Space Travelers

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
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Koiwai
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Space Travelers

Message non lu par Koiwai » 06 nov. 2015, 13:31

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Avant le succès Blue Exorcist, il y avait Space Travelers. Dessinée en 2005-2006, la toute première série de Kazue Katô est terminée en 5 tomes et a été prépubliée chez Kôdansha dans le magazine Shônen Sirius. Au programme : une épopée galactique qui se veut très rythmée.

Tout commence par notre rencontre avec Robin, un jeune garçon qui semble vivre seul sur Planetoïd au fin fond du système solaire depuis la disparition de son père. Naïf mais jovial, il attend gentiment son anniversaire tout en veillant à respecter à la lettre les trois règles imposées par son paternel avant sa mort : ne jamais ouvrir une porte de son habitation qui a été soigneusement fermée, ne jamais répondre à la "voix des ténèbres" se faisant entendre derrière cette porte, et veiller à ne pas manger plus de dix fois par jour. De même, il a toujours gardé en tête les paroles de son père sur l'importance d'avoir des amis, et, depuis, rêve d'en trouver un.
Mais c'est précisément le jour de son anniversaire que son destin va basculer et va l'amener à enfreindre les règles, avec l'arrivée sur sa planète d'Usa, un sélénoïde (lapin humanoïde). Robin décide tout de suite de le considérer comme un ami, mais Usa est loin de vouloir en faire autant : évadé du pénitencier de Pluton, il ne pense qu'à échapper à l'armée de l'Alliance du Système Solaire lancée à ses trousses ! Souhaitant à tout prix lui venir en aide, Robin répond à la mystérieuse "voix des ténèbres"... et se retrouve affublé d'une vis rouge dans l'oeil qui lui procure une force incroyable et change son caractère contre son gré ! Serait-il le "fils des étoiles" recherché par l'armée ? En tout cas, cette dernière change rapidement de cible pour tenter de capturer le jeune garçon, et c'est ensemble que Robin et Usa tenteront d'échapper à leurs poursuivants, allant de planète en planète jusqu'à retrouver la Terre...

Le premier constat qui frappe à la lecture de ce premier tome, c'est le caractère on ne peut plus cliché de ses deux personnages principaux.
Robin a tout, absolument tout du stéréotype du gamin naïf. Vivant seul depuis la disparition de son père, ne connaissant rien du monde extérieur, il fait constamment preuve d'une candeur presque idiote et d'un optimisme qui ne faiblit jamais, ce caractère étant encore renforcé par son obsession de voir en Usa un ami. Se pensant humain, comme le lui a toujours affirmé son père, l'est-il vraiment ?
Usa, lui, est tout le contraire. Prisonnier en cavale, il se montre aussi fourbe que colérique et se passerait bien de la compagnie de Robin... si seulement il le pouvait ! Mais sous ses allures de lapin humanoïde caractériel, nul doute que le bonhomme cache un passé plus lourd qu'il n'y paraît...
Autant le dire : les quelques mystères sur la nature des deux héros, bien qu'ils soient savamment entretenus par divers indices laissés ça et là, ne comportent aucune surprise et se devinent très facilement, plus encore concernant Robin (il suffit de voir le titre japonais de la série pour ne plus avoir aucun doute). Et leur caractère cliché et clairement utilisé à outrance pour entretenir une relation vivante et humoristique. Malgré tout, cette relation fonctionne plutôt bien, car il devient assez drôle de voir Usa tenter de planter Robin sans le pouvoir, ou s'exaspérer face à sa profonde naïveté ou face à sa capacité à manger tout ce qui lui passe sous la main et qui n'est pas prévu pour cet usage (comme des tuyaux).
Néanmoins, on comprend au fil de la lecture que tous deux sont voués à un important destin au sein du système solaire... Un fil rouge que l'on attend de voir plus approfondi par la suite.
Quant aux personnages secondaires, ils sont plutôt transparents pour l'instant. Les ennemis rencontrés manquent de présence, et il faut attendre l'arrivée sur la planète Corona Familia pour découvrir quelques autres visages plutôt amusants et bien vivants.

