Re: Gundam la saga!
Posté : 19 avr. 2014, 17:52
Mobile Suit Gundam 0083: Stardust Memory
Studio: Sunrise.
Réalisateurs: Mitsuko Kase et Takashi Imanishi.
Année: 1991-1992.
Episodes: 13+1.
Univers: Universal Century 0083.
Casting:
Kou Uraki : Ryo Horikawa
Nina Purpleton : Rei Sakuma
Anavel Gato : Akio Otsuka
Eiphar Synapse : Chikao Otsuka
South Burning : Masashi Sugamura
Chuck Keith : Yoshiharu Yamada
Mora Bascht : Kazue Ikura
Bernard Monsha : Chafurin
Aiguille Delaz : Kiyoshi Kobayashi
Cima Garahau : Mari Mashiba
Alpha Bate : Koji Totani
Chap Adel : Yuji Mikimoto
Kelly Layzner : Tessho Genda
Bask Om : Daisuke Gori
Jamitov Hymem : Tomomichi Nishimura
Haman Karn : Yoshiko Sakakibara
L'Histoire
Universal Century 0083.
Trois années se sont écoulées depuis la fin de la Guerre d'Un qui opposa la Fédération Terrestre au Duché de Zeon, un groupe de colonies de l'espace qui revendiquaient leur indépendance. A l'issue de la guerre, le traité de l'Antarctique fut signé, marquant officiellement la fin du conflit et condamnant le développement de nouvelles armes de destruction massive. En secret toutefois, la fédération poursuit ses recherches sur de nouvelles armes et la société Anaheim Electronics met au point deux nouveaux prototypes de Gundam conçus par la jeune ingénieure Nina Purpleton. Violant le traité, l'un des deux modèles se voit équipé d'une ogive nucléaire à la base fédérale de Torrington en Australie. C'est dans cette base qu'est formé Kou Uraki, un jeune militaire fédéral et pilote novice de Mobile Suits.
Anavel Gato, héros de la Guerre d'Un An, fait alors sa surprenante réapparition pour dérober le Gundam équipé de l'ogive. Surnommé le "Cauchemar de Solomon" par les fédéraux dû à ses exploits au cours de cette bataille, Gato est le bras droit de l'amiral Aiguille Delaz dont la flotte refuse de reconnaître la légitimité de l'armistice et qui souhaite révéler au grand jour le double-jeu de la Fédération. Poursuivant comme principal objectif la renaissance de Zeon, la flotte Delaz se prépare à mener l'Opération Stardust qui marquera le début de leur contre-attaque afin d'honorer la mémoire des nombreux soldats qui ont péri au cours de la guerre. L'état major de l'armée fédérale est divisé sur l'attitude à prendre face aux menaces de Delaz. Si la plupart sont des militaires arrogants convaincus de leur supériorité, d'autres factions au sein de l'armée continuent à entretenir la rancoeur et la haine envers les spacenoïdes pour les événements tragiques de la Guerre d'Un An. Alors qu'une mission secrète se met en place pour récupérer le Gundam dérobé et son ogive nucléaire, Kou Uraki rejoint le vaisseau Albion, chargé de traquer Gato, en tant que pilote du Gundam restant. Démarre alors une longue course-poursuite sur Terre et dans l'espace dont les conséquences dramatiques vont marquer l'avènement d'une nouvelle ère de tyrannie pour les colonies spatiales...
Commentaires
Mobile Suit Gundam 0083: Stardust Memory est la seconde série d'oav de l'Universal Century. Cette série prend place dans la période séparant Mobile Suit Gundam et Mobile Suit Zeta Gundam, faisant office de pont entre les deux séries.
L'histoire se déroule dans un contexte d'entre deux guerres, alors que l'Universal Century est toujours marqué par les événements de la Guerre d'Un An. Les spacenoïdes continuent de supporter les affres d'une défaite humiliante tandis que les fédéraux s'engagent dans une nouvelle course à l'armement. D'une certaine manière, Stardust Memory traite des conséquences directes de la Guerre d'Un An, expliquant comment le monde politique a pu basculer pour mener à l'hégémonie tyrannique des Titans sur les colonies de l'espace qui sert de point de départ à la série Zeta Gundam.
