Prisoner & Paper Plane

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Koiwai
Rider on the Storm
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Prisoner & Paper Plane

Message non lu par Koiwai » 18 mars 2015, 13:46

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Tome 1 :

Série en 3 volumes, Prisoner & Paper Plane est issu d'un projet plutôt original, qui s'est développé sur plusieurs médias après le succès de chansons de Vocaloid. Plusieurs figures du manga sont d'ailleurs inspirées des personnages de Vocaloid. Rin et Len Kagamine, Meiko, Gakupo... Saurez-vous tous les reconnaître ?

Au-delà ce ça, l'intérêt du scénario écrit par Nekoromin (ou ShujinP) et dessinée par Saki Akamura (dont c'est le premier manga professionnel) réside dans les difficiles épreuves que doit subir un jeune garçon. Sans nom, le matricule 420 fait partie des nombreux prisonniers d'un camp extrêmement dur. Dans la cellule collective où s'est installée une hiérarchie, les dominants se font un plaisir de maltraiter et d'humilier les dominés, de même que les geôliers. Dans un système réduisant à néant la fierté de ces hommes, chacun doit se battre pour survivre. Pas le droit de pleurer. Pas le droit de s'exprimer. Pas le droit de vivre, tout simplement. Ils ne sont bons qu'à subir les mauvais traitements, à réaliser des travaux très difficiles tout en étant contraint de survivre à leur sous-alimentation, leurs repas étant rares et jamais bons. Et quand arrive le jour où ils ne peuvent plus supporter physiquement la situation, ils sont envoyés dans une "salle de repos" dont on ne revient pas...

C'est dans ce cadre terrible qu'évolue notre jeune héros, nouvelle cible de certains prisonniers et des gardiens, qui n'hésitent pas à lui faire subir le pire et à le mener en bateau. Y a-t-il seulement un espoir de se sortir vivant de cet endroit ? Il y a bien le système des "présents" attribués aux meilleurs et qui, au bout d'un certain nombre, permettent apparemment de retrouver la liberté. Mais le nombre de "présents" à récolter n'est à aucun moment précisé, et le matricule 420 semble alors très loin d'une possible liberté...
Au fil des pages, tout est fait pour que le lecteur ressente le désespoir du jeune garçon. Entre les brimades, la sous-alimentation, l'incertitude de pouvoir sortir un jour, et la mort qui attend les plus affaiblis, le pire semble pouvoir frapper à tout moment... Le talent des auteurs réside dans cette faculté à faire ressentir cette continuelle épée de Damoclès sans tomber dans le gore ou dans les dessins visuellement insoutenables. On soulignera toutefois l'aspect extrêmement cliché de certains personnages, à commencer par le bad boy Shazna, à la mine exagérément patibulaire. Enfin, si les auteurs parviennent habilement à détendre régulièrement l'atmosphère à grand renfort d'humour, ils en font parfois trop sur ce point.

Quoi qu'il en soit, l'ambiance horrible de cet enfer carcéral est bien là, et au désespoir permanent du matricule 420 répondent des figures intéressantes, à commencer par une belle et étrange jeune fille qui, dans sa robe volant au vent et avec son large chapeau, lui sourit depuis l'autre côté de la clôture quand il ressent trop de désespoir. Enigmatique et peu bavarde, très pure dans son apparence, elle incarne pour 420 l'amour et l'espoir... Une chance de retrouver sa liberté, de pouvoir s'envoler au-delà des murs du camp, à l'image des avions de papier qui lui servent à communiquer avec elle ? Espérons-le pour lui. Mais pour l'instant, la jolie inconnue n'apparaît que très peu.
Il y a aussi, notamment, deux autres prisonniers, Jag et Mayka, qui, chacun dans leur genre, montrent envers notre héros un mélange de bienveillance et d'intérêt. Moins mauvais que les autres prisonniers, il montrent à quelques reprises une certaine bonté pour le matricule 420, mais peuvent également, subitement, se montrer un peu plus hautains et lui donner des leçons... par pur sentiment de supériorité, ou pour faire prendre conscience à notre héros de certaines valeurs ? Il lui faudra visiblement prendre conscience de certaines choses, notamment comprendre que le bonheur est relatif.
Toutefois, à vrai dire, la plupart des protagonistes restent pour l'instant assez mal définis (notamment les deux prisonniers nommés juste avant, ou le sous-directeur Flag), très ambivalents, et l'on se demande un peu ce qu'ils cherchent. Espérons qu'une réponse nous sera donnée.

C'est également le cadre qui reste mal défini, et visiblement c'est volontaire. Les détails sur le passé des prisonniers, sur les raisons de leur incarcération et sur la localisation du camp restent très succincts, comme pour faire de ce récit une histoire hors du temps et donc universelle, apte à toucher le plus grand monde.

Côté visuels et narration, au-delà des physiques et comportements clichés (on a déjà évoqué le look très patibulaire de Shazna, mais soulignons aussi l'extrême pureté de la mystérieuse fille au chapeau et l'aspect très frêle de 420... A chacun de voir s'il accroche ou pas à ce parti pris) on a un trait parfois inégal mais assez fin se concentrant avant tous sur les protagonistes au détriment des décors (qui sont quasiment inexistants), et une narration parfois un peu décousue mais sachant véhiculer les grandes thématiques.

Récit un peu maladroit mais intéressant, Prisoner & Paper Plane donne envie de découvrir le sort qui attend ce jeune prisonnier, partagé entre un désespoir constant teinté de quelques lueurs d'espoir. Le bonheur est peut-être encore possible pour lui... Mais à quel prix ?
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