Devilman

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10745
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Devilman

Message non lu par Koiwai » 09 juin 2015, 14:06

Image

La fiche sur le site


Tome 1 :

Vivant chez les parents de son amie Miki depuis le déménagement de ses propres géniteurs, Akira Fudô est un lycéen plutôt banal, et que l'on pourrait même qualifier d'un peu trop effacé. Faible, craintif, il ne sait pas se battre et préfère toujours éviter les ennuis, quitte à devoir faire quelques courbettes quand les racailles du coin l'es embêtent, lui et Miki. Son amie, bien que très proche de lui, se désespère d'ailleurs un peu de cette attitude...
Mais Akira va être amené à changer quand son meilleur ami, Ryô Asuka, réapparaît après un mois d'absence pour lui faire des confidences aussi sombre qu'inquiétantes. Son père, le professeur Asuka, est mort, suicidé, après avoir connu des crises de folie sanglante l'ayant poussé à essayer de tuer jusqu'à son enfant. En lisant son journal intime, Ryô en a découvert les raisons : il faisait de dangereuses recherches sur une menace proche du réveil : celle des Démons, anciens habitants de la Terre, qui faisaient autrefois régner la terreur. Un seul moyen pour empêcher ceux-ci de reprendre le contrôle de la planète et exterminer l'espèce humaine : mêler son corps à celui de l'une de ces créatures diaboliques afin d'assimiler ses pouvoirs, mais pour cela il faut un coeur assez pur pour être capable de résister à la personnalité chaotique du démon fusionné. Et cet être pur, Ryô pense le trouver en Akira...

Oeuvre autrement plus culte que Goldorak dans son pays d'origine, Devilman n'a pas connu le me^me succès dans notre pays lors de ses premiers pas. Mais au fil des années, la série a su se forger une très solide réputation, en faisant un titre dont le retour était clairement attendu. Grâce aux éditions Black Box, nous pouvons enfin pouvoir voir si l'oeuvre a mérité son aura de série culte.

Tout commence par un premier chapitre quasiment muet, et aussi terrible que fascinant, où Gô Nagai nous plonge dans les temps anciens, où les dinosaures et de ravissantes créatures ressemblant à des fées semblent cohabiter... jusqu'à l'émergence de créatures difformes et maléfiques, les Démons, qui commencent à tout anéantir sur leur passage. Empalées, démembrées, dévorées, les êtres vivants se trouvant sur leur chemin ne résistent pas. Mais bientôt, une étrange entité apparaît pour, visiblement, sceller les créatures démoniaques. Mais après de nombreux millénaires de calme, des chercheurs dans les années 80 réveillent bien malgré eux le mal...
Dès les premières pages, l'auteur donne parfaitement le ton. Bien que muet, ce prologue est parfaitement compréhensible et tire alors toute sa puissance de la verve graphique de son auteur. Nagai se donne à fond, offre dans ces premières dizaines de pages des planches riches et denses où l'on assiste avec effroi au massacre de ces lumineuses femmes ailées par les Démons. Les premières pages en couleurs sont éblouissantes et installent d'emblée l'ambiance, les Démons sont dotés de designs tous aussi répugnants et effrayants les uns que les autres, et le gigantisme de la situation ressort très bien.

Après une telle intro, on trouverait presque irréaliste l'arrivée à notre époque aux côtés Akira et Miki, que Nagai nous laisse découvrir le temps de quelques pages efficaces, où l'on cerne très bien le caractère effacé d'Akira, contrastant avec le côté un peu garçon manqué de la bagarreuse Miki. Il ne reste alors plus qu'à faire arriver Ryô pour ce qui sera avant tout un long volume de mise en place. Long, mais passionnant, car Gô Nagai s'applique habilement à tout expliquer de façon cohérente, que ce soit en récapitulant les terribles découvertes du défunt professeur Asuka sur les origines des Démons, sur ce qu'ils sont devenus pendant tout ce temps d'absence, sur leur futur réveil... et en exposant peu à peu le rôle terrible que les deux garçons devront porter sur leurs épaules : fusionner avec un démon après avoir pris soin de perdre toute leur raison afin que ceux-ci pénètrent en eux. Et espérer qu'ils parviennent à leur résister tout en s'appropriant leurs pouvoirs ! De plus, on appréciera grandement la façon dont Nagai revisite des thématiques et des oeuvres pour servir son récit. Entre autres, ce qui s'est passé à l'époque des dinosaures, et la réinterprétation de la Divine Comédie de Dante, oeuvre que le mangaka a d'ailleurs adapté en un manga que l'on découvrira dans quelques mois chez Black Box.
S'installant petit à petit, l'effroi de cette situation au parfum d'apocalypse prend toute son envergure quand arrive la "cérémonie" visant à perdre la raison pour fusionner avec le démon. Car avant d'avoir une chance de sauver l'humanité, les deux garçons doivent déjà commettre de terribles sacrifices d'innocents (et qu'on se le dise, les hippies prennent cher) dans un premier vrai festival de sang et de violence. Quant à la toute fin, elle fait écho aux pages où l'on découvrait Akira, afin de mettre en exergue le changement qui s'est opéré en lui, ainsi que le côté désormais très instable de son caractère dû à la fusion avec le démon Amon. Une instabilité qui pourrait clairement le faire basculer dans les pires horreurs... Sera-t-il apte à protéger l'humanité dans ces conditions ? En attendant de le savoir, on tient un premier volume de haut niveau.

