Metropolis
Posté : 19 févr. 2010, 01:54
Metropolis

Sorti tout droit des studios Madhouse en 2001, Metropolis est l'un des rares films d'animation pouvant se vanter d'afficher d'aussi grands noms dans son staff: en s'inspirant du manga éponyme d'Osamu Tezuka (paru en France chez Taifu Comics), qui s'inspirait lui-même très vaguement du film culte de Fritz Lang, les deux grands hommes que sont Rintarô (Albator, le Roi Léo, Manie Manie, Galaxy Express 999, X le film...), ici à la réalisation, et Katsuhiro Otomo (Akira, Steamboy, Domû, Robot Carnival), ici scénariste, livrent une oeuvre qui parvient à sublimer une histoire somme toute classique.
A Metropolis, humains et robots cohabitent, cantonnés dans des espaces de vie bien définis. Mais des soulèvements antirobots se multiplient, menaçant l'équilibre de la ville. Parallèlement, deux policiers sont envoyés à la recherche du créateur de Tima, un robot ultra-perfectionné. En même temps que la cachette du génial savant, ils découvrent que ce dernier est protégé par un homme énigmatique et puissant qui projette d'utiliser Tima pour régner sur la population des robots.
Classique, c'est en effet le bon mot pour résumer cette histoire futuriste, se basant sur le désormais classique pitch de la cohabitation houleuse entre humains et robots pour nous offrir de grandes réflexions humanistes sur, notamment, les limites de la technologie, ou encore la course incessante au progrès laissant les plus démunis sur le carreau.
Toutefois, il faut replacer l'histoire originale dans son époque: le manga original de Tezuka datant de la fin des années 1940, une histoire de ce type était déjà plus porteuse.
Une question peut venir à l'esprit du spectateur: pourquoi Rintarô a-t-il choisi d'adapter cette oeuvre en particulier, vieille de plus d'un demi-siècle ? Il faut savoir que l'intérêt du réalisateur pour cette oeuvre n'est pas nouvelle. Dès les années 80, Rintarô, pris de passion pour Metropolis, contacta Tezuka pour lui communiquer son désir de faire de son manga un film. Le "Dieu du manga", ayant peu d'estime pour ce qui fut l'une de ses premières oeuvres, refusa. Ce n'est qu'en 1997, suite à plusieurs entretiens avec Katsuhiro Otomo, que son intérêt pour le projet Metropolis se réveilla. Tous les deux grands fans de Tezuka, et après un travail conséquent, ils concrétisèrent définitivement le projet en 2001 en y apportant quelques touches personnelles. Ainsi, le héros, Kenichi, doit faire face à un nouvel adversaire du nom de Rock (malgré tout inspiré d'un autre manga de Tezuka, Shonen Tantei Rock Home). Et ce n'est pas tout, puisque plusieurs personnages secondaires sont des références à d'autres oeuvres de Tezuka.
Malgré tout, comme déjà dit, le fond de l'histoire reste classique. Et pourtant, la passion de Rintarô et Otomo ont réussi à faire de Metropolis un très grand film, considéré à juste titre comme l'un des plus grands films d'animation de ce début de millénaire. Une réussite due en très grande partie à une réalisation épatante.
Loin de se contenter de porter sur écran le manga de Tezuka, les deux hommes en ont fait un film unique, dont l'aspect futuriste contraste à merveille avec une ambiance résolument rétro. En plus du respect du design original de Tezuka, signalons les décors, tantôt très colorés, tantôt sombres et froids, voire les deux en même temps, mélangeant architecture futuriste et éléments plus vieillots. Du côté de l'animation, le contraste est également saisissant: les personnages, parfaitement animés et rendus très vivants par une animation traditionnelle en 2D maîtrisée, évoluent dans ces différents décors en 3D qui fourmillent de détails. L'expérience des deux auteurs fait le reste: le tout se déroule avec une harmonie épatante, que finit d'embellir une bande sonore jazzy impeccable, et des bruitages, notamment certains robots émettant des bruits de vieilles machines, terminant de rendre le tout immersif. Parfaitement mené dans ses rebondissements, on ne voit pas le temps passer, le tout est captivant, jusqu'à une fin ahurissante tant elle est aboutie dans sa mise en scène et audacieuse dans sa réalisation, très forte en émotions, où toute la tension est palpable à travers... un paisible morceau de jazz. Il s'agit là, personnellement, d'une des plus magnifiques fins qu'il m'ait été donné de voir.
Incontestablement, Metropolis est l'une des plus grandes réussites de l'animation japonaise. En y ajoutant leur touche personnelle, les deux géants que sont Rintarô et Katsuhiro Otomo ont su magnifier l'oeuvre originale de Tezuka, pour nous offrir un film exceptionnel, absolument indispensable à toute bonne vidéothèque. Tout, du début à la fin, est maîtrisé.
Le coffret collector limité numéroté:

Le deuxième DVD contient donc pléthore de bonus plus ou moins intéressants: galerie de croquis présentant les principaux personnages, objets et décors (certains sont réellement bluffants), 2 extraits comparatifs permettant de nous intéresser au processus d'animation, un making of au contenu plus ou moins intéressant (on en retiendra surtout les réflexions de Rintarô et Otomo sur l'actuel système de production japonais), des notes de production, des extraits d'interviews des deux hommes où ils abordent principalement la question du passage du manga de Tezuka au film, et les filmographies. Est également présent, un livret de 20 pages bien documenté.
Du côté de l'image et du son, c'est impeccable d'un côté comme de l'autre. Moins bonne que la piste japonaise, la version française est tout à fait acceptable.