L'ambiance de Stardust Memory rappelle beaucoup la série Mobile Suit Gundam originale mais avec une noirceur et une maturité autrement plus affirmées. Le héros Kou Uraki n'est ainsi non pas un simple adolescent qui se trouvait là un peu "par hasard" (un élément typique des shonens) mais un militaire de formation en plein apprentissage pour piloter des Mobile Suits. Il n'en est pas moins un jeune novice qui a tout à apprendre de la vie, aussi bien en tant que soldat qu'en tant qu'individu. L'évolution personnelle de Kou et les épreuves qu'il doit traverser au cours de son périple pour devenir enfin un pilote digne du Gundam sont marquées par de nombreuses crises de conscience et par des rencontres qui vont peu à peu forger le soldat qu'il est amené à devenir. Quant à l'antagoniste Anavel Gato, c'est à l'inverse un soldat accompli, un véritable héros de guerre marqué par la défaite humiliante de son camp lors de la dernière guerre et qui aspire à venger leurs morts, attendant l'heure de la revanche dans l'ombre. Très fier, c'est un homme de conviction porté par une foi et une loyauté sans faille envers ses idéaux qu'il estime être justice. La rivalité qui oppose Kou à Gato est l'un des moteurs principaux de la série, les deux personnages étant à la fois diamétralement opposés et représentés dans toute leur humanité. Si l'objectif de Gato est de restaurer l'honneur et la fierté de Zeon en menant une contre-attaque humiliante à l'encontre de la Fédération, celui de Kou est d'arriver à atteindre le niveau de cet adversaire formidable qui deviendra son plus grand rival, rappelant la rivalité intense entre Amuro Ray et Char Aznable dans la série originale.
L'autre moteur de la série est la romance que Kou entretient avec la ravissante Nina Purpleton, l'ingénieure qui a conçu les deux prototypes de Gundam. Introduite comme une personne froide, limite tsundere, qui prête plus d'attention à ses machines qu'aux personnes qui l'entourent, elle apparait vite comme une jeune femme blessée qui a dressé une barrière entre elle et les autres afin de fuir des relations humaines qui l'ont bien assez fait souffrir. Dans un environnement incroyablement machiste où les hommes passent leur temps à harceler sexuellement les femmes, Nina noue une relation particulière avec Kou, le pilote de son Gundam et l'un des rares hommes honnêtes à bord, une relation qui finit par éveiller sa nature de femme qu'elle tentait de refouler. Celle-ci est d'autant plus marquée qu'elle se traduit sous toutes ses formes: elle devient à la fois la mère, la confidente et l'amante de Kou. Elle lui apporte le soutien psychologique nécessaire, mais elle le recadre aussi quand celui-ci fait preuve d'arrogance, et elle est tour à tour amusée et agacée de voir l'homme qu'elle aime se comporter parfois comme un enfant. A l'inverse, elle se montre aussi extrêmement inquiète des risques qu'il encoure sur le champ de bataille, telle une jeune femme attendant avec angoisse le retour de son amant parti à la guerre. Un grand soin a donc été apporté sur l'écriture de cette relation afin que celle-ci soit aussi crédible et naturelle que possible. Cette romance est d'autant plus importante qu'elle devient le moteur d'enjeux dramatiques qui ne sont révélés que tardivement dans la série et sur lesquels la fin tire toute sa noirceur. Dans l'ensemble, on peut considérer Stardust Memory comme une série qui parvient à exister vraiment à travers ses personnages principaux et la manière dont ils vivent les événements et dont ils évoluent en fonction. C'est assurément là l'une de ses plus grandes réussites.
