1995. Mikiya Kokutou est encore au lycée. C'est à cette époque qu'il rencontre Shiki Ryogi, jeune fille de sa classe que tout ses autres camarades préfèrent éviter. Mais lui ne l'entend pas ainsi, et bien que la solitaire Shiki ne cesse de repousser son amitié, Mikiya va persister au point de devenir complètement fou de la mystérieuse et belle demoiselle.
Mais dans le même temps, une série de meurtres atroces a lieu: les victimes sont toutes affreusement mutilées. L'oncle de Kokutou est chargé de l'enquête, et très vite, la recherche de l'assassin le mène tout droit jusqu'au lycée de son neveu...
Après un premier film introductif dont la beauté nous laissait supposer une suite captivante, ce deuxième film d'une durée d'une heure vient combler toutes nos attentes. Cette fois-ci, c'est un bond en arrière que nous effectuons, pour suivre la première partie d'une enquête qui, visiblement, verra sa conclusion arriver dans le septième et dernier film de la saga. En ce qui concerne l'enquête, il faut avouer que l'identité de l'assassin se devine très facilement et rapidement, et que le mystère n'est donc pas de la partie de ce côté-là. Mais à vrai dire, la réalisation ne fait rien pour tenter d'entretenir un quelconque mystère autour de cette enquête, car l'intérêt du film est tout autre. Ici, c'est véritablement le duo Shiki/Mikiya qui est au centre.
Ainsi, le retour en arrière nous permet de découvrir les origines des liens entre les deux jeunes gens, des liens forts qui se construisent non sans heurts, entre un Mikiya qui devient facilement attachant dans son obstination à vouloir se lier d'amitié avec Shiki et la protéger en toute circonstance, et une héroïne plus fascinante que jamais: la belle et froide Shiki du premier film laisse ici place à une jeune fille dont le côté solitaire et fragile sont dûs à une personnalité profondément perturbée, une double personnalité inquiétante que l'on apprend à découvrir en même temps que Mikiya. Et tout comme Mikiya, on s'attache et on se prend de fascination pour cette demoiselle qui laisse toujours échapper autour d'elle un parfum de mort.
Quant au parallèle que l'on peut faire entre the Garden of Sinners et Tsukihime (rappelons que les bases de l'histoire du premier ont inspiré le deuxième), il se révèle encore plus pertinent: à l'instar du Shiki de Tsukihime, la Shiki de the Garden of Sinners laisse entrevoir une double personnalité inquiétante. Quant à Mikiya, il est, physiquement, le sosie quasiment parfait du héros de Tsukihime. Plus aucun doute: les deux héros de the Garden of Sinners ont bien inspiré celui de Tsukihime.
Techniquement, on a à nouveau affaire à un véritable travail d'orfèvre, plus encore que pour le premier film. L'ambiance, un peu moins contemplative, se fait plus mystérieuse et malsaine, et toujours envoûtante, à l'image de certaines scènes dont celle où notre héroïne s'étale du sang sur les lèvres. Le sang, justement, est ici un élément central: à l'image de Shiki, sa beauté fascine tout autant que le côté lugubre et la signification qu'il dégage, et un constat s'impose: rarement le sang n'a été aussi bien mis en valeur et aussi bien représenté dans un film d'animation japonais. Nombreux sont les passages, comme la première scène du film, qui savent mettre en avant le personnage de Shiki, notamment en faisant ressortir tour à tour sa fragilité et son côté froid et dangereux. Les décors, très nuancés et dotés de nombreux jeux de lumière, offrent à nouveau à l'ensemble une atmosphère envoûtante que finissent d'embellir de très belles musiques à nouveau signées Yuki Kajiura. Enfin, l'animation reste de très bonne facture.
Peut-être un peu moins contemplatif mais plus envoûtant encore que le premier film, notamment grâce à l'impeccable beauté esthétique de certains passages, ce deuxième volet de la saga captive d'un bout à l'autre, nous laissant découvrir le passé d'une héroïne plus inquiétante et fascinante que jamais. On a hâte de voir les films suivants, d'autant que l'annonce du troisième volet ici présente nous annonce quelque chose d'à nouveau très prometteur.
L'édition de Kazé est dans la droite lignée de celle du premier film: image et son de très bonne qualité, version française de bonne facture, le CD de la BO en bonus, le tout renfermé dans un digipack aux effets sanglants sympathiques. Enfin, l'illustration du fourreau, magnifique, met parfaitement en avant toute l'ambivalence de l'héroïne. Un bon choix.