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Tome 1 :
Dans un Japon plutôt futuriste, tous les élèves doivent se connecter au neuro-linker, un appareil mis au point 15 ans auparavant et se connectant indirectement au cerveau via un mécanisme quantique afin d'accéder à un univers virtuel, copie du monde réel, où les adolescents peuvent profiter de leurs cinq sens. Ce système permet bien des choses, dont le contrôle de la présence des élèves au collège. Mais sa création a également amené autre chose : Brain Burst, une application à installer sur le neuro-linker, et profitant de cet univers virtuel pour offrir un jeu de combat en immersion où chaque participant possède son propre avatar.
Tel est l'univers proposé dans Accel World, une oeuvre qui est à l'origine une série de light novels de Reki Kawahara, le célèbre auteur de Sword Art Online. Publiée depuis 2009 au Japon et toujours en cours en ce mois de juin 2015 avec 17 romans au compteur, la saga connaît depuis 2010 une adaptation en manga dessinée par Hiroyuki Aigamo, et qui est celle qui nous intéresse ici. Un autre manga spin-off a également démarré au Japon en 2012, mais c'est bien la version animée qui, aussi en 2012, a commencé à grandement populariser l'oeuvre hors du Japon.
D'ailleurs, il n'y aura pas de surprise dans ce premier tome pour les spectateurs de l'anime, qui retrouveront fort logiquement le jeune Haruyuki, collégien profondément mal dans sa peau : petit, gros et timide, il connaît depuis toujours les pires brimades au point qu'il en est arrivé à avoir envie de mourir. Ses seuls soutiens ? Chiyuri et Takumu, ses deux amis d'enfance... mais là non plus la situation n'est pas forcément facile, car ces deux derniers sortent désormais ensemble, Takumu est dans un autre collège, et Chiyuri montre pour Haruyuki une forte inquiétude que notre héros ressent de plus en plus comme de la pitié, au point de parfois se montrer virulent sans raisons envers elle et de vite le regretter...
Si, dans le fond, Haruyuki est le prototype même du personnage principal n'ayant rien pour lui et qu'il réunit tous les clichés du genre, le fait est que le récit parvient très vite à le rendre attachant à nos yeux, tant on cerne bien tout le malêtre qui réside en lui... et puis son physique tout rondouillard lui confère un aspect plutôt adorable.
Mais alors qu'il est au fond du gouffre, le jeune garçon a la surprise d'être abordé par la princesse Kuroyuki ! Présidente du conseil des élèves, elle est la plus belle fille du collège et attire sur elle tous les regards, mais sa nature froide et distante fait que personne n'ose vraiment l'approcher... Et c'est elle qui va vers Haru, le pestiféré du collège ! Haru ne supportant pas vraiment attirer les regards, le voila servi... Mais pourquoi la belle et inaccessible Kuroyuki est-elle venue lui parler ? Hé bien, pour lui demander d'installer le fameux jeu Brain Burst et l'aider à accomplir son mystérieux objectif...
L'arrivée de Haruyuki dans le jeu est ainsi l'occasion pour nous lecteurs d'en cerner petit à petit le fonctionnement et les enjeux, pour un résultat qui s'avère assez immersif puisque les nombreuses informations, malgré quelques termes technique plus délicats, sont amenées avec parcimonie et sont faciles à emmagasiner. Le concept des avatars, des niveaux et des couleurs, la façon de combattre, ce que recherchent les joueurs à travers ce jeu, la raison faisant qu'il n'y a que des adolescents qui y participent... Tout se met bien bien en place et concorde de façon logique, pour un résultat que l'on ne qualifiera pas forcément de très original (du combat virtuel avec des avatars, quoi), mais qui s'avère bien pensé et suffisamment riche pour nous promettre un bon divertissement. Et si Kuroyuki, à l'instar de Haruyuki, est un cliché sur pattes (la beauté du lycée distante et présidente du conseil), elle dégage facilement quelque chose de fascinant et de mystérieux qui se confirme en fin de volume, quand se dévoilent les raisons l'ayant poussée à prendre contact avec Haruyuki et ses réels desseins dans le jeu. Et par la me^me occasion, à travers ses actes du passé dans le jeu, on découvre une demoiselle un peu plus ambiguë.
Visuellement, Accel World n'est apparemment que le deuxième manga professionnel de Hiroyuki Aigamo après Trinity x Venus (inédit en France à ce jour), et cela se ressent un peu à travers un coup de crayon qui n'a rien de très dense pour le moment, surtout au niveau des décors qui sont plutôt pauvres et des scènes de combat qui sont franchement limitées. Par contre, le mangaka se rattrape facilement avec sa fidélité au design des illustrations des light novels originaux. Que ce soit pour le physique rondouillard assez adorable de Haruyuki (encore plus sous sa forme de cochon !), la beauté fascinante de Kuroyuki (et ne parlons pas de son hypnotique avatar de machaon), ou les personnages secondaires comme Chiyuri, cet aspect est plutôt plaisant.
Reki Kawahara troque ici l'univers MMORPG de Sword Art Online contre une sorte de jeu virtuel prometteur. Le jeu même est plutôt classique, les héros sont de bons gros stéréotypes, la possible révélation de fin de tome sur Chiyuri est prévisible au possible, mais dans l'immédiat l'ensemble s'avère suffisamment bien pensé et bien mis en place dans cette version manga pour parvenir à nous prendre au jeu. Affaire à suivre !