Evangelion

Pour nous faire découvrir un animé, un film asiatique ou donner des informations relatives à ces univers.

Evangelion, c'est...

une série absolument cultissime, rien de moins !
8
50%
un très bon anime, mais son côté révolutionnnaire est exagéré
4
25%
moyen, je ne suis pas fan mais je ne crache pas dessus
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6%
une grosse m****
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j'en sais rien car j'ai rien compris, surtout à la fin
1
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une série que je n'ai jamais vue. Sur ce, je pars m'auto-flageller pour expier cette faute.
1
6%
 
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Glass Heart
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Re: Evangelion

Message non lu par Glass Heart » 01 déc. 2012, 12:59

Nouvelle bande-annonce du troisième film (avec des spoilers):

TAgddbvdgJY

Glass Heart
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Re: Evangelion

Message non lu par Glass Heart » 07 janv. 2013, 23:57

Je viens de revoir le premier film d'Evangelion. Ce qui m'a beaucoup étonné, c'est de voir à quel point des éléments dont j'ai entendu parler au sujet du troisième film se raccordent parfaitement avec des éléments déjà abordés ou évoqués dans le premier.

Par exemple (Spoilers importants):

[spoiler]Dans le premier film, Shinji doit à tout prix empêcher le Sixième Ange d'atteindre Lilith, sans quoi le Troisième Impact se produira et détruira l'humanité (d'où probablement la raison du changement dans le premier film où Misato et le reste de la Nerv sont au courant de la présence de Lilith dans les sous-sols, permettant ainsi d'introduire cet élément plus tôt et de définir clairement les enjeux au lieu d'entretenir le mystère comme dans la série). Dans le troisième film, Shinji Ikari et Kaworu Nagisa tentent justement de provoquer le Quatrième Impact grâce à Lilith, tandis que Misato et ses pilotes d'Eva tentent de les en empêcher. La dynamique du personnage s'est inversée et Shinji devient désormais "l'ennemi", dans la même position que les Anges qu'il combattait autrefois.

Aussi, durant les conversations entre Gendo Ikari et Fuyutsuki ou entre Gendo et la Seele, de nombreux éléments symboliques liés à la religion sont évoqués mais ils semblent sortir un peu d'on ne sait où. A ce stade, tout ce qu'on peut comprendre, c'est que tous les événements qui se passent dans les deux premiers films étaient prévus de longue date, que Gendo et la Seele manipulent tout le monde et qu'ils ont probablement joué eux-mêmes plus ou moins un rôle dans les attaques des anges en vue de suivre leur scénario préétabli. Mais en réalité, les éléments auxquels ils font allusion correspondent à des événements survenant dans le troisième film où le plan de Gendo se met en application à l'insu complet de Shinji qui le réalise.

Et le troisième film poursuit aussi l'une des grandes thématiques des deux premiers. Dans Evangelion 1.0, dans une tentative pour être reconnu par les autres et apprécié, Shinji se contentait d'obéir aux ordres et de faire ce qu'on demandait de lui sans se préoccuper de savoir s'il le voulait réellement mais le fait qu'il n'en recevait aucune gratitude le vexait (et pour cause, il ne le faisait pas de bonté de coeur et se rapprochait donc plus d'une arme qu'on utilise que d'un individu dans l'idée). Tout en faisant son devoir de militaire, Misato tentait de l'aider à s'assumer davantage mais elle-même devait faire face à ses contradictions dans son double-rôle inadapté (à la fois figure d'autorité et confidente). Dans Evangelion 2.0, Shinji a commencé à trouver un équilibre dans sa vie, plus épanoui dans ses relations. Il commence aussi à s'assumer davantage dans ses décisions, les bonnes comme les mauvaises, mais plus fidèle envers lui-même qu'avant. Misato encourage vivement cette évolution durant le film, jusqu'au grand final où elle le soutient pleinement dans sa décision d'affronter l'Ange pour sauver Rei de sa propre volonté. Dans Evangelion 3.0, c'est un revirement total: la décision qu'a pris Shinji à la fin du film précédent a eu des conséquences catastrophiques et dorénavant tout le monde le hait, y compris Misato qui condamne désormais fermement ses actions passées, et Shinji se retrouve donc seul (ou presque) avec le monde entier à dos lorsqu'il décide de provoquer le Quatrième Impact afin de rattraper ses erreurs. Et là, il assume jusqu'au bout une décision qui fait de lui l'ennemi de l'humanité (en dépit donc de ce que peuvent penser tous les autres), ce qui aurait été impensable pour le Shinji d'autrefois. De là, je me demande comment cette thématique va encore évoluer dans le quatrième et dernier film.[/spoiler]

Glass Heart
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Re: Evangelion

Message non lu par Glass Heart » 22 janv. 2013, 19:02

Dybex sortira une nouvelle édition des films Death and Rebirth of Evangelion et The End of Evangelion le 14 Février prochain en VOSTFR uniquement (ce qui n'est franchement pas une perte vu le désastre absolu de la VF de l'ancienne édition).

Le premier film est un résumé (incompréhensible) des 24 premiers épisodes de la série animée. Le second est une fin alternative à la série remplaçant les épisodes 25 et 26.

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Garvi
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Re: Evangelion

Message non lu par Garvi » 03 févr. 2013, 21:34

Vu le prix annoncé (44,99 euros), je pense que je m'en passerai. J'ai déjà l'ancienne version et remettre 45 euros pour avoir un son amélioré et quelques modifications de sous-titres, je ne vois pas trop l'intérêt (ok, il y a un DVD bonus, m'enfin). Je pense qu'à ce prix là, ils auraient au moins pu proposer une version Blu-Ray, voire une version combo DVD+Blu-Ray (dans le même genre que Fate/Zero). Le prix me choque un peu, surtout vu le contenu (au niveau quantitatif et qualitatif) :/. Un coffret dans le genre, ça ne doit pas dépasser les 25,99 ou au GRAND maximum 29,99 euros...
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Re: Evangelion

Message non lu par Katabambou » 28 févr. 2013, 17:34

A voir, si je la trouve beaucoup moins cher un jour. Le 1er film étant presque incompréhensible (comme indiqué). Du moins pour une personne qui ne connait pas, c'est extrêmement déroutant.

