Alors, mon avis sur la saison 2 de Gundam 00.
Tout d'abord, je commencerais par un rappel de mon avis de la première saison. Je l'avais trouvé très réussie, bien réalisée et avec une dimension réaliste appréciable. J'aimais bien aussi le background des personnages, même si je regrettais qu'il n'y ait pas plus d'interactions entre leurs histoires personnelles. Je trouvais également qu'il manquait à la série un fil conducteur fort, bien que les différentes intrigues soient appréciables en soi.
En fait, après avoir vu la saison 2, je réalise que ce n'était que l'intro et que les choses sérieuses commencent dès à présent.
La saison 2 reprend quatre ans (il me semble), après la fin de la saison 1. On se retrouve donc avec des personnages qui ont mûri entretemps et qui se cachent en attendant l'heure de leur retour. Celestial Being même est démantelé, certains membres ayant disparu, été capturés ou carrément tués. La première priorité de Setsuna, au début de la saison, est donc de reformer l'organisation. Il doit pour cela secourir certains membres ou en convaincre d'autres. Mais plusieurs années se sont écoulés entretemps et Setsuna réalise vite que l'élément central de leur équipe, la tacticienne Sumeragi, n'est plus qu'une épave ayant sombré dans la dépression, l'alcool et le sexe facile. Le cheminement de cette dernière pour sortir de la dépression sera une part importante des premiers épisodes.
Le monde a bien changé depuis la première saison et, en même temps, continue de refléter notre propre réalité. Dans la première saison, Celestial Being étant un groupe terroriste qui menaient une lutte contre toutes formes de conflit dans un monde scindé en trois blocs se livrant une guerre froide. De par leur volonté commune de lutter contre le terrorisme, ces trois blocs se sont désormais unifiés et forment une seule grande puissance, la Fédération Terrestre, ayant pour vocation de gouverner le monde entier et de mettre un terme au terrorisme (Celestial Beings et autres). Une organisation gouvernementale nommée les A-Laws possède tous les droits pour maintenir la paix. Officiellement, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, si ce n'est le terrorisme qui menace la paix.
La réalité est toute autre. Les fameux états "terroristes" sont en réalité ceux qui ont refusé de rejoindre la Fédération Terrestre, du coup abandonnés et privés des richesses fournis par les ascenseurs orbitaux. Pauvres et en pleine guerre civile, ils sont opprimés par les A-Laws qui, prétendant s'attaquer au terrorisme, s'en prennent tout simplement aux états mêmes, capables de les rayer de la carte sans que le monde bouge le petit doigt. Difficile de ne pas penser au monde actuel (je ne pense pas me tromper en disant que tout le monde vit sa vie tranquillement sans vraiment se rendre compte que la France est actuellement en guerre).
Ce n'est pas le monde que Celestial Being voulait construire. Quelque chose est allé de travers et ses membres sont bien décidés à trouver l'origine de cette perturbation et à y remédier. Mais les réponses qu'ils vont trouver ne sont pas du tout celles auxquelles ils s'attendaient.
L'ennemi a désormais un nom: Innovateurs. Des êtres synthétiques qui prétendent avoir été crée pour mener l'humanité au stade supérieur de son évolution. Dirigés par le charismatique Ribbons Almark, ils dirigent désormais le monde dans l'ombre. Et la présence de Celestial Being est une gêne pour leurs plans.
De manière générale, cette saison 2 est beaucoup plus sombre et beaucoup plus complexe que la première. L'histoire est extrêmement bien ficelée avec cette histoire de grand complot mondial qui prend ici des airs purement science-fiction. Certes, ça s'écarte du réalisme de la première saison, mais cette intrigue est juste grandiose et mène magistralement la saison d'un bout à l'autre.
Le scénario de la saison évoque bien sûr la guerre contre le terrorisme, un contexte d'actualité, mais le fait ici d'une manière anti-conventionnelle juste jubilatoire. Déjà au niveau des deux personnages centraux de la série, Setsuna F. Seie et Marina Ismail, qui sont respectivement kurde et azadistane, deux pays hostiles l'un à l'autre. Pourtant, entre l'ancien enfant-soldat traumatisé et la princesse idéaliste, une relation profonde va se nouer qui dépasse de loin tout autre genre de relation (ça dépasse l'amour en gros), une volonté commune de s'accepter et de s'aimer pour changer le monde.
A l'inverse, les pays qui, grosso-modo, constituent l'ONU sont représentés comme des ordures avides de pouvoir qui n'hésitent pas à massacrer des ethnies au nom d'une pseudo-guerre sainte contre le terrorisme. Encore une fois, la série va à l'encontre des conventions établies par le cinéma américain pour mieux dénoncer leur hypocrisie patriotique.
A cela s'ajoute les ascenseurs orbitaux, gigantesques tours dressées par les hommes s'étendant jusqu'à l'espace pour se rapprocher du soleil et en puiser des énergies renouvelables. Difficile de ne pas voir là une adaptation moderne du mythe de la Tour de Babel, symbole de l'avidité des hommes à se prendre pour des dieux, surtout quand on voit ce qui arrive à ces tours.
