Mindgame
Sorti tout droit en 2004 du studio 4°C (Amer Béton, Detroit Metal City, Spriggan, Princess Arete, réputé pour ses travaux atypique, Mindgame est un long métrage déjanté adapté du manga éponyme de Nishi Robin.
Nishi Junji est un jeune homme de dix-neuf ans qui souhaite devenir mangaka. N'ayant rien fait de particulier dans sa vie jusqu'à présent, il est néanmoins tombé amoureux, il y a des années de cela, de Uchida Myon, une camarade de classe, le lui a avoué, n'a jamais vu son amour se concrétiser mais a continué de la fréquenter. Aujourd'hui, Myon est sur le point de se fiancer avec un autre homme. Mais un soir, alors qu'il accompagne Myon dans le restaurant familial, deux yakuza débarquent pour récupérer l'argent que le père endetté leur doit. Recroquevillé de peur dans un coin tandis que Myon est sur le point de se faire violer par l'un des deux individus, Nishi voit la situation s'envenimer et se retrouve en moins de deux au paradis, après avoir reçu dans les fesses une balle de revolver qui lui traverse le corps avant de ressortir par la tête.
Arrivé au Paradis, il tombe sur un être bien mystérieux, ne cessant de changer de forme tout en lui parlant. Dieu, puisque qu'il s'agit-là de Dieu, reconnaît que la mort de Nishi a été particulièrement misérable. En revoyant plusieurs fois la scène de sa mort que Dieu lui projette, Nishi décide de s'accorder une deuxième chance et retourne dans le monde des vivants pour tenter, cette fois-ci, d'agir comme homme. Revenant pile au moment où le canon du revolver est braqué sur ses fesses, il se révolte et, après avoir abattu son agresseur, s'enfuit avec Myon et Yan, sa soeur aînée. Une course -poursuite s'engage alors, en voiture puis en bateau. Se retrouvant pris au piège, Nishi et les autres voient alors surgir de la mer de la baie d'Ôsaka une baleine qui les engloutit. Toujours vivants, ils rencontrent à l'intérieur de la baleine Yè, un vieillard autrefois pirate qui a déjà passé une trentaine d'année dans cet endroit, et qui va les aider à se faire à la situation.
Coincés dans la baleine, les personnages vont alors, chacun leur tour, être pris d'une sorte d'éveil qui va leur permettre de voir les choses de manière plus positive. Encore plus tard, Nishi a un autre éveil, qui lui fait comprendre que le monde n'est qu'un amas d'énergie fait pour évoluer. Puis Nishi et Myon se rapprochent, se marient, et chacun acquiert une certaine paix psychologique. C'est alors qu'ils apprennent que la baleine est en train de mourir. Ils n'ont pas d'autre choix que celui de s'extirper du ventre de l'animal, et alors que leur objectif est quasiment atteint, les différents héros de l'histoire imaginent leur futur de différentes manières. Mais quel que soit leur futur, chacun sait qu'il est à présent tourné vers l'avenir et que la vie vaut d'être vécue. Le film s'achève alors que la vie des personnages principaux ne fait que commencer.
Atypique, on peut dire que Mindgame l'est. L'ensemble commence à la manière d'un film réaliste, puis, à partir de la rencontre de Nishi avec un Dieu polymorphe, le véritable trip expérimental commence. Les situations invraisemblables et délires psychotiques des personnages s'enchaînent jusqu'à la fin, parfaitement mis en valeur par un style visuel mélangeant allègrement les genres: ainsi, on va de l'animation "traditionnelle" à un style photoréaliste intégrant des photos des doubleurs dans l'animation, en passant par des passages en 3D et toutes sortes de délires visuels s'appuyant sur les couleurs, les formes... le tout saupoudré de quelques autres trouvailles assez excellentes (ce dieu aux multiples facettes...). Il en ressort quelque chose d'unique, aux multiples influences, du réalisme au surréalisme en passant par la folie psychédélique et bien d'autres encore. Des influences qui se ressentent encore un peu plus lorsque certains clins d'oeil à d'autres oeuvres sont effectués. Enfin, un petit mot sur l'ambiance musicale, étrangement envoûtante, et collant fort bien à l'ensemble.
Mené tambour battant, ce récit complètement barré ne comporte aucun temps mort et, si l'on ne comprend pas forcément tout la première fois qu'on le voit, on s'y perd volontiers tant l'ensemble est unique. Dans tous les cas, le message optimiste passe bien: avec de la volonté, on peut toujours réussir à changer. Et même si l'on n'y arrive pas, on ne perd rien en essayant.
Véritable curiosité expérimentale tant sur le plan scénaristique que visuel, Mindgame est un film à voir au moins une fois tant il est unique, pour peu que l'on ne soit pas hermétique à ce genre d'oeuvre complètement hallucinée.
Potemkine nous propose ici une édition de qualité, dotée d'une très bonne qualité d'image et de son.
Le DVD bonus est lui aussi très intéressant. On y trouve notamment une série d'entretiens avec différents membres du staff, un document sur l'animation en 3D, un clip live, et le film en animatics (visualisation du storyboard sous forme de diapositives).