Glass Heart
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Re: Evangelion

Message non lu par Glass Heart » 10 mai 2013, 16:34

Garvi a écrit :Vu le prix annoncé (44,99 euros), je pense que je m'en passerai. J'ai déjà l'ancienne version et remettre 45 euros pour avoir un son amélioré et quelques modifications de sous-titres, je ne vois pas trop l'intérêt (ok, il y a un DVD bonus, m'enfin). Je pense qu'à ce prix là, ils auraient au moins pu proposer une version Blu-Ray, voire une version combo DVD+Blu-Ray (dans le même genre que Fate/Zero). Le prix me choque un peu, surtout vu le contenu (au niveau quantitatif et qualitatif) :/. Un coffret dans le genre, ça ne doit pas dépasser les 25,99 ou au GRAND maximum 29,99 euros...
J'ai commencé à regarder The End of Evangelion dans cette nouvelle édition. Très franchement, pour ceux qui possèdent déjà l'édition (pourrie) de Manga Vidéo, ça ne vaut vraiment pas le coup de racheter cette édition (et le disque bonus est une blague, tandis que le livret s'apparente étrangement à un manifeste sur l'importance du son au cinéma).

Cette nouvelle édition est surtout intéressante pour ceux qui ne possèdent pas encore ces films. Mais il y a beaucoup trop de défauts, même si le résultat n'est pas aussi dégueulasse que celui de l'ancienne édition.

Enfin, je réserve mes observations finales pour une fois que j'aurais vu les deux films mais, d'un point de vue purement technique, je suis plutôt dans le négatif là (et j'en ai déjà marre des effets d'entrelacement qui rendent l'image assez dégueulasse lors des passages d'action où ça bouge pas mal). :(

J'attendais cette édition en espérant une version remise à neuf de ces deux films, après le massacre de l'édition précédente. Je suis assez déçu pour le moment.

Glass Heart
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Re: Evangelion

Message non lu par Glass Heart » 02 juin 2013, 18:26

Evangelion 1.11: You Are (Not) Alone

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Studio: Khara.
Editeur: Dybex.
Année de production: 2007.
Durée: 1h42.


Casting VO: Megumi Ogata (Shinji Ikari), Kotono Mitsuishi (Misato Katsuragi), Megumi Hayashibara (Rei Ayanami, Yui Ikari et Pen-Pen), Yuriko Yamaguchi (Ritsuko Akagi),
Fumihiko Tachiki (Gendo Ikari), Tomokazu Seki (Toji Suzuhara), Tetsuya Iwanaga (Kensuke Aida), Motomu Kiyokawa (Kozo Fuyutsuki), Hiro Yuki (Makoto Hyuga),
Takehito Koyasu (Shigeru Aoba), Miki Nagasawa (Maya Ibuki), Mugihito (Keel Lorentz), Junko Iwao (Hikari Horaki) et Akira Ishida (Kaworu Nagisa).


Casting VF: Vincent de Bouard (Shinji Ikari), Marie Diot (Misato Katsuragi), Françoise Escobar (Rei Ayanami), Pascale Chemin (Ritsuko Akagi), Gérard Rouzier (Gendo Ikari),
Cédric Barbereau (Toji Suzuhara), François Creton (Kensuke Aida), Jacques Albaret (Kozo Fuyutsuki), Renaud Heine (Makoto Hyuga), Jean-Marc Montalto (Shigeru Aoba),
Susan Sindberg (Yui Ikari), Serge Noël (Keel Lorentz) et Julie Petitrenaud (Kaworu Nagisa).



Chronique:

Evangelion 1.11: You Are (Not) Alone est le premier film de la quadrilogie Rebuild of Evangelion, une nouvelle adaptation cinématographique de la série animée Neon Genesis Evangelion. Le réalisateur Hideaki Anno espérait ainsi créer une version d'Evangelion qui se rapproche davantage de ses intentions initiales. Dans les faits, ce premier opus adapte les six premiers épisodes de la série originale de manière fidèle, lançant ainsi la nouvelle saga sur des bases très similaires à celles de son aînée.


Evangelion, un univers de méchas classique ?

Evangelion nous plonge dans un monde post-apocalyptique. Nous sommes en 2015. L'humanité a survécu à un grand cataclysme à l'échelle mondiale connu sous le nom de Second Impact. La moitié de la population mondiale a survécu. Les rescapés bâtirent des villes forteresses, dernier bastion de l'humanité, pour se protéger des attaques de créatures mystiques connues sous l'appellation d'Anges. Afin de les combattre et de défendre ainsi ce qu'il reste de la race humaine, l'organisation gouvernementale Nerv crée des humanoïdes de synthèse, les Evangelion. Ces méchas doivent être pilotés par de jeunes adolescents. Le directeur de la Nerv de Tokyo-3, Gendo Ikari, rappelle alors son fils Shinji, qu'il a abandonné très jeune, afin de le faire monter à bord d'une Eva.

Ce pitch de départ assez classique pourrait convenir à n'importe quelle série de méchas. Ce qui démarque Evangelion de la concurrence, c'est la manière dont l'histoire arrive à partir de ces bases pour construire une oeuvre d'une richesse incroyable dotée d'une galerie de personnages torturés et complexes. Shinji Ikari n'est ainsi pas le stéréotype du héros de shonen classique qui monte à bord d'un mécha pour défendre fièrement l'humanité. C'est un adolescent que la vie n'a pas épargné, qui a souffert durant toute son enfance d'un syndrome d'abandon et qui a toujours tenu ses distances dans ses relations avec autrui. C'est ce que découvre rapidement le colonel Misato Katsuragi, sa nouvelle supérieure hiérarchique, qui ne s'attendait pas à un jeune garçon aussi difficile.

Shinji n'a strictement aucune envie de monter dans une Eva. Quand il a été rappelé de nulle part par son père, il espérait pouvoir renouer progressivement ses relations avec lui et trouver cet amour qui lui a toujours fait défaut. Au lieu de cela, Gendo ne recherchait qu'un pilote pour prendre les commandes de l'Evangelion et c'est uniquement dans cette intention qu'il lui a demandé de revenir. Dégoûté, Shinji finit par réaliser que son père lui laisse le choix entre monter à bord d'une Eva ou repartir aussitôt. Ayant toujours souffert de son abandon et désirant être enfin accepté par les autres, il n'a pas d'autre option que de lui obéir, même s'il n'en a aucune envie, sans quoi il sera abandonné de nouveau. C'est ainsi que Shinji devient le héros improbable de notre histoire, un pilote peu conventionnel qui réserve bien des ennuis à son entourage, mais c'est justement là ce qui fait la particularité de cette série. Shinji n'a rien d'un héros, c'est un adolescent classique avec son lot de problèmes et qui s'est vu confier ce rôle au-delà de toute attente. Toute la question est alors de voir la manière dont son personnage va évoluer à partir de là.

Shinji devient le héros qui doit piloter l'Eva 01 pour protéger l'humanité des attaques des Anges. C'est bien ! Mais, au-delà de ça, qu'est-ce que cela signifie réellement ? Cette question est au centre des enjeux du film et c'est sur le traitement de cette thématique que Evangelion 1.11 se démarque réellement des six premiers épisodes de la série. Car si l'adaptation reste très fidèle, Hideaki Anno a retravaillé sa copie pour créer une histoire et une narration qui aient davantage de cohérence, trouvant ainsi le sens propre de son film.


