Avis :
Surfant sur la vague du succès depuis déjà 3 bonnes années dans nos contrées, Fullmetal Alchémist bénéficie désormais, comme ses confrères, d’une adaptation cinématographique.
Très, très, très dur de s’attaquer à une montagne du manga telle que Fullmetal Alchemist sans décevoir la horde de fans qui vous attendent au tournant, aux armes plus que meurtrières que sont leur plume et le bouche à oreille.
Ce film se devait donc d’apporter une alternative satisfaisante à la série, mais aussi au manga, tout en évitant de trop dépayser les amateurs du support d’origine. Et, au vu du synopsis, on pourrait dire que c’est chose faite.
En effet, The Conquerror of Shambala s’inscrit dans la suite directe de la série, qui, rappelons le, s’est achevée au 51ème épisode. Edward, maintenant âgé de 18 printemps, est toujours bloqué derrière la « Porte », dans un monde qui lui est complètement inconnu : le nôtre. En Allemagne pendant l’entre deux guerres, ayant perdu ses pouvoirs, le plus âgé des deux frères Elric va maintenant devoir survivre pour entretenir l’espoir de retrouver un jour son univers et par-dessus tout son frère cadet. Pour cela, il travaillera dans la construction de fusées, avec un homme qui ressemble trait pour trait à Alphonse … De l’autre côté de la « Porte », Al va tout mettre en œuvre, lui aussi, pour retrouver sa moitié malgré tous les efforts de la société de Thulé pour l’en empêcher.
Petit bémol tout de même : il faut par conséquent avoir visionné l’œuvre animée au préalable pour bien comprendre tous les rebondissements de la pellicule et surtout pour ne pas se faire spoiler la fin.
La trame principale reste donc très fidèle à la série d’origine, et permet la réapparition de tous ses personnages étant donné que nombreuses personnes issues de sa dimension d'origine trouvent des correspondances. Ainsi, les multiples clins d’oeils de Conqueror of Shambala feront retrouver aux nostalgiques l’ambiance et l’humour du titre d’origine.
Un autre point est lui aussi assez important pour être mis en exergue : le fond historique du titre. C’est peut-être ce qui manquait le plus à l’œuvre de départ, des références historiques explicites. Or, dans Conquerror of Shambala, l’action se déroule dans un contexte plus qu’intéressant. Les connotations historiques, avec l’apparition d’Hitler ou de Fritz Lang par exemple, amène un plus non négligeable à l’intrigue et au film en général.
Néanmoins, certains défauts vont malheureusement venir jouer les troubles fêtes. Ainsi, certains personnages réapparaissent, pourtant laissés pour mort, sans donner d’explications valables, ce qui nuit gravement à la cohérence de l’action … De même que j’ai trouvé Edward et Alphonse bien moins travaillés psychologiquement que dans le manga ou dans l’anime. C’est sûrement dû à la trop courte durée du film qui nuit à l’évolution, sur le long terme, des protagonistes … Dommage.
Et enfin, la plus grosse lacune à mon goût reste bel et bien la fin, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. En effet, le dénouement demeure très rapide, voire bâclé, et plombe pas mal l’intensité que les réalisateurs avaient pourtant réussi à maintenir tout le long du film.
Graphiquement parlant, c’est un travail sérieux du studio Bones, qui s’appuie beaucoup sur l’anime d’origine. En effet, l’aspect visuel est très proche de la série, tant dans le chara design que dans l’animation globale. Cependant, si Fullmetal Alchémist bénéficie de graphismes plus qu’acceptables pour une série TV, ce n’est peut être pas le cas pour une production cinématographique, qui se doit d’être un minimum plus travaillée. Visuellement, c’est beau et ça ne souffre d’aucune lenteur, mais nous étions tout de même en droit d’en attendre un peu plus …
Du côté de l'adaptation française, c'est assez satisfaisant. La VF est convaincante, l'âge avancé des protagonistes permettant un doublage sobre et mature, qui ne souffre d'aucun surjeu d'intonation dans les dialogues. Ainsi, les voix françaises évitent aisément la caricature, ce qui n'est pas le cas de bons nombres de shonens mettant en scène des héros prépubères (non non, je ne vise personne) ...
Pour les plus puristes d'entre nous, Dybex a eu la bonne idée de nous proposer une VOSTFR (en dolby surround 5.1 s'il vous plaît !), dont les sous titres, discrets mais toujours lisibles, paraissent correspondre à la traduction de la VF.
En conclusion, Fullmetal Alchemist : Conquerror of Shambala est une adaptation grand écran assez réussie de son homologue anime, qui se doit d’être possédé par n’importe quel fan du manga de Hiroku Arakawa.
La licence a été utilisée avec parcimonie, dans un réel souci d’apporter un plus à l’œuvre globale, et non dans un but seulement mercantile et dénué de passion. Le choix scénaristique risqué (proposer un dénouement alternatif à la série), est la preuve de la volonté des scénaristes à ne pas tomber dans le Hors Sujet total. Cependant, on peut émettre des craintes pour la suite, au vu de la fin plus qu’ouverte du film, qui laisse planer le spectre d’un deuxième volet, qui serait, à mon avis, de trop.
Note : 14/20