Magic Kaito

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
Glass Heart
Messages : 2446
Enregistré le : 29 sept. 2010, 17:51

Magic Kaito

Message non lu par Glass Heart » 16 nov. 2014, 23:32

Magic Kaito - Tome 1

Image


http://www.manga-news.com/index.php/man ... aito/vol-1


Chronique:

Les éditions Kana nous proposent aujourd'hui de découvrir une nouvelle série signée Gosho Aoyama, le génial auteur de la série culte Détective Conan. Enfin, "nouvelle" n'est peut-être pas le bon terme car il s'agit en réalité de la toute première série majeure de cet auteur jusqu'alors inédite en France, débutée en 1987 (pas moins de sept années avant le début de sa série phare) et dont la parution a été tellement aléatoire au fil des trois dernières décennies qu'elle est toujours en cours avec quatre volumes à son actif, l'auteur s'étant attardé davantage sur ses autres séries et ne la reprenant que de manière épisodique, en parallèle à Détective Conan à laquelle elle est très liée. Alors que Détective Conan atteint aujourd'hui les 77 volumes sortis en France (un record !), il était temps pour les lecteurs de découvrir enfin les premières aventures de celui que l'on connait davantage comme l'éternel rival du jeune détective: le magicien gentleman cambrioleur Kid l'Insaisissable (plus connu sous le nom de Kaito Kid dans la version japonaise). Et pour l'occasion, Kana a vu les choses en grand en nous proposant l'édition deluxe de ce manga, laquelle se voit affublée d'une petite galerie d'illustrations en couleurs en début de recueil, une rareté pour cet éditeur, ainsi que de quelques notes rétrospectives de l'auteur sur ses histoires. On doit par ailleurs souligner la qualité de papier des fameuses pages couleurs, ainsi que celle de la couverture. Bref, l'éditeur a fait des efforts indéniables afin de marquer l'événement et de satisfaire au mieux ses lecteurs, reste maintenant à voir ce que vaut la série en question, véritable oeuvre de jeunesse de l'auteur.

Magic Kaito nous raconte donc l'histoire de Kaito Kuroba, un jeune lycéen et apprenti magicien talentueux à ses heures, qui découvre un beau jour que son père Toichi Kuroba, un célèbre magicien décédé huit ans auparavant dans des circonstances troubles, menait en réalité une double vie sous l'identité du gentleman cambrioleur Kid l'Insaisissable. Apprenant qu'il a vraisemblablement été tué, Kaito décide de reprendre l'identité de Kid afin de forcer ses assassins à sortir de l'ombre. Durant ses aventures, il est régulièrement opposé au farouche inspecteur de police Ginzo Nakamori qui fait de son arrestation l'objectif fort de sa carrière et qui n'est autre que le père de son amie d'enfance Aoko. De là, Gosho Aoyama part de cette base afin de nous raconter toute une série d'aventures très diverses qui ont pour point commun l'univers de la magie et du cambriolage... En fait non, même pas car certaines n'ont rien à voir avec et relèvent certainement davantage des envies de l'auteur sur l'instant. Car si aujourd'hui Gosho Aoyama est reconnu pour son talent indéniable à adapter toutes sortes d'histoires aux univers et aux ambiances propres à ses séries (il suffit de voir Détective Conan, chef d'oeuvre du genre), ce n'était pas encore le cas à l'époque de ses débuts et ce premier volume est très marqué "oeuvre de jeunesse", pas encore vraiment maîtrisé et souvent un peu kitsch, même si cela fait aussi son charme. Mais il y a une chose que l'auteur possédait déjà à cette époque et qui lui reste indéniable: son formidable talent de conteur.