Shinji Ikari: les enjeux existentiels d'un (anti-)héros

Deux philosophies s'opposent autour du personnage de Shinji et de son rôle de "sauveur" de l'humanité. Ces deux philosophies sont incarnées respectivement par les personnages de Misato Katsuragi, la supérieure hiérarchique de Shinji, et de Gendo Ikari, le directeur de la Nerv et le père du jeune garçon. Plus que tout autre, Misato réalise que Shinji s'est vu confier le sort de toute l'humanité, une responsabilité bien lourde pour les épaules d'un adolescent. Elle est surtout désillusionnée de réaliser que le garçon en question soit une personne aussi sensible, très vulnérable émotionnellement. Refusant de le voir se renfermer davantage dans sa solitude, elle décide de devenir sa gardienne et de le faire s'installer dans son nouvel appartement avec elle. L'intention honorable de Misato est d'amener Shinji à réaliser la valeur de ce qu'il protège en pilotant l'Eva, tous ces moments du quotidien où les gens peuvent vivre leur vie pleinement en toute insouciance, s'amuser et rire ensemble. Shinji n'a jamais connu ce style de vie donc il n'a pas de raison valable pour piloter l'Eva puisqu'il n'y a personne qu'il désire réellement protéger. Misato veut lui faire découvrir toutes ces choses pour qu'il soit amené à valoriser davantage son rôle et l'importance de sa présence pour l'ensemble de la Nerv, afin qu'il pilote un jour l'Eva de son propre choix et non parce qu'on lui demande de le faire. Elle veut voir Shinji devenir cette personne en qui l'humanité pourra confier son sort, ses espoirs et ses rêves en toute confiance, sachant qu'il en sera digne. Mais on en est encore loin...

A l'inverse, Gendo Ikari ne porte clairement pas le même intérêt envers son fils. Principal responsable de ses troubles psychologiques, il n'éprouve pas le moindre intérêt à renouer une relation avec lui. Il n'a rappelé Shinji que parce qu'il avait besoin d'un pilote pour l'Eva 01. Dès le début, il fait clairement savoir à son fils que, s'il ne remplit pas ses attentes, il n'aura aucun scrupule à le remplacer aussitôt et à l'abandonner comme autrefois. Gendo n'a pas besoin d'un fils, il a besoin d'une personne pouvant remplir un rôle particulier dans la mise en oeuvre de son mystérieux projet. Personnage intrigant, le film nous montre qu'il possède un agenda secret dont personne à la Nerv n'est au courant et qu'il tire en réalité les ficelles de nombreux événements, manipulant notamment les émotions de son fils afin de lui faire suivre un étrange "scénario" conçu longtemps à l'avance. Froid et calculateur, ce personnage fascine tout autant que ses actes nous répugnent et ses véritables intentions restent entourées du plus grand mystère. A t-il réellement à coeur l'intérêt de l'humanité ou suit-il des motivations purement égoïstes, manipulant dès lors l'ensemble de l'humanité pour servir son propre intérêt ? Cette contradiction, déjà très présente dans la série originale, est amenée ici beaucoup plus tôt dans l'histoire et, surtout, de manière bien plus explicite.

Le personnage de Shinji trace donc sa voie entre ces deux philosophies qui l'entourent, recherchant l'amour impossible d'un père tout en évoluant à travers sa relation avec Misato, mais les choses restent loin d'être faciles. Bien qu'il soit devenu le pilote attitré de l'Eva 01, il se contente en réalité d'obéir bêtement aux ordres qu'on lui donne tel un robot et il rencontre sans surprise des débuts difficiles qui l'amènent à finir directement sur un lit d'hôpital. Traumatisé par cette première expérience cauchemardesque à bord de l'Eva, il est dorénavant terrorisé à la simple idée d'être à son bord et en proie à de graves crises de panique qui mettent en danger le succès des opérations et jusqu'à sa propre vie. Pris dans une spirale autodestructrice, Shinji éprouve une intense frustration qui crée des tensions dans sa relation avec Misato, dépassée par les événements et incapable de gérer une personnalité pareille. Sans repère, ne sachant plus exactement pourquoi il est revenu, Shinji se renferme de plus en plus, le climax étant atteint au cours d'une séquence de fugue où le jeune garçon erre sans but à travers la ville, cherchant en vain un endroit où il échappera à ce monde cruel qui lui inflige tant de souffrances et où il trouvera enfin la paix dans la solitude. Un tel endroit n'existe pas dans le monde réel où les agents de la Nerv arriveront toujours à le retrouver, ne lui laissant qu'une brève illusion de liberté alors qu'il est prisonnier d'une cage dont on ne peut s'échapper. Le seul monde qui lui convienne, c'est celui qui existe au plus profond de lui: son monde intérieur coupé de la réalité, là où personne ne pourra l'atteindre. Le seul où il puisse réellement s'échapper.

Le film arrive à traiter cette profondeur psychologique du personnage en alternant entre scènes liées à la dimension méchas et d'autres directement liées à l'introspection du personnage, ce qui donne lieu à des séquences magnifiques comme celle de la fugue ou celles sur le monde intérieur de Shinji, superbes visuellement et très travaillées en terme de mise en scène et de rythme, dotées d'une atmosphère auteuriste d'une grande poésie mais aussi d'une profonde mélancolie. Les tourments qui hantent l'esprit de Shinji véhiculent un mal-être existentiel qui touche le spectateur en plein coeur. Certains ressentiront de l'empathie à l'égard du personnage, d'autres seront agacés par son attitude dépressive, mais le personnage de Shinji ne laissera en tout cas personne indifférent: on aime ou on déteste.

Il y a toutefois, dans le film, un manque au niveau de son évolution qui n'était pas présent dans la série. Dans cette dernière, le personnage Shinji arrivait à trouver un équilibre dans sa vie quotidienne à travers sa vie de collègien. Cette dimension existe toujours dans le film, certes, mais elle est réduite au strict minimum et elle ne nous laisse dès lors pas l'impression d'avoir une si grande importance dans son évolution. Alors que Misato annonce à Shinji qu'il sera remercié par les habitants pour ce qu'il a fait, à aucun moment le film ne nous donne l'occasion de voir ce que pense les gens lambdas à son égard. Dans ce film, on dirait que "le monde extérieur" se réduit à deux de ses camarades de classe, Toji et Kensuke, lesquels voient leurs rôles grandement épurés sans tout le traitement psychologique dont ils disposaient dans la série originale. De ce fait, leur relation avec Shinji nous semble amenée de manière forcée, beaucoup moins naturelle qu'elle ne l'était dans la série, et on croit moins à leur amitié. Même le quotidien de Shinji avec Misato est beaucoup moins développé dans le film: après une rapide séquence pour présenter les lieux, le reste de leur relation tourne principalement autour des difficultés relationnelles de Shinji, auxquelles Misato a bien du mal à faire face, et des tensions qui découlent de leur relation professionnelle. Si le personnage de Misato reste primordial dans l'évolution de Shinji, on ne ressent que rarement la chaleur humaine qui émanait de leur relation dans la série, les deux étant souvent ici en conflit et n'étant que rarement en position de partager un repas ensemble.


