Berserk

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Erkael
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Berserk

Message non lu par Erkael » 16 mars 2013, 20:06

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Le voilà enfin le tant attendu film de Berserk !
Faut il encore présenter cette œuvre phare qu’est Berserk ? Titre né de la plume de Kentaro Miura en 1990 qui compte à ce jour 36 tomes et qui a atteint un rang de titre culte amplement mérité !
Le titre a connu dans un premier temps une adaptation animé qui reprenait sa première partie et bien des années après voilà que des films voient le jour, et ceux ci ne décevront personne !

Si Berserk a tellement marqué de son empreinte, outre la violence et la rage qui se dégage de ce titre, c’est avant tout grâce à une narration hors norme (et hors pair) : après avoir commencé la série sur les chapeaux de roues, en pleine effusion de violence, l’auteur nous a entraîné dans un flash-back qui s’est étendu sur plus de dix tomes et est au passage devenu une référence…quand on parle de long flash-back de qualité, on pense en premier lieu à Berserk !

Et bien ce film nous prend quelque peu à contre-pied mais se veut totalement cohérent. Ici le début du film n’est pas le début de l’histoire, mais le début du flash-back, qui n’est autre que la partie la plus appréciée par les fans (et pour cause). Nous ne verrons donc pas Guts affronter des apôtres dans ce film, pas plus que nous ne verrons son enfance, cette partie avec Gambino est à peine évoquée sous la forme d’un cauchemar inspiré par la fièvre. Nous découvrons Guts juste avant sa rencontre avec la troupe du Faucon et bien entendu avec Griffith ! Et à partir de là, les choses telles qu’on les connaît suivent leurs chemins tout tracé : l’évolution de Guts dans la troupe, son lien ambiguë avec le charismatique Griffith, sa relation houleuse avec Casca, la montée en puissance de la troupe, l’affrontement contre Zodd suivi de la prophétie pour finir sur l’assassinat du prince et le monologue de Griffith sur les marches du palais qui va changer bien des choses pour Guts !

Les connaisseurs ne seront pas dépaysés, le sang coule à flot, les corps sont tranchés et on retrouve cette ambiance propre à la série, terriblement séduisante tout en étant parfois angoissante (Zodd notamment), au milieu de ces torrents de sang il souffle comme un parfum de nostalgie, d’époque dorée, d’ailleurs ce n’est pas un hasard si la partie du flash-back a été baptisée l’âge d’or !
Et les non connaisseurs ne peuvent qu’être séduits par cet univers riche et envoûtant, nous plongeant dans un univers médiéval teinté de fantastique.

La réalisation est à la mesure de l’œuvre, elle est absolument grandiose, l’animation est de très haut niveau, les travellings sont saisissants, on sent que les moyens ont été mis pour cette série de films dont le premier place déjà la barre très haut !
La bande son est de grande qualité également et colle parfaitement à l’ambiance de ce film qui va nous transporter.

Le film est tellement prenant et saisissant que la fin arrive de façon abrupte, on en redemande…et une annonce de ce qui nous attend vient rajouter à notre frustration…la suite, concernant l’ascension de la troupe de faucon sera grandiose !

Un film excellent qui se regarde avec un plaisir incroyable qu’on connaisse la série ou non !

Il est juste dommage que cette édition DVD soit aussi simpliste : pas de VF (mais ça ce n’est pas très grave) mais surtout pas le moindre bonus qui nous permet de prolonger un tant soit peu l’aventure. Nous n’avons plus qu’à attendre la suite…
On ne peut pas gagner à tous les coups mais on ne peut pas perdre à chaque fois non plus!

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Glass Heart
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Re: Berserk

Message non lu par Glass Heart » 16 mars 2013, 21:02

Berserk - L'Âge d'Or - Partie I - L'Oeuf du Roi Conquérant - Edition Collector Fnac

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Studio: Studio 4°C.
Réalisateur: Toshiyuki Kubooka.
Année: 2012.
Durée: 1h17.
Editeur: Dybex.
Déconseillé aux moins de 16 ans.


Casting: Hiroaki Iwanaga (Guts), Takahiro Sakurai (Griffith), Toa Yukinari (Casca), Kenta Miyake (Nosferatu Zodd), Yuki Kaji (Judeau), Minako Kotobuki (Rickert),
Yoshiro Matsumoto (Corkus), Takahiro Fujiwara (Pippin), Kazuki Yao (Gaston), Aki Toyosama (Charlotte), Rikiya Koyama (Julius), Nobuyuki Katsube (Roi de Midland)
et Kendo Kobayashi (Bazooso).


http://www.manga-news.com/index.php/vol ... -Ray-Fnac/

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L'Histoire

Midland: un royaume pris, depuis un siècle, dans l’étau d’une guerre sans merci. Sur les champs de bataille, Guts, un jeune mercenaire, lutte pour survivre au quotidien. Malgré son jeune âge, il se bat avec la rage d’un chien fou, déploie une effroyable dextérité et traîne derrière lui une épée au gabarit impressionnant. Alors qu’il sort d’une énième bataille, il est pris à parti par une bande de mercenaires qui s’imagine pouvoir le détrousser. Le choc est rude, et leur chef est obligé d’intervenir pour éviter que ses lieutenants ne se fassent massacrer en quelques instants. Après ce combat singulier, Guts se retrouve embrigadé et découvre qu’il a affaire à la Troupe des Faucons, des mercenaires aguerris dirigés par Griffith, un jeune homme charismatique et mystérieux qui semble promis à une ascension fulgurante…

Commentaires

Berserk est à l'origine un manga d'heroic fantasy de Kentaro Miura, débuté en 1990 et qui compte à ce jour 36 tomes. La trilogie de L'Âge d'Or adapte une période spécifique du manga s'étalant des tomes 3 à 14 qui constitue le véritable début de l'histoire.