Les dessins, quant à eux, sentent totalement l'oeuvre de jeunesse : on est loin de la richesse graphique d'un Blue Exorcist, surtout au niveau des brèves scènes d'action qui sont à la fois pauvres et peu lisibles. Néanmoins, on sent déjà que la verve visuelle de Kazue Katô ne demande qu'à exploser : les designs animaliers des nombreuses personnages humanoïdes sont plutôt efficaces, certaines pages retiennent l'attention grâce à leur mise en scène appliquée, et via quelques planches on sent déjà l'envie de l'auteure de fournir des environnement complexes et détaillés. Pour s'en convaincre, il suffit de voir certains décors très vivants de Corona Familia, ou la station spatiale d'habitation de Robin au design assez riche et alambiqué comme peuvent l'être certains bâtiments dans Blue Exorcist. D'ailleurs, n'hésitez pas à soulever la jaquette pour découvrir un croquis de la bâtisse !

Kazue Katô délivre une entrée en matière tout à fait classique, parfois un brin confuse, mais portée par un rythme qui ne faiblit jamais. L'oeuvre ne manque pas d'un certain charme, à condition de ne pas être réfractaire au classicisme de cette mise en place et à une ambiance générale plus à-même de plaire à un jeune public. On est clairement curieux de voir le récit se développer par la suite, d'autant que côté visuel ça devrait aller en s'enrichissant, et que la mangaka affirme sur le rabat de couverture que ce tome 1 n'est qu'une "introduction de l'introduction à l'histoire"... Espérons qu'en seulement 5 tomes, elle a pu mener sa barque comme elle le voulait.

Du côté de l'édition, commençons par un petit bémol qui pourra paraître anecdotique pour certains : le format seinen attribué à l'oeuvre, qui dépareille avec les autres titres de Kazue Katô. Si vous comptiez ranger Space Travelers à côté de Blue Exorcist et Time Killers, sachez donc que ce sera dépareillé. Pas très grave, mais un peu dommage, d'autant que ce format plus grand n'apporte strictement rien à l'oeuvre, si ce n'est un prix "seinen" de 7,99€...
Le reste de l'édition est plutôt convaincant : pas de gros problème d'impression, un papier souple... On tiquera sur quelques cases coupées, sur quelques coquilles dans le texte (grosses fautes de conjugaison, mots doublés...) et sur quelques phrases très étranges ("la terre est l'étoile la plus proche du soleil", sérieusement ?), pourtant en dehors de ça la traduction est très emballante car elle se veut bien vivante et offre plusieurs réparties sympathiques entre le naïf Robin et le lapin badass Usa.
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Re: Space Travelers

Message non lu par Koiwai » 10 déc. 2015, 19:19

Tome 2 :

L'improbable duo composé de Robin et d'Usa est parvenu à échapper à l'armée mais s'est écrasé sur la planète Corona Familia, où Usa ne tarde pas à retrouver une vieille connaissance... Mais très vite, nos deux héros accumulent les dettes et sont craints de chercher de l'argent d'autant plus qu'ils doivent également réparer leur vaisseau ! Seulement, comment faire pour amasser le pactole sans perdre de temps ? Une réponse arrive rapidement sous leurs yeux : remporter la Satellite Truck Race, dangereuse course de vaisseaux organisée sur la planète. Ni une ni deux, ils se préparent à la course. Ils trouvent un garagiste en la personne du propriétaire de la boutique Osareya, puis, en guise de pilote, jettent leur dévolu sur la mystérieuse Momo... Cette étrange équipe parviendra-t-elle à remporter la course ?