Rei Ayanami, l'âme soeur de Shinji

Tout l'enjeu du personnage de Shinji est d'arriver à créer des liens avec les autres, conformément au souhait de Misato. Au bout du compte, dans le film, cela passe principalement par sa relation avec le personnage ambiguë de Rei Ayanami, l'autre pilote d'Eva. Tout comme Shinji, Rei se caractérise par un tempérament solitaire et elle ne cherche pas à nouer de relations avec les autres personnes. Toutefois, il existe bien un lien qui la lie à quelqu'un d'autre et qui fait qu'elle n'éprouve pas les mêmes difficultés que le jeune Ikari à accepter son rôle de pilote d'Eva, n'hésitant pas à se mettre en première ligne pour le protéger alors qu'elle a elle-aussi droit à son lot de passages à l'hôpital. Shinji s'imagine à tort qu'elle possède une force qui lui fait défaut, manquant cruellement de confiance en lui. Pourtant, la réalité se révèle bien différente à mesure que l'on apprend à découvrir le personnage de Rei durant la seconde partie du film. A l'image de son appartement sans identité ni couleur, cette jeune fille est une âme vierge qui n'affirme pas de personnalité. Le seul élément qui la caractérise un tant soit peu est la paire de lunettes que Gendo a perdu en tentant de la protéger et qu'elle garde précieusement avec elle. Elles représentent son lien avec le père de Shinji, la seule chose qui lui appartienne vraiment. Dépossédée de ce lien, il ne lui reste rien.

Les similitudes entre Shinji et Rei sont développées tout le long du film. Très tôt, une séquence introspective nous les présente comme un frère et une soeur spirituels. Cela est réellement le cas car Gendo traite bel et bien Rei comme si elle était sa propre fille, alors qu'il n'éprouve pas la même intention à l'égard de Shinji, son enfant naturel, ce qui perturbe grandement ce dernier. Loin d'en ressentir de la jalousie envers Rei (mais plutôt de la haine à l'égard de son père), Shinji est inexplicablement attirée par la jeune fille et il s'intéresse à elle. Comment une telle relation a t-elle pu naître entre Rei et son père alors que ses propres efforts pour attirer son attention ont toujours été vains ? Gendo Ikari ne cesse de les traiter différemment, faisant comprendre à Shinji qu'il n'a pas spécifiquement besoin de lui et qu'il serait remplacé s'il venait à trahir ses attentes, tandis qu'il fait tout pour privilégier la remise en état de l'Eva 00 de Rei le plus rapidement possible. La contradiction de ce personnage veut que son affection à l'égard de la jeune fille passe aussi par une odieuse manipulation des sentiments des deux enfants. Gendo n'hésite pas un instant à utiliser sa relation avec Rei (et Rei elle-même) pour manipuler Shinji afin de les rapprocher. Aussi sincère que soit son affection pour Rei, il donnera toujours la priorité à son "scénario", même s'il doit pour cela trahir toutes les personnes qui lui sont chères. Dans la lignée directe du complexe du hérisson illustré à travers le personnage de Shinji, il est très probable que Gendo garde lui-même délibérément ses distances avec les autres afin de ne pas souffrir de les trahir et d'afficher ainsi une détermination inébranlable dans la poursuite de ses mystérieux objectifs.

Les raisons qui font que Gendo préfère autant Rei restent entourées de mystères et elles ne sont pas évoquées dans ce film, bien que ceux qui ont vu la série d'origine connaissent certainement déjà la réponse. Mais la relation entre Shinji et Rei, au coeur de toute la seconde partie du film, passe inévitablement par leur relation commune avec ce personnage aussi fascinant que déroutant. Les deux pilotes d'Eva conservent en permanence avec eux un objet qui les lie à leur "père". Pour Shinji, il s'agit d'un vieux lecteur mp3 qu'il écoute souvent en boucle dans ses moments de grande solitude, comme pour s'échapper de ce monde qui l'a tant fait souffrir. Pour Rei, il s'agit de la paire de lunettes qu'elle garde précieusement jusque dans le cockpit de son Eva. Ce besoin commun de se rattacher à un objet comme s'il était la seule chose qui les relie au monde extérieur et à d'autres personnes est une similitude importante entre les deux personnages. C'est au travers de ce genre de liens (avec Gendo, avec Toji et Kensuke, avec Misato, entre eux...) que chacun d'eux se construit au fur et à mesure et qu'ils trouvent ultimement la force de se battre pour les protéger au cours du dernier acte.

A l'image du titre "You Are (Not) Alone", le grand enjeu du film est de voir Shinji vaincre sa solitude et ses doutes pour devenir légitimement le pilote de l'Evangelion 01. Cela passe par la réalisation qu'il n'est pas tout seul, que des personnes comptent sur lui, qu'elles lui confient leur destin parce qu'elles ont foi en lui, et qu'il se bat dès lors pour les protéger parce qu'il chérit leurs liens, pour lui-même, de sa propre décision. Rei incarne le mieux cette prise de conscience car elle lui est similaire et, pour cela, elle est la première personne que Shinji désire protéger comme si elle était une autre part de lui-même, celle qui le complète. Cela passe aussi par une facilité narrative qui représente l'une des différences les plus évidentes avec la série animée originale. Dans le dernier acte du film, pour arriver à vaincre les doutes de Shinji, Misato lui fait une révélation importante qui l'amène à réaliser qu'il n'est pas le seul à se battre et que tout le personnel de la Nerv sont prêts à lui confier leur sort, même s'il ne croit pas en lui-même. Cette révélation permet de résoudre la situation et d'amener le jeune Ikari à la finalité de son évolution durant le film (même s'il reste encore beaucoup à construire, d'où la nécessité d'une suite). C'est bien mais, si c'était aussi simple, alors pourquoi Misato ne l'a t-elle pas fait beaucoup plus tôt ? Cela aurait pu arriver dès le milieu du film, dès qu'elle avait compris que les troubles de Shinji ne pourraient être résolus facilement et qu'il allait falloir être un argument de taille pour arriver à le convaincre, mais cela aurait aussi annulé toute l'évolution qu'a suivi le personnage de Shinji au cours de la seconde partie, notamment au travers de sa relation avec Rei, et qui l'a amené au stade où il en est actuellement. Hideaki Anno a fait le choix de privilégier avant tout la fluidité de sa narration et l'évolution complète du personnage de Shinji, au prix de cette facilité narrative. Mais surtout, cette révélation donne son sens à de nombreux événements et aux enjeux de cette bataille entre les Anges et les Evas, permettant à Shinji de comprendre pourquoi il doit se battre et la nature des enjeux qui lui sont confiés (et au spectateur qui ne connaîtrait pas la série d'y voir un peu plus clair dans toute cette histoire).


