GTO Paradise Lost

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
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Koiwai
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GTO Paradise Lost

Message non lu par Koiwai » 08 oct. 2015, 15:39

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La fiche sur le site


Tome 1 :

En cette rentrée marquée par la triple actualité de Tôru Fujisawa chez Pika Edition, le deuxième round est marqué par le retour du plus indestructible, fou et pervers des professeurs : ce cher Eikichi Onizuka ! Après Young GTO qui présentait la jeunesse de loubard d'Eikichi, le cultissime GTO, puis l'inégal GTO Shônan 14 Days qui présentait les 2 semaines d'absence d'Onizuka à un moment de GTO, c'est désormais une suite directe de GTO qui nous attend.

Paradise Lost prend place deux ans après GTO. Onizuka a désormais 24 ans, est toujours célibataire donc toujours puceau, et se prépare à une nouvelle année scolaire qui va lui procurer quelques changements majeurs, puisque de professeur au collège, il passe désormais à professeur au lycée ! Plus précisément, sur la demande de la directrice générale Sakurai, le voila propulsé au rang de professeur principal adjoint de la classe G, qui a pour particularité de regrouper des stars du showbiz, allant de l'idol ultra populaire à l'acteur débutant.
Vous connaissez notre cher Onizuka : tout de suite, ses rêves d'épouser une lycéenne voire une starlette reviennent au galop, et il se voit déjà au paradis en arrivant dans cette classe. Seulement, c'est une classe loin d'être facile qui l'attend. Une classe où règne une hiérarchie bien précise, et que les précédents professeurs n'ont jamais pu canaliser. Pire, l'année précédente, la professeure principale a donné un coup de couteau à un élève, un adolescent a tenté de se suicider... Bref, ce qui attend Eikichi, c'est une classe difficile qu'il devra remettre dans le droit chemin.

Quand on est fan d'Onizuka, on le retrouve forcément avec un certain plaisir, d'autant qu'il n'a rien perdu de son caractère si spécial ! Toujours assez pervers et capable de se mettre dans des situations improbables, il reste également un professeur de choc et le montrera dès ce premier volume avec ses méthodes bien à lui, où il n'hésitera pas à malmener la belle image de ses élèves-stars trop prétentieux, non sans montrer toute son extravagance (par exemple en se faisant passer pour un homme masqué). Et c'est en sa compagnie que l'on découvre rapidement la classe dont il devra s'occuper aux côtés de la belle prof principale Nana Sawada, une ancienne mannequin. Mais concrètement, côté présentation des personnages, pour l'instant on reste un peu sur notre faim, car il n'y a pas encore de figure forte se dégageant parmi les élèves. Seul Tetsuya, premier opposant direct d'Onizuka, sort légèrement du lot, mais cela reste maigre et il faut se contenter d'une présentation générale basique où l'on ne retient quasiment aucun nom. Les deux éléments les plus mis en avant restent la fameuse hiérarchie instaurée en classe et qu'Onizuka a bien l'intention de briser pour mettre tous les élèves sur un pied d'égalité, et la présence d'une figure bien connue et décidément aussi indispensable qu'Onizuka à l'univers GTO : ce cher Uchiyamada, doté d'un nouveau rôle, mais toujours aussi malmené par notre héros !

Bref, on retrouve les principaux éléments de GTO... et c'est là que se situe le problème, car pour l'instant, on se contente de ça. Fujisawa reprend ses principaux personnages qui n'ont pas changé du tout, autour desquels il met en place une palette d'élèves où l'on devine déjà doucement des archétypes qui furent présents dans GTO. Il faudra attendre de voir ce que donnera le statut de stars des élèves. A part ça, les premiers plans de notre cher Great Teacher pour recadrer ses élèves sont peu recherchés, basiques, voire invraisemblables (le gars a le temps de creuser un trou si grand sur le terrain de l'école et sans que personne ne capte ça ?). Et l'auteur, dans son goût avéré pour le "too much", en fait déjà des tonnes sur le fameux côté "indestructible" d'Onizuka lors du saut depuis le haut du toit. On accrochera ou non à cet aspect privilégiant le fun ou le spectacle sur la vraisemblance.