Pour resituer un peu le contexte pour ceux qui ne connaitraient pas le manga, les trois premiers tomes de Berserk nous introduisent l'histoire à un stade déjà bien avancé, notre héros Guts disposant déjà un lourd passé et d'une personnalité trouble. A la fin du tome 3, le manga débutait un important retour en arrière qui nous dévoilait l'enfance de Guts, ce passé sombre et violent qui aura forgé le personnage qu'on découvre au début du titre. Cet important flash-back, intitulé l'arc de L'Âge d'Or, demeure l'un des plus populaires de Berserk et a contribué à créer une galerie de personnages fascinants et complexes, donnant notamment une autre compréhension psychologique du personnage de Guts dont le caractère et les agissements dans les trois premiers tomes deviennent alors plus torturés. Si le début du manga nous donnait ainsi l'impression de voir des stéréotypes, l'introduction de cet arc a révélé cette série pour ce qu'elle est vraiment: une représentation d'une justesse rare sur l'âme humaine et ses aspects les plus sombres.

Une première adaptation de Berserk avait vu le jour en 1997, une série animée de 25 épisodes qui adaptait en grande majorité l'arc de L'Âge d'Or justement. Malheureusement, une animation pauvre et les limites imposées par la censure (diffusion télévisée oblige) avaient empêché cette série de s'imposer comme une adaptation digne de ce nom, peinant à retrouver toute la dimension épique, grandiose et dérangeante du manga. Les fans de Berserk, en mal d'une adaptation qui rende vraiment justice à l'oeuvre originale, attendaient donc beaucoup de cette nouvelle trilogie de films.

Nous découvrons ainsi Guts, un jeune mercenaire qui parcoure les champs de bataille sans but précis, juste de se battre et survivre au jour le jour. Jusqu'à ce qu'il soit repéré par Griffith, le jeune leader charismatique et ambitieux de la Brigade du Faucon et un stratège accompli réputé pour enchaîner de nombreuses victoires sur les champs de bataille. Griffith se prend d'intérêt pour Guts et désire le voir rejoindre sa troupe. C'est ainsi que Guts se voit privé de sa liberté à l'issue d'un duel contre Griffith. Dorénavant, il lui appartient, il n'est plus libre de son destin et c'est Griffith qui décidera des champs de bataille qu'il devra traverser jusqu'à ce qu'il rende l'âme. Guts n'existe plus que pour servir les ambitions de son maître et son rêve de s'élever un jour parmi les plus grands. La guerre de cent ans entre les royaumes de Midland et de Tudor donne l'occasion à la Brigade du Faucon de s'illustrer et à Griffith de démarrer son irrésistible ascension sociale dans les hautes sphères de Midland. Mais son ascension et sa proximité naissante avec la jeune princesse Charlotte sont très mal perçus par les nobles et le jeune leader va devoir tracer sa voie dans un environnement fait d'egos et de multiples complots dont il devient la cible. C'est une véritable lutte à mort de laquelle il devra sortir victorieux afin d'accomplir son rêve.

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Ce premier film, intitulé L'Oeuf du Roi Conquérant, ne commence pas contre toute attente au début de l'arc de L'Âge d'Or à proprement parler mais un peu plus tard, à partir du moment où Guts rencontre Griffith et sa Brigade du Faucon. Les films ont donc pris le parti-pris de se focaliser sur la période centrale de l'arc et sur la relation de Guts avec Griffith et Casca, délaissant son enfance (brièvement évoquée sous la forme d'une scène de cauchemar). Les fans pourront reprocher du coup que le personnage perd en développement et en profondeur. D'un autre côté, le film gagne peut-être justement d'un côté ce qu'il perd de l'autre, le fait de se concentrer sur cette période permettant d'entrer plus directement dans le vif du sujet et de servir ainsi davantage la cohérence du film, d'autant que ce dernier n'est pas très long (1h17).

Ainsi, il n'est pas forcément utile de savoir d'où Guts vient. L'important, c'est qu'on rencontre un mercenaire incroyablement compétent disposant d'un lourd passé qu'on peut deviner rien qu'en le regardant et qui a bien du mal à accorder sa confiance aux autres. Un personnage sans attache et sans avenir qui va de champ de bataille en champ de bataille comme si c'était là son unique raison d'exister. Cela donne toute son importance à son arrivée au sein de la Brigade du Faucon menée par Griffith qui marque véritablement le début de son évolution. Le personnage va y trouver une raison de se battre sur le champ de bataille pour protéger le rêve et les ambitions de Griffith, et un foyer où retourner en créant des liens avec les autres membres de la brigade. Le fait de ne pas avoir trop dévoilé le passé de Guts permet par ailleurs de faciliter cette intégration, le personnage apparaissant moins tourmenté, et d'aller ainsi plus directement à l'essentiel.

L'essentiel, c'est la relation existant entre Guts et Griffith. Leur rencontre est décisive dans leurs évolutions à tout deux et cela marque véritablement le commencement de leurs histoires respectives. Griffith trouve en Guts un appui important pour servir ses ambitions et lui permettre d'enchaîner les succès lors des batailles afin d'accéder à une ascension sociale inespérée pour un homme issu du bas peuple. De l'autre côté, les rêves et les espoirs de Griffith déteignent sur Guts qui développe son humanité à son contact et qui commence à nourrir ses propres rêves. Mais la dynamique entre les deux personnages fonctionne dans le film sur un rapport de soumission. Guts, censé être le héros, est en réalité totalement soumis à Griffith qui ne l'estime que comme un inestimable subordonné. Cela se ressent clairement dans le film où, contrairement au manga où les deux personnages sont plus ou moins mis sur le même plan, Griffith est ici clairement le personnage central, Guts restant davantage dans son ombre. Un parti-pris de narration qui illustre bien la relation entre ces deux personnages. Cette relation sera amenée à évoluer cependant, Guts commençant à affirmer sa propre individualité et à prendre conscience de ses rêves personnels sur la fin du film, préparant ainsi les événements du second opus où notre héros prendra ses distances par rapport à Griffith, quitte à devenir un obstacle à ses ambitions (ce qui est brillamment annoncé par le discours de Griffith dans les derniers instants du film).

