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Tome 1 :
Après le regretté Broken Blade et le très sympathique Husk of Eden, le nouveau récit guerrier des éditions Doki-Doki se nomme Wizard of the Battlefield, une oeuvre qui se terminera au Japon en ce mois de juin 2015 avec son 3ème tome et qui nous permet de découvrir en langue française le mangaka Daisuke Hiyama.
Au sein du Grand Empire Bandchou, certaines personnes assez rares étaient autrefois vues d'un mauvais oeil : celles ayant un pouvoir surnaturel qui leur valaient le surnom de sorciers. Mais en l'an 900 du calendrier continental, leur existence fut enfin officiellement acceptée avec la reconnaissance de la magie, bien qu'une certaine ségrégation envers les êtres dotés de pouvoirs magiques subsiste un peu partout.
Nous sommes désormais en l'an 915, et Haru Amagi est l'une de ces personnes ayant un pouvoir : celui de pouvoir distinguer les vies humaines, que celles-ci soient cachées derrières des murs, camouflées dans le brouillard... ce qui s'avère fort pratique en cas de guerre. C'est ainsi que la jeune orpheline, dans le cadre d'un conflit contre la Répulique de Lordland, fut conscrite au sein d'un bataillon, le "Bataillon Furusawa". Elle qui était jusque là méprisée à cause de son pouvoir trouva en ce bataillon des hommes qui l'accueillirent avec le sourire et sans le moindre préjugé, si bien qu'elle s'est mise à les considérer comme une famille, et que c'est avant tout pour les protéger qu'elle tue inlassablement les ennemis à l'aide de son pouvoir, forgeant ainsi sa légende de "Diable Noir".
Mais soudainement, le bataillon est entièrement décimé par un mystérieux officier ennemi parvenu à s'infiltrer. Haru, seule survivante, vient de perdre tous ses camarades qu'elle aimait tant. Et en elle naît une profonde envie de vengeance. Elle le jure : elle retrouvera et tuera cet officier ses ses sbires, jusqu'à ce que sa soif de vengeance soit rassasiée...
Une histoire de vengeance dans un univers plutôt orienté fantasy où une guerre entre deux nations a lieu : concrètement, on ne peut pas dire que le fil conducteur de Wizard of the Battlefield soit spécialement original, mais le résultat s'avère particulièrement efficace.
Après une mise en place assez rapide mais limpide, expliquant clairement le contexte (le conflit, le rôle que les sorciers/surdoués y tiennent, la façon dont on peut encore les considérer comme des parias malgré tout...) et ponctuée de notes d'humour sur le "Bataillon Furusawa" dégageant bien l'ambiance de famille que Haru y trouve, les choses sérieuses commencent avec la disparition du fameux bataillon et les débuts de la quête vengeresse de notre héroïne. Une quête qu'elle souhaite solitaire, afin de ne plus être blessée par la perte d'êtres chers et de faire en sorte que personne ne la regrette si elle en venait à mourir. Mais qu'elle le veuille ou non, elle devra bien se faire à la présence de nouvelles rencontres en intégrant une nouvelle équipe.
Parmi ces rencontres, il y a notamment Kaoru Kondô, un jeune aide-soignant ayant un pouvoir de "guérison" qu'il peine à utiliser depuis un traumatisme d'enfance, ou encore le lieutenant Tetsunoshin Kurakata, un homme aussi désinvolte que mystérieux semblant rechercher quelque chose de précis. Le premier commence déjà à évoluer, le deuxième amène quelques énigmes intrigantes, pour un résultat facilement immersif.
Mais le camp ennemi n'est pas en reste avec quelques figures qui se démarquent déjà, à commencer par le lieutenant Elsa Schneider, la cible de Haru que tout le monde nomme "Altesse". Ou encore le sous-lieutenant Schirah, adversaire ayant un don redoutable...
Au fil du volume, il y a donc une petite palette de personnages plutôt efficace qui se met en place, mais qu'on se le dise, c'est bien Haru qui fait tout le sel de ce volume ! Sous ses allures de gamine binoclarde, elle est une redoutable tueuse qui s'est taillée une solide réputation, réputation qui n'est toutefois pas suffisante pour que tout le monde la respecte, puisque le dénigrement envers les "surdoués"/sorciers peut encore être présent. Mais qu'elle soit crainte, admirée ou méprisée, Haru s'en balance royalement ! Elle n'est pas du genre à faire de cas de tout ça, et, mieux encore, n'hésite jamais à se lever contre les médisances, à s'énerver et à dire cash et dans un langage plutôt fleuri ce qu'elle pense, ce qui s'avère franchement amusant à plusieurs reprises ! On tient là une jeune héroïne qui, dans son genre, s'avère bien badass comme il faut... ce qui ne l'empêche aucunement d'être attachante, voire un peu touchante puisqu'elle cache clairement des fragilités derrière sa coquille de fille solitaire et caractérielle.
A cela, ajoutons un coup de crayon rudement efficace. Assez simple mais soigné et expressif, le design des personnages fait très bien son office, de même que les décors qui sont à la fois clair et assez travaillé, offrant même plus d'une fois des paysages originaux et immersif : forêts aux grands arbres, canyons, ville plongée dans l'enfer de la bataille... Il faut aussi signaler la limpidité des scènes de combat, dynamiques et bénéficiant souvent d'une vrai talent de mise en scène, avec un découpage et des angles de vue très bien choisis.
En somme, on tient là une entrée en matière très efficace ! Avec son univers et son scénario plutôt simples mais bien exposés, son absence de temps morts, ses visuels réussis et surtout son héroïne excellente dans son genre, Wizard of the Battlefield a tout du divertissement prometteur, d'autant que les dernières pages du tome proposent déjà un bon petit climax. La principale crainte concerne la brièveté de la série (seulement 3 tomes), mais seule la lecture de la suite nous dira si ces craintes sont fondées ou non.
L'édition comporte quelques petites coquilles : une bulle vide, un oubli de mot au début, Kurakata qui devient Kurata à un moment... Mais pour le reste, c'est très satisfaisant. Notons que la traduction est assurée par un nom que l'on n'avait encore jamais vu : Tonton Yaya. Et le travail effectué est vraiment efficace, très vivant et immersif, surtout grâce au langage de Haru !