ses amis de la colline qui s'est perdu en ville, Yobi décide de mettre à profit son aptitude à se transformer en jeune fille pour pouvoir approcher plus sereinement le monde humain. Ainsi, elle s'intègre à l'école et fait la connaissance de Geum-Ye, un jeune garçon avec lequel elle va rapidement se lier d'amitié. Mais au sein de la société humaine, le danger est partout pour un renard à cinq queues, et entre sa mission visant à récupérer son ami, la crainte des humains à cause des légendes, l'apparition d'un chasseur bien décidé à retrouver le renard à cinq queues, le désir de Yobi de préserver son amitié naissante avec certains humains, et l'apparition d'une étrange ombre détective aux desseins énigmatiques, notre héroïne aura fort à faire...
Porté par une réalisation soignée, Yobi affiche d'emblée une beauté esthétique certaine. En plus de l'animation de bonne facture, les décors s'avèrent riches, à la fois réalistes et poétiques, et pourvus d'une animation fluide, à l'image de la scène où notre héroïne glisse le long des branches d'arbre. La gestion des couleurs est des plus plaisantes, les nuances sont là, et le tout séduit sans effort. Du côté du design des personnages, on saluera celui de Yobi, fine, espiègle et délicieuse aussi bien sous sa forme animale qu'humaine, mais aussi celui des créatures vivant avec elle dans la colline.
Du côté de l'histoire, les choses se mettent en place vite et bien. Les bases sont rapidement explicitées et posées pour laisser place à une palette de personnages dans un premier temps réellement délicieuse, de notre espiègle héroïne à ses amis animaux, comme l'un des plus jeunes passant son temps à répéter les dernières syllabes des phrases de son aîné, en passant par les humains, à l'image du professeur tombant raide dingue de Yobi sous sa forme de femme adulte. Ainsi, une ambiance légère et amusante est créée rapidement grâce aux interactions de tout ce petit monde, et le film commence de la meilleure des manières, pour ensuite aborder les différents thèmes qu'il met en place, à savoir l'opposition et la cohabitation entre l'homme et la nature, ou encore l'hymne à la tolérance, des thèmes en vogue depuis qu'ils ont été brillamment explicités, notamment, dans certains films des studios Ghibli.
On se retrouve donc avec un film sympathique au début, mais qui a malheureusement tendance à s'enfoncer un peu par la suite. En effet, régulièrement, le tout manque de rythme, et l'on ne peut que regretter que certains thèmes ne soient pas plus exploités. Par exemple, si le message de tolérance passe parfaitement à travers la relation qui se crée entre Yobi et Geum-Ye, on a fortement l'impression que la confrontation entre l'homme et la nature ne tient pas tout à fait ses promesses, ou aurait pu, en tout cas, être abordée plus en profondeur. On peut aussi souligner l'aspect un peu survolé de certains éléments pourtant importants, comme la peur des humains envers les renards à cinq queues. On regrette également le manque de consistance de quasiment tous les personnages secondaires, car si les habitants de la colline ou même l'enseignant sont au début réellement délicieux, leur manque de consistance apparaît vite comme une évidence, si bien qu'ils finissent par être relégués au rang de figurants. De même, on regrette un peu le manque d'impact de certains ennemis sur le spectateur, comme le chasseur, ou même, finalement, l'ombre dont on devine facilement le rôle. Quant à la fin, volontairement peu claire et assez ouverte, elle divisera les foules.
Au final, Yobi le renard à cinq queues est assurément un long métrage qui a bénéficié d'un soin particulier. Le film, très beau, se suit avec un certain plaisir jusqu'au bout malgré les baisses de rythme et le manque d'approfondissement de beaucoup d'éléments. Mais le prix restant tout à fait correct pour un DVD bénéficiant d'une qualité d'image et de son excellente ainsi que d'une version française bien conçue, voici assurément un petit film pour petits et grands à découvrir avec curiosité.