Scumbag Loser

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
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Koiwai
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Scumbag Loser

Message non lu par Koiwai » 10 sept. 2013, 19:05

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Parmi l'avalanche habituelle de nouveautés de la rentrée, certaines séries ont vite fait d'attirer l'oeil rien qu'à leur couverture. Avec sa domination de jaune pétant, ses excellents reliefs et vernis sélectifs et le personnage assez malsain qui s'affiche en couverture, le tome 1 de Scumbag Loser (nom qui en dit déjà long et qu'on ne prendra pas soin de traduire ici) fait clairement partie de celles-ci. Mais au-delà d'un emballage brillant (comme souvent avec les éditions Ki-oon), que vaut exactement le premier opus de cette série en trois volumes ? Avant de le découvrir, il vous faudra d'abord vous préparer à une immersion aux côtés de l'un des personnages les plus malsains et tordus que vous ayez pu voir dans un manga...

Ce personnage, il se nomme Masahiko Murai. Lycéen pas sociable pour un sou et plombé par un physique ingrat, il a tout du loser et est le souffre-douleur de ses camarades... mais il le leur rend bien ! Ou, tout du moins, intérieurement. Rongé par la haine envers son prochain, il considère beaucoup des siens comme des pourritures, des déchets, sans vouloir totalement admettre qu'il en est peut-être lui-même un. Car au-delà du dégoût pour ses prochains qui le bouffe intérieurement, il apparaît lui-même glauque à plus d'un détour, reniflant sans cesse la culotte de celle qu'il a autrefois aimée, son "amie" d'enfance Haruka Mizusawa sur qui il fait une telle fixette qu'il a recouvert les murs de sa chambre de posters d'elle, et se montrant bien incapable de se rebeller un tant soit peu, si ce n'est dans son esprit. Sa seule qualité, si c'en est une, résidant dans son odorat surdéveloppé.

Haineux, asocial, malsain, glauque, lâche : en quelques pages, le personnage est posé avec brio, et tout concorde à le nommer pire loser de son lycée... Pire ? Pas exactement. Car à défaut de chercher à sortir de sa situation, Masahiko peut se réconforter en observant Yamada, l'autre souffre-douleur du lycée, selon lui bien plus pathétique que lui, puisque là où Masahiko se contente de courber l'échine, Yamada va jusqu'à lécher les pompes de ses tortionnaires, ne se lave jamais, a les dents pourries...

Pourtant, tout est sur le point de changer, quand Yamada fait une déclaration fracassante : il a désormais une copine, lui, le plus immonde individu du bahut. Masahiko comprend alors qu'il est destiné à prendre la tête du classement des pires losers... à moins qu'il n'affirme avoir lui aussi une copine, même si ce n'est pas vrai. Et pour tenir ce rôle, qui de mieux que sa chère Haruka, dont il a d'innombrables photos ?
Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que le lendemain, Haruka arriverait soudainement en tant que nouvelle élève de sa classe et affirmerait être bel et bien sa copine ! Y a-t-il de quoi se réjouir ? Pas vraiment, car Haruka est censée être morte cinq années auparavant. Mais quoi qu'il en soit, Masahiko est bien décidé à faire passer la demoiselle pour sa copine, quitte en échange à exaucer tout ses désirs, désirs qui se feront de plus en plus inquiétants...

Dites-vous que tout ce que je viens de vous dire n'est que le tout début de la série et tient en une quarantaine de pages. La première qualité de l'auteur Mikoto Yamaguti étant de nous offrir un rythme narratif exemplaire, où tout est clairement posé et nous plonge directement dans l'ambiance, aux côtés d'un antihéros total, dont nous allons suivre toutes les pensées ainsi que les délires issus de son imagination extrêmement tordue. Et cela ne changera pas pendant tout le volume : après avoir posé un rythme solide et une ambiance extrêmement glauque, l'auteur ne laissera jamais retomber le tout, nous plongeant toujours plus dans l'enfer dans lequel s'est plongé Masahiko, en grande partie à cause de son propre comportement, même si la plupart de ses camarades tortionnaires sont tout aussi détestables. A vrai dire, les protagonistes attachants seront extrêmement rares, et ne resteront pas gentils très longtemps... On vous l'a dit, vous voici plongé dans une oeuvre résolument horrible, où aucun espoir ne semble permis, et où tout semble devoir aller de mal en pis.

