Dead Leaves
Posté : 13 sept. 2010, 16:43
Dead Leaves

Fruit du travail du studio Production I.G. (saga Ghost in the Shell, Blood the last vampire, Eyeshield 21...), Dead Leaves est un film d'une cinquantaine de minutes datant de 2004. Si le design est de Imaitoonz, célèbre désigner underground japonais travaillant avec les plus grandes firmes japonaises, la réalisation est du renommé Hiroyuki Imaishi, connu pour avoir travaillé à divers postes sur les barrés FLCL, Abenobashi et Entre elle et lui.
Barré, c'est justement le cas de Dead Leaves, ne serait-ce que par son histoire de base: Retro, un homme ayant une télévision en guise de tête, et Pandy, une femme ayant une tache rouge autour de l'oeil, se réveillent côte à côte, nus, sans le moindre souvenir de leur passé. Arrêtés par la police, ils sont embarqués sur “Dead Leaves”, une cité-prison nichée sur les restes d'une Lune à moitié bousillée. Il ne leur reste plus qu’une seule solution pour survivre à cet enfer carcéral: s’évader en compagnie de leurs compagnons de cellules...
Mais s'il n'y avait que le scénario qui soit tiré par les cheveux... Car il paraît difficile de faire plus barré que Dead Leaves, Imaishi semblant avoir ici décidé de repousser les limites de ce mot à l'extrême.
Extrême, Dead Leaves l'est sans cesse: sur la base de cette histoire invraisemblable, les rebondissements sans queue ni tête vont s'enchaîner pour nous offrir une intrigue tenant sur un fil nylon, mais résolument absurde, le tout dans une ambiance volontairement grossière et vulgaire. Qu'on se le dise, dans Dead Leaves, ça pète et ça rote à tout va, ça parle sexe, ça s'insulte et ça discute toujours très crûment. Que les amateurs de bienséance passent leur chemin.
Mais là où le film frappe encore plus, c'est sur le plan visuel: on connaissait déjà le goût d'Imaishi pour les couleurs criardes, les designs bruts, et les réalisations survoltées. Le réalisateur va pousser ici tout ces ingrédients dans leurs derniers retranchements. Dead Leaves est fait pour les excités, le tout va à 200 à l'heure, sans pause. Vous n'aurez aucun temps mort pendant près d'une heure, et il faudra réellement vous accrocher, et ne surtout pas être épileptique, pour réussir à tout suivre, tant on se perd dans cette avalanche d'action emmenée par une réalisation barrée aux couleurs ultra-vives. Et lorsque le tout accumule des ingrédients tous plus originaux les uns que les autres, comme de très nombreuses incursions d'onomatopées, on a l'impression d'assister à une union en décalage entre comics et univers underground japonais.
Dead Leaves est une curiosité au mauvais goût totalement assumé, et un véritable trip, que l'on ne pourra pleinement apprécier que si l'on accepte d'emblée d'entrer dedans, et si l'on ne refuse pas de perdre le fil et d'avoir mal aux yeux face à cette réalisation électrique. Il est certain que tout le monde n'accrochera pas, mais on tient là une oeuvre à tester absolument, ne serait-ce que pour son originalité et le flot d'inventivité qu'elle montre.
Du côté de l'édition, image et son d'excellente qualité se mêlent à une VO de très bonne facture et à une VF qui n'a pas à rougir face à l'originale (on y saluera notamment la performance remarquable du doubleur de Retro, vulgaire et barré à souhait). Les bonus sont nombreux (interviews du staff après la première de Dead Leaves, du réalisateur et du producteur lors du Festival International du Film Fantastique en 2003, des doubleurs japonais, trailer du film...), le packaging sympathique (un petit digipack contenu dans un fourreau illustré aux couleurs de la série. Une belle édition.