La représentation de l'environnement militaire est aussi marqué par sa maturité, dépeint de manière plus réaliste et sombre que d'ordinaire. Les militaires fédéraux sont souvent représentés sous des aspects négatifs: les vétérans sont de véritables brutes dont le passe-temps favori consiste à harceler sexuellement les femmes de l'équipage et à bizuter leurs cadets. Ces derniers ont par ailleurs des difficultés à trouver leur place au sein d'un équipage où leurs aînés font tout ce qu'ils peuvent pour anéantir leur détermination, devant lutter dur pour arriver à faire leurs preuves et s'imposer. Dans l'ensemble, la plupart des militaires sont marqués par leur arrogance, se croyant invulnérables et méprisant ouvertement autrui, illustrant ainsi la chute morale de la Fédération Terrestre qui mènera à l'avènement prochain des Titans. Si les personnages principaux sont représentés sous une lueur plus positive, on sent bien qu'autour d'eux il y a tout un environnement qui bascule clairement du côté obscur. Un des passages les plus marquants de cette série voit par ailleurs Kou être envahi par le doute et en colère contre lui-même suite à ses erreurs et son propre manque d'expérience. Alors que ses compagnons d'armes ne font que l'enfoncer davantage et accentuer sa culpabilité, il retrouve finalement la foi et une détermination renouvelée auprès d'un vétéran de l'armée de Zeon de la guerre précédente. Une amitié improbable et touchante qui souligne une nouvelle fois l'ambiguité des relations humaines dans l'univers de Gundam où les soldats des camps opposés sont capables de parvenir à s'entendre avant d'être rattrapés par la dure réalité de la guerre et sa cruauté. Ainsi, si la série réserve quelques moments un peu plus optimismes, ces éléments connaissent toujours une fin tragique et sombre, ne laissant planer aucun doute sur la manière dont le monde est en train d'évoluer.
La série bénéficie aussi d'un travail d'écriture vraiment remarquable qui donne toute leur consistance aux différents éléments abordés. En l'espace de seulement 13 oav, Stardust Memory parvient à réunir tous les éléments habituels d'une série Gundam longue d'une cinquantaine d'épisodes: des personnages complexes et attachants, la représentation réaliste de la guerre, l'évolution d'un jeune homme en soldat aguerri, un rival marqué par des objectifs forts, une histoire de romance aussi touchante que tragique, un environnement politique complexe, un univers de SF très riche et contemplatif, et bien sûr un certain quota de scènes de batailles spatiales épiques. Ces dernières, toujours aussi grandioses et visuellement somptueuses, sont représentées de manière particulièrement réaliste, avec toutes les contraintes humaines et technologiques qui font l'attrait particulier de l'Universal Century au sein de la franchise. Ici, pas de mécha surpuissant capable de décimer tout un bataillon entier en l'espace de quelques minutes, et cette contrainte est particulièrement illustrée par l'enjeu principal du conflit: l'ogive nucléaire portée par le Gundam de Gato. Cet élément est l'exception qui confirme la règle et qui est par ailleurs traité de manière fort subtile tant du point de vue du scénario que des batailles: l'ogive nucléaire est la seule arme capable de faire des ravages colossaux dans les rangs adverses en l'espace d'à peine quelques secondes, en faisant un objet de terreur, d'autant qu'on ignore de quelle manière Gato compte l'utiliser. Mais la terreur qu'inspire le Gundam avec sa puissance de feu hors norme a donc ses limites: une seule ogive, un seul tir. Celui-ci peut rater et, une fois tiré, le Gundam adverse perdra inévitablement son attrait de terreur, redevenant une arme comme une autre. La série joue là-dessus et réussit à rebondir après coup en illustrant la suite de l'Opération Stardust, réussissant à enchaîner la terreur avec l'horreur pure. Jamais la série ne laisse retomber la tension, renouvelant toujours ses enjeux dramatiques pour qu'ils soient toujours plus intenses qu'auparavant. Un vrai coup de maître !
La réalisation est excellente à tout point de vue, très vivante, très dynamique et s'attardant à représenter le point de vue d'un pilote de Mobile Suit au cours des séquences de batailles par le biais d'un travail de mise en scène impeccable. L'animation est absolument magnifique, assurément l'une des plus belles de la franchise, et un soin énorme a été apporté sur la dimension sonore de manière à créer une véritable ambiance. Saluons aussi un doublage japonais d'excellente qualité avec un casting de seiyus reconnus et très talentueux pour beaucoup. Tous les moyens ont été mis afin d'offrir une vraie immersion du spectateur dans l'univers et pour qu'il se laisse prendre aux enjeux de cette série et à l'intensité dantesque qui se dégage de ses batailles. Le seul réel défaut dans tout ça reste les musiques, souvent anecdotiques si on excepte les génériques. Si les séries Gundam sont souvent marquées par des musiques superbes contribuant à l'aura épique des batailles ou à l'émotion qui se dégage des scènes plus intimistes, ici elles s'avèrent beaucoup trop classiques et manquent cruellement de personnalité. C'est peut-être le seul véritable défaut de cette série qui est, autrement, une immense réussite.
