La fiche sur le site
Tome 1 :
Nominé au Prix Manga Taishô en 2012, lauréat du Prix Shônen de Kôdansha en 2013 et adapté en un superbe et populaire anime diffusé en simulcast en France par Wakanim d'octobre 2015 à mars 2015, Your lie in april est un manga qui aura suscité bien des attentes ! Première oeuvre de Naoshi Arakawa paraissant dans notre pays, elle arrive chez nous au bon moment puisque qu'elle vient de se terminer au Japon après 11 volumes.
Colorée, agréable et nous offrant une vision plutôt pétillante des deux héros de la série, la couverture de ce premier tome attire l'oeil et nous annonce une oeuvre rafraichissante... alors même que les deux premières pages nous prennent quelque peu à contrepied en exposant d'emblée le passé traumatisant du jeune héros, Kôsei Arima. Dès les premières phrases, nous apprenons qu'alors qu'il était promis à un brillant avenir de pianiste, un drame l'a soudainement frappé et l'a rendu incapable de jouer du piano à l'automne de ses 11 ans. Parfait pour intriguer dès le départ.
Deux ans plus tard, nous le retrouvons dans son quotidien de collégien somme toute très classique, aux côtés de ses deux amis d'enfance, la très dynamique joueuse de softball Tsubaki Sawabe qui lui en fait voir de toutes les couleurs, et le beau Ryôta Watari, chef de l'équipe de football qui plaît à toutes les filles et ne se prive pas pour en profiter en jouant les tombeurs. Mais entre ses deux amis, Kôsei paraît très effacé. Comme le souligne une Tsubaki un peu inquiète pour lui, ses yeux paraissent éteints, sans passion, et son quotidien semble bien morne depuis le drame d'il y a deux ans... Mais une rencontre arrangée avec ses deux amis va pourtant venir chambouler sa vie : celle de Kaori Miyazono, camarade de classe de Tsubaki qui en pince pour Ryôta, et violoniste dont l'approche de la musique est totalement différente de celle de notre ancien pianiste virtuose...
Ce premier volume s'applique à exposer comme il se doit le contexte, avec les informations sur le passé de Kôsei et l'entrée en scène de Kaori.
D'un côté, nous découvrons par petites doses l'enfance difficile de notre héros, devenu un as dans le suivi des partitions et dans la maîtrise académique du piano suite aux nombreuses et éreintantes séances d'entraînements infligées par sa mère malade, avant que tout ne se soit effondré après la mort de cette dernière.
De l'autre, on découvre peu à peu la jeune violoniste, qui n'a pas son pareil pour attirer les regards. Sa première apparition, pieds nus dans un parc en train de jouer pour des enfants, est aussi belle et idyllique que fracassante dès que la miss dévoile son mauvais caractère à notre héros qui en fait les frais ! D'ores et déjà difficile à cerner, cette jeune fille aussi impulsive que naturelle n'a pas fini d'impressionner Kôsei, car une fois le violon en main pour un concours, elle dévoile un talent fou séduisant tout le public mais qui n'est pas au goût du jury. Kôsei, lui, ne peut que rester abasourdi, car c'est une tout autre approche de la musique qui explose sous ses yeux. Alors que lui, surnommé le "métronome", était capable de restituer les partitions à la perfection, le voila qui découvre une façon de jouer plus personnelle, où Kaori réinterprète les oeuvres à sa manière, pour un résultat où elle transpire réellement de grâce et de plaisir !
La suite du tome ne fera que conforter ce schéma, entre un Kôsei dont on entrevoit peu à peu le malêtre, et sa lente découverte d'une autre façon d'être et de vivre la musique. Tout doucement, on sent poindre des tourments sentimentaux, Kôsei ne pouvant que tomber sous le charme de cette fille alors que celle-ci n'a d'yeux que pour Ryôta, mais pour l'heure cet aspect n'est qu'esquissé et c'est bien l'impact psychologique de cette rencontre qui est sur le devant. Naoshi Arakawa profite du contact de l'effacé Kôsei avec l'extravertie Kaori pour pousser son héros à se montrer peu à peu plus sociable, à se dévoiler, et c'est en même temps que la jeune violoniste que le lecteur découvre les différentes facettes de la douleur intérieur du jeune garçon. Pas question pour l'auteur de proposer de gros et longs flashbacks sur son héros : tout est savamment distillé au fur et à mesure, ce qui permet de nous faire comprendre facilement toute l'ampleur du choc qu'a subi Kôsei en évitant tout pathos, toute lourdeur. D'autant que l'ambiance générale se veut très souvent enthousiaste et bienveillante grâce au caractère de Kaori et aux frasques et inquiétudes de Tsubaki pour son ami.
Le résultat est donc joliment huilé, paraît très naturel et nous plonge efficacement aux côtés de ces personnages que l'on prend beaucoup de plaisir à découvrir... même si certains lecteurs seront sans aucun doute parfois agacés par le caractère colérique et très lunatique d'une Kaori tantôt un peu trop vache avec Kôsei, tantôt soudainement plus gentille. Et les dernières pages, voyant Kaori se dévoiler elle aussi un peu plus et nous préparant déjà à une nouvelle étape enthousiasmante, donnent irrémédiablement envie de vite prendre en main le tome 2... Ca tombe bien, Ki-oon a eu la bonne idée de le sortir en même temps que le premier volume !
Côté dessins, celles et ceux qui ont vu l'anime seront peut-être, sur le coup, un peu désappointés par un design un peu plus rond et en apparence plus simple. Qui qu'il en soit, Arakawa dévoile petit à petit un vrai talent pour croquer des personnages bourrés de vie et aux visages expressifs, notamment grâce à cette petite lueur dans les yeux qui manque parfois à Kôsei. Les scènes musicales, elles, restent pour l'instant assez sommaires, peu détaillées, mais leur mise en scène sait déjà mettre en valeur l'immersion dans la musique et la verve ainsi que la prestance de Kaori violon à la main... On a hâte d'en voir plus !
L'édition est dans les standards des petits formats de Ki-oon, c'est à dire très satisfaisante. Le papier est de bonne qualité (on notera juste une transparence assez prononcée par moments), la traduction est très claire...