Ce mal, au fil des pages, il apparaît de plus en plus incarné par celle qui est l'initiatrice de des nouveaux problèmes de Masahiko : la fameuse Haruka, prétendue petite copine de notre antihéros, et qui est censée être morte depuis cinq ans... Alors, que fait-elle ici ? Que cache le secret de sa mort ? Est-elle la vraie Haruka ? Si elle ne l'est pas, qui donc est-elle, et quel est son but ? Ou alors, Masahiko ne serait-il pas en train de tout inventer dans l'un de ses délires intérieurs?
Le flou est jeté, mais dès la mise en place, Mikoto Yamaguti nous laisse bien comprendre que le personnage n'est pas net, manipule d'emblée Masahiko, et ne cessera jamais de le manipuler en en faisant toujours plus un petit cochon incapable de se rebeller. Ses actes, de plus en plus inquiétants au fil des pages, sont parfaitement entretenus par une apparence extrêmement malsaine, l'auteur lui offrant au-delà de son joli physique des sursauts d'expressions horrifiques du plus bel effet, avec yeux extrêmement plissés et rictus déformés, de ceux que l'on entrevoit aussi dans les pensées les plus tordues de notre anti-héros. Effet garanti.
Pour échapper à un enfer, Masahiko est donc plongé dans un autre, et doit se rendre à l'évidence que sa prétendue copine est inquiétante, au fur et à mesure de ses désirs et actes de plus en plus sordides. Petit à petit, il voit son entourage changer, devenir de plus en plus malsain, comme si l'enfer autour de lui s'étendait de plus en plus... si bien qu'il est amené à se poser toujours plus de questions... et à agir face à certaines prises de conscience. Car la présence de Haruka lui fera notamment ouvrir les yeux quant à l'horreur de sa situation familiale, où lui fera prendre conscience qu'avec un autre comportement il aurait sans doute pu se faire quelques amis... Mais s'il cherche un peu plus à agir au fil des pages, il reste un lâche qui ne peut changer si facilement, un tordu qui reste poussé aux pires extrémités pour s'en sortir... Et même s'il pourrait montrer quelques sursauts d'humanité plus vifs, n'est-il pas déjà trop tard pour contrer les ténèbres qui grandissent autour de lui ?

Bien sûr, on s'interroge un peu sur certains événements faciles ou éléments à l'utilité pour l'instant discutable (l'odorat surdéveloppé de Masahiko, par exemple), mais on retient surtout de ce premier tome une entrée en matière qui nous happe dans une spirale infernale, de plus en plus glauque, pour ne jamais nous laisser en sortir, le rythme trouvant encore le moyen de s'accélérer et de gagner en horreur, jusqu'à des dernières pages inattendues, qui passent encore un cap et font l'effet d'une bombe.

Irrévérencieux, malsain, tordu, survolté... Tout simplement unique en son genre, Scumbag Loser a déjà toutes les clés en main pour devenir une nouvelle référence. Il ne lui reste qu'à confirmer dans une suite que l'on espère à la hauteur.
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Erkael
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Re: Scumbag Loser

Message non lu par Erkael » 30 nov. 2013, 19:42

Scumbag Loser 1

Chaque nouveau titre de Ki-oon est un petit événement, et on peut dire que le titre en question, à savoir « Scumbag Loser » était particulièrement attendu !

L’entrée en matière est des plus particulières… On découvre une couverture outrancièrement jaune, mettant en scène un personnage immonde, pathétique…pas forcément une invitation à la lecture, pourtant cette couverture (superbement réalisée de la part de l’éditeur, avec des éléments en relief, là n’est pas la question) colle parfaitement avec le titre et l’idée qu’on peut s’en faire.
Maintenant que le ton est donné, plongeons dans l’univers glauque de cette courte série, terminée en seulement trois volumes.