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Quant aux autres membres de la Brigade du Faucon, là où le manga pouvait se permettre de développer les relations de Guts avec chacun de ces personnages et de leur donner une existence, le film se limite ici à la relation entre Guts et Casca, les autres faisant davantage de la figuration. Casca prend ainsi un rôle d'autant plus important qu'elle est le seul personnage qui serve de force d'opposition envers Guts et son attitude, se faisant la voix des pensées d'une partie de la brigade qui trouve Griffith trop conciliant à son égard. Surtout, elle apporte un regard extérieur nécessaire sur la relation entre Guts et Griffith, relevant son caractère unique par rapport au reste de la brigade.

Casca est aussi le reflet de la manière dont Griffith estime implicitement ses autres subordonnées. Elle fait partie de ces personnes qui sont en admiration devant Griffith, le vénérant comme un saint, et qui donneraient tout pour lui. Cela traduit un rapport de soumission quasi-sectaire très différent de la relation entre Guts et Griffith, plus humaine. Surtout, il y a un important parallèle dans le film qui souligne assez clairement cette différence dans les deux relations. Griffith affirme qu'il "désire" Guts, traduisant une envie de domination avec une connotation homosexuelle. La manière dont il traite Casca est bien différente, en dépit de ses exploits sur le champ de bataille: il lui ordonne de "réchauffer" Guts, la rabaissant ainsi au simple rang de prostituée. Il y a une vraie violence dans ce rapport de domination où Casca est en vénération devant Griffith mais où celui-ci la traite d'une manière telle qu'elle peut être assimilée à un viol, à la fois d'ordre physique mais aussi au niveau de l'ego de la jeune femme. Comme s'il coupait court à ses espérances pour la traîner plus bas que terre et lui rappeler qu'elle lui appartient, tout cela avec un visage serein et indifférent. On sent à travers ce rapport de force douteux les ambiguités implicites du personnage de Griffith, ces sentiments contrastés qui le rendent à la fois ange et démon.

Par ailleurs, l'histoire de Griffith est celle d'une ascension sociale, celle du chef d'une troupe de mercenaires qui, par ses exploits militaires, tente d'accéder aux plus hautes sphères du pouvoir. Cette ascension sociale est centrale dans la seconde partie du film où Griffith va devenir la cible des nobles qui entendent bien empêcher ce jeune arriviste issu du peuple d'accéder aux mêmes privilèges qu'eux. Dans ce monde d'egos surdimensionnés, c'est une véritable lutte à mort que doit livrer Griffith à mesure qu'il évolue dans cet environnement. Là où le manga prenait son temps pour développer cet aspect, nous montrant les hautes sphères du pouvoir et les complots qui l'animent, le film se veut plus succinct: la menace des nobles est avant tout pernicieuse et traître, elle n'a pas de visage clairement affirmé (avant la dernière partie du film) mais elle est bien présente et le danger est omniprésent partout où Griffith se rend. D'une certaine manière, le film perd là-aussi en développement et en complexité par rapport au manga, mais il continue d'aller plus directement à l'essentiel et cela contribue à servir la cohérence propre au film.

Quant au personnage de la princesse Charlotte, l'une des rares nobles à être présentée sous un regard positif, elle tient une place très importante par rapport à l'évolution de Griffith. Car si Casca est en quelque sorte le miroir de l'évolution de Guts au cours de la trilogie, Charlotte est celui de Griffith et leur proximité naissante est l'écho de son ascension dans les hautes sphères du pouvoir, jusqu'à devenir intimes lorsqu'elle atteint son apogée. Charlotte est un objet de désir, la représentation des ambitions de Griffith. Mais elle est aussi la seule personne envers qui le jeune mercenaire parle à coeur ouvert, exprimant pleinement ses sentiments et ses rêves, quelque chose qu'il ne se serait jamais permis envers ses "subordonnés". C'est là le moment décisif du film: Griffith est arrivé tout en haut des marches, jusqu'à Charlotte qui lui était jusque là inaccessible. Guts et Casca, qui ont quant à eux aussi commencé à monter les marches pour tenter d'atteindre Griffith (l'un pour l'amitié, l'autre pour l'amour), réalisent qu'il leur est devenu inaccessible. Dans le monde où évolue actuellement Griffith, monter plus haut leur est défendu. Guts n'a d'autre choix que de retourner en bas des marches, dépité et réalisant l'étendue de leur rapport de soumission, en écho aux paroles de Griffith sur ce que représente un véritable ami à ses yeux.

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Tout cela montre bien à quel point ce premier film de Berserk a su comprendre et retranscrire magnifiquement l'essence du manga original. Alors même qu'il ne dure qu'1h17 et que l'histoire a dû être pas mal réduite, se résumant aux événements principaux, le film a su condenser l'ensemble de ces éléments pour arriver à en retrouver toute la force tout en simplifiant son intrigue. Ce que le film perd en développement par rapport au manga, il le gagne en allant plus directement au coeur des choses, et au final l'ensemble des éléments qui faisaient la richesse du chef d'oeuvre original sont bien présents, même s'ils s'expriment d'une autre manière. On trouve là un bel exemple de maîtrise d'un film, où tout a été réfléchi, pensé et brillamment exécuté pour respecter l'oeuvre originale tout en trouvant sa propre cohérence filmique.

