Seven Swords

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Erkael
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Seven Swords

Message non lu par Erkael » 17 mars 2013, 16:32

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A l'aube des années 1660, la Mandchourie annexe la Chine pour y installer la dynastie Ching. A la suite de nombreuses insurrections contre le gouvernement, le roi interdit l'étude et l'exercice des arts martiaux afin de maintenir l'ordre et la discipline dans le pays. Ravage, chef militaire, aide le roi à appliquer cette loi, demandant une commission pour chaque tête de villageois tué. Il projette de s'attaquer à la dernière ville frontière, le village des arts martiaux, dont les habitants sont réputés rebelles et courageux. Fu Qingzhu, ancien compagnon de Ravage, cherche à expier ses péchés passés. Il convainc deux habitants de l'accompagner jusqu'au Mont Céleste pour solliciter l'appui d'un ermite puissant. Ce dernier leur vient en aide et ordonne à quatre de ses meilleurs disciples de partir pour aider le village. Ils seront sept compagnons, chacun détenteur d'un sabre aux pouvoirs exceptionnels. Sept sabres contre une armée barbare.

Célèbre pour ses Histoires de fantômes chinois et Il était une fois en Chine, Tsui Hark a su briller avec des films tels que The Blade et le Festin chinois dans le milieu des années 1990. Tsui Hark connaît cependant un passage à vide entre 1995 et 2005. D'autant plus que face à lui se dressent Ang Lee et son Tigre et Dragon et un Zhang Yimou très inspiré avec Hero et le Secret des poignards volants. Tsui Hark, avec Seven swords, retourne aux bases en élaborant un film dans la pure tradition du genre wu xia pan (film de sabre chinois), mais un film qui se destine aussi à un public occidental. Quelle entreprise difficile de mélanger ce genre typiquement chinois en tentant de toucher l'Occident ! Et pourtant, le cinéaste revient à un très bon niveau, même si Seven swords demeure imparfait.

On a affaire de prime abord à un scénario déjà-vu et extrêmement classique dans le wu xia pan et même dans d'autres genres : une communauté fait appel à sept combattants pour les défendre. Toutefois, le film parvient à se démarquer sur de nombreux points, et pas des moindres.
La mise en scène est vive et éclatante : sur 2h30, on ne voit pas le temps passé. L'histoire, bien que très classique, est traitée avec subtilité. Le film renvoie à la culture traditionnelle, fait office de célébration des contrées naturelles de la Mandchourie et introduit des scènes sur la psychologie des sept combattants. Le film ayant été réduit de 4h à 2h30, le traitement des personnages s'en fait sentir, puisque tout apparaît simplifié à outrance. En fait, et c'est rare de dire cela, on aurait aimé que le film dure plus longtemps pour que les différentes sous-intrigues soient plus soignées ! Il aurait même fallu envisager, pour bien faire, un diptyque. De plus, Seven swords, dans la mise en scène des grandes étendues naturelles, souffre de la comparaison avec Hero et les Poignards volants. Yimou, s'il n'est clairement pas irréprochable du point de vue scénaristique, demeure un cran au-dessus concernant l'image. Le lyrisme est omniprésent dans Seven swords et cela transparaît avec les noms des sept sabres (Chimère, Transcendance, Infini, Rédemption, Nimbe, Divinité...). Alterner entre combats, paysages naturels et scènes plus intimes reste très agréable. Le mix est équilibré et joue incontestablement dans le fait que l'on ne s'ennuie jamais sur 2h30.

Seven swords se distingue réellement du point de vue des combats. Déjà, remarquons que les premières minutes du film sont d'une violence intense : il s'agit d'un génocide de villageois mandchous. Puis, tout au long du film, on n'a de cesse de s'émerveiller devant les chorégraphies proposées. Certainement aidés de câbles, les acteurs maîtrisent leur art et ces scènes sont très réalistes (mais hélas parfois brouillonnes, l'image étant coupée, procédé classique...). Le retour au wu xia pan est réussi de ce point de vue, c'est indéniable. Le combat final demeure l'une des plus belles joutes existantes à ce jour dans le genre, notamment une scène entre deux murs, dans un couloir très étroit, magnifique.

La musique signée du japonais Kenji Kawai (compositeur attitré de Mamoru Oshii pour Ghost in the Shell, Innocence et Avalon) est épique et colle parfaitement à l'ambiance. Encore une fois, Kenji Kawai ne fait preuve d'aucune faute de goût en élaborant une musique qui prolonge les sensations du film.

Les acteurs étant nombreux, on a un peu de mal à apprécier les différentes prestations. Cela a un avantage : chacun reste l'égal de l'autre et conséquemment pas un ne prend le pas sur les autres. Le talent de Donnie Yen se fait sentir dans les combats, mais n'éclot pas entièrement, ce qui est dû à la nécessité de son rôle (un combattant coréen renfermé et froid, ancien esclave).

L'édition Dvd est assez simplette : menus classiques, bande-annonce, interview de Tsui Hark (courte mais intéressante malgré tout). La VO est préférable mais la VF demeure assez bonne (pour une fois !).

Trop classique dans son scénario, manquant de temps pour parfaire ses sous-intrigues - une très bonne idée sous-exploitée - sur chacun de ses personnages, un peu juste au niveau de l'image par rapport à ce qui a pu se faire récemment, Seven swords fournit néanmoins son lot de sensations grâce à des combats parfaitement maîtrisés, des acteurs convaincants et une ambiance épique servie par une musique grandiose. Entremêler les atmosphères permet surtout, en 2h30, d'être captivé en permanence, sachant que la fin ouverte est une décision sage et tout à fait satisfaisante.

Retour gagnant pour Tsui Hark.
On ne peut pas gagner à tous les coups mais on ne peut pas perdre à chaque fois non plus!

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