L'univers d'un auteur

Plus qu'un simple remake moderne des six premiers épisodes de la série avec une animation de très grande qualité qui ne cesse de nous subjuguer par sa beauté visuelle, ce film est aussi l'occasion pour le réalisateur Hideaki Anno de revoir sa copie et d'améliorer la cohérence narrative de son oeuvre maintenant qu'il la maîtrise pleinement. Il sait ce qu'il veut nous raconter comme histoire et, surtout, la manière dont il doit nous la raconter. Evangelion 1.11 est donc tout autant une version améliorée (même si quelques éléments ont été sacrifiés au passage) qu'une réinvention des six premiers épisodes de la série. Et pas qu'au niveau de l'histoire d'ailleurs car Anno a aussi profité de l'occasion pour retravailler sa réalisation. Sa mise en scène est beaucoup plus riche qu'elle ne l'était dans la série d'origine avec une esthétique particulièrement somptueuse et l'ajout de nombreux effets visuels et sonores qui contribuent énormément à l'immersion du spectateur dans le film, donnant toute sa force émotionnelle et épique à l'oeuvre. Les scènes d'action, si elles ne sont au nombre que de quatre ou cinq, sont spectaculaires à souhait et nous en mettent visuellement plein la vue, tout en assurant un rythme frénétique qui nous plonge au coeur de l'action. Les scènes introspectives ne sont pas en reste, dotées d'une magnifique poésie et d'émotions que le film réussit habilement à faire ressentir à ses spectateurs. Que dire de la séquence de la fugue ou de celles sur le monde intérieur de Shinji qui sont de vrais joyaux de réalisation, excellant en terme de mise en scène, de rythme, d'esthétique et de narration ? Et le tout est encore enjolivé par les magnifiques compositions de Shiro Sagisu qui reprennent plusieurs thèmes phares de la série d'origine tout en en introduisant d'autres tout aussi réussis, à commencer par "Angel of Doom" qui accompagne le grand final à la perfection en nous faisant ressentir toute la tension qui découle de cette confrontation grandiose et épique. La note finale du film est donné par "Beautiful World", le thème du générique de fin chanté par Hikaru Utada, qui colle parfaitement au message d'optimisme véhiculé par la fin du film (et qui est tout simplement une superbe chanson). Le film est ainsi parfaitement maîtrisé au point de vue technique.

Mais ce qu'il y a de plus formidable dans la réalisation, c'est de voir à quel point l'univers du film a été travaillé. Tokyo-3 n'est pas qu'un simple théâtre où se situe l'action, c'est un personnage à part entière du film avec une architecture des lieux incroyablement pensée et travaillée et un fonctionnement automatisé qui apporte à l'univers sa dimension futuriste tout en préservant un certain réalisme contemporain. La vision de la ville du futur présentée par Anno est crédible, c'est une fiction dont on se dit qu'elle pourrait exister dans notre réalité dans plusieurs années, et le film arrive à nous en convaincre. Le réalisateur met en scène cette ville forteresse de manière poétique et lyrique, ce qui se conjugue bien avec le reste du film, créant ainsi un ensemble homogène entre l'univers, l'histoire et les personnages. Evidemment, tout l'aspect technique des installations, des véhicules, des équipements, des armes et, surtout, des méchas n'est pas non plus en reste. Anno est un véritable passionné par son sujet et il arrive à nous faire partager cette passion à travers l'univers qu'il conçoit. Il n'est alors pas étonnant que le réalisateur ait voulu faire d'Evangelion une série de méchas car on sent là l'âme d'un véritable otaku et son amour pour le genre transparait à tous les niveaux, créant un monde d'une grande beauté et très riche visuellement. Les Anges eux-mêmes font partie intégrante de cet univers, issue de l'imagination (parfois tordue) de cet auteur qui donne libre cours à ses délires visuels pour nous construire une galerie d'adversaires aussi originaux que mémorables. On ne connait que peu de choses à leur sujet, on ne sait pas ni ce qu'ils sont ni d'où ils viennent, c'est l'un des mystères récurrents de cet univers (et ça continue d'alimenter les débats encore aujourd'hui), mais ils incarnent toutefois une menace on ne peut plus réelle et Anno a réussi à saisir le potentiel tant esthétique que filmique de telles créatures.


Une version japonaise fidèle à l'ancienne, un doublage français controversé

Au niveau des doublages, on a comme souvent le choix entre la version japonaise originale sous-titrée dans la langue de Molière et une version française spécialement crée pour l'occasion. La version japonaise reprend l'ensemble des seiyus de la série d'origine qui présentait déjà pour l'époque des choix de casting intéressants avec des valeurs montantes comme Megumi Ogata (Shinji Ikari) et Megumi Hayashibara (Rei Ayanami, cette dernière étant devenue une grande star du doublage nippon en partie grâce à ce rôle) pour les deux personnages principaux. Pour interpréter Misato Katsuragi, Hideaki Anno avait choisi de faire appel à la célèbre Kotono Mitsuishi, très populaire pour son rôle de Sailor Moon et bien connue du public. Ce choix permettait de créer une relation particulière entre son personnage et le spectateur, la confortant dans le rôle de grande soeur qu'elle tient auprès de Shinji. Ce choix de casting intéressant a permis à l'actrice de prouver la grande variété de rôles qu'elle est capable d'endosser et d'élargir ainsi son répertoire même si cette nouvelle image devait la "typecaster" quelques fois (elle incarnera quelques années après un personnage similaire dans les séries Gundam Seed et Gundam Seed Destiny). Le reste du casting est également composé de seiyus de grand talent, parmi lesquels Fumihiko Tachiki qui apporte sa voix grave et profonde au personnage de Gendo Ikari, véhiculant magnifiquement la froideur et le mystère qui entoure son personnage, tandis que la voix glamour de l'excellente Yuriko Yamaguchi correspond à merveille au personnage de Ritsuko Akagi, une femme beaucoup plus mature que son âge relativement jeune et qui a déjà connu les affres de la vie. Cette version japonaise est donc de grande qualité dans l'ensemble et nul doute que ceux qui l'avaient déjà apprécié dans la série originale la retrouveront ici avec le même plaisir qu'aux premières heures de la franchise.