Par ailleurs, que les fans du manga se rassurent, le film est bel et bien interdit aux moins de 16 ans, d'une violence graphique évidente (les membres volent dans tous les sens et les effusions de sang sont fréquentes) mais aussi d'un érotisme prononcé. S'il n'y a pas encore à proprement parler de scène sexuelle (il y en aura par contre dans les deux films suivants), on a tout de même droit à une scène où le corps de Casca est entièrement dénudé et où on ne nous cache rien. Il est toutefois important de noter que cette scène n'est absolument pas tournée de façon voyeuriste: elle est représentée visuellement de manière très crue, comme quelque chose qui existe en ce monde et qui n'a en soi rien de particulièrement plaisant. Cela restitue bien la manière dont la sexualité est représentée dans le manga, de façon crue et réaliste, mais aussi souvent comme quelque chose de déplaisant, voire même de violent (la plupart sont des viols).

On retrouve là toute la noirceur de cette oeuvre, cette dimension humaine si noire et si riche qui nous fascinait tellement dans le manga et qui retrouve vraiment ici toute sa puissance. Rien ne nous est épargné, ni dans le fond ni dans la forme, l'humanité nous est bien représentée dans ses aspects les plus sombres et la violence est commune dans cet univers, aussi bien sur les champs de bataille que dans les relations entre les personnages. La promesse de nous livrer une adaptation aussi fidèle au manga que possible est ainsi tenue.

En terme de réalisation, le résultat est souvent excellent. Le Blu-Ray nous fait profiter d'une image de toute beauté et la qualité d'animation est souvent superbe, avec une réalisation qui se révèle incroyablement ambitieuse. La mise en scène dantesque des scènes de batailles est par ailleurs à couper le souffle. On n'avait plus rien connu de pareil depuis Le Seigneur des Anneaux. Un très léger bémol toutefois pour certains CG qui se remarquent un peu trop et qui ne s'intègrent donc pas parfaitement à l'ensemble, mais rien toutefois qui puisse gâcher le plaisir intense et les frissons qui nous parcourent le corps à la vision de ces batailles grandioses. A noter aussi le soin particulier apporté aux décors qui sont aussi superbes que bluffants. Tout cela contribue énormément à la manière dont l'histoire nous est racontée, nous permettant d'en profiter pleinement et de retrouver les mêmes sensations qui pouvaient nous animer à la lecture du manga. Je ne saurais par ailleurs que trop vous conseiller de voir le film en Blu-Ray pour profiter de cette expérience cinématographique à sa juste valeur, par le biais d'une Full HD impeccable.

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Les musiques sont par ailleurs excellentes et contribuent beaucoup à nous plonger dans cet univers médiéval et dans la frénésie de ses batailles, tel un chant gothique sombre, puissant et d'une rare intensité. Le tout est accompagné d'un doublage japonais impeccable et parfaitement naturel qui fonctionne admirablement avec le film et qui colle à merveille aux personnages, d'où une dimension sonore parfaitement homogène avec l'image. La version française est par contre à éviter absolument, le jeu des comédiens n'étant pas vraiment homogène avec l'image et ayant plutôt tendance à nous sortir de l'action par ce décalage. Le résultat rend honnêtement les dialogues et les personnages un peu ridicules, et on ne peut s'empêcher de remarquer que les voix secondaires se ressemblent.

En fait, là où le film excelle, c'est plutôt l'édition française de Dybex qui pêche en réalité. Ceux qui auront acheté l'édition Blu-Ray classique n'auront honnêtement pas raté grand chose. Tout d'abord, je précise qu'il existe deux éditions collectors: une traditionnelle et une exclusive à la Fnac (celle dont cette chronique traite actuellement). La différence entre les deux, outre le visuel du coffret, est simplement que l'édition Fnac comporte quelques bonus supplémentaires en complément de ceux de l'édition collector traditionnelle.

Pour ceux qui sont intéressés par l'édition collector traditionnelle, je commencerais par les bonus de cette dernière et je traiterais ensuite de ceux en complément de l'édition Fnac. Elle comporte donc comme supplément un DVD de bonus, un livret de designs et une espèce de petit goodie cheap de 2,5 cm représentant la béhérit pourpre de Griffith. Le livret de design est plutôt sympathique bien que hautement dispensable, représentant les concepts-arts des personnages. Si par contre, comme moi, vous avez acquis l'édition collector principalement pour le DVD bonus ou pour la béhérit, vous allez vous mordre les doigts. Quand une édition nous propose un DVD bonus, généralement, on s'attend à quelque chose en rapport avec le film, du style d'un making-off ou d'interviews avec l'équipe en charge du film et avec les comédiens. Eh bien ici, que nenni puisque les bonus ont en réalité été crées spécialement pour l'édition française et se contentent simplement d'interviews du directeur de plateau du doublage français et des comédiens prêtant leurs voix aux personnages de Guts, Griffith et Casca. Si vous espériez ainsi en découvrir plus sur l'univers du film ou sur sa conception en acquérant cette édition, vous allez donc être déçus par la pauvreté des bonus. Quant au béhérit, si vous espériez un objet de collection comme on en trouve parfois pour accompagner les films, ici c'est en réalité plus un goodie bas de gamme du style qu'on peut acheter dans les distributeurs à boules dans les supermarchés. D'autant plus de raisons d'être déçu.

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Là-dessus, l'édition collector de la FNAC ajoute deux bonus supplémentaires, à savoir un autre livret de design en complément et, surtout, le livret officiel du film. Si le livret de designs, consacré aux décors du film cette fois, demeure toujours aussi dispensable bien que sympathique, le livret officiel est en revanche bien plus intéressant. Tout ce qu'on aurait aimé trouver dans le DVD bonus se trouve en réalité dans ce livret, à savoir des présentations de l'univers et des personnages avec des explications utiles, de petites interviews de l'équipe en charge et des comédiens et quelques informations complémentaires sur la production du film. C'était vraiment LE bonus que tout ceux qui ont acheté l'édition Blu-Ray collector au lieu de la classique espéraient trouver dedans, et malheureusement pour certains ils en ont fait une exclusivité Fnac.