Visuellement, après le bluffant chapitre "prologue", on découvre un Gô Nagai dont le dessin des personnages s'avère plus simple mais expressif, avec un trait assez épais faisant bien ressortir l'ambiance sombre et violente. Les designs de démons restent d'une variété exemplaire, les décors sont assez fournis et parfois même assez impressionnants, et la mise en scène jouit d'angles de vue assez novateurs pour l'époque et d'un dynamisme à toute épreuve. Enfin, soulignons que Nagai ne recule déjà devant aucune scène de violence, mais il s'agit d'une violence justifiée à travers ce scénario profondément sombre.

Avec son personnage principal aux allures d'anti-héros instable, son travail de mise en scène, ses réinterprétations riches et son scénario dense, plus complexe qu'il n'y paraît et qui devrait nous immiscer toujours plus dans des tréfonds sales de l'humanité (entre autres), Devilman commence de la meilleure des manières. L'oeuvre a très bien vieilli, et on comprend déjà aisément tout ce qu'elle a pu apporter à son époque.

L'édition de Black Box est à l'image de celle de Goldorak. Le papier est un peu transparent bien que de qualité, il y a quelques couacs textuels (notamment la répétition d'une phrase p187), et la qualité d'impression des pages n&b du premier chapitre n'est pas toujours au top. Mais à côté de ça, le grand format permet d'apprécier pleinement tout le travail de Nagai, et les premières pages en couleur sont de toute beauté.
Image

Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10745
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Re: Devilman

Message non lu par Koiwai » 10 juin 2015, 18:35

Tome 2 :

Depuis qu'il est parvenu à s'approprier la conscience du démon Amon, Akira peut devenir Devilman, être mi-homme mi-démon suffisamment fort pour lutter contre les créatures démoniaques menaçant d'anéantir l'humanité pour reprendre le contrôle de la Terre. Mais évidemment, du côté des démons, on ne voit aps d'un bon oeil cette situation. Sirène, harpie qui autrefois admirait Amon, est réveillé par Zénon le grand roi des démons afin d'aller tuer Devilman. Avec ses deux sbires, Agwel le messager des enfers et Gelma qui est capable de ne faire qu'un avec l'eau, elle se rend chez les Makimura, prête à exécuter sa sentence...

Après une longue et efficace mise en place qui annonçait très vite l'ambiance sombre de la série, Devilman s'offre un second volume dominé par le long affrontement contre Sirène et ses deux sbires, long de quasiment 200 pages sur les 270 que compte le tome. Doucement, on voit les démons s'immiscer dans l'habitation des Makimura, prêts à s'abattre sur leurs proies, notamment Gelma qui se prépare à attaquer la pauvre Miki dans son bain... Avec sont rait sombre, les apparition plus ou moins persistantes des démons et une mise en scène travaillée, Gô Nagai s'applique à installer une ambiance de mort et de danger aussi sombre qu'angoissante, avant que le rythme ne s'accélère dès que la bataille commence réellement. A la hargne vengeresse de Sirène répond la rage haineuse de Devilman, prêt à tout pour accomplir sa mission au fil d'un combat très dynamique, intense, violent et sanglant qui trouve son point d'orgue en pleine forêt. L'escalade de violence est palpable, certaines pages accentuent considérablement cette atmosphère (la brève scène de transformation d'Akira en Devilman dégage une rage folle) et on se prend totalement dans ce conflit qui n'a pas pris une ride.
Mais l'affrontement n'est pas gratuit, loin de là. Car au fil de cette déferlante de violence qui va crescendo, on voit doucement apparaître une certaine bonté inattendue du côté démoniaque, à travers le démon Caym qui fusionne et se sacrifie pour celle qu'il semblait aimer... Contre toute attente, les démons seraient-ils finalement capables d'avoir des sentiments ? La question est posée, alors même que de son côté Devilman, dans sa rage, semble de moins en moins doté de sentiments.

