Bullet Armors
Posté : 20 janv. 2015, 19:35

Synopsis : Nous sommes à une époque où les humains cohabitent avec les "Tremors", des machines dotées d'une volonté propre.Ion, jeune garçon curieux, franchit le mur de la ville pour partir à l'aventure avec pour seul compagnon Bullet, un Tremor avant-bras droit, tombé du ciel. En route vers le monde des adultes ! Ainsi débute un récit d'aventures, sur fond de science-fiction et de folles machines !
Fiche Manga News
Tome 1 :
Dans un monde teinté de fantaisie, la race humaine cohabite avec les Tremors, des entités mécaniques dotées d’une conscience propre. Seulement, ces machines sont souvent considérées comme un ennemis à cause de leur caractère agressif, c’est pourquoi nombreux sont les humains chassant les Tremors, les Bakers. En parallèle, il existe les Breeders, des humains manipulant les Trémors pour devenir de puissants guerriers.
Le jeune Ion, élevé par sa sœur, est un féru de mécanique dont la vie bascule lorsqu’il rencontre le mystérieux Rez, un Breeder charismatique, et qu’il s’approprie un étrange Tremor qui a l’apparence d’un bras. 10 ans plus tard, Ion quitte sa contrée natale pour retrouver son père, lui aussi Breeder…
Bullet Armors est le nouveau shônen des éditions Kana pour cette année 2014, une histoire en six tomes se déroulant dans un monde de fantaisie où la mécanique domine, une œuvre qui n’est pas sans rappeler le très décevant Jumbor de Hiroyuki Takei… Mais Bullet Armors est dessiné par Fuji Morita et s’avère bien différent du titre du papa de Shaman King. Néanmoins, si l’univers est sympathique, ce premier tome ne prend pas de grands risques.
L’histoire est très classique puisque Bullet Armors nous propose de suivre les aventures d’un jeune homme déterminé à retrouver son père. A chaque chapitre, notre héros vit une aventure, rencontre quelques personnages attachants ou, au contraire, des ennemis belliqueux qui lui mettront des bâtons dans les roues. Dans son schéma, ce premier tome s’avère très, très classique, comme si l’auteur était effrayé par la prise de risque. Nous restons ainsi dans un cadre très commun, ce qui nous permet de nous familiariser assez facilement avec l’univers, ce qui n’est pas forcément un mal.
L’univers de Bullet Armors, lui, est déjà bien plus intéressant. Un monde empreint de fantaisie, guerre de cohabitation entre les humains et des machines dotés d’une motivation propre… Le sujet revisite des thèmes déjà vus dans quelques œuvres, notamment Tokto Ghoul qui pose le problème de la coexistence entre goules et humains. Sauf que dans Bullet Armors, les créatures sanguinaires laissent place à des machins dénues de parole et le sujet est pour le moment traité de manière simpliste. En effet, nous ne savons rien des Tremors et on se contente de les percevoir comme des ennemis de l’Homme, ce dernier n’ayant de cesse d’affronter cet ennemi. Si les Tremors ne sont pas vus à proprement dit comme un adversaire par Ion, la place de ces entités dans l’intrigue est celle d’ennemis, aux origines inconnues. Difficile alors de se glisser dans la peau des uns et des autres, mais ce développement aurait pu apporter une certaine consistance à l’intrigue. Gageons toutefois que nous ne sommes qu’au début de l’histoire.
Ion est donc le héros de Bullet Armors. Adolescent intrépide, Breeder manipulant un Tremor en forme de main, ce dernier est l’archétype du noble héros de shônen, se battant pour la juste cause et parcourant le monde pour réaliser son rêve, retrouver son père disparu. Le personnage s’avère peu original et ne parvient jamais à se démarquer, ce qui est le cas pour la majeure partie des intervenants qui sentent le réchauffé dès leur entrée en scène. A la limite, seul le personnage de Serena qui intervient assez tard constitue un allié intéressant qui ne demande qu’à être mis en avant.
Bullet Armors, sur ce premier tome, ne transpire par la baston et se présente avant tout comme un petit shônen d’aventure, tout ce qu’il y a de plus classique. L’action ne nous offre donc pas de combats dantesques, simplement des séquences plus mouvementées se basant sur de très brèves joutes, néanmoins plutôt spectaculaires par moments. Pour l’instant, Fuji Morita ne nous impose pas des concepts abracadabrants, la fusion entre humain et Tremor s’avère classique et constitue la seule mécanique d’action de la série, un mal pour un bien car nous évitons ainsi les classiques clichés mais aussi à la série de partir dans la surenchère immédiate.
