Gunslinger Girl
Posté : 10 juin 2009, 21:59
Gunslinger Girl

A l'origine, Gunslinger Girl est un manga de Yu Aida, commencé en 2002 et toujours en cours, disponible en France aux éditions Asuka. Dès ses débuts, le titre a connu un tel succès au Japon qu'il eut droit à une adaptation animée de treize épisodes au sein du célèbre studio Madhouse (Beck, Black Lagoon, Boogiepop Phantom, Chobits...) alors que seulement deux volumes étaient parus. Au niveau du staff, on retrouve à la production Haruki Nakayama (qui a notamment travaillé sur Beck, Murder Princess ou encore Mushishi), à la direction Morio Asaka (Card Captor Sakura, Chobits, Nana...), au scénario Junki Takegami (Naruto, One Piece, Maison Ikkoku...), au chara design Hisashi Abe (Chobits, Petshop of Horrors, Devil May Cry...), et à la musique le très talentueux et prolifique Toshihiko Sahashi (Magic Knight Rayearth, Hunter X Hunter, The Big O, Full Metal Panic, Mobile Suit Gundam SEED...). C'est donc un casting prestigieux qui est à la tête de cette première adaptation animée. Et le résultat n'en est que plus convaincant.
L'histoire se déroule en Italie. Sous couvert d'un organisme d'aide sociale et de rééducation, une organisation secrète du gouvernement récupère des fillettes qui ont été laissées pour mortes ou ont été profondément blessées physiquement ou psychologiquement, dans le but d'en faire de véritables machines à tuer protégeant l'Etat italien d'un groupe terroriste appelé "républicains". Dotées d'un corps mécanique et subissant régulièrement des lavages de cerveaux, les jeunes filles vouent une loyauté sans pareil à leur tuteur (un adulte de l'organisation), sont entraînées au tir et aux techniques d'assaut et partent en mission sans éveiller les soupçons sous couvert de leur apparence de fillette.
Avec Gunslinger Girl, ne vous attendez pas à une bête série d'action, car il n'en est rien. Certes, l'action est régulièrement au rendez-vous et peut faire preuve de violence, mais ici, l'accent est surtout mis sur la psychologie des personnages. Ainsi, chacune des cinq jeunes filles que nous présente la série, malgré son statut de cyborg, subit régulièrement des tourments, souvent liés à leurs missions, à leur loyauté envers leur tuteur qui se rapproche parfois d'un amour aveugle, comme c'est le cas pour Henrietta, ou tout simplement à la conservation d'une part enfantine, à l'instar de Triela et de sa collection de peluches. Les tuteurs, quant à eux, ont chacun leur manière de s'occuper des jeunes filles: si certains se montrent attentifs ou essaient d'atténuer leur condition de tueuses, d'autres, comme Jean, le tuteur de Rico, ne leur montrent que peu de considération.
Bien entendu, le ton de la série est résolument dramatique et très dérangeant. En effet, qui ne serait pas perturbé face au spectacle d'une jeune fille en apparence ordinaire buvant calmement un thé, et commettant un véritable massacre deux minutes plus tard ? En filigrane, nous pouvons également y voir une triste représentation du statut des enfants-soldats.
Du fait qu'elle a été réalisée peu de temps après le début du manga, cette adaptation animée s'en démarque dans ses derniers épisodes, pour proposer une fin profondément dramatique qui reste ouverte.
S'il faut un petit temps pour bien entrer dans la série, Gunslinger Girl nous présente rapidement des fillettes toutes intéressants et très attachantes, et leur apparente naïveté enfantine contrastant avec leur triste statut les rend profondément touchantes.
Sur le plan technique, bien qu'elle date de 2002-2003, la série reste un véritable bijou. En plus d'un chara design magnifique, Gunslinger Girl jouit de décors très détaillés, forcément inspirés de l'architecture italienne, et ceux-ci sont très souvent pourvus de nombreux jeux de lumière tout en finition. Que ce soit durant les moments calmes ou les scènes d'action, l'animation est bonne. La mise en scène, souvent très posée, si bien que certains la qualifieront de lente, peut se montrer très nerveuse durant les scènes d'action. Enfin, signalons la bande-son de Toshihiko Sahashi: absolument magnifique, celle-ci puise très souvent ses sources dans la musique classique, et termine d'offrir à l'ensemble une ambiance résolument posée et classieuse.
Dotée d'une réalisation impeccable, Gunslinger Girl est une série déroutante au début et perturbante dans son concept, dotée d'un charme particulier qui a su trouver son public. De plus, de par le fait qu'elle ne reprenne que les deux premiers tomes du manga et s'en démarque par la suite, elle peut constituer une bonne première approche avant de s'attaquer à la version papier.