Cette seconde série d'oav de l'Universal Century est donc une réussite presque totale. On retrouve là toute la richesse et la saveur des séries traditionnelles de cet univers avec une histoire solide et remarquablement narrée, portée par un remarquable trio de personnages principaux qui réservent une vraie richesse de développements et d'émotions. S'imposant comme l'une des incarnations les plus sombres, les plus réalistes et les plus abouties de la franchise Gundam, Stardust Memory est une vraie série incontournable pour les fans de la saga, faisant admirablement le pont entre les séries Mobile Suit Gundam et Mobile Suit Zeta Gundam tout en prenant soin de traiter avec sérieux le contexte particulier de cette période, enrichissant la mythologie globale de l'Universal Century et permettant de développer les circonstances dramatiques qui ont abouti à l'émergence des Titans. La conclusion de cette série d'oav riche en rebondissements et en drames humains annonce ainsi directement les événements de la série Zeta Gundam. Pour autant, si Stardust Memory est la suite directe de la série Mobile Suit Gundam et précède donc chronologiquement Zeta Gundam, mieux vaut la visionner après les avoir vu toutes deux afin de profiter pleinement de sa richesse et de l'importance des enjeux politiques qui se jouent en marge de l'intrigue. Je terminerais en citant un coup de coeur personnel: rarement une romance n'aura été aussi bien traitée dans un animé, abordée avec beaucoup de sincérité et tirant le meilleur du contexte de la série et des caractères des deux personnages concernés. On pense là facilement au film Titanic de James Cameron où l'histoire d'amour était indissociable du drame à venir. Cette série fonctionne sur la même dynamique et c'est peut-être ce qui rend son histoire aussi prenante et aussi sincère. A bien des égards, Mobile Suit Gundam 0083: Stardust Memory est un magnifique accomplissement qui s'impose comme une véritable suite spirituelle de la légendaire série Zeta Gundam (avec le film Char contre-attaque). Assurément l'une des meilleures séries de cette franchise et l'une des deux meilleures séries d'oav dérivées de l'Universal Century avec Gundam Unicorn !
Verdict: Excellent (19/20).
Studio: Sunrise.
Réalisateurs: Mitsuko Kase et Takashi Imanishi.
Année: 1991-1992.
Episodes: 13+1.
Univers: Universal Century 0083.
Casting:
Kou Uraki : Ryo Horikawa
Nina Purpleton : Rei Sakuma
Anavel Gato : Akio Otsuka
Eiphar Synapse : Chikao Otsuka
South Burning : Masashi Sugamura
Chuck Keith : Yoshiharu Yamada
Mora Bascht : Kazue Ikura
Bernard Monsha : Chafurin
Aiguille Delaz : Kiyoshi Kobayashi
Cima Garahau : Mari Mashiba
Alpha Bate : Koji Totani
Chap Adel : Yuji Mikimoto
Kelly Layzner : Tessho Genda
Bask Om : Daisuke Gori
Jamitov Hymem : Tomomichi Nishimura
Haman Karn : Yoshiko Sakakibara
L'Histoire
Universal Century 0083.
Trois années se sont écoulées depuis la fin de la Guerre d'Un qui opposa la Fédération Terrestre au Duché de Zeon, un groupe de colonies de l'espace qui revendiquaient leur indépendance. A l'issue de la guerre, le traité de l'Antarctique fut signé, marquant officiellement la fin du conflit et condamnant le développement de nouvelles armes de destruction massive. En secret toutefois, la fédération poursuit ses recherches sur de nouvelles armes et la société Anaheim Electronics met au point deux nouveaux prototypes de Gundam conçus par la jeune ingénieure Nina Purpleton. Violant le traité, l'un des deux modèles se voit équipé d'une ogive nucléaire à la base fédérale de Torrington en Australie. C'est dans cette base qu'est formé Kou Uraki, un jeune militaire fédéral et pilote novice de Mobile Suits.