Le trait du mangaka s’avère simpliste de prime abord, voir maladroit. Le design des personnages n’a rien d’extraordinaire, il s’avère même classique et bien souvent enfantin par le côté très jeune des protagonistes. Mais dès les premières pages, on soupçonne un talent de l’auteur pour les séquences détaillées. Et ça ne manque pas : les séquences qui offrent de l’action s’avèrent très réussies et malgré un léger souci de lisibilité par moment, la mise en scène des Tremors face aux Breeders est époustouflante. A défaut de se montrer inventif sur le chara-design, Morita nous offre des design inspiré et bénéficiant d’un souci du détail. Mais peut-être est-ce là la volonté de l’auteur, nous offrir une opposition entre des personnages enfantins et des machines de guerre imposante.
Pour ce nouveau shônen, Kana nous offre une adaptation de très bonne facture. La traduction est fluide et l’adaptation sans bavure, le tout nous offrant un moment de lecture agréable. Il convient de soulever que l’éditeur tient à nous offrir l’intégralité de l’histoire en une année seulement, en publiant ainsi les deux premiers volumes de manière simultanée, une bien belle manière pour le lecteur de se plonger dans l’univers de la série.
Au final, ce premier opus de Bullet Armors s’avère être une lecture distrayante, bénéficiant de certaines qualités mais souffrant aussi de quelques défauts. L’univers intrigue, les thématiques présentées attirent notre curiosité et sont associées à un coup de crayon superbe lorsqu’il l’histoire nous présente des scènes d’action, mais dans le récit demeurent de nombreuses idées sans grande originalité et traitées de manière superficielle en plus d’un chara-design très enfantin. Ce premier tome ne passionne donc pas, mais est loin d’enterrer notre enthousiasme. La série possède un potentiel certain et pour le découvrir, quoi de mieux que d’enchainer directement sur le second volume, sorti simultanément ?
Tome 2 :
Celui qui a sauvé Ion et Serena est un Breeder du nom d’Eiblock. Mais à la différence de nos deux héros, celui-ci s’avère bien moins tendre et s’en prend donc à eux après qu’ils aient décliné l’invitation à le rejoindre. C’est le premier combat d’Ion contre un autre Breeder, et il sera sans merci !
Après un premier volume intriguant multipliant les clichés mais présentant une série au fort potentiel, ce deuxième tome reste globalement dans la même lignée : On sort de notre lecture persuadés que le titre a des possibilités énormes, mais malheureusement pas suffisamment exploitées pour le moment.
Ça commence avec la présentation du nouveau personnage inséré à la fin du premier opus, un certain Eiblock qui se présente comme le classique rival pour le héros de l’histoire. Tout ce passage est l’occasion idéale pour l’auteur de nous servir du réchauffé, des éléments convenus de tout shônen de baston classique. Oui, Eiblock a le statut de rival, il est plus impitoyable qu’Ion et ses objectifs sont moins nobles. Forcément, la joute ne se fait pas attendre et là aussi, nous nageons en dans une mer de stéréotypes : le héros qui sauve un ennemi, Eiblock se présentant comme un adversaire redoutable avant d’être mis au tapis miraculeusement… Difficile d’être dépaysé par cette première partie de volume, d’autant plus que la bataille s’éternise un moment.
Avec cet épisode peu palpitant, nous revenons à l’intrigue centrale et pour contrecarrer l’attaque massive des Baker sur les Tremor, Ion et Serena infiltrent les rangs de l’ennemi. Durant ce passage, nous quittons un moment la baston classique pour repartir dans l’aventure pure jus. Et si certains éléments ne sont guère surprenant, comme les deux lieutenants qui se dressent face à nos héros et l’arrivée d’un énième Breeder aux allures ténébreuses, on se prend plus facilement à l’action afin de voir le récit va nous mener. On est peu surpris dans le déroulement de cette séquence mais les toutes dernières pages de ce tome suscitent notre intérêt. L’arrivée de ce nouveau personnage énigmatique semble être synonyme de premières vraies avancées de l’histoire, ce qui pique notre intérêt pour cette série qui pourrait s’avérer bien plus convaincante si elle prenait plus de risques.