Pour l'instant, rien de surprenant, donc. Dans cette entrée en matière, Fujisawa se contente de reprendre tous les poncifs qui ont fait son succès sur GTO, mais avec moins d'impact et sans la surprise. On a envie de dire qu'il ne se foule pas, mais la lecture n'est pas forcément désagréable. Et puis, au moins une énigme est bien entretenue : celle du début de tome, où on le découvre en prison avant qu'il ne raconte les événements de la série... Comment en est-il arrivé là ?

Enfin, on peut se demander si l'on reverra les collégiens dont il s'occupait dans GTO. Après tout, seulement deux ans se sont écoulés, donc désormais ils devraient eux aussi être au lycée...

Une entrée en matière pas mauvaise mais un peu paresseuse pour un auteur qui se repose surtout sur ses acquis.

L'édition de Pika, comme pour Ino-Head Gargoyle, est agréable à prendre en main et ne comporte aucun gros problème.
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Re: GTO Paradise Lost

Message non lu par Koiwai » 07 mars 2016, 19:37

Tome 2 :

Devenu le professeur principal adjoint d'une classe en difficulté de lycéens stars du showbiz, Eikichi Onizuka s'est déjà fait un ennemi en la personne de Tetsuya Niizaki, adolescent trop fier de lui et membre de "Samurai", un boy's band à la mode. Piégé par ce dernier, le Great Teacher n'a pas tardé à prendre sa revanche... mais est loin d'en avoir fini avec ce gamin prétentieux. Car Niizaki ne supporte pas qu'on s'oppose à lui, et, pour se venger, n'hésitera pas à utiliser ses fans, y compris la plus dangereuse de toutes...

Après un premier volume qui se laissait lire mais manquait de panache, ce deuxième opus poursuit le conflit d'Onizuka contre Niizaki tout en remettant peu à peu en place les grands éléments classiques de la saga GTO. Ainsi, on sent que Fujisawa se fait plutôt plaisir en remettant en avant les malheurs de cette pauvre victime collatérale qu'est Uchiyamada avec sa voiture, ainsi que les petits frasques perverses d'Onizuka, ou même les dégaines de certains groupies agressives de Niizaki (avec un petit clin d'oeil au genre sentaï que le mangaka adore). L'humour est bien là, porté par l'aspect too much de certaines scènes, par la chance insolente du Great Teacher (sauvé par un magazine érotique, wow)... Pas de quoi bouder son plaisir quand on veut du GTO, d'autant que la dernière partie du volume exploite assez efficacement, via la figure de la fan psychopathe Sadako, toute la folie que peuvent montrer les hystériques groupies de ce genre de groupe à minettes. Sans oublier le plan final d'Onizuka pour faire ouvrir les yeux non seulement à Niizaki mais également à Sadako, plan qui s'avère un brin excessif, comme sait si bien le faire Onizuka, et il fallait bien ça pour faire prendre conscience de certaines choses à Niizaki et lui faire ravaler sa fierté mal placée.

Mais bien que la lecture décolle un peu plus par rapport au premier tome, il reste encore en bouche un goût de facilité et de manque de développement. En effet, on ne peut pas dire que le focus sur le passé de Niizaki, enfant-star ne supportant pas d'être soudainement mis à l'écart et ayant accepté certaines choses difficiles pour rester dans le showbiz une fois devenu lycéen, soit très recherché : la vision que l'on a de son parcours reste on ne peut plus basique et se contente de grands lignes superficielles et toutes faites. Quant à Sadako, il n'y a en réalité aucun développement sur elle, rien ne venant expliquer pourquoi elle est devenue comme ça. Peut-être que les choses seront un peu plus approfondies dans le troisième volume, qui devrait visiblement conclure cette première "affaire".