La version française, elle, suscite davantage la controverse dans l'idée même. Non pas qu'elle soit foncièrement mauvaise, elle est même assez bonne dans l'ensemble, mais c'est surtout que Dybex a choisi de remplacer le casting original de l'époque par des comédiens ayant souvent des voix assez similaires aux anciens pour tenir des rôles auxquels les fans sont maintenant attachés. Tout le monde n'accueillera certainement pas cette décision à bras ouverts. Il reste toutefois qu'on a droit à de très bonnes prestations comme celle de la talentueuse Marie Diot dans le rôle de Misato Katsuragi qui, si elle a du mal à faire oublier la voix particulière de Laurence Bréhéret, se révèle tout aussi convaincante à assurer le rôle. Certains auront peut-être du mal avec le fait que, tout en étant assez similaire, sa voix fasse plus jeune que celle à laquelle on est maintenant habitués, mais cela ne trahit en rien le personnage et relève d'une comparaison qui ne tient finalement qu'au facteur nostalgique tant la comédienne a fait su faire du bon travail. Son interprétation porte quasiment le film face à un Vincent de Bouard assez mal à l'aise avec les sentiments de Shinji, campant maladroitement le personnage sans le comprendre vraiment et sans toutes ces nuances que Donald Reignoux avait su apporter au personnage à l'époque. La prestation de Françoise Escobar dans le rôle de Rei Ayanami ne manquera pas de surprendre car sa voix et son interprétation même ressemblent énormément à celles de Stéphanie Lafforgue, avec juste un peu plus d'émotions. Un choix curieux compte tenu du personnage relativement inexpressif qu'est Rei Ayanami mais qui, contre toute attente, se révèle bien fonctionner avec le personnage, lui donnant une nouvelle saveur inattendue au niveau des voix françaises. Son interprétation, qui frise l'excellence, a le mérite d'embrasser l'héritage original tout en y apportant sa propre touche, ce qui était certainement la meilleure manière d'aborder un personnage aussi particulier. Parmi les prestations très réussies, on peut aussi compter Pascale Chemin dans le rôle de Ritsuko Akagi et François Creton dans celui de Kensuke Aida qui campent à la perfection ces deux personnages.

Malheureusement, le bilan général de cette VF est atténué par certaines prestations beaucoup moins convaincantes comme celle de Cédric Barbereau qui interprète Toji Suzuhara de manière très caricaturale, lui donnant une voix de badboy (on regrette vraiment Olivier Korol), et celle de Gérard Rouzier qui semble ne pas avoir compris grand chose au personnage de Gendo Ikari et aux émotions très complexes et ambiguës qui animent ce personnage. Et donc la prestation sans grande saveur de Vincent de Bouard qui a bien du mal avec le rôle principal (ce qui ne m'empêche pas d'apprécier ce comédien dans d'autres rôles, mais ici il n'a vraiment pas l'air à l'aise avec le personnage de Shinji). Si le doublage est d'un assez bon niveau dans l'ensemble, il n'en reste donc pas moins très perfectible, alliant quelques très bonnes prestations de la part de certains comédiens - dont quelques unes excellentes - à d'autres beaucoup moins réussies. Reste que, dans l'idée même d'avoir opté pour un nouveau casting, cette version française aura bien du mal à gagner l'approbation des fans.


Une qualité d'image et de son somptueuse, mais une édition un peu décevante

La présente édition éditée par Dybex ne manquera pas elle non plus de diviser. Sachant que c'est une édition simple et un disque Blu-Ray, la qualité technique assure au premier abord. Le film nous est présenté en qualité Full HD, l'image est tout simplement magnifique et on se plait vraiment à la contempler de minute en minute. Associée à un son de qualité, cela apporte aussi énormément à l'immersion dans l'univers et à l'envergure épique des scènes d'action. Là où l'édition pêche davantage, c'est dans son manque d'ambition et de finition. Le menu principal est cruellement vide et les sous-titres qui accompagnent la version japonaise laissent une impression de travail bâclé à la va-vite, entre les nombreuses fautes d'orthographe et de conjugaison qui restent et les sous-titres qui sont même par moment décalés par rapport à l'action. Difficile de ne pas ressentir un manque important de finition. Pour le reste, on ne va pas trop s'en offusquer vu qu'il s'agit d'une édition simple, mais les bonus sont pour le moins inintéressants. Loin d'être un making-off comme on aurait pu le penser en lisant la jaquette, "Explanation of Evangelion" consiste à revoir le film avec quelques informations qui apparaissent à la place des sous-titres pour décrire des éléments qui apparaissent l'image. Ce ne sont même pas des commentaires de la part de l'équipe du film (des commentaires audios auraient été trop demander), juste des informations sur l'univers (des petits détails) balancées en vrac et qui n'intéresseront probablement pas grand monde, même parmi les puristes. Le reste des bonus est d'un intérêt négligeable, se résumant principalement à des bandes-annonces ou à des concepts-arts du film accompagnés d'une musique de Shiro Sagisu... ou du compositeur français Maurice Ravel (?).


Bilan

Après le succès considérable de la série originale, cette nouvelle adaptation du mythe Evangelion, présentée sous la forme d'une réinvention, est-elle vraiment à la hauteur des ambitions et des attentes suscitées ? La question en elle-même est ambigu car, au premier abord, le film est tellement similaire aux six premiers épisodes de la série originale que les fans auront certainement l'impression de revoir le début de la série avec juste une animation moderne et de grande qualité. L'intention d'Hideaki Anno avec ce film était certainement de lancer sa nouvelle version d'Evangelion sur des bases similaires à celles de la série originale afin de mieux s'en détacher ensuite, et ce n'est pas forcément un mal dans l'idée car les fans retrouveront ainsi plus facilement leurs marques avec cette nouvelle version (si on prend la saga Rebuild dans son ensemble). Mais quand on creuse davantage et qu'on y regarde de plus près, il est clair qu'il y a quand même eu un vrai travail pour améliorer la copie, qu'Anno a saisi l'occasion pour enrichir son oeuvre et pour améliorer la cohérence de l'histoire, de l'évolution de Shinji et des rapports entre les personnages principaux, quitte à prendre quelques libertés (certaines dynamiques entre les personnages sont un peu différentes par rapport à la série), cela afin de permettre à Evangelion 1.11 d'avoir suffisamment d'existence et de légitimité en tant que film, même pris à part du reste de la saga. Toutefois, le film n'y parvient qu'en partie car, s'il y a eu des efforts en ce sens, le film a quand même de vraies difficultés à exister en tant que tel et il parait essentiel de voir le film suivant à la suite pour que l'histoire et l'évolution des personnages prennent tout leur sens. C'est peut-être là le revers d'avoir adapté directement le début d'une série car ce n'est au final que la première partie d'une histoire autrement plus riche et qui ne pouvait être abordée que dans son ensemble, comme un tout cohérent et indissociable. Toutefois, les fans trouveront plaisir à retrouver l'esprit d'Evangelion qui n'a décidément rien perdu de sa superbe avec le temps et qui bénéficie en plus d'une cure de jouvence graphique des plus réussies, même s'ils regretteront certainement que le déroulement de l'histoire soit à ce point similaire à celui de la série qu'il ne réserve aucune vraie surprise et qu'ils n'apprendront rien de bien nouveau sur cet univers.