L'affrontement trouve finalement sa conclusion dans le chaos, non sans souligner une dernière fois la beauté de Sirène, faisant ainsi écho aux premières pages en couleur (une nouvelle fois sublimes). Et la suite du tome n'atténue aucunement l'ambiance sombre, bien au contraire, en offrant deux nouveaux drames violents et marquants, d'autant qu'ils touchent des enfants. Après un chapitre mettant en avant le destin horrible du petit Susumu, Akira doit affronter un nouveau démon lors d'un combat dont l'issue, inéluctable, signe la perte d'un être cher. Gô Nagai n'épargne rien, laisse entrevoir la façon dont les démons s'insinuent de plus en plus parmi les humains, et en profite pour distiller une critique violente des maux humains qui risquent fort de mener l'humanité à sa perte. Augmentation de la population planétaire alors que les ressources sont insuffisantes, absence apparente d'ennemis naturels, enfants battus... Cette fois-ci la série est bel et bien lancée et promet d'être encore plus sombre, plus enragée et plus riche par la suite.
Image

Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10745
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Re: Devilman

Message non lu par Koiwai » 11 juin 2015, 15:29

Tome 3 :

Pendant qu'Akira se fait aux pouvoirs d'Amon en tant que Devilman, son ami Ryô Asuka, lui, a acquis un autre pouvoir : celui de voyager à travers le temps, afin de combattre les démons qui se sont immiscés dans certains grands bouleversements de l'Histoire humaine.
Et ce sont pas moins de 5 chapitres plutôt indépendants de ce type qui occupent quasiment les 200 premières pages du tome, et au fil desquels Gô Nagai, parfois en collaboration avec d'autres auteurs, revisite à sa sauce certains événements historiques : Jeanne d'Arc, la naissance de l'antisémitisme d'Hitler à Vienne en 1913, Niké de Samothrace, les prémisses de la Révolution Française avec les errances de Marie-Antoinette, et l'horreur du conflit de Little Big Horn opposant les Sioux et les Cheyennes à l'armée américaine, sont les différentes époques et différents lieux que l'auteur revisite à sa sauce. En quelques dizaines de pages à chaque fois, Nagai va plutôt à l'essentiel, et le fait d'excellente manière, les démons rencontrés mettant surtout en exergue certaines des facettes les moins glorieuses de notre Histoire, entre inégalités, racisme et massacres. A nouveau, les démons sont surtout un moyen pour le mangaka de critiquer violemment les pires affres humaines, car si les démons n'ont en réalité pas existé dans notre Histoire, tous ces événements, eux, ont vraiment eu lieu... et ça fait froid dans le dos. En filigranes, notons aussi le très vague focus sur les penchants sexuels de Ryô, même si cela n'apporte strictement rien pour l'instant.

La dernière partie du tome, elle, revient à l'intrigue principale, dans le Japon des années 1970, et voit Akira confronté à un nouveau démon se servant d'araignées pour contrôler les autres adolescents du lycée. S'en suit un combat toujours aussi bien rendu par les planches intenses et immersives de l'auteur, pour un final qui risquerait bien de changer la donne par la suite... Affaire à suivre !

Les dessins de l'auteur sont à nouveau très virulents. Nagai n'épargne pas les innocents, les morts sont nombreuses et violentes, la mise en scène reste très travaillée, et certaines doubles-pages mettant en valeur les personnages sont saisissantes, comme les p186-187.