On découvre Masahiko Murai, un lycéen persécuté par ses « camarades » de classe. Il est gros, porte des lunettes, associable…ce qui semble être suffisant pour être le souffre douleur de sa classe. Il est détesté par les autres et le leur rend bien ! Il classe les gens en fonction de leurs odeurs, parce qu’il possède bien un talent, c’est d’avoir un odorat super développé.
Au lieu d’essayer de remédier à cette situation, l’objectif de Murai est de ne pas être le pire loser de son lycée, car malgré ce qu’on pourrait croire il y a un autre élève, Yamada, encore plus pathétique dont Murai lui même se moque au lieu de le soutenir.
Très rapidement le ton est donné et il n’est pas forcément très agréable, bien au contraire. On s’attend à suivre le quotidien d’un jeune homme qui souffre et essaie de surmonter tout ça, mais au lieu de ça l’auteur nous présente un personnage principale détestable. Le pire c’est qu’au fil des pages on en viendrait presque à se dire qu’il mérite ce qui lui arrive…c’est dramatique !

Mais très rapidement la trame prend une tournure inattendue puisque Yamada annonce qu’il a une petite amie et au vu des photos de la superbe jeune fille, il se retrouve surclassé. La place du pire loser est libre ! Murai décide alors d’annoncer que lui aussi possède une petite amie : une amie d’enfance dont les photos orne sa chambre. Tout ce complique quand cette même jeune fille débarque dans sa classe et décide de jouer le jeu en contrepartie d’odieux chantage…une jeune qui est morte il y a cinq ans…à ce stade bien des questions se posent…

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, ce titre est glauque, sombre, malsain et on pourrait même aller jusqu’à dire qu’il met mal à l’aise.
Sans aller jusqu’à dire que le phénomène traité dans le titre est exclusivement Japonais, cela semble malgré tout être un sujet sensible qui nous parle moins. Cependant on a tous entendu parler d’élèves persécutés par d’autres et on était en droit de s’attendre à un titre avec une approche plus social. Du coup se retrouver avec un personnage principale détestable nous prend totalement à contre pied et on ne sait plus sur le coup comment appréhender ce tome qui nous surprend sans cesse. Au lieu de plaindre le héros, on en vient rapidement à le trouver méprisable…
Ensuite la tournure des évènements fait qu’on se retrouve dans une histoire qui nous échappe totalement. Outre le fait que le pauvre lycéen maltraité arrive à retrouver un tueur en série en quelques heures alors qu’il est recherché par les autorités depuis un bon moment, que les tueurs d’enfants se trouvent un peu partout, on plonge rapidement dans un univers fantastique surprenant et inattendue.
D’un titre à caractère sociale on se retrouve face à une invasion extra terrestre (ou de démons, on ne sait pas encore) nous renvoyant au film « The faculty ».

C’est surprenant et certains aimeront sans doute d’être bluffé de la sorte, mais d’autres pourraient rester perplexe de se retrouver avec un titre bien différent de ce qu’on appréhendait au départ.

De plus il faut reconnaître que la lecture de l’ensemble du tome laisse un arrière goût désagréable tant l’ensemble est dérangeant… Au final on ne sait pas trop quoi penser de ce premier tome qui nous intrigue et suscite grandement notre curiosité, mais qui nous met tout de même assez mal à l’aise…on reste perplexe !
On ne peut pas gagner à tous les coups mais on ne peut pas perdre à chaque fois non plus!

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Koiwai
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Re: Scumbag Loser

Message non lu par Koiwai » 13 déc. 2013, 06:57

Tome 2 :