La majeure partie du volume se consacre aux préparatifs de la Satellite Truck race et à la course elle-même, pour un résultat qui a un peu de peine à captiver. Après Usa et Robin qui restent totalement dans leur comportement cliché du premier tome, Kazué Kato démontre à nouveau un certain talent pour dépeindre une galerie de personnages certes variés, mais restant trop dans les stéréotypes, entre le propriétaire d'Osareya en espèce de chien-travesti tantôt comique tantôt très lourd, Momo en jolie et mystérieuse jeune femme cachant sans doute certaines choses sous ses airs taciturnes, ou les quelques participants adverses dans la course qui, hormis un, n'ont pas grand intérêt. Quant à la course elle-même, si elle est réputée dangereuse, c'est bien grâce à ses nombreux pièges et à ses règles très libres qui obligeront la petite bande à coopérer comme il se doit pour s'en sortir ! En résulte quelque chose d'assez mouvementé... mais qui ne crée aucun gros suspense et se contente de gros rebondissements prévisibles : les adversaires à écarter de la course, le renforcement de la coopération voire de l'amitié entre les héros... Le problème n'étant pas tant ces vieilles recettes éculées mais pouvant rester prenantes, que l'aspect très rushé de cette course peu inventive et non aidée par des dessins certes vivants mais restant trop pauvres. On s'attendait à ce que le coup de crayon de Kazue Katô s'enrichisse, pour l'instant ce n'est pas vraiment le cas...

Il faut finalement attendre la dernière partie du tome pour voir la série redécoller, car elle vient bousculer le bon déroulement de la course en apportant ce que l'on attendait de révélations importantes. Certains personnages voient leur rôle remis en cause, comme Momo bien sûr, mais surtout notre héros Robin qui découvre quelque dures réalités sur lui-même et sur son passé dramatique... L'habituelle jovialité du personnage disparaît au profit d'une tension plus palpable, ce qui laisse espérer une suite plus intéressante.

Après deux tomes, Space Travelers n'est pas mauvais et a des arguments pour plaire à un public plutôt jeune, mais reste bourré de très gros stéréotype et souffre un peu du manque d'expérience de son auteure. Ici, la course ne passionne pas, et c'est bien la dernière partie du tome qui donne l'impression de faire enfin décoller un peu l'oeuvre... du moins l'espère-t-on.
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Re: Space Travelers

Message non lu par Koiwai » 23 janv. 2016, 15:45

Tome 3 :

La course est partie en vrille à partir du moment où l'armée de Sol a fait son apparition, où Momo et Vulcain se sont révélés être des ennemis... et surtout, où Robin a fini par apprendre certaines vérités cruelles sur son existence, le faisant alors entrer dans un certain désespoir. Le garçon-robot laisse éclater son terrible pouvoir, au point d'avaler un vaisseau entier... Usa pourra-t-il le faire revenir à lui ? Et pourront-ils s'échapper ?

Réponse dans un début de volume certes rythmé, mais qui souffre toujours autant de ses carences graphiques. Visuellement, l'ensemble est décidément très pauvre, et n'est guère aidé par un travail de mise en scène et de découpage qui reste très basique. Et cette impression, une nouvelle fois, ne changera à aucun moment au fil du tome. Malgré l'expressivité des visages et les designs animaliers pas déplaisants, on ne peut pas dire que Kazue Kato se montre très inspirée sur sa première oeuvre.

Et c'est un peu le même topo côté scénario. Celui-ci avance, mais ne fait qu'enfoncer tous les bons vieux clichés de ce type de shônen, où notre héros, pour s'en sortir, devra arrêter de pleurnicher, se souvenir des conseils de son "papa", et devenir plus fort tout en s'entourant d'amis. Pourquoi pas... mais bon dieu, que c'est amené de façon basique, voire un peu ridicule dans les dialogues par moments ("Tu dois devenir plus fort ! Encore plus fort, Robin, pour battre la vis !"), et que c'est poussif dans les rebondissements, qui s'enchaînent de façon beaucoup trop linéaire ("la folle" qui arrive avec le vaisseau au bon moment, de nouveaux ennemis très stéréotypés et peu intéressant quid éboulent en fin de tome pour poursuit la traque du héros...), voire sont très faciles (l'objet caché dans l'écharpe depuis tout ce temps, nos héros qui ne se posent aucune question sur le fait qu'Eli arrive à les appeler alors qu'il est emprisonné...).