Concernant les nouveaux spectateurs, ceux qui découvrent l'univers d'Evangelion pour la première fois, ils se retrouveront dans la même position que ceux qui ont découvert la série animée à l'époque avec l'impression d'avoir vu la première partie d'une oeuvre très vaste, qui soulève beaucoup de questions et qui n'apporte aucune réponse pour l'heure, d'où une certaine frustration et, probablement, des soucis d'accessibilité qui pourraient les empêcher d'entrer dans l'histoire. Si le fait de mettre en avant de nombreux mystères et de n'apporter les éléments de réponse qu'au compte-goutte afin de laisser les spectateurs spéculer et débattre était déjà une particularité de l'univers d'Evangelion à l'époque et que cela fonctionnait à merveille dans le contexte d'une série, c'est déjà beaucoup moins le cas dans celui d'un film. Evangelion a toujours eu ce potentiel incroyable à faire parler de lui, même près de 20 ans après la série originale, mais ce qui marchait à l'époque et qui contribuait à la réussite de la série devient l'un des défauts du film qui doit parvenir à exister en lui-même et être compréhensible pour tous sans avoir à attendre une suite. Alors que ceux qui connaissent la série originale sont avantagés car ils peuvent retrouver plus facilement leurs repères, ceux qui découvrent l'univers risquent de vite se sentir complètement perdu dans cette histoire au nombreux mystères où le spectateur est assailli de toutes parts par de nombreux concepts occultes sans qu'on lui donne les clés nécessaires pour pouvoir en comprendre la moitié, même s'ils pourront toujours profiter du charme de cet univers et de la richesse psychologique des personnages. Le mieux pour eux est donc certainement d'acquérir les films Evangelion 1.11 et 2.22 en même temps avec l'idée de les découvrir à la suite afin de pouvoir en profiter pleinement comme un ensemble (ces deux films se suffisent déjà davantage comme un tout). C'est là la meilleure manière de profiter à la fois de cette découverte et de l'histoire qui nous est racontée car le film nous introduit les événements à venir et beaucoup d'éléments sont brièvement évoqués et ne trouvent leur importance qu'à partir du film suivant.

Il est donc difficile de parler de réussite ou d'échec pour définir le film car Evangelion 1.11 est beaucoup plus ambiguë que ça et va au-delà de concepts aussi simplistes. C'est une oeuvre d'une grande richesse et d'une grande complexité que les spectateurs aborderont chacun à leur manière avec des avis certainement très contrastés. Mais pour ceux qui redoutaient que Hideaki Anno sombre dans les mêmes travers que George Lucas avec sa prélogie Star Wars et que sa nouvelle version d'Evangelion ne retrouve pas ni la saveur ni la richesse de l'originale, je les rassure tout de suite: Evangelion est bel et bien de retour avec tout l'engouement qu'elle est capable de susciter, mais son potentiel en tant qu'objet de controverses, déjà très vives à l'époque, est également de retour. Mais, considérant que c'est aussi pour ça que la série a autant marqué l'inconscient collectif et qu'elle déchaîné les passions à l'époque, on a bien le sentiment de retrouver le "phénomène Evangelion" tel qu'il était au bon vieux temps. Une chose est sûre: Evangelion n'a pas fini de faire parler de lui et Hideaki Anno certainement non plus...


Verdict: Très bon (16/20).

Glass Heart
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Re: Evangelion

Message non lu par Glass Heart » 29 juin 2013, 18:07

Sortie de l'édition DVD limitée (VOSTFR uniquement) de Evangelion 3.33: You Can (Not) Redo prévue pour le 9 Juillet à 25 euros:

http://www.amazon.fr/EVANGELION-3-33-YO ... evangelion

Comme d'habitude, je vais passer mon tour et attendre bien gentiment la sortie de l'édition Blu-Ray VOVF. Idem pour le deuxième film de Berserk sorti récemment.

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Wang Tianjun
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Re: Evangelion

Message non lu par Wang Tianjun » 12 juil. 2013, 00:10

Après m'être procuré la précieuse galette à Japan Expo,j'ai vu Evangelion 3.33 ce soir.

Et.... va falloir que je le revoie vite, car je n'y ai pas compris grand-chose ^^"
Mais il m'a surtout donné le sentiment d'un beau gâchis de licence, en cédant aux sirènes de la surenchère et du projet de merchandising de masse...

[spoiler]13 Evas, sans compter le Wunder, ça va en faire de la figurine ! :p[/spoiler]

Chronique après second visionnage de rigueur (y a besoin, là) et prise de quelques ibuprofènes pour tenir le coup :mrgreen:
"Ah.. je suis en train.... de tomber en morceaux..."
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Re: Evangelion

Message non lu par Wang Tianjun » 12 juil. 2013, 21:51

Allez boum, un pavé de deux pages, y avait longtemps ! :mrgreen:

Dur dur de limiter les spoils :P


Evangelion 3.33 : You can (not) redo - Edition limitee

Ah, Evangelion... Nous attendions ton retour depuis déjà presque trois ans, après que tu sois parti avec perte et fracas, nous laissant sur une dernière image hallucinatoire. Nous pensions tout connaitre de toi, de tes codes, de tes héros, de tes délires philosophiques, mais tu nous est revenu en fanfare dans une seconde jeunesse salutaire. Le grand écran te sied bien, t'a offert de nouvelles ambitions, et t'a permis de rompre avec tout ce que nous connaissions. Il était difficile de ne pas essayer de prendre de tes nouvelles, de retrouver la direction vers laquelle tu t'étais égarée. Te revoilà enfin, mur de quelques années supplémentaires, mais avec tout à prouver, comme au premier jour. Cette crise existentielle t'aura-t-elle été salutaire ? Quel est donc ce nouveau visage, rempli de cicatrices, que tu nous présentes aujourd'hui ?

