
Affaire 58: Invitation dans un château isolé (2ème Partie)
Les jeunes détectives continuent leurs recherches dans le château. Conan parvient à trouver un passage secret mais il est aussitôt attaqué par un mystérieux individu. Le professeur Agasa disparait à son tour peu après. Ai Haibara et les jeunes détectives tentent alors de les retrouver tout en résolvant le mystère de cette étrange bâtisse. Mais le danger les guette...
Affaire 59: La première rencontre
Un an plus tôt. Un drame se déroule dans un avion en partance du Japon pour les Etats-Unis: un cadavre est retrouvé dans les toilettes de l'appareil. La victime est Kazuhiro Ootaka, un célèbre photographe qui s'apprêtait à vendre à un grand journal des clichés compromettants pour un sénateur américain en lice aux élections. Présents sur le vol, les inspecteurs Juzo Megure et Wataru Takagi prennent l'affaire en main mais ils ont été devancés par un autre passager, un jeune lycéen nommé Shinichi Kudo qui se prétend détective. Partant en vacances avec son amie Ran Mouri à Los Angeles où il doit retrouver ses parents, Shinichi est le fils de l'auteur de romans policiers à succès Yusaku Kudo qui, dans sa jeunesse, épaulait Megure sur plusieurs affaires. Aujourd'hui, Shinichi tente à son tour de se rendre utile à l'enquête mais Megure est plus que réticent à laisser un lycéen jouer les détectives sur une affaire de meurtre. Seulement, face à une affaire extraordinairement difficile, les capacités de raisonnement du jeune homme ne seront pas de trop pour découvrir la vérité. C'est la première page d'une légende en devenir, la toute première enquête de Shinichi Kudo !
Affaire 60: L'inspecteur mène l'enquête
Les jeunes détectives et le professeur Agasa sont convoqués par l'inspecteur Takagi au commissariat principal de Tokyo afin de déposer leur témoignage sur l'affaire du château. Mais le quartier général de la police est en ébullition suite à l'affaire du braquage d'une bijouterie: 200 millions de yens ont été dérobés. La femme de l'inspecteur Megure est un témoin clé de l'affaire, ayant été prise en otage par les braqueurs, d'où la détermination des policiers à coincer rapidement les coupables. Le propriétaire de la bijouterie et sa femme, qui était également sur les lieux au moment du vol, doivent également venir témoigner. Cette dernière pourrait avoir des informations cruciales pouvant permettre l'identification des suspects. Mais, à l'heure donnée, seul le mari répond présent à la convocation.
Takagi et sa collègue Miwako Sato contactent alors sa femme par téléphone. Cette dernière prétend avoir des informations importantes sur l'affaire mais, avant qu'elle n'ait pu en dire davantage, elle est assassinée à l'autre bout du fil. Les deux inspecteurs se rendent au domicile du couple avec le mari, Conan se tapant l'incruste, et la femme est retrouvée morte dans son salon, un couteau planté dans le dos. Ils sont rapidement rejoints par le commissaire Ninzaburo Shiratori, lequel conclut rapidement à la thèse selon laquelle les braqueurs auraient voulu la réduire au silence, craignant qu'elle n'en ait trop vu. Seulement, Conan est intrigué par l'attitude suspecte du mari et il soupçonne qu'il ne serait pas étranger à toute cette histoire. Mais comment aurait-il pu commettre un meurtre à distance sachant qu'il est clairement établi que sa femme était bien vivante au moment de l'appel ?
Affaire 61: Belle journée à Tokyo (1ère Partie)
Le détective lycéen Heiji Hattori et son amie d'enfance Kazuha Toyama sont invités à un mariage à Tokyo. Ils en profitent pour visiter la capitale, accompagnés par Ran, Conan et Kogoro. La glace entre Ran et Kazuha se brise peu à peu depuis leur rencontre précédente à Osaka et les deux filles finissent par devenir très amies. De leur côté, Conan et Heiji rencontrent par hasard la future mariée à un temple. Cette dernière semble étrangement mélancolique.
Le groupe est ensuite invité à dîner dans la demeure de la famille du futur marié, lequel se révèle être un individu odieux qui trouble quelque peu la soirée. A la nuit tombée, le groupe se sépare lorsqu'une fenêtre se brise à l'étage du manoir. Forçant l'entrée de la chambre en question, Conan, Heiji et Kogoro découvrent le cadavre de l'intendant de la famille. Etrangement, le corps a été déplacé dans une pièce annexe éclairée et l'arme du crime, tout comme le coupable, demeure introuvable. Personne ne comprend ni comment ce meurtre a pu se dérouler, ni comment l'assassin a pu disparaître avec l'arme. Et qui aurait bien pu avoir intérêt à tuer l'intendant, cet homme bon qui avait tant fait pour le bonheur de la famille et qui avait personnellement arrangé le mariage ?