Jugez plutôt: une première intrigue où Kaito endosse pour la première fois l'identité du Kid pour faire face à un imposteur qui utilise le persona inventé par son père afin de commettre ses méfaits, puis sa confrontation avec un célèbre policier français un peu fou et adepte de la gâchette sur les bords (un vrai cowboy) qui est chargé de la protection d'une jeune et ravissante princesse possédant une pierre convoitée par Kid. Jusque là, tout va bien mais après on enchaîne avec une curieuse histoire où Kaito est capturé par un savant fou afin de créer un robot à son image (!!), robot qui va bien sûr vouloir prendre la place de l'original afin de se sentir exister. En d'autres mots: le tuer. Même s'il y a une certaine poésie derrière cette intrigue touchant à des thématiques comme la mort et l'existence, c'est très clairement l'histoire qui a le plus mal vieilli de ce recueil, très kitsch aujourd'hui, et on se demande un peu ce qui a pris à Gosho Aoyama et où est le rapport avec l'univers de Magic Kaito. On poursuit ensuite avec une intrigue où, cette fois, l'inspecteur Nakamori commence à soupçonner Kaito d'être la véritable identité du Kid, aussi Aoko décide t-elle de le disculper en passant la journée avec lui le jour annoncé du prochain méfait de Kid. Pris de court, Kaito va devoir ruser pour parvenir à être à deux endroits à la fois, ne pouvant pas se permettre d'accentuer davantage les soupçons de l'inspecteur ou de sa fille. Puis on retrouve notre héros dans une intrigue où Kaito et Aoko se retrouvent piégés dans une épave de bateau enfouie sous l'océan, hors des regards des curieux. Afin de sauver leurs vies, Kaito (qui a réussi à emporter son costume de Kid avec lui, dieu seul sait comment) va devoir convaincre un pirate des mers de collaborer avec eux, ce dernier étant prêt à tout pour protéger son trésor, quitte d'ailleurs à les éliminer. L'occasion pour cet ivrogne de prouver qu'il a toujours l'âme d'un digne homme des mers et pas seulement d'un alcoolo. Enfin, le tome s'achève par la confrontation de Kid avec une jeune sorcière prénommée Akako Koizumi qui n'est autre qu'une de ses camarades de classe. Cette dernière est prête à tout pour le soumettre à sa volonté, usant de sa magie pour s'approprier le coeur des hommes, et Kid va tenter de lui faire découvrir à son tour le charme et la beauté de cet art de l'illusion qu'elle méprise tant et qui s'appelle "prestidigitation". Bref, rien de particulièrement original dans tout ça, mais de jolies petites histoires néanmoins dans l'ensemble et ce côté innocent et un peu kitsch a aussi son charme et saura certainement conquérir le coeur des lecteurs nostalgiques de séries telles que Cat's Eye ou Lupin III, ainsi que les fans de Détective Conan qui apprendront à redécouvrir le personnage de Kid l'Insaisissable sous un autre angle, plus humain et plus vulnérable, ainsi qu'à faire connaissance avec son identité civile.

A côté de ces histoires divertissantes, on trouve toute une galerie de personnages sympathiques (dont certains déjà familiers aux lecteurs de Détective Conan) qui contribuent à faire vivre cette série, allant de l'espiègle Kid l'Insaisissable à l'incompétent inspecteur Ginzo Nakamori, en passant par Aoko, la jolie amie d'enfance aux airs de tsundere, ou encore la sorcière Akako Koizumi qui cache un coeur sensible derrière son apparente cruauté. Sans ces personnages très attachants et charismatiques, la série ne serait certainement pas celle qu'elle est et ils constituent assurément l'une des plus belles réussites de ce premier volume, même s'il faudra en revanche que l'auteur développe davantage les motivations de Kid qui demeurent pour l'heure un peu bancales, plus un gros prétexte qu'autre chose. En revanche, les fans de l'auteur Gosho Aoyama seront certainement surpris par son style de dessin qui est loin d'être aussi abouti et détaillé que celui qu'on lui connait aujourd'hui, trahissant là aussi le côté "oeuvre de jeunesse" de l'auteur. Les dessins n'en sont pas mauvais pour autant et ont même un certain charme rétro, mais c'est plutôt du côté de la mise en scène qu'on se rend compte du long chemin qui a été parcouru depuis. Si aujourd'hui, Gosho Aoyama travaille sa mise en scène et pense chaque plan de manière cinématographique dans Détective Conan, il n'avait pas encore ce talent à l'époque, Magic Kaito s'avérant bien moins inspiré que ce dernier, mais le résultat n'en est pas désagréable pour autant et il est même assez sympathique, juste moins maîtrisé.

Au final, le degré d'adhésion des lecteurs à cette série dépendra certainement de leurs attentes. Les fans de Détective Conan qui se lancent dans ce manga en pensant y trouver un complément avec une série centrée autour du personnage de Kid l'Insaisissable seront certainement déçus: il s'agit bien d'une série différente, possédant sa propre ambiance et un esprit différent, et qui a été crée à une autre période de la carrière de Gosho Aoyama, alors que celui-ci débutait tout juste dans le métier, d'où un résultat beaucoup moins maîtrisé que dans sa série fétiche. Cela étant dit, la série apporte bel et bien son lot de réponses concernant le personnage de Kid et la série saura même certainement plaire à tout ceux qui arriveront à se faire à l'idée que Magic Kaito n'est pas un simple spin-off de Détective Conan mais bien une série à part entière et différente de sa cadette. Maintenant, il est évident que Gosho Aoyama ne maîtrisait alors pas vraiment les tenants et aboutissants de son histoire et qu'il construisait son univers au petit bonheur la chance. Il faudra patienter encore quelques volumes avant de découvrir toute la vérité concernant les enjeux réels de cette série et ses liens avec Détective Conan. Et concernant les lecteurs qui ne connaitraient pas encore l'univers de Gosho Aoyama, Magic Kaito pourrait surtout parler et plaire à ceux qui gardent une véritable nostalgie des séries des années 80, en particulier de titres comme Cat's Eye ou Lupin III, avec leurs ambiances rétros. Quoiqu'il en soit, Magic Kaito est assurément un titre qui mérite le coup d'oeil de par son statut d'oeuvre de jeunesse d'un auteur aujourd'hui devenu incontournable et c'est une véritable aubaine de voir enfin ce manga sortir en France, 27 ans plus tard, alors que l'on n'y croyait guère plus. C'est un formidable cadeau que Kana fait là aux fans de Détective Conan qui ont longtemps espéré la parution de cette série culte sur notre territoire.