Mais cette édition collector ne vaut de toute manière pas son prix (40 euros mais, de toute façon, ce produit est épuisé à présent), que ce soit par les suppléments ou par l'état du coffret lui-même. Là où l'édition Blu-Ray classique disposait au moins du boitier traditionnel en plastique pour protéger le disque, ici le "coffret" est en fait simplement en carton et les disques ne sont pas protégés par un boitier puisque leurs supports sont en réalité collés a fond du coffret. Les disques ne sont donc même pas bien protégés et en plus les livrets et l'espèce de goodie béhérit sont posés dessus comme ça, sans rien pour les séparer. A 40 euros le coffret, on aurait franchement pu avoir droit au moins au boitier en plastique de l'édition classique pour protéger les disques. Du coup, cette édition collector laisse un arrière-goût de travail bâclé, entre la qualité douteuse du coffret et la pauvreté des bonus qu'elle contient généralement. Je crois que même les plus grands fans de Berserk n'auraient pas de regret à avoir en acquérant simplement l'édition Blu-Ray classique, d'autant qu'elle est bien moins chère.

Un film de très grande qualité donc, adaptation très réussie d'un manga qui est un véritable chef d'oeuvre, mais malheureusement servi avec une édition collector du pauvre vendue plein pot. Si je ne peux que trop conseiller d'acquérir ce film pour les fans de Berserk et pour ceux qui voudraient découvrir cet univers (dans la perspective d'acquérir éventuellement les mangas ensuite), je recommande plutôt de privilégier l'édition Blu-Ray classique, les éditions collectors s'avérant au final assez décevantes.

Verdict: Excellent (18/20).
Modifié en dernier par Glass Heart le 30 août 2014, 18:08, modifié 2 fois.

Glass Heart
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Re: Berserk

Message non lu par Glass Heart » 30 août 2014, 17:09

Ma chronique pour le second film de la trilogie Berserk. Je précise qu'il s'agit pour l'heure d'une première version après visionnage que je compléterais plus tard avec des paragraphes concernant la VF du film et le contenu du DVD bonus que je n'ai pas encore vu.


Berserk - L'Âge d'Or - Partie II - La Bataille de Doldrey - Edition Collector

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Studio: Studio 4°C.
Réalisateur: Toshiyuki Kubooka.
Année: 2012.
Durée: 1h33.
Editeur: Dybex.
Déconseillé aux moins de 16 ans.


Casting: Hiroaki Iwanaga (Guts), Takahiro Sakurai (Griffith), Toa Yukinari (Casca), Aki Toyosama (Charlotte), Yuki Kaji (Judeau), Yoshiro Matsumoto (Corkus),
Minako Kotobuki (Rickert), Takahiro Fujiwara (Pippin), Kazuki Yao (Gaston et Gennon), Takayuki Sugo (Boscogn), Rikiya Koyama (Adon), Nobuyuki Katsube (Roi de Midland)
et Chafurin (Bourreau/Tortionnaire).


http://www.manga-news.com/index.php/vol ... r-Blu-Ray/

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L'Histoire

Doldrey: une forteresse imprenable aux mains de Tudor. Située aux confins de Midland auquel elle appartenait autrefois, elle est gardée par les unités d'élite de la cavalerie du légendaire général Boscogn. Rien ni personne ne semble en mesure de la faire vaciller. Pourtant sa chute mettrait un terme à la Guerre de Cent Ans. Alors que l'armée de Midland échoue maintes et maintes fois dans sa reconquête, Griffith propose au Roi de laisser la Troupe du Faucon prendre la tête du prochain assaut contre la forteresse. Il s'apprête ainsi à lancer 5 000 Faucons contre 30 000 Chuder. L'ambition dévorante de Griffith ne semble connaître aucune limite. A ses côtés, ses fidèles lieutenants Guts et Casca. Parviendront-ils à faire plier le Destin ?

Commentaires

"C'est une époque de guerre. Le Royaume de Midland et l'Empire Tudor sont enlisés dans la Guerre de Cent Ans. Le manque d'hommes et de ressources a jeté sur les champs de bataille des armées de mercenaires qui vivent de la guerre. Parmi elles se trouve la Brigade du Faucon commandée par son habile général Griffith. Leurs exploits leur ont valu le surnom de faucheuses des champs de bataille."

L'irrésistible ascension de Griffith se poursuit. L'ambitieux stratège, qui nourrit le rêve d'avoir son propre royaume, enchaîne les victoires sur le champ de bataille à la tête de la Brigade des Faucons qui fait désormais partie de l'armée régulière du Royaume de Midland. Rien ne semble pouvoir l'arrêter, évoluant au sein de la Cour, anobli par le Roi et attisant les faveurs de sa fille chérie, la princesse Charlotte. A ses côtés se tiennent ses fidèles lieutenants Guts et Casca, ses bras armés qui le soutiennent dans la poursuite de son rêve. Alors que la Guerre de Cent Ans qui oppose Midland à Tudor semble toucher à sa fin, un dernier obstacle reste à franchir: la forteresse de Doldrey réputée imprenable, dernier bastion des Tudor. Alors que l'armée de Midland enchaîne les défaites face à la forteresse, le Roi dépêche Griffith et sa Brigade des Faucons afin de réaliser l'ultime miracle: faire tomber Doldrey et marquer ainsi la fin d'un siècle de guerre interminable.