Commentaires
Après la (relative) déception du volume précédent, cela fait plaisir de lire un tome de Détective Conan où on retrouve tout le meilleur de cette série: du mystère, du suspense, des personnages intéressants et des histoires passionnantes.
On commence par la suite de l'affaire du château isolé, entamée à la fin du tome précédent. L'enquête se poursuit pour résoudre l'énigme des lieux, mais Conan et le professeur Agasa disparaissent mystérieusement. Ai Haibara et les jeunes détectives ne tardent pas à réaliser que quelqu'un les a enlevés et qu'ils courent un grave danger dans cette demeure. Sans Conan et le professeur, c'est désormais Ai qui doit protéger ses camarades et les tenir à l'écart du danger, mais retrouver leurs compagnons est aussi une priorité et le temps presse. La jeune fille se retrouve alors dans une situation inédite où, pour la première fois, elle doit s'impliquer personnellement dans une affaire au lieu de se contenter d'y assister en simple spectatrice. Et évidemment, quand Ai tient la place du détective, on s'attend forcément à ce que sa personnalité transparaisse dans le déroulement de l'affaire, ce qui ne manque pas. On connait son penchant naturel pour le sarcasme, mais on en oublierait presque sa tendance à dire les choses sans détour et à envisager toujours les pires scénarios imaginables, capable de sortir les pires horreurs en gardant le visage le plus impassible du monde. Sans oublier non plus sa paranoïa légendaire qui la pousse à se méfier de tout le monde et à vouloir prendre seule les risques afin d'éviter que les autres ne soient blessés. Autant de traits de caractères que Gosho Aoyama a brillamment réussi à exploiter dans cette intrigue qui nous en dit long sur ce personnage, permettant de mieux cerner la mentalité de cette jeune fille qui apparait encore plus énigmatique que le château lui-même. Surtout, cette affaire permet à son personnage de s'affirmer comme une addition indispensable au groupe des jeunes détectives, lui donnant un rôle de grande soeur qui va progressivement la faire évoluer et lui permettre de commencer à s'épanouir.
Pour le reste, cette affaire retrouve d'emblée un élément qui avait marqué les lecteurs à la fin du tome précédent: le suspense. Quelle montée de tension, alors que Conan et le professeur disparaissent tour à tour et que les jeunes détectives se retrouvent livrés à eux-mêmes pour résoudre seuls cette affaire ! Entre les passages secrets qui mènent on ne sait trop où, une tour condamnée où les gens disparaissent inexplicablement et un étrange individu qui les traque pour leur faire la peau, nos jeunes héros évoluent dans un environnement aussi hostile que mystérieux pour notre plus grand plaisir. Il n'y a aucun temps mort, pas la moindre retombée de tension, tous les ressorts dramatiques et les effets voulus fonctionnent. Un voyage captivant au pays du mystère qui ne pêche à aucun moment, ni même dans son final aussi original que convaincant. Une vraie réussite !
Après cela, on craint toujours que l'intrigue suivante ne fasse retomber la tension. Quelle n'est alors pas la surprise et la joie de découvrir que l'intrigue en question est l'une des plus populaires de la série ! Cette affaire nous ramène un an en arrière et nous raconte la première enquête de Shinichi Kudo, bien avant qu'il ne devienne Conan Edogawa. L'action se déroule dans un avion, lieu idéal pour un huis clos. C'est là que le futur détective lycéen va mener sa première enquête pour élucider un meurtre. Bien entendu, il se trouve confronté à la réticence de la police et il va lui falloir avant tout faire ses preuves avant de devenir la légende que l'on découvre au début de la série. L'affaire en elle-même se révèle captivante, présentant un casting de personnages convaincants qui ont tous quelque chose à cacher. Du coup, loin de se limiter à chercher un coupable parmi un groupe de suspects en les éliminant au fur et à mesure, la tâche de Shinichi est cette fois de réussir à reconstruire tout un cheminement d'événements impliquant ces différents suspects. Mais le plus difficile sera de retrouver l'arme du crime qui demeure introuvable malgré des recherches approfondies.
Si cette intrigue a autant marqué les lecteurs, ce n'est pas seulement pour nous faire découvrir une enquête passée de Shinichi, mais c'est aussi et surtout par l'excellence de l'affaire en elle-même. La narration est exemplaire à tout point de vue, les personnages sont fascinants d'ambiguités et le mode opératoire du tueur est de loin le plus surprenant de la série. Car si on nous introduit initialement "le crime parfait", c'est pour ensuite mieux nous surprendre par la simplicité et le réalisme extrême de celui-ci, à commencer par l'arme du crime qui ne manquera pas de choquer le lecteur. Ce crime est parfaitement cohérent, réaliste, facile à mettre en pratique et les preuves sont quasiment introuvables: c'en est carrément terrifiant. Tout a été travaillé afin de nous proposer une intrigue mémorable qui arrive à surprendre de bout en bout le lecteur et l'audace de Gosho Aoyama s'avère payante: on peut dire que cette intrigue est un véritable chef d'oeuvre.