Si le récit est des plus convenus, il faut dire que la multitude de batailles et scènes d’actions nous scotchent à cet opus grâce au talent graphique du mangaka. Le dessin est précis, ce qui n’entache pas la lisibilité des combats. Plus les joutes sont explosives et plus l’auteur se surpasse, un grand spectacle grâce auquel le lecteur en a pour son argent. Si seulement le récit savait nous surprendre, Bullet Armors serait un petit shônen excellent !
Ce second tome est paru en même temps que le premier et permet ainsi de dresser un premier constat de la série. Bullet Armors, c’est pour l’instant un univers vaste et intéressant, mais que l’auteur n’exploite pas assez. L’utilisation de personnages et situations clichées rebutent plus qu’autre chose, heureusement que le talent du mangaka pour les séquences d’action rattrape la pauvreté scénaristique. La lecture n’est pas mauvaise, mais elle ne parvient jamais à nous surprendre et demeure juste sympathique. Gageons que d’après les dernières pages de ce tome 2, le prochain opus devrait apporter des éclaircissements sur l’histoire, ce qui pourrait raviver notre intérêt pour le titre.
Tome 3 :
Alors qu’ils sont la cible de nombreux bakers, Ion et Serena voient apparaître un individu mystérieux, lui aussi breeder. Nul ne le connaît, mais ce jeune homme calme et à l’aura maléfique semble lié à Serena en plus de posséder un tremor semblable à Bullet. Alors que certaines vérités sont dites, un combat sans merci s’engage entre Ion et le breeder ennemi…
Les deux premiers tomes de Bullet Armors ont soulevé un énorme potentiel que la série n’a pas su exploité suffisamment lors de son introduction. Alors autant dire qu’on reste sous le choc lorsque d’un coup, par ce troisième opus, l’œuvre de Moritya passe à la vitesse supérieur, développe son histoire et par la même occasion son univers, tout en proposant un combat particulièrement jouissif. Car oui, ce volet est marqué par 100% d’action et un peu de dialogues pour expliquer le tournant pris par l’intrigue, mais autant dire qu’on se régale du début à la fin.
Le personnage énigmatique qui fait l’objet de la couverture n’est autre que ce mystérieux breeder ennemi qui apporte avec lui un lot conséquent de révélations. L’univers de Bullet Armors semble vaste et de nombreux points étaient à expliquer, notamment l’animosité des populations vis-à-vis des breeders ou encore ce que sont précisément les bakers. Nos interrogations trouvent réponses alors que nous n’en attendions pas si rapidement. Le pire dans tout ça (ou plutôt le mieux), c’est que ces développements scénaristiques sont bien menés et parviennent même à nous surprendre du côté de Serena, alors que nous n’attendions pas forcément de grandes surprises autour d’elle.
Mais le clou du spectacle, c’est bien le combat mis en scène dans la totalité du volume. Jamais une joute n’aura été si violente dans le titre à l’heure actuelle et le mangaka a énormément appris de ses erreurs pour composer ses affrontements. La violence est réellement au rendez-vous si bien qu’on se demande comment les personnages font pour tenir debout après une salve de coups qui mettrait en bouillie n’importe quel être sur cette terre. Ce rendu est facilité par le découpage moins brouillon, bien que toujours un peu, de l’action qui donne beaucoup plus de clarté à la narration. Enfin, comment passer à côté de tous ces retournements de situation, et bien entendu le fait que Ion n’est pas le seul à briller ? On évite ainsi le cliché du héros livrant front seul, puisque quelques alliés sont là pour donner quelques coups à l’adversaire. Vraiment, il est difficile de souffler, de la première à la dernière page !
Alors qu’on pensait que Bullet Armors allait être une simple petite série agréable à lire mais sans plus, ceci à cause d’un manque d’ambitions et d’une amas de clichés du genre, voilà que ce troisième opus nos prend à contrepied en se montrant passionnant scénaristiquement et spectaculaire dans ses scènes d’action. L’univers de Moritya ainsi que son coup de crayon se développent chapitre après chapitre, l’intrigue devient passionnante, les personnages se révèlent attachants et les combats nous en mettent plein les mirettes… Il est sûr que les lecteurs cherchant l’innovation dans les titres d’action ne seront pas servis mais en tant que simple divertissement bien bourrin, ce tome 3 comble toutes nos attentes. Seul bémol : Nous sommes déjà à la moitié de la série, aussi nous craignons pour ce qu’elle aura le temps de développer d’ici sa fin.