Ce second volet de la trilogie Berserk - L'Âge d'Or poursuit donc le récit de l'ascension de Griffith entamé par le premier film. Si ce dernier se focalisait principalement à nous introduire les personnages et à montrer les intrigues politiques qui gravitent autour du personnage de Griffith, cette seconde partie se focalise cette fois bien davantage sur les batailles. C'est au cours de celles-ci que le Faucon va réaliser des exploits miraculeux et apparaître au grand jour comme le sauveur du Royaume de Midland, promis à un avenir radieux. Alors que sa lumière irradie tout ceux qui l'entourent, elle sert aussi à camoufler les hommes qui se tiennent dans son ombre. Et c'est justement le coeur du film qui nous raconte comment les personnages de Guts et de Casca, ses lieutenants, appréhendent de vivre dans son ombre, n'existant plus qu'à travers le rêve qui porte Griffith.

L'histoire du film est la conséquence directe de la scène finale du premier volet. Anobli, Griffith expliquait à la princesse Charlotte que les hommes qui se battaient à ses côtés étaient de loyaux compagnons d'armes mais qu'ils ne correspondaient pas à sa définition de l'amitié. A ses yeux, un ami est une personne qui serait son égal et qui porterait un rêve au moins aussi fort que le sien, prêt à se battre pour l'accomplir sans jamais laisser personne lui barrer la route, même si cette personne devait être lui-même. Un discours qui a entraîné une prise de conscience importante de la part de Guts, réalisant qu'il n'existe aux yeux de Griffith qu'à travers son rêve et que ce dernier le considère comme sa possession et non comme un ami fidèle prêt à le soutenir. Dès lors, cela change intégralement la manière dont Guts appréhende sa relation avec Griffith et sa place au sein de la Brigade du Faucon, ne supportant pas l'idée de voir Griffith le contempler de haut et voulant devenir son égal pour le regarder face à face et sortir de son emprise. Pour autant, il est incapable de renier le temps qu'il a passé au sein de la Brigade et il entend rester jusqu'au bout pour voir où le rêve de Griffith le mènera et ce qu'ils auront accompli, avant de leur faire ses adieux.

Les relations entre les personnages sont donc plus que jamais au coeur des enjeux dramatiques du film. D'un côté, Griffith, sorte d'élu qui mène une ascension sociale fulgurante à la tête de la Brigade des Faucons et qui semble promis à un brillant avenir, conformément à son rêve de devenir Roi. De l'autre, Guts qui a perdu sa liberté le jour où Griffith a pris possession de lui pour en faire son épée et qui ne supporte plus à présent de n'exister qu'à travers le rêve écrasant d'un autre qui piétine son ego, voulant accomplir quelque chose de sa vie pour devenir son égal. Et enfin Casca qui admire Griffith et dont le rêve était de devenir son épée pour lui permettre d'accomplir ses ambitions. Malheureusement pour elle, l'arrivée de Guts dans la Brigade avait mis un terme soudain à ses illusions, réalisant qu'elle ne pourrait jamais devenir pour Griffith ce que Guts représente à ses yeux, nouant une hostilité farouche à son égard.

La première partie du film, axée principalement autour des batailles, permet enfin de développer pleinement le personnage de Casca et de faire évoluer sa relation avec Guts. Prise au coeur de ses propres contradictions, elle a du mal à concilier son statut de soldat commandant un millier d'hommes avec sa nature de femme. A cause de cette dernière, ses ennemis ne prennent pas au sérieux une femme qui tente de faire la fière en luttant auprès des hommes, rabaissant son orgueil en la traitant de catin. Pour empirer encore davantage les choses, la nature se charge de lui rappeler sa condition de "faible" femme au pire moment, la rendant particulièrement vulnérable aux assauts ennemis, et elle ne doit sa survie qu'à Guts, l'homme qu'elle méprise plus que tout, celui qui incarne tout ce qu'elle ne pourra jamais devenir peu importe combien elle le souhaiterait et qui lui a volé de ce fait tous ses rêves. Son orgueil ne peut pas en prendre autant et elle aurait préféré mourir plutôt que de subir toutes ces humiliations. En marge des batailles marquant l'ascension de Griffith, nous assistons à une évolution importante du personnage de Casca qui va devoir surmonter ses propres tourments et surtout à accepter enfin sa nature de femme qu'elle jugeait jusque là incompatible avec sa fonction de soldat.

Ironiquement, cela passe aussi par son acceptation de Guts en temps que compagnon d'armes au sein de la Brigade, ce qui revient également à accepter la place que ce dernier tient auprès de Griffith. Cela nourrit une dynamique de quiproquo dramatique entre Guts qui n'a jamais voulu cette position et qui cherche à présent à s'en défaire et Casca qui la lui enviait et qui commence finalement à l'accepter en tant que compagnon alors qu'il a déjà pris sa décision de partir. Contre toute attente, Guts devient même la personne qui l'encourage à poursuivre son rêve de devenir l'épée de Griffith, étant le premier à reconnaître sa valeur de soldat et voulant que quelqu'un soutienne Griffith à sa place une fois arrivée l'heure du départ, l'heure où il recouvrira sa liberté et où il renaîtra pour emprunter sa propre voie.