On se demande alors si l'auteur pourra nous surprendre davantage avec la prochaine affaire et, ne trahissant pas nos attentes, il nous livre une nouvelle affaire très différente mais digne d'intérêt qui marque les débuts tant attendus de la brigade Megure. Si l'inspecteur Takagi (originaire de la série animée) avait déjà été introduit précédemment, nous découvrons cette fois sa supérieure hiérarchique Miwako Sato et le commissaire Ninzaburo Shiratori (lui aussi un personnage issu de l'animé, originaire des films). C'est l'occasion rêvée pour développer les relations de Megure avec ses subordonnés, mais surtout pour donner davantage d'existence à ces derniers en leur donnant des visages, des personnalités propres et en tissant des relations entre eux. L'inspecteur Takagi est ainsi redéfini en inspecteur timide et un peu gauche mais qui cache en réalité de vraies compétences d'enquêteurs et qui est secrètement amoureux de l'inspectrice Sato, une femme de caractère et une flic de choc téméraire faisant chavirer le coeur de bien des hommes au sein du commissariat. La femme rêvée, objet de toutes les attentions, mais cache un lourd passé dont elle ne parle que très peu mais qui la hante sans cesse. Pour parfaire ce triangle amoureux, Shiratori est l'incarnation même du carriériste: talentueux, ambitieux, issu d'une famille bourgeoise, populaire auprès de la gente féminine et qui ne le sait que trop bien. L'image du rival à qui tout réussit ! Ce trio de choc va dorénavant s'illustrer sur de nombreuses affaires où nous verrons leurs rapports évoluer progressivement à mesure que le triangle amoureux se développera et où Takagi va peu à peu passer d'un simple inspecteur assez bas dans la hiérarchie à l'un des atouts majeurs de la brigade à mesure qu'il élucidera des affaires complexes (avec l'aide de Conan).
L'affaire présentée pour l'heure demeure assez classique dans son déroulement, fonctionnant sur le principe d'un meurtre à distance, mais c'est peut-être justement ce qu'il fallait pour introduire ces nouveaux personnages "en action" et pour construire leurs caractérisations et leurs rapports professionnels à mesure qu'on les voit enquêter. On découvre par exemple que Shiratori, tout en étant très intelligent, a tendance à aller vers les conclusions les plus évidentes, tandis que les inspecteurs Takagi et Sato ont tendance à enquêter sur l'ensemble des éléments, à la manière de Conan, pour faire toute la lumière sur l'affaire avant de tirer des conclusions hâtives. On trouve dès lors une nette opposition entre le carriériste et les inspecteurs sans ambition professionnelle particulière qui veulent faire leur travail le plus consciencieusement possible. Ce sont ces derniers qui trouvent un écho dans les observations de Conan sur l'affaire, réalisant leur importance. L'ajout de ces personnages au casting devient alors intéressant car si, jusque là, Conan était obligé de se servir de Kogoro pour attirer l'attention de la police, ici il se trouve des alliés qui reconnaissent naturellement son talent de détective et qui prêtent attention à ses observations. Mais cela comporte aussi certains risques et il ne peut pas non plus se mettre trop en avant sans compromettre le secret de son identité, préférant dès lors entretenir l'image d'un jeune garçon intelligent qui pointe du doigt des évidences qui échappent aux adultes. Au final, cette intrigue fort sympathique qui vaut notamment pour son apport important à la mythologie de la série, introduisant de nouveaux personnages majeurs et de nouvelles intrigues récurrentes, contribuant ainsi à enrichir encore davantage cet univers déjà gigantesque.
La dernière intrigue, quant à elle, est la première partie d'une nouvelle affaire de meurtre se déroulant au sein d'une riche famille. Pour l'heure, le dernier chapitre ne fait que nous introduire le contexte de cette affaire jusqu'au moment du meurtre, mais elle se révélera par la suite des plus intéressantes et elle nous permet déjà de retrouver les personnages de Heiji Hattori et de Kazuha Toyama avec du character development à la clé.
Au final, un excellent tome de Détective Conan, plein de surprises et qui saura captiver les fans de bout en bout tant on y retrouve à tout instant la richesse de cet univers. Entre les histoires racontées qui sont excellentes et le casting de personnages qui ne cesse de s'enrichir et de gagner en profondeur, ce tome 21 est un must-have de la série ! Détective Conan continue son ascension impressionnante vers le statut d'oeuvre culte qu'il tient aujourd'hui.
Verdict: Excellent (19/20).