Toujours aussi sombre et violent, Devilman voit Nagai tirer plus que jamais sur les horreurs humaines. On apprécie énormément les nombreuses pages en couleur et en bichromie de ce tome, encore plus présentes que dans les deux premiers opus, tout comme on reste toujours aussi séduit par la verve et l'intensité narratives et visuelles de l'auteur.
Image

Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10745
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Re: Devilman

Message non lu par Koiwai » 16 juin 2015, 07:21

Tome 4 :

Après un premier chapitre bénéficiant de nouvelles pages couleur sympathiques, offrant un bref combat contre un démon et confirmant la relation entre Akira et Miki, l'heure est venue pour Gô Nagai d'accélérer le rythme et d'intensifier le chaos ambiant avec un événement s'ouvrant sur une page s'adressant directement au lecteur, comme pour mieux l'inclure dans l'apocalypse qui s'apprête à avoir lieu : soudainement, un peu partout dans le monde, des humains commencent à perdre pied et à se transformer en des créatures difformes et effrayantes. Certaines s'effondrent, mortes, tandis que d'autres survivent et commencent à semer le chaos en massacrant quiconque se trouve sur leur chemin : sous l'égide du roi des démons Zénon lui-même aux ordres du roi Satan, les démons se mettent à fusionner avec n'importe quel humain, y compris ceux qui ont encore leur raison. Quitte à en mourir, ils sont désormais sur l'offensive, prêts à éradiquer l'espèce humaine. Leur existence est désormais connue de tous, et c'est une véritable plongée en enfer que nous offre Gô Nagai dans un tome ne laissant absolument aucun répit.

Hommes, femmes, enfants et même bébés : absolument tout le monde y passe dans un amas de violence parfaitement rendu par le mangaka, qui offre un rendu visuel complètement fou pour son époque, porté par une mise en scène bluffante où les petites cases au rythme frénétique succèdent aux plans larges croquant un chaos global. L'auteur offre de vrais coups d'éclat, qui dégagent parfaitement toute l'ambiance sombre et violente ainsi que les sentiments naissant chez les personnages, à commencer par la furie qui naît en Akira/Devilman aux pages 192-193.

Ce climat totalement apocalyptique sert parfaitement le propos profondément pessimiste de l'auteur sur l'espèce humaine.
Pendant qu'Akira espère pouvoir monter une armée de Devilmen pour s'opposer aux démons, il doit d'abord s'opposer aux idées d'un Ryô qui semble avoir beaucoup changé et qui pense qu'il vaut mieux observer les choses pour l'instant, quitte à ce que de nombreux humains périssent. Notre héros peut-il encore sur son ami ? Que cache Ryô ?
Mais en attendant de voir ce que Ryô réserve, c'est surtout un autre élément que Nagai met en avant : la peur, la pire des faiblesses humaines, qui commence à s'emparer de tout le monde. La psychose collective arrive, au point qu'une chasse aux démons finit par se mettre en place et, telle la chasse aux sorcières du Moyen-Âge, menace encore plus l'humanité. Quant aux armes humaines, qu'il s'agisse des armes à feu, des avions ou de l'arme nucléaire, serviront-elles seulement à quelque chose ? Ne risquent-elle spas de se retourner contre l'humanité ?

Bien au-delà d'une simple guerre entre humains et démons, Gô Nagai croque ce qu'il peut y avoir de pire en l'être humain. La peur, la folie et la bêtise proprement humaines sont étalées avec une violence et une force inouïes. Les humains sont-ils réellement les maîtres sur Terre ? La réponse arrive au fil du tome, encore renforcée par les informations sur la composition des démons, métaphore d'une révolte de l'ensemble des êtres vivants de la planète contre l'humanité. De même, on se régale devant les nouvelles interprétations à connotation religieuses de l'auteur, qui revisite ici l'Apocalypse de Saint Jean.

C'est une humanité qui court d'elle-même à sa perte que Nagai, profondément pessimiste et violent, dépeint avec force, non sans nous secouer et sans nous pousser à nous questionner sur notre existence. Incroyablement sombre et visionnaire, la série confirme son statut d'oeuvre culte, et on devine largement que les choses ne pourront que mal finir.
Image

Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10745
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Re: Devilman

Message non lu par Koiwai » 19 juin 2015, 07:36

Tome 5 :