Anavel Gato, héros de la Guerre d'Un An, fait alors sa surprenante réapparition pour dérober le Gundam équipé de l'ogive. Surnommé le "Cauchemar de Solomon" par les fédéraux dû à ses exploits au cours de cette bataille, Gato est le bras droit de l'amiral Aiguille Delaz dont la flotte refuse de reconnaître la légitimité de l'armistice et qui souhaite révéler au grand jour le double-jeu de la Fédération. Poursuivant comme principal objectif la renaissance de Zeon, la flotte Delaz se prépare à mener l'Opération Stardust qui marquera le début de leur contre-attaque afin d'honorer la mémoire des nombreux soldats qui ont péri au cours de la guerre. L'état major de l'armée fédérale est divisé sur l'attitude à prendre face aux menaces de Delaz. Si la plupart sont des militaires arrogants convaincus de leur supériorité, d'autres factions au sein de l'armée continuent à entretenir la rancoeur et la haine envers les spacenoïdes pour les événements tragiques de la Guerre d'Un An. Alors qu'une mission secrète se met en place pour récupérer le Gundam dérobé et son ogive nucléaire, Kou Uraki rejoint le vaisseau Albion, chargé de traquer Gato, en tant que pilote du Gundam restant. Démarre alors une longue course-poursuite sur Terre et dans l'espace dont les conséquences dramatiques vont marquer l'avènement d'une nouvelle ère de tyrannie pour les colonies spatiales...
Commentaires
Mobile Suit Gundam 0083: Stardust Memory est la seconde série d'oav de l'Universal Century. Cette série prend place dans la période séparant Mobile Suit Gundam et Mobile Suit Zeta Gundam, faisant office de pont entre les deux séries.
L'histoire se déroule dans un contexte d'entre deux guerres, alors que l'Universal Century est toujours marqué par les événements de la Guerre d'Un An. Les spacenoïdes continuent de supporter les affres d'une défaite humiliante tandis que les fédéraux s'engagent dans une nouvelle course à l'armement. D'une certaine manière, Stardust Memory traite des conséquences directes de la Guerre d'Un An, expliquant comment le monde politique a pu basculer pour mener à l'hégémonie tyrannique des Titans sur les colonies de l'espace qui sert de point de départ à la série Zeta Gundam.
L'ambiance de Stardust Memory rappelle beaucoup la série Mobile Suit Gundam originale mais avec une noirceur et une maturité autrement plus affirmées. Le héros Kou Uraki n'est ainsi non pas un simple adolescent qui se trouvait là un peu "par hasard" (un élément typique des shonens) mais un militaire de formation en plein apprentissage pour piloter des Mobile Suits. Il n'en est pas moins un jeune novice qui a tout à apprendre de la vie, aussi bien en tant que soldat qu'en tant qu'individu. L'évolution personnelle de Kou et les épreuves qu'il doit traverser au cours de son périple pour devenir enfin un pilote digne du Gundam sont marquées par de nombreuses crises de conscience et par des rencontres qui vont peu à peu forger le soldat qu'il est amené à devenir. Quant à l'antagoniste Anavel Gato, c'est à l'inverse un soldat accompli, un véritable héros de guerre marqué par la défaite humiliante de son camp lors de la dernière guerre et qui aspire à venger leurs morts, attendant l'heure de la revanche dans l'ombre. Très fier, c'est un homme de conviction porté par une foi et une loyauté sans faille envers ses idéaux qu'il estime être justice. La rivalité qui oppose Kou à Gato est l'un des moteurs principaux de la série, les deux personnages étant à la fois diamétralement opposés et représentés dans toute leur humanité. Si l'objectif de Gato est de restaurer l'honneur et la fierté de Zeon en menant une contre-attaque humiliante à l'encontre de la Fédération, celui de Kou est d'arriver à atteindre le niveau de cet adversaire formidable qui deviendra son plus grand rival, rappelant la rivalité intense entre Amuro Ray et Char Aznable dans la série originale.