Pris à revers par Haruka alors qu'il était sur le point de la dégommer, Masahiko pense sa dernière heure arrivée. Pourtant, il se réveille après un mois de coma. Il retrouve son père qu'il pensait mort, et celui-ci semble avoir changé : il est devenu plus aimable, et surtout, il lui présente Kaori, une jeune femme qu'il s'apprête à épouser. La situation semble idéale... Tout ce que Masahiko a vécu n'était-il qu'un mauvais rêve ? La réponse ne tarde pas à arriver, le sens de l'odorat de Masahiko lui permettant vite de démêler le vrai du faux...
Après la tension de la fin du tome 1, le début de ce deuxième volume se fait un malin plaisir de semer à nouveau le trouble dans l'esprit du lecteur, qui se demande ce qui est en train de se passer. Mikoto Yamaguti nous balade gentiment, nous informe sur le passé de... ratée de la dénommée Kaori, avant de faire éclater une vérité ce coup-ci assez prévisible, dès lors que Masahiko passe à l'action. On a alors le sentiment que notre héros a bien changé. Certes, il est toujours aussi peu ragoûtant, à renifler la culotte de Kaori, mais il montre surtout une étonnante considération pour autrui, puisqu'il se décide à voler au secours de la victime sur le point de se faire bouffer... La chute qui l'attend n'en est alors que plus cruelle ! Même quand il se montre plus chevaleresque, Masahiko est-il condamné à tout jamais à se faire piétiner et à être inexistant ? Tout laisse penser que oui. Mais désormais, notre loser est déterminé à passer à l'action, sans vraiment savoir pourquoi... Pour venger certaines personnes qui comptaient pour lui plus qu'il ne le pensait ? Masahiko est troublé, le doute est en lui... et aussi dans notre esprit, car on commence à se demander sérieusement ce qui nous attend dans cette histoire assez imprévisible, au personnage principal définitivement à part. Alors qu'il est en train de changer un peu en bien, le personnage principal reste à plusieurs reprises profondément dégoûtant. On ne change pas aussi facilement, et Masahiko a encore du boulot...
Dans tous les cas, en lui, l'heure d'agir a sonné, et c'est armé d'une batte qu'il retourne à l'école, bien décidé à en finir avec Haruka et ses deux alliés. Une fois sur place, il n'est pourtant pas au bout de ses surprises, et ne pourra que constater que sa très glauque affaire a pris des proportions plus que critiques...

En milieu de volume, Mikoto Yamaguti surprend encore en changeant de cap. Masahiro est mis de côté, et ce sont d'autres personnages que nous sommes amenés à suivre. Plus précisément, deux personnages qui se retrouveront inévitablement pris dans l'étrange affaire. Le premier, le lieutenant Shimowada, proche de la retraite, est poussé à enquêter sur cette affaire qui comporte d'étranges embranchements avec une enquête qu'il a menée quelques années auparavant, et que nous connaissons bien... Parviendra-t-il à découvrir la vérité ? La deuxième, Yumi Ookura, est une jeune fille de 16 ans passant le casting pour un groupe d'idoles aux conditions très particulières : être la plus nulle, la plus ringarde possible... Inutile de dire qu'on sait très bien sur quoi on va tomber, encore plus quand réapparaît dans le casting une tête bien connue et peu rassurante... Ce qui marque plus, c'est alors la personnalité de Yumi, qui n'a absolument rien à envier à Masahiko...

Mikoto Yamaguti excelle toujours dans l'ambiance. Les expressions faciales glauques font toujours leur effet, quelques coups de théâtre soudains accentuent la tension, les personnages principaux sont tarés et transpirent la lose et l'immondice jusqu'à l'excès, quasiment tous les autres protagonistes sont glauques au possible, et l'auteur en profite alors pour taper de façon irrévérencieuse sur un peu tout, à commencer par les élèves trop formatés, les groupes d'idoles superficiels, les pervers et les otakus hardcores. Avec, en toile de fond, des questionnements sur notre société bien moulée, questionnements qui ont encore du mal à percer dans un récit qui donne l'impression de partir dans tous les sens : franchement, au point où on en est à la fin de ce deuxième tome, et malgré la bande-annonce du troisième et dernier volume qui promet une rencontre épique, on se demande comment, en un seul tome, l'auteure va pouvoir tout expliquer.
SPOIL
Et des interrogations , il y en a un paquet : qui sont les alliés de Masahiko en fin de tome, pourquoi Haruka l'a laissé en vie, pourquoi toute la classe l'a couvert, d'où lui vient sa soudaine résistance au-dessus de la moyenne, que sont réellement Haruka et ses camarades...
FIN DU SPOIL
On se demande aussi comment elle va faire se rejoindre toutes les pistes sans oublier les détails, et comment elle va expliquer la finalité de son histoire.