Avec ce deuxième volume, GTO Paradise Lost continue de trouver petit à petit ses marques, et Fujisawa de renouer avec sa vieille recette. Cette première affaire qu'est celle de Niizaki reste pour l'instant très basique et artificielle, mais est plutôt efficacement menée et replonge peu à peu le lecteur dans le bain.
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Re: GTO Paradise Lost

Message non lu par Koiwai » 07 mars 2016, 19:38

Tome 3 :

Le piège extrême d'Onizuka s'est refermé sur Niizaki... Le jeune membre hautain du boy's band Samurai en ressortira-t-il grandi ? Prendra-t-il conscience de la gravité de ses actes, du mal qu'il a fait à Sadako, et de l'importance que son groupe a pour lui ? Réponse dans un début de volume qui conclut cette partie de façon somme toute très rapide et basique tant les changements chez Niizaki se font du tout au tout, mais néanmoins suffisamment efficace pour ne pas vraiment décevoir, d'autant que certains éléments certes prévisibles viennent amuser un peu, à l'image de la nouvelle "passion" de Sadako.

C'est plutôt la partie suivante qui vient alors laisser le lecteur sur sa faim, alors même qu'elle commence de façon prometteuse, non seulement parce qu'elle met en avant ce cher Uchiyamada, mais aussi parce qu'elle promet d'aborder un sujet aussi actuel que délicat et dangereux : les lycéennes exhibant leur corps sur internet. En effet, le brave Uchiyamada va connaître quelques problèmes de ce type avec sa fille adorée Yoshiko, ce qui va forcément le mettre dans tous ses états... Mais qu'en est-il réellement concernant Yoshiko ? Est-ce bien elle que le papa a cru reconnaître sur des photos vues sur le net ? Et que vient faire Onizuka là-dedans ?
Le sujet est intéressant et promet d'abord de renouer pleinement avec l'aspect sociétal que Fujisawa instaure régulièrement dans la saga GTO, et cela part plutôt bien car le mangaka trouve un équilibre plaisant entre l'humour porté par les déboires d'Uchiyamada, un aspect plus touchant autour de la volonté de ce père de protéger sa fille, et la possibilité du dégarni d'enfin redorer un peu son blason auprès de sa femme et de sa fille qu'il tente de nourrir à force de travail mais qui sont loin de le tenir en estime malgré ça. Hélas, des éléments viennent vite entacher ces belles promesses : la tendance de Fujisawa à en rajouter une couche autour des images de poitrines juvéniles dénudées pour trois fois rien alors qu'on a déjà bien compris l'idée, et, surtout, la conclusion de ce passage, plutôt aberrante en ne soulignant rien et en brisant ce qui venait d'être construit sous couvert d'un habituel gag où le pauvre Uchi tombe de haut. Au final, pas de vraie critique ou de réel portrait de cette pratique lycéenne, pas d'évolutions dans le lien du père et de sa fille, et pas de salut pour un pauvre Uchiyamada qui semble encore et toujours devoir n'être qu'un faire-valoir humoristique à un Fujisawa qui s'enfonce là dans le mauvais goût, nous divisant entre sourires contenus et malaise certain.

La dernière partie du tome, amenant une nouvelle affaire, relève-t-elle le niveau ? Oui et non. Oui, car via la demande d'enlèvement de Natsu Ooishi, jeune actrice montante mais semblant vite tourmentée, Fujisawa aborde une thématique délicate autour de ce que les stars peuvent être contraintes de faire vis-à-vis de producteurs et supérieurs sans morale. Et non, car la thématique a déjà été vue un paquet de fois (ne serait-ce que brièvement dans le tome précédent de cette série avec le cas Niizaki), le mangaka n'y amène rien de neuf, ne l'aborde qu'en surface et rapidement si bien qu'on ne s'attache même pas à Natsu, et a plus tendance à pencher du côté de son humour graveleux, pour un résultat mal équilibré et peu touchant. Restent les toutes dernières pages, qui annoncent une suite musclée pour cette affaire !

Résultat : un tome très mitigé, où Fujisawa se complaît dans sa vieille recette sans y trouver pour l'instant l'équilibre qui a apporté autrefois tant de moments inoubliables à la saga GTO, incapable qu'il est de travailler réellement ses personnages adolescents et son portrait de société, et préférant s'enfoncer dans un humour répétitif qu'il accentue de plus en plus lourdement.
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