TATSUMI
La fiche sur Manga-newsTatsumi, Eric Khoo, 2011 ;
CTV International, 2012 ;
Disponible en DVD et Blu-ray (vostfr uniquement) le 15 juin 2012.
Résumé jaquette :
Tatsumi célèbre l'œuvre et la vie du mangaka japonais Tatsumi. Dans le Japon occupé de l'après-guerre, la passion du jeune Tatsumi pour la bande dessinée deviendra finalement le moyen d'aider sa famille dans le besoin. En plus d'être publié dès l'adolescence, sa rencontre avec son idole Osamu(shi) Tezuka, le célèbre mangaka créateur d'Astro Boy, que l'on compare à Disney, lui offrira une source d'inspiration supplémentaire.
Tatsumi va remettre en question le manga pour enfants en créant un genre nouveau à destination d'adultes. En 1957, il va inventer le terme gekiga (littéralement « images dramatiques »), développant ainsi une nouvelle forme de manga destinée à un public adulte. Fortement influencé par les thématiques du cinéma néo-réaliste, Tatsumi nous offre une vision saisissante du Japon de l'après-guerre.
Avis :
Présenté comme une adaptation d’Une vie dans les marges — mais pas que, le film se veut fidèle à sa référence d’encre et de papier.
Bien que la structure du récit soit modifiée pour les besoins du film, le réalisateur et son équipe ont dans l’ensemble scrupuleusement transposé les planches originales de Tatsumi. La colorisation de celles-ci et l’animation de l’ensemble sont pour le coup assez sommaires. En revanche, l’ambiance est admirablement restituée, d’autant que les compositions de Christopher Khoo (le fils du réalisateur, alors âgé de… 13 ans) et de Christine Sham (aussi responsable des arrangements) sont d’une efficacité redoutable : sombres durant les moments de tension des one shot, plus paisibles pendant les passages biographiques ou encore absentes pour laisser résonner les bruits ambiants. Par ailleurs, dans le making of disponible dans le DVD/Blu-ray, on apprend que des décors ont dû être rajoutés ou étoffés pour certains plans, la faute à la différence de format entre une case de manga « timbre poste » et sa projection sur grand écran.
Le film est à la hauteur. Il ne déçoit aucunement les attentes, mais on ne peut pas dire non plus qu’il transcende l’œuvre de Tatsumi. C’est un hommage fidèle et rigoureux, mais Une vie dans les marges est une telle mine d’or qu’on regrette que sa dimension encyclopédique ait été autant amoindrie. De mémoire, seuls deux ou trois apartés sur des faits historiques ou culturels de l’époque sont rescapés d’un manga qui en comptait des dizaines et des dizaines. Et même si le film gagne une dimension dramatique avec les cinq autres histoires de Tatsumi (L’enfer, Monkey, mon amour, Juste un homme, Occupé et Good bye), la dimension biographique reste elle aussi restreinte malgré l’ajout de scènes inédites (post-1960). Cependant, avec du recul, on pourrait donner à ce jugement valeur de caprice tant trouver un compromis équilibré sur un film d’une heure et demie relève de l’impossible. À voir, mais surtout à lire donc.