Car la nécessité de l'homme d'avoir toujours plus de pouvoir et de s'étendre au-delà de sa condition est au centre des enjeux de la série. Ribbons Almark lui-même se présente comme une figure christique censée mener l'humanité au prochain stade de son évolution, au prix de sa liberté (sa liberté de pensée surtout, manipulée de manière insidieuse par les médias et les déclarations officielles de la Fédération), et le monde entier le suit. Seuls des hommes conscients (Setsuna et Marina en tête) réalisent le danger d'un tel prophète et tentent de l'arrêter.
Sur ce point là, on peut féliciter l'équipe en charge pour la manière dont les personnages sont traités. Plus sombres et plus fouillés, ils sont tous beaucoup plus directement liés à l'intrigue principale que par le passé, et ils vont tous souffrir d'une manière ou d'une autre. C'est notamment le cas de deux personnages absolument brillants qui sont Saji Crossroad et Louise Halévy, les personnages spectateurs de la première saison qui nous servaient de référents et qui se trouvent désormais impliqués dans le conflit. Leur intrigue se poursuit sur une ambiance de tragédie humaine et les personnages sont beaucoup plus sombre que par le passé. Ils se sont séparés à un carrefour de leur vie, ils se retrouvent mais rien n'est plus comme avant et ils sont désormais dans des camps opposés.
L'autre personnage qui a beaucoup évolué depuis la première saison est Tieria Erde. Déconnecté de Veda, il a acquis une indépendance qui l'a humanisé. En découvrant la vérité sur les Innovateurs et en décidant d'enquêter sur les intentions, Tieria se lance dans une quête existentielle forte au cours de laquelle il sera soumis au doute et devra faire de nombreux choix.
Les autres personnages ne sont pas en reste, tous ayant des intrigues intéressantes et très sombres. C'est le cas avec Sumeragi Lee Noriega (que j'ai évoqué plus haut), ça l'est aussi avec une intrigue fabuleuse tournant autour des personnages de Lockon Stratos et d'Anew Returner. Même des personnages secondaires qui n'avaient pas de rôles importants dans la première saison trouvent ici leur utilité et s'affirment, entre leur idéalisme, leur corruption et leurs ambiguités, entre les amitiés fortes, les amours difficiles et les trahisons (nombreuses).
Mais seule déception au niveau des personnages vient en fait d'Allelujah Haptism et de Soma Peries. J'avais adoré l'intrigue sur le dédoublement d'identité de Allelujah dans la saison 1. Dans la saison 2, cette intrigue très intéressante ne se poursuit pas (alors qu'il y aurait eu manière à la poursuivre davantage, je pense) et on se retrouve avec une nouvelle intrigue sur Allelujah et Soma. Celle-ci s'avère initialement intéressante, mais très vite ça devient n'importe quoi et ça se met à partir dans tous les sens. On pourrait dire qu'autant l'intrigue sur Lockon et Anew est une grande réussite, autant l'intrigue sur ces deux là bouge beaucoup mais n'arrive pas bien loin.
Enfin, petit élément appréciable, Ribbons Almark est doublé par l'excellent Toru Furuya, éternel habitué des rôles de jeunes premiers dans les années 80. A l'image de Shuichi Ikeda dans Gundam Seed Destiny, c'est le second acteur de la série d'origine à revenir dans la saga pour incarner le méchant principal d'une saison. Et il se révèle tout simplement excellent, mégalo et flippant à souhait ! S'il accepte le rôle de Tooru Amuro dans Détective Conan, ça n'augure que du bon pour sa réunion avec Ikeda (Shuichi Akai).
Au niveau de la réalisation, elle est fabuleuse comme toujours. L'animation est superbe et les chara-designs sont les plus beaux que j'ai vu sur une série Gundam pour le moment.
Les scènes d'action sont aussi dynamiques, bien filmées et remarquablement chorégraphiées. Ici, on échappe à la facilité du mode Trans-Am (en partie grâce au fait que quelques années se sont écoulés dans la série et que ce mode n'est plus aussi performant face aux évolutions technologiques de l'ennemi). J'apprécie vraiment de voir les héros lutter avec acharnement pour leur survie, sans avoir de botte secrète qui leur garantisse automatiquement la victoire au cas où les choses commenceraient à tourner mal. Cela n'empêche bien sûr pas les Gundam de disposer d'armes surpuissantes, mais l'ennemi évolue presque en même temps, ce qui permet de préserver un équilibre et de maintenir le suspense.
Les musiques sont toujours aussi excellentes, même si la série a tendance à user et abuser du thème de combat (certes efficace et plaisant, mais on finit par le connaître par coeur). Au niveau des openings et endings, j'adore littéralement le premier opening, juste superbe et qui résume bien l'essence même de cette série. Le premier ending est également très réussi. J'ai plus du mal en revanche avec les seconds (que je trouve un peu en décalage avec l'ambiance de la série).
Au final, toujours aussi réussie en terme d'animation et de réalisation (voire même encore meilleure), la saison 2 se distingue de la première par une direction SF affirmée et remarquablement menée (en contraste avec le réalisme de la première), mais aussi par une plus grande cohésion entre les différents éléments de l'histoire. Alors que, dans la saison 1, ils restaient chacun un peu de leur côté, ici ils ne cessent de se croiser et l'histoire de Gundam 00 y trouve une richesse et une cohérence décuplée, faisant de cette saison 2 à la fois la meilleure saison de Gundam et l'un des meilleurs animés de méchas qu'il m'ait été donné de voir jusqu'à présent.
"Dans le mille !"