La révélation au monde entier de l'existence des démons a poussé les humains dans leurs pires retranchements. Pendant que le Pr Rainuma mène d'atroces expériences sur les démons capturés et est le point de départ d'un plan de survie horrible, les hommes, enfoncés dans leur peur, laissent éclater leurs plus terribles facettes pour ne pas perdre pied et tenter de retrouver leur sentiment de supériorité face à des ennemis plus forts qu'eux. Et pour évacuer ses angoisses, quoi de mieux que de s'en prendre à d'autres hommes ? Ainsi, une impitoyable chasse aux démons, digne de la chasse aux sorcières du Moyen-Âge, est mise en place. Les démons à apparence humaine sont traqués de toutes parts, le moins doute sur l'identité d'un homme lui vaut d'être abattu... La folie humaine se réveille, petit à petit, allant toujours plus loin dans l'horreur au fil des pages. Gô Nagai accentue à merveille cette horreur en offrant des planches toujours plus sombres, toujours plus violentes (femmes, enfants sont massacrés sans discernement), portées par de véritables coups d'éclat dans la mise en scène et par des dessins où, petit à petit, les hommes perdent leur forme humaine. Leur silhouette devient plus incertaine, seuls leurs regards emplis de haine, de folie et de sadisme percent avec effroi... Une manière brillante de dégager toute leur perte d'humanité. Les démons n'ont plus qu'à observer, sans agir, la chute d'une humanité qui court d'elle-même à sa perte. Dans cette ambiance apocalyptique, qui sont réellement les démons ? Ne sont-ce pas les humains ?

Nagai nous livre sa réponse à cette question à travers un personnage, Ryô Asuka, qui finit par découvrir d'où lui viennent ses visions, qui il est réellement, et quel était l'objectif réel de son père. Pendant que la vérité se dévoile et finit d'enfoncer l'oeuvre dans son ambiance chaotique, l'auteur finit de réinterpréter à sa sauce certains mythes religieux, ici l'histoire Satan en tant qu'Ange déchu, dont l'apparence plutôt immaculée contraste à merveille avec la noirceur de l'humanité.

Pourtant, Akira, notre Devilman, veut encore croire en l'espèce humaine. Quand son identité est révélée, il devient l'objet de toutes les traques, alors même qu'il se bat pour protéger les hommes. Mais il poursuit son combat, porté par ce qui lui reste de foi en l'homme. Une foi à un peu plus brisée à chaque nouvelle découverte des horreurs que ses compagnons humains sont en train de commettre. Mais une foi qui existe encore, tant qu'il reste sa plus fidèle compagne, ultime figure d'innocence de la série... Arrivent alors les pages 170 à 210, parmi ce qu'on a pu voir de plus horrible en manga, d'une violence encore plus forte,d 'une mise en scène encore plus dense, et scellant définitivement un grand final profondément pessimiste et marquant.

Quand Devilman est sorti au Japon, l'oeuvre fit l'effet d'une bombe, choqua par son absence totale de bien-pensance et par son portrait profondément violent de l'humanité. Oeuvre d'un genre nouveau pour son époque, elle ne laissa aucun lecteur indifférent et a fasciné plus d'un artiste, beaucoup affirmant même y avoir trouvé de nombreuses inspirations (ne serait-ce qu'Hideaki Anno pour les interprétations de la mythologie religieuse dans Evangelion). Plus de 40 ans plus tard, la série n'a pas pris une ride et reste l'une des lectures les plus fortes que l'on peut avoir en manga, tant pour son propos puissant que pour ses planches denses et travaillées. Un must absolu.
Image

Avatar du membre
Luciole21
Génie lambda
Messages : 1152
Enregistré le : 17 janv. 2012, 22:26
Localisation : Inconnue

Re: Devilman

Message non lu par Luciole21 » 09 juil. 2015, 15:37

Eh ba, voilà un manga qui va me marquer très longtemps. Le peach de départ est super basique, mais le traitement est juste exceptionnel. Akira et Ryo font partie des personnages les plus intéressants que j'ai vu dans un manga, le récit est vraiment choquant tant il est violent (et pourtant, j'en lis des trucs violents), surtout quand on sait qu'il date du début des années 70 (je comprends qu'il ai marqué les lecteurs de l'époque :shock: ).
Bref, rien de plus à dire que Koiwai : un must have.
Image

Dernier coup de cœur manga : Chiisakobe (Minetaro Mochizuki)
Dernier coup de cœur franco-belge : Septs Nains (Lupano)
Dernier coup de cœur comics : Bone (Jeff Smith)
Dernier coup de cœur roman : La horde du contrevent (Alain Damasio)
Dernier coup de cœur film : Perfect Sense
Dernier coup de cœur jeux vidéo : Portal 2

Platineur débutant : http://www.psthc.fr/profil-psn-Coeluli. ... c7dbc3d294

Répondre