Verdict: Bon (14/20).

Glass Heart
Messages : 2446
Enregistré le : 29 sept. 2010, 17:51

Re: Magic Kaito

Message non lu par Glass Heart » 10 févr. 2015, 15:18

Magic Kaito - Tome 2

Image


http://www.manga-news.com/index.php/man ... aito/vol-2


Chronique:

Le magicien-cambrioleur Kid l'Insaisissable est de retour pour de nouvelles aventures dans ce deuxième volume de Magic Kaito. Un volume qui divisera toutefois encore profondément les lecteurs car, si on s'attend à y suivre les exploits de cambrioleur de notre charismatique antihéros dans la veine de séries comme Cat's Eye ou Lupin III, ce n'est pas tout à fait ce que nous réserve l'auteur Gosho Aoyama cette fois.

On se retrouve donc avec une série de sept nouvelles aventures qui ont pour point commun de tourner autour du personnage de Kid mais assez rarement autour de la thématique du voleur fantôme. On commence par une compétition scolaire de ski qui voit Aoko et la sorcière Akako se disputer les sentiments de Kaito dans un triangle amoureux assez classique. On poursuit avec la disparition du premier ministre le plus irresponsable du Japon en plein sommet de conférence sur la paix, préférant jouer les apprentis magiciens en pleine rue. Suite à ça, Kid est de nouveau confronté à l'inspecteur Nakamori qui use d'une armée de petits robots mécaniques conçus par un savant fou (oui, encore un) pour traquer le magicien où qu'il aille après un de ses larcins. On retrouve ensuite la sorcière Akako qui, faisant sa crise d'adolescence, est furax que tous les hommes du monde ne soient pas tombés amoureux de ses charmes et qui décide donc de tuer le seul homme qui lui résiste encore: Kaito Kuroba. Kaito rencontre ensuite un de ses plus jeunes fans qui décide de passer une annonce à la police en son nom, laissant penser que Kid volera la balle du home-run du prochain match de baseball de la ville. Kaito et Aoko enquêtent ensuite sur les rumeurs selon lesquelles leur lycée serait hanté par un monstre à la nuit tombée. Enfin, Kid défie un champion de billard lors d'une partie mémorable pour la possession d'une queue légendaire sertie de pierres précieuses.

Chaque chapitre possède donc sa propre histoire, il n'y a pas de lien direct entre chaque aventure et aucune ne revient sur l'intrigue principale du manga, à savoir l'enquête de Kid sur la disparition de son père Toichi Kuroba et la recherche de ses assassins. Les histoires présentées sont plutôt classiques, avec une ambiance assez légère et davantage orientée vers la comédie. L'ambiance est très bon-enfant, souvent un peu kitsch, et il est difficile de lire ce tome autrement qu'avec un certain second degré. De ce fait, ce volume risque de diviser sachant que l'essentiel des lecteurs sont des fans de Détective Conan désireux d'en découvrir davantage sur le personnage du charismatique magicien-cambrioleur et sur son univers et qui ne s'attendent probablement pas à trouver une petite série comique sans grande prétention, à des lieux des aventures de Conan beaucoup plus ambitieuses et sérieuses.