L'autre moteur de la série est la romance que Kou entretient avec la ravissante Nina Purpleton, l'ingénieure qui a conçu les deux prototypes de Gundam. Introduite comme une personne froide, limite tsundere, qui prête plus d'attention à ses machines qu'aux personnes qui l'entourent, elle apparait vite comme une jeune femme blessée qui a dressé une barrière entre elle et les autres afin de fuir des relations humaines qui l'ont bien assez fait souffrir. Dans un environnement incroyablement machiste où les hommes passent leur temps à harceler sexuellement les femmes, Nina noue une relation particulière avec Kou, le pilote de son Gundam et l'un des rares hommes honnêtes à bord, une relation qui finit par éveiller sa nature de femme qu'elle tentait de refouler. Celle-ci est d'autant plus marquée qu'elle se traduit sous toutes ses formes: elle devient à la fois la mère, la confidente et l'amante de Kou. Elle lui apporte le soutien psychologique nécessaire, mais elle le recadre aussi quand celui-ci fait preuve d'arrogance, et elle est tour à tour amusée et agacée de voir l'homme qu'elle aime se comporter parfois comme un enfant. A l'inverse, elle se montre aussi extrêmement inquiète des risques qu'il encoure sur le champ de bataille, telle une jeune femme attendant avec angoisse le retour de son amant parti à la guerre. Un grand soin a donc été apporté sur l'écriture de cette relation afin que celle-ci soit aussi crédible et naturelle que possible. Cette romance est d'autant plus importante qu'elle devient le moteur d'enjeux dramatiques qui ne sont révélés que tardivement dans la série et sur lesquels la fin tire toute sa noirceur. Dans l'ensemble, on peut considérer Stardust Memory comme une série qui parvient à exister vraiment à travers ses personnages principaux et la manière dont ils vivent les événements et dont ils évoluent en fonction. C'est assurément là l'une de ses plus grandes réussites.
La représentation de l'environnement militaire est aussi marqué par sa maturité, dépeint de manière plus réaliste et sombre que d'ordinaire. Les militaires fédéraux sont souvent représentés sous des aspects négatifs: les vétérans sont de véritables brutes dont le passe-temps favori consiste à harceler sexuellement les femmes de l'équipage et à bizuter leurs cadets. Ces derniers ont par ailleurs des difficultés à trouver leur place au sein d'un équipage où leurs aînés font tout ce qu'ils peuvent pour anéantir leur détermination, devant lutter dur pour arriver à faire leurs preuves et s'imposer. Dans l'ensemble, la plupart des militaires sont marqués par leur arrogance, se croyant invulnérables et méprisant ouvertement autrui, illustrant ainsi la chute morale de la Fédération Terrestre qui mènera à l'avènement prochain des Titans. Si les personnages principaux sont représentés sous une lueur plus positive, on sent bien qu'autour d'eux il y a tout un environnement qui bascule clairement du côté obscur. Un des passages les plus marquants de cette série voit par ailleurs Kou être envahi par le doute et en colère contre lui-même suite à ses erreurs et son propre manque d'expérience. Alors que ses compagnons d'armes ne font que l'enfoncer davantage et accentuer sa culpabilité, il retrouve finalement la foi et une détermination renouvelée auprès d'un vétéran de l'armée de Zeon de la guerre précédente. Une amitié improbable et touchante qui souligne une nouvelle fois l'ambiguité des relations humaines dans l'univers de Gundam où les soldats des camps opposés sont capables de parvenir à s'entendre avant d'être rattrapés par la dure réalité de la guerre et sa cruauté. Ainsi, si la série réserve quelques moments un peu plus optimismes, ces éléments connaissent toujours une fin tragique et sombre, ne laissant planer aucun doute sur la manière dont le monde est en train d'évoluer.
La série bénéficie aussi d'un travail d'écriture vraiment remarquable qui donne toute leur consistance aux différents éléments abordés. En l'espace de seulement 13 oav, Stardust Memory parvient à réunir tous les éléments habituels d'une série Gundam longue d'une cinquantaine d'épisodes: des personnages complexes et attachants, la représentation réaliste de la guerre, l'évolution d'un jeune homme en soldat aguerri, un rival marqué par des objectifs forts, une histoire de romance aussi touchante que tragique, un environnement politique complexe, un univers de SF très riche et contemplatif, et bien sûr un certain quota de scènes de batailles spatiales épiques. Ces dernières, toujours aussi grandioses et visuellement somptueuses, sont représentées de manière particulièrement réaliste, avec toutes les contraintes humaines et technologiques qui font l'attrait particulier de l'Universal Century au sein de la franchise. Ici, pas de mécha surpuissant capable de décimer tout un bataillon entier en l'espace de quelques minutes, et cette contrainte est particulièrement illustrée par l'enjeu principal du conflit: l'ogive nucléaire portée par le Gundam de Gato. Cet élément est l'exception qui confirme la règle et qui est par ailleurs traité de manière fort subtile tant du point de vue du scénario que des batailles: l'ogive nucléaire est la seule arme capable de faire des ravages colossaux dans les rangs adverses en l'espace d'à peine quelques secondes, en faisant un objet de terreur, d'autant qu'on ignore de quelle manière Gato compte l'utiliser. Mais la terreur qu'inspire le Gundam avec sa puissance de feu hors norme a donc ses limites: une seule ogive, un seul tir. Celui-ci peut rater et, une fois tiré, le Gundam adverse perdra inévitablement son attrait de terreur, redevenant une arme comme une autre. La série joue là-dessus et réussit à rebondir après coup en illustrant la suite de l'Opération Stardust, réussissant à enchaîner la terreur avec l'horreur pure. Jamais la série ne laisse retomber la tension, renouvelant toujours ses enjeux dramatiques pour qu'ils soient toujours plus intenses qu'auparavant. Un vrai coup de maître !