Il semble difficile, pour ne pas dire impossible, de planter le décor de You can (not) redo, troisième volet du projet Rebuild of Evangelion, sans dévoiler la moindre partie de l'intrigue. Aussi, pour ceux qui voudraient conserver leurs yeux chastes jusqu'au visionnage, nous vous conseillerons de sauter directement au paragraphe suivant. Il faut dire que l'incroyable conclusion du second opus, détruisant les fondamentaux de ce que l'on pouvait connaitre de la saga, ne laissait qu'une possibilité : une direction totalement inédite, dans un monde post-apocalyptique. Et pour briser tout espoir de restituer l'intrigue d'origine, quoi de mieux qu'un bond dans le temps ? L'histoire de ce troisième opus commence ainsi quatorze ans après la fin du précédent (soit le même intervalle de temps qui séparait le début de l'histoire du second impact). A bord de leurs machines respectives, Asuka et Mari retrouvent enfin l'Eva-01 dérivant dans l'orbite terrestre. C'est là l'occasion de rendre vie à Shinji, mais son réveil n'est pas propice à la fête. Très vite, le jeune homme comprend que les choses ont bien changé, et en retour, on ne lui offre qu'un regard accusateur. Désigné comme responsable du troisième impact et abandonné de tous, Shinji ne peut plus se rattacher qu'à une seule chose : la conviction d'avoir sauvé Rei, même si la demoiselle n'est jamais réapparu... Mais c'est alors que la voix de cette dernière résonne dans son esprit.

Avec le premier volet, on passait un coup de balai sur la licence. Avec le second, on déplaçait quelques meubles. Mais avec le troisième, on rase complètement la maison ! Tout est à refaire, à réapprendre, à redécouvrir... mais en aura-t-on seulement le temps ? Hideaki Anno nous met aux côtés de notre héros et nous lance droit dans la bataille, sans un mot d'explication. On retrouve rapidement quelques têtes bien connues en toisant les marques des années passées, on en croise de nouvelles, et on cherche d'autres étrangement absentes... Mais pour en savoir plus, il faudra prendre son mal en patience, car la guerre n'attend pas. Et c'est seulement après vingt-cinq minutes d'action non-stop, de jargon technique dans tous les sens, d'interrogations sans réponses et de premières réactions estomaquées qu'enfin, nous commencerons à comprendre quel délire nous attend. Pourtant, c'est dans ce fugace instant de calme que naîtra la plus grande incompréhension du film, à l'endroit que nous pouvions le moins soupçonner...

Car si Evangelion est une mine de questions sans réponses, faisant naître toujours plus de débats intemporels parmi les fans, la profondeur des personnages est quant à elle un des piliers fondamentaux de la série, auquel on pouvait toujours se raccrocher... Jusqu'à ce film. Outre une Asuka encore plus vindicative qu'à l'accoutumée, nous nous inquièterons rapidement de l'attitude de Misato, enfonçant son ancien petit protégé alors qu'elle le soutenait encore à pleine voix à la toute fin du second volet. Plus généralement, chaque protagoniste de cette nouvelle équipe s'enferme dans un cliché monodimensionnel, ne laissant paraitre aucune ouverture. On soupçonnera alors qu'il s'est passé des choses horribles au cours de ces années oubliées... le film n'en dira rien. Ce regrettable mutisme ne semble avoir qu'un seul but, scénaristique : pousser Shinji à fuir ses juges au plus vite, pour rejoindre un autre camp plus bienveillant, avec en tête l'empathique Kaworu.

Kaworu qui, comme l'explicite l'affiche, est au centre de ce film, servant tant de guide à notre héros que de véritable ami, et plus si affinités. A chaque nouvelle adaptation, le rôle de cet énigmatique protagoniste s'étoffe un peu plus, et le second acte du film prend son temps, au prix de quelques séquences contemplatives, pour construire la relation les unissant et pour justifier la confiance mutuelle qui les anime. Face aux conséquences de ses actes, à de troublantes révélations, à ses anciens compagnons l'ayant cloué au pilori et à une Rei qu'il ne reconnait plus, Shinji se perd dans la nuit et Kaworu est son seul phare. Ce lien, cette symbiose parfaite, sera au cœur même de l'intrigue lors de la dernière partie du film. Eh oui, déjà la fin se fait sentir, comme le temps passe...

La gestion du temps, là est bien le problème du film. Amputé de quarante-cinq minutes par rapport à l'opus précédent, Evangelion 3.33 revient à la durée du premier film. Hélas, nous aurions voulu ici beaucoup plus d'espace pour comprendre tout ce qui se déroule sous nos yeux écarquillés. Chaque plan amène son lot d'étonnement, chaque réplique suscite l'incertitude, et l'on a pas le temps de digérer la précédente information que déjà dix autres sont arrivées. Cela est d'autant plus handicapant que le film assume la carte de la surenchère, avec un nombre d'Evas en augmentation exponentielle et une mise en scène déroutante. Et l'on ne parle ici que du fond, car dans la forme, la Gainax continue son ascension avec des effets infographiques repoussant encore les limites de l'animation japonaise. Mais hélas, cela passera parfois par une baisse de la lisibilité de l'action, accentuant l'incompréhension générale. On ressortira ainsi du film comme d'une gigantesque machine à laver : noyé, balancé dans tous les sens, lessivé, essoré.

Avant de conclure, le mot de rigueur sur l'édition, bien qu'il n'y ait pas grand-chose à dire : en effet, cette version limitée est orientée à destination des plus impatients, et se contente donc du strict minimum. Une initiative déjà éprouvée par Dybex par deux fois, et qui propose une alternative intéressante, en attendant un contenu plus conséquent. Le film nous est donc proposé uniquement en vost, en son 2.0 ou 5.1. Les sous-titres sont de bonne facture, ce qui n'est pas un mal au vu des nombreuses subtilités parsemées dans les dialogues...

Avec ce troisième volet de la tétralogie Rebuild of Evangelion, les puristes de la saga originale crieront sans nul doute à l'hérésie... et on ne peut leur donner tort. Car si les ambitions de ce reboot sont de plus en plus séduisantes au fil des chapitres, l'œuvre se trahit sur bien des points, en particulier face à des personnages qui ne sont plus que les ombres de ceux que nous avons connu. Si l'on retrouve par endroits des marqueurs lointains de la première série, qu'il s'agisse des éléments visuels, des musiques réorchestrées, ou même de l'intrigue, difficile de retrouver les valeurs d'antan dans cet opus, qui aurait mérité un bien meilleur traitement. Et au final, c'est paradoxalement dans son ventre mou que le film séduit le plus, construisant une relation souvent fantasmée, et sortant des combats assourdissants où l'on se contentera de s'extasier bouche bée devant les folies visuelles de Hideaki Anno. Il ne manquait pourtant pas grand-chose pour hisser ce film au niveau du précédent : seulement un peu de temps supplémentaire, pour que Shinji puisse comprendre les motivations de chacun et écouter son libre arbitre, plutôt que de suivre un chemin tout tracé par un manichéisme rare. Mince est la frontière entre le chef-d'œuvre et le fiasco, et l'on se prend alors à vouloir une seconde lecture, à réécrire les passages les plus obscurs,... bref, à refaire le monde. Mais hélas, nous étions prévenus : we can (not) redo !
"Ah.. je suis en train.... de tomber en morceaux..."
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