On reconnait volontiers à Gosho Aoyama certaines prédispositions d'auteur, partant d'une idée de base pour explorer des histoires et des genres très différents. Mais là où il parvient à exceller sur cet aspect dans les pages de Détective Conan, cela s'avère extrêmement brouillon dans Magic Kaito. Comme il s'agit d'une oeuvre de jeunesse, Aoyama n'avait pas encore la maîtrise nécessaire pour être à la hauteur de ses intentions. Sa démarche dans Détective Conan est cohérente: il explore différents genres et des histoires toutes très différentes les unes des autres, mais elles restent toutes liées à une enquête policière, la thématique centrale. Dans le cas présent, Aoyama semble oublier que son personnage est aussi un cambrioleur pour n'en retenir que le magicien, il en oublie aussi carrément la quête des assassins de son père qui n'évolue pas d'un chouia, et au final il n'y a aucune cohérence, aucun fil conducteur logique, qui vienne lier toutes ces intrigues entre elles. On a parfois même l'impression de se retrouver dans une compilation style "Gosho Aoyama's Collection of Short Stories" avec le personnage de Kid l'Insaisissable plutôt qu'aux aventures du magicien-cambrioleur que l'on a découvert dans les pages de Détective Conan, et on se demande même par moment si ce manga n'est pas plutôt destiné à son petit frère ou son neveu. De toute évidence, Aoyama ne savait alors pas trop encore où aller avec son titre, se laissant entièrement porter par ses envies du moment sans trop réfléchir à la cohérence de son oeuvre sur le long-terme, et cela lui nuit considérablement pour l'heure.

Du côté des personnages, aucune continuité non plus d'une histoire à l'autre. On a affaire à des stéréotypes qui restent les mêmes tout du long et qui ne connaissent aucune évolution sur le long-terme. On se surprendra même à relever quelques grosses incohérences, notamment au niveau du personnage d'Akako qui apparait dans deux histoires où elle a des attitudes diamétralement opposées: dans la première elle ne laisse planer aucun doute sur ses sentiments amoureux à l'égard Kaito, rivalisant même avec Aoko Nakamori pour son affection, alors que dans la seconde elle décide tout simplement de le tuer comme ça sur un coup de tête. Un peu schizophrène, la demoiselle ? Pour le reste, si Kaito Kuroba et son alter-ego costumé demeurent des personnages assez attachants et charismatiques malgré leur manque de profondeur, les autres personnages de leur univers comme Aoko Nakamori et son inspecteur de père sont quant à eux quasiment inexistants en terme de développements, semblant presque faire partie du décor.

Du côté des dessins, on se rappelle que Magic Kaito est une oeuvre de jeunesse de Gosho Aoyama et on n'est donc pas surpris par le style encore un peu immature de l'auteur, ses dessins étant très loin d'être aussi aboutis et aussi détaillés que ceux que l'on peut trouver dans Détective Conan, de même que son travail sur la mise en scène qui demeure très basique. Du côté de l'écriture, la narration se révèle elle aussi assez basique et les dialogues restent un peu simples et convenus. Difficile d'imaginer que c'est le même auteur qui nous pond aujourd'hui une merveille comme Détective Conan avec une ambition et une maîtrise du récit renversantes qui semblaient alors lui faire défaut quand il rédigeait Magic Kaito au début de sa carrière. Si on peut lui pardonner les défauts de jeunesse de son oeuvre, on ne peut que constater le chemin incroyable qui a été accompli depuis, Aoyama ayant considérablement mûri et s'étant pleinement épanoui en tant qu'auteur sur sa série actuelle.

En ce qui concerne l'édition de Kana, on saluera une nouvelle fois la présence d'une galerie d'illustrations au début et de quelques pages en couleurs, chose très rare chez cet éditeur. Kana a fait des efforts avec la localisation française de l'édition deluxe de Magic Kaito et on les en remerciera. On regrettera juste qu'alors que la galerie d'illustrations appuie beaucoup sur les liens avec Détective Conan, l'oeuvre en elle-même soit très différente de ce que les fans de ce dernier pouvaient en attendre, à se demander si le public-cible de ce titre est bien celui que l'on pense.

Ce second volume de Magic Kaito laisse donc une impression très partagée. D'un côté, ce n'est pas vraiment un mauvais manga et la lecture de ses différentes histoires reste plaisante, bien que sans grande prétention. De l'autre, on regrette que l'oeuvre ne soit pas plus ambitieuse et qu'elle échoue à répondre aux attentes des fans du personnage qui l'ont, pour la plupart, connu dans les pages de Détective Conan où il s'avérait autrement plus fascinant dans son rôle d'adversaire mystérieux et légendaire de notre intriguant petit écolier à lunettes. L'envers du décor est finalement beaucoup moins intéressant qu'il n'y paraissait et risque même de gâcher un peu l'aura magique qui entourait le personnage. Toutefois, le titre n'en est encore qu'à ses débuts, crée à une époque où Détective Conan n'existait pas encore, et des liens plus importants entre les deux séries devraient apparaître plus tard, de même que Gosho Aoyama aura lui-même considérablement évolué en tant qu'auteur. Pour l'heure, les aventures de Kid l'Insaisissable arrivent toujours à divertir le lecteur mais sans pour autant le convaincre pleinement.

Verdict: Bon (12/20).

Répondre