La réalisation est excellente à tout point de vue, très vivante, très dynamique et s'attardant à représenter le point de vue d'un pilote de Mobile Suit au cours des séquences de batailles par le biais d'un travail de mise en scène impeccable. L'animation est absolument magnifique, assurément l'une des plus belles de la franchise, et un soin énorme a été apporté sur la dimension sonore de manière à créer une véritable ambiance. Saluons aussi un doublage japonais d'excellente qualité avec un casting de seiyus reconnus et très talentueux pour beaucoup. Tous les moyens ont été mis afin d'offrir une vraie immersion du spectateur dans l'univers et pour qu'il se laisse prendre aux enjeux de cette série et à l'intensité dantesque qui se dégage de ses batailles. Le seul réel défaut dans tout ça reste les musiques, souvent anecdotiques si on excepte les génériques. Si les séries Gundam sont souvent marquées par des musiques superbes contribuant à l'aura épique des batailles ou à l'émotion qui se dégage des scènes plus intimistes, ici elles s'avèrent beaucoup trop classiques et manquent cruellement de personnalité. C'est peut-être le seul véritable défaut de cette série qui est, autrement, une immense réussite.
Cette seconde série d'oav de l'Universal Century est donc une réussite presque totale. On retrouve là toute la richesse et la saveur des séries traditionnelles de cet univers avec une histoire solide et remarquablement narrée, portée par un remarquable trio de personnages principaux qui réservent une vraie richesse de développements et d'émotions. S'imposant comme l'une des incarnations les plus sombres, les plus réalistes et les plus abouties de la franchise Gundam, Stardust Memory est une vraie série incontournable pour les fans de la saga, faisant admirablement le pont entre les séries Mobile Suit Gundam et Mobile Suit Zeta Gundam tout en prenant soin de traiter avec sérieux le contexte particulier de cette période, enrichissant la mythologie globale de l'Universal Century et permettant de développer les circonstances dramatiques qui ont abouti à l'émergence des Titans. La conclusion de cette série d'oav riche en rebondissements et en drames humains annonce ainsi directement les événements de la série Zeta Gundam. Pour autant, si Stardust Memory est la suite directe de la série Mobile Suit Gundam et précède donc chronologiquement Zeta Gundam, mieux vaut la visionner après les avoir vu toutes deux afin de profiter pleinement de sa richesse et de l'importance des enjeux politiques qui se jouent en marge de l'intrigue. Je terminerais en citant un coup de coeur personnel: rarement une romance n'aura été aussi bien traitée dans un animé, abordée avec beaucoup de sincérité et tirant le meilleur du contexte de la série et des caractères des deux personnages concernés. On pense là facilement au film Titanic de James Cameron où l'histoire d'amour était indissociable du drame à venir. Cette série fonctionne sur la même dynamique et c'est peut-être ce qui rend son histoire aussi prenante et aussi sincère. A bien des égards, Mobile Suit Gundam 0083: Stardust Memory est un magnifique accomplissement qui s'impose comme une véritable suite spirituelle de la légendaire série Zeta Gundam (avec le film Char contre-attaque). Assurément l'une des meilleures séries de cette franchise et l'une des deux meilleures séries d'oav dérivées de l'Universal Century avec Gundam Unicorn !
Verdict: Excellent (19/20).