Guts tient ainsi pour acquis le fait que Griffith aille au bout de ses ambitions avec les autres membres de la Brigade à ses côtés, même après son départ. Ce temps passé à leur compagnie lui a permis de se redécouvrir et de réaliser qu'il n'était pas qu'un chien fou passant son temps à agiter son épée sans croire au lendemain contrairement à ce qu'il pensait. Il a désormais un rêve et ce dernier l'encourage à emprunter un chemin différent de ses camarades, n'ayant finalement jamais vraiment trouvé sa place auprès d'eux et voulant enfin parvenir à la trouver où son chemin le mènera. Les personnages secondaires de la Brigade servent à appuyer cette distance qui se crée au fur et à mesure, notant que Guts ne partage pas les mêmes aspirations qu'eux et, de ce fait, que sa place n'est plus auprès d'eux. Pour autant, Guts a grandement sous-estimé son importance aux yeux de Griffith, étant l'élément indispensable qui lui a permis d'aller aussi loin, et ce dernier refuse de s'en séparer. S'il veut recouvrir sa liberté, Guts devra la regagner par l'épée, avec une mise en parallèle parfaite par rapport à leur premier duel dans le travail de mise en scène (les positions sont inversées) tout en prenant en compte l'évolution des personnages: c'est désormais Griffith qui tire l'épée le premier et c'est Guts qui retient Casca d'intervenir. Tout comme le duel initial avait marqué la fin de la liberté de Guts et le début du rêve de Griffith dans le premier film, ce duel marque la fin du rêve de Griffith et le début du voyage de Guts vers la poursuite de son rêve, venant de recouvrir sa liberté.

Sans en dire davantage, ce second volet de la trilogie raconte donc tout autant l'ascension de Griffith, avec une aura de sauveur messianique, que sa chute fatale. Tout cela ayant été entraîné par les seules actions d'un homme sur lequel reposait finalement en grande partie ses conquêtes et qui entraîne du coup aussi sa déchéance avec son départ précipité. Leurs deux destins sont devenus indissociables, leurs orgueils se confrontent malgré eux et il devient clair que l'un ne parviendra pas à son objectif sans avoir "abattu" l'autre dans un rapport de soumission ou de liberté. C'est ce qu'ils ont voulu au fond d'eux et la question est de savoir si cela correspond vraiment à l'amitié dont parlait Griffith ou si le destin ne les amènera pas à devenir les pires des ennemis. Pour compléter le parallèle messianique de Griffith, on peut noter que le personnage est traité dans ce film à la fois comme un sauveur et comme un martyr: il a mis fin à la Guerre de Cent Ans entre Midland et Tudor, il a sauvé le Royaume, et il a finalement été trahi par celui-là même dont il avait réinstauré la légitimité. Difficile de ne pas y voir un parallèle évident avec Jeanne d'Arc, figure messianique qui libéra la France durant la Guerre de Cent Ans avant de finir sa vie en martyr sur un bûcher, abandonnée par le Roi qu'elle avait remis à sa place sur le trône. La question est alors de savoir ce qu'il adviendra de Griffith après tous ces événements, son rêve et ses ambitions ayant volé en éclat à l'instant même où il parvenait finalement à ses fins, alors que la légende du Faucon qui sauva Midland prend fin et qu'une nouvelle page de la mythologie Berserk s'apprête à s'écrire, marquant la fin de cette ère que l'on connait sous le nom de L'Âge d'Or.

Une fois encore, les fans auront toutes les raisons d'être satisfaits de ce deuxième volet de la trilogie Berserk. Certes, pour des raisons de durée, l'histoire a été condensée et certains passages absents sont à déplorer, telles que les scènes développant un peu plus les autres membres de la Brigade du Faucon (qui n'existent ici que pour souligner leur différence avec Guts) ou encore les scènes où Griffith déjouait des complots politiques visant à l'éliminer, cet aspect ayant déjà été abordé de manière importante dans le premier volet et les scénaristes ayant probablement estimé qu'il n'était pas nécessaire d'y revenir. Pour le reste, on trouve dans ce film tout ce qui fait l'univers de Berserk: des personnages principaux remarquablement développés qui nourrissent des dynamiques de relations complexes et profondes entre eux, une oeuvre incroyablement épique (les batailles étant beaucoup plus longues et plus intenses que dans le premier volet), et enfin un univers violent ancré de noirceur. A ce titre, si la violence était déjà présente dans le premier film à un degré relativement moindre, cette fois les membres et les effusions de sang pleuvent à tout va au cours des batailles et certaines scènes sont ouvertement dérangeante, telles que des séquences de torture ou de massacre pur et simple. Cette fois, le film mérite pleinement son avertissement aux moins de 16 ans, même si ce n'est pas la seule raison.

L'autre aspect plus polémique de Berserk, c'est évident son approche sans concession de la sexualité, ne tentant pas d'édulcorer les choses mais se servant au contraire de ces scènes pour nourrir un propos. Dans le premier volet, le passé de Guts nous était présenté sous la forme d'un rêve et révélait le viol de ce dernier durant l'enfance, un événement qui continuait de le hanter. Le personnage de Casca a droit exactement au même traitement, soulignant par là-même les similitudes troublantes entre les deux personnages, à ceci près que contrairement à Guts, Casca fut "sauvée" par Griffith avant d'être souillée. Dans les deux cas, cela nourrit énormément le développement de ces deux personnages, en dévoilant beaucoup sur eux et sur leurs psychologies respectives. Les quelques scènes de nudité de Casca ne sont ainsi aucunement traitées de manière voyeuriste et servent surtout à appuyer ses tourments intérieurs en illustrant sa nature de femme et la "faiblesse" que cela lui entraîne en période de règles. Les puissants de ce monde, qu'ils apparaissent initialement comme nobles ou comme pourris jusqu'à la moelle, ont aussi leur part d'ombre, leurs propres vices sexuels, l'un étant prêt à tout risquer de manière déraisonnable pour la "compagnie" d'un jeune Apollon, l'autre étant capable de tout offrir à autrui, son royaume et toutes ses richesses, mais ne pouvant par contre accepter qu'un homme puisse lui prendre sa fille unique, son plus précieux trésor, envers laquelle il entretient un désir incestueux. Mais surtout, on peut dénoter la présence d'une scène de sexe assez dérangeante où l'acte est présenté de manière relativement explicite et surtout violente, portée par des pulsions quasi-robotiques et sans la moindre sensibilité, s'apparentant presque à un viol dans sa mise en scène.