Quoi qu'il en soit, pour l'heure on se prend toujours au jeu tant l'ambiance générale est jubilatoire (pour qui aime les choses malsaines, excessives, sans morale et dérangeantes), alors attendons de voir ce que donnera la conclusion dans le troisième tome.
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Re: Scumbag Loser

Message non lu par Koiwai » 19 mars 2014, 18:58

Tome 3 :

Le lieutenant Shimowada poursuit son enquête en allant rencontrer la mère de Yamada, ce qui lui permet de rencontrer la dénommée Maya, la petite amie aussi sexy qu'inquiétante du garçon, qui lui fixe rendez-vous dans un café pour... lui apprendre certaines choses. De son côté, Yumi, après une rencontre fracassante avec Masahiko, se fixe une mission : protéger sa chère Haruka de ce gros tas ! Quant à Masahiko, le voici prêt à se rendre au concert du groupe d'idoles STH24 pour enfin en finir avec celle qui est à l'origine de tout.
Tous sont destinés à se retrouver après le concert, pour une petite "surprise" qui se transforme rapidement en un bain de sang et en une succession de révélations percutantes...

Le deuxième volume de Scumbag loser décontenançait plus encore que le premier, Mikoto Yamaguti y ayant ouvert plusieurs nouvelles pistes dont on attendait avec fébrilité de voir les aboutissants... pour un résultat qui frôle le sans-faute dans ce dernier tome !

C'est un tome survolté et qui fait encore monter la tension et l'horreur malsaine que nous offre l'auteur, qui enchaîne ici les rebondissements imprévisibles nous faisant plonger toujours plus dans les vices les plus tordus de l'âme humaine. Qu'il s'agisse de la passion dévorante du producteur Nishimoto pour sa fille, du fan trop hardcore qui néglige et bat sa femme pour vivre sa passion, ou de la façon perturbante dont plusieurs parents considèrent leurs enfants, Yamaguti ne nous épargne rien, offre un contenu plus extrême et dérangeant que jamais, porté avant tout par des révélations inattendues où quasiment tout s'emboîte. Quelle est la vérité sur la mort de Haruka cinq ans auparavant ? Quel lien la Haruka d'aujourd'hui a-t-elle avec elle ? Pourquoi a-t-elle épargné la vie de Masahiko ? Pourquoi se tient-elle à distance de ses congénères ? Est-elle vraiment l'ennemie la plus dangereuse ? Que sont ces créatures infâmes ? Comment les abattre ? Quel est l'intérêt de l'odorat de Masahiko dans tout ça ? L'auteur répond à quasiment tout en surprenant constamment, en nous faisant régulièrement changer d'avis sur certains personnages aussi détestables qu'effrayants, mais que l'on peut également prendre en pitié.

Tout n'est évidemment pas parfait. Au registre des éléments un peu oubliés, il y a notamment l'identité des alliés que Masahiko a avec lui en début de tome. Du côté des personnages un peu sous-exploités, il y a le lieutenant Shimowada, mais aussi et surtout Yumi dont le rôle est finalement moindre par rapport au temps qu'on a passé à la suivre dans le tome 2. Mais ces quelques défauts mineurs n'effacent pas la qualité d'un récit haletant, qui sera resté surprenant et unique jusqu'à une dernière ligne droite parfaitement dans le ton de l'oeuvre. Cette dernière ligne droite, point d'orgue de l'intensité de la série, laisse entrevoir les véritables émotions des deux personnages centraux et ce qu'ils ont toujours souhaité avoir sans le trouver, tout en évitant de tomber dans le larmoyant grâce à une fin sanglante et percutante, plus pessimiste que rassurante, dont l'ultime message est sublimé par un épilogue d'une délicieuse ironie. Voir que toutes ces horreurs sont parties d'une simple mauvaise blague puérile fait rire jaune...

Scumbag Loser, c'est un peu une extrapolation poussée à fond, de façon monstrueuse, de la manière dont la folie et le vice peuvent s'immiscer chez les gens comme une spirale infernale touchant peu à peu tout le monde. Et malgré quelques petits défauts, le résultat est globalement bluffant. Vous êtes à la recherche d'une histoire malsaine, extrême, cynique et jouissive ? Penchez-vous sur le cas du Scumbag Loser, vous n'en ressortirez sans doute pas indemne.
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