Un samourai dans la tourmente

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Notre histoire prend place à la fin de l’ère Tokugawa, alors même que des tentions importantes naissent entre les différents clans de samouraïs. Le Bakufu et le Choshu, notamment, s’affrontent par leurs idéaux et par les armes. Le premier souhaitant l’ouverture du Japon aux étrangers, aux techniques et avancées du monde tandis que l’autre prône l’expulsion de ces mêmes étrangers, le Japon traditionnel et la protection des valeurs ancestrales. Au sein même du Choshu, Kusaka Toma est un jeune samouraï qui souhaite l’ouverture du Japon : pour avancer vers cet idéal, il décide de prendre des cours d’anglais en secret, ce qu’il va réussir grâce à un homme du clan adverse, Keiichiro Akizuki, qui va lui prêter ses notes. Le fait est que ce dernier a déjà prêté main forte à Kusaka et un de ses collègues, alors même qu’ils étaient en danger de mort. Au fil des leçons, la relation entre les deux ennemis devient de plus en plus amicale, voire intime. Mais au moment où ils s’offrent l’un à l’autre, les tensions sont à leur comble et Kusaka décide de s’envoler pour l’Angleterre afin d’oublier son devoir, qui est de combattre cet homme du Bakufu.
Dès le début, on note une très forte attraction pour l’histoire du Japon. La narration est centrée avant tout sur ce qu’il se passe dans cet archipel oriental, notamment lors des différents conflits, de l’avancée politique d’un clan sur l’autre, etc … Ce qui fait de l’histoire un réel scénario, bien ficelé, où l’histoire d’amour n’est qu’une perle dans un écrin bien préparé. On est d’ailleurs surpris de la sobriété dont l’auteur fait part pour nous exposer cet amour si tabou, doublement refusé par tous et doublement interdit. Au fil du conflit, les sentiments s’épanouissent avec pudeur, les relations charnelles ne sont que l’accomplissement d’émotions construites et parfaitement développées. De plus, ces scènes sont assez rares pour ne pas surcharger les trois épisodes du DVD. Les protagonistes ne sont pas nombreux, mais tous sont extrêmement développés, avec beaucoup de force et de conviction. Kusaka change au fil des obstacles, tandis que Akizuki demeure fidèle à lui-même, faisant de ses réactions des évidences, tandis que le « méchant » désigné a quelque chose de touchant par son ignorance de l’importance de ce qu’il brise, piétine par maladresse. Enfin, et sans parler de la fin en elle-même, il faut admettre que le dernier volet de cette histoire est absolument magistral, dans ses idées, dans la réalité des faits et dans la répercussion psychologique sur des personnages qui ne se battent plus avec des sabres mais avec le peu de volonté qu’il leur reste. Un tableau si réaliste, si criant de vérité qu’il surprend beaucoup le spectateur, qui ne s’attendait pas à une telle force, bien que toute la narration logique et ancrée dans les faits, nous le prouve. Après tout, les conflits sont parfaitement expliqués, tout comme les batailles et la cruauté qu’elles abritent. Celles ci savent se faire discrète, pour allier les émotions dans une logique indéniable, mais restent une des bases du récit, qui sait se montrer plus dynamique que prévu ...
Pour parler autre chose que de l’histoire qui mériterait pourtant bien plus, on s’attarde sur les dessins, tout d’abord. Ceux-ci sont souvent simplets pour les personnages plus que secondaires, étranges au début du film (avec ces perruques qui sont tout sauf esthétiques), mais qui prêtent beaucoup d’attention aux personnages principaux. La finesse des traits est là sans faire de ces samouraïs des androgynes, l’émotion brille dans les regards, les rictus fleurissent sur les traits de leurs visages et leur apparence générale est soignée. Par contre, si les fonds n’ont rien à se faire reprocher, ceux qui accompagnent les moments d’intense émotion (comme la première fois de nos amoureux) enlèvent beaucoup de pertinence et de sérieux à la scène. L’animation, par contre, ternit un peu la merveilleuse impression de l’ensemble. Beaucoup de plans fixes même pour les principaux protagonistes, des mouvements assez peu naturels qui gâchent quelque peu la fusion des corps de nos héros, et un tout qui manque de fluidité, sans que cela choque vraiment en dehors de certains passages. Certains plans sont pourtant excellents, mais ce n’est pas le cas de tous, malheureusement … A part ça, la collection Black box offre de très beaux rendus sur les couleurs et contrastes, une version originale sous titrée de manière tout à fait satisfaisante, mis à part une ou deux fautes de français, le langage est approprié, tout comme les musiques accompagnant cette épopée. Ces dernières jouent leur rôle : discrètes, elles parviennent toutefois à relever certains passages, soutiennent les plans les plus importants et sont porteuses d’une certaine émotion. Enfin, on regrette peut être quelques bonus, inexistants à part le trailer de Jeux d’amour, même si le menu est agréable, avec des images qui changent à chaque page, une musique pour l’écran de base qui accompagne aussi la lancée du film, tandis qu’une autre est utilisée pour les options.
En quelques mots, c’est une série de trois épisodes assez surprenants que contient ce DVD d’OAV. Un scénario tout en finesse, réalité et sentiments pour une réalisation à la hauteur de nos espérances. Un agréable moment à passer, dans une histoire beaucoup plus profonde qu’on ne l’attendait. La curiosité peut nous y amener, et la découverte d’une partie de l’histoire du Japon ne sera que fortuite, mais extrêmement intéressante !