La sexualité est ainsi partie intégrante de l'univers et des personnages, comme une des règles régissant ce monde. Parfois, elle symbolise un rapport de domination comme un Roi ajoutant ses "beaux" jeunes sujets à son harem privé. Mais à d'autres moments, certains sont entraînés vers leur perte à cause d'elle et, à ce niveau, il est primordial de relever l'ambiguité de la manière dont Griffith appréhende sa relation avec Guts avec de nombreuses connotations sexuelles. Le rapport de domination et de soumission mais aussi un vice qui finit par entraîner la chute, l'approche de la sexualité dans l'univers de Berserk correspond aussi aux thématiques phares qui ponctuent les rapports entre Guts et Griffith et qui sont au coeur des enjeux dramatiques et humains du film.

Ainsi, si les fans pourront regretter l'absence de certains passages servant à développer un peu plus certains personnages, on doit noter un travail d'adaptation particulièrement soigné du scénariste Ichiro Ohkouchi (Code Geass) qui a réussi à construire une vraie cohérence narrative autour des éléments retenus (les éléments essentiels de l'intrigue) pour nous raconter une histoire retrouvant toute la richesse et la noirceur du chef d'oeuvre original de Kentaro Miura, tout cela avec un rythme parfaitement adapté qui évite les temps morts et qui ne cesse d'enchaîner les séquences d'anthologie pendant plus d'1h30. Tout cela étant servi par une magnifique réalisation qui appuie grandement la dimension épique et le dynamisme des scènes de bataille (on tient là l'exact inverse de la série animée où ces dernières manquaient cruellement d'entrain avec une animation assez pauvre), ainsi que par les musiques formidables de Shiro Sagisu (Evangelion) et même quelques thèmes épiques de l'incontournable Susumu Hirasawa (la série télévisée Berserk, les jeux vidéo...).

Les fans de Berserk trouveront un grand plaisir à écouter la VO avec une belle sélection de seiyus, connus pour certains (Takahiro Sakurai dans le rôle de Griffith, la valeur montante Yuki Kaji dans le rôle de Judeau...), relativement inconnus pour d'autres (Hiroaki Iwanaga dans le rôle de Guts, Toa Yukinari dans celui de Casca), qui exécutent tous un travail impeccable à véhiculer les émotions de leurs personnages et à leur conférer leur réalisme pour les rendre aussi crédibles que possible, ayant parfaitement compris la recette du succès du manga (dont pas mal avouent être fans ou avoir été impressionnés par le travail de Kentaro Miura) et se donnant pleinement pour être à la hauteur. On ne retient pas une interprétation plutôt qu'une autre, tous excellent et rendent leurs personnages parfaitement convaincants, avec un vrai soucis d'homogénéité de l'ensemble. En prime, Dybex a soigné le sous-titrage français, bien écrit et présenté de manière lisible et fluide, malgré un petit couac notable sur une réplique. Le menu principal du Blu-Ray est également une réussite: simple et facile à naviguer, avec un thème phare en guise d'accompagnement pour mettre déjà le spectateur dans l'ambiance.

Concernant l'édition collector à proprement parler, cette fois pas d'édition "tronquée" avec la moitié du contenu pour proposer à côté une édition complète exclusive à la Fnac, tout le contenu est bien présent, que ce soit le DVD bonus, le porte-clé qui remplace les petits straps en forme du béhélit pourpres des deux autres coffrets ou les trois livrets. Le premier est le livret du film avec principalement des notes de production et des interviews de l'équipe technique et des seiyus prêtant leurs voix aux personnages avec des avis et des anecdotes assez intéressantes sur leurs expériences. Les deux autres sont des recueils de designs consacrés aux décors et aux personnages. Le coffret en lui-même est dans la veine du précédent: une simple boîte en carton sur laquelle sont fixés les disques (au lieu de contenir un boitier Blu-Ray standard pour mieux les protéger, ce qui aurait été un minimum), d'où un constat toujours assez mitigé sur le sérieux de cette édition collector vendue tout de même pour une cinquantaine d'euros, malgré quelques bonus dignes d'intérêt (les livrets) mais qui ne suffisent pas pour autant à justifier le prix à eux seuls.

Ce deuxième film de la trilogie Berserk est celui qui remplit enfin toutes les promesses que l'on pouvait attendre de cette adaptation cinématographique, augurant d'un troisième film de conclusion que l'on espère à la hauteur du monument présent dans le manga. Pendant 1h30, on a droit à une pure anthologie où se succèdent sans cesse des passages phares du manga, faisant passer le premier volet pour une simple mise en bouche à côté. Tout cela crée un film magistral, servi en plus par une réalisation sublime et par un travail d'adaptation mené intelligemment qui fait de cette seconde partie de L'Âge d'Or un monument de l'heroic-fantasy. On se demande presque comment le troisième volet, bien que traitant la partie qui est de loin la plus emblématique, pourrait bien arriver à le surpasser tant ce film excelle sur littéralement tous les niveaux, permettant au spectateur de se plonger pleinement dans l'univers de Berserk et de profiter de toute la richesse qui peut se dégager de ses personnages principaux. On ne pouvait décemment pas espérer plus bel adaptation du manga de Kentaro Miura, retrouvant les mêmes sommets d'excellence qui avaient fait de ce dernier le chef d'oeuvre intemporel que l'on connait. Mais si cette trilogie est décidément un incontournable pour les fans de Berserk et une entrée en matière idéale pour les autres, chacun verra s'il juge l'édition collector concoctée par Dybex suffisamment intéressante pour en justifier le prix ou s'il pourra se contenter d'une édition simple moins chère, qui perd certes quelques bonus intéressants pour les fans, mais qui n'en propose pas moins l'essentiel: un long-métrage absolument grandiose que l'on peut décemment considérer comme un chef d'oeuvre du film d'animation.

Verdict: Excellent (20/20).

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