On ne peut peut pas dire non plus que la lecture est mauvaise, car elle conserve ses arguments pour plaire à un public jeune. Mais tout reste très basique, très plat, si bien que même pour un jeune public on trouve beaucoup mieux dans le genre. Et le principal problème reste que la série ne donne pas l'impression d'avoir montré grand chose alors que nous en avons déjà dépassé la moitié. Non, décidément, Kazue Kato a du mal à faire décoller son oeuvre... Et les pages bonus, où elle explique certaines choses de son univers, sont à la limite plus intéressantes que l'histoire elle-même !
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Re: Space Travelers

Message non lu par Koiwai » 10 mars 2016, 23:04

Tome 4 :

Robin, Usa et les autres fuyards de Corona ont décidé de se rendre sur Uranus, dont le peuple bastetoïd (félin, en gros, comme le laisse devine le nom de Bastet) des Crocs est le seul du système solaire à continuer de s'opposer à l'armée de SOL. Nos deux héros espèrent y trouver refuge, mais à peine arrivés, le roi et la reine de la planète les font prisonniers en attendant d'en savoir plus sur eux, car à leur yeux ils restent pour l'instant des monstres. Mais pendant que tous deux sont prisonniers, les "Sept Rouges", l'élite des combattants de l'armée de SOL chargée de capturer le Fils des Etoiles et que Momo vient d'intégrer, s'approche d'Uranus avec la ferme intention d'accomplir son objectif, quitte à tuer quiconque se trouvera devant eux, y compris femmes et enfants...

Depuis le début de Space Travelers, il y a une petite tendance chez Kazue Kato à passer trop vite en revue certaines choses, tandis que d'autres font du surplace ou que les événements principaux se rallongent. Ce problème ne fait ici que se renforcer, malheureusement, tant on a une impression de remplissage difficile entre le début et la fin de ce tome, où concrètement les choses sérieuses avancent peu. En effet, tandis qu'il faut attendre la dernière partie du tome pour voir l'attaque des "Sept Rouges" prendre réellement de l'ampleur, la mangaka s'attarde sur des Robin et Usa qui n'évoluent quasiment pas car ils restent encore un bon moment cantonnés à ce qu'ils sont. Ainsi, on se contente de constater que Robin souhaite à nouveau devenir plus fort parce qu'il se trouve faible (c'est dit comme ça dans le livre, vive les dialogues ultra basiques), et que pour cela il doit se confronter à l'image de monstre qu'il renvoie, le problème étant que ces éléments qui étaient déjà largement répétés dans le volume 3. Et même topo pour Usa, qui en plus d'être très secondaire dans ce volume, n'a droit qu'à quelques très vagues focus sur son passé, sur sa relation d'avant avec Obito... choses qu'on avait déjà comprises auparavant.
Les choses paraissent alors longues, n'évoluant que très peu, et n'étant guère aidées par des scènes de combat pauvres, autant dans le dessin que dans le découpage et la mise en scène, à l'image de celui de fin de tome qui était pourtant censé être un climax. C'est d'autant plus dommage qu'à côté de ça, certains designs animaliers et décors de la capitale d'Uranus bénéficient d'un certain soin propre à rendre la lecture plus immersive. Et quelques détails viennent chagriner: par exemple, il est dit à un moment que Mana a été envoyée sur Corona 4 ans auparavant, puis quelques pages plus loin on nous dit que c'était il y a 3 ans...

Les éléments les plus prenants sont finalement à chercher du côté de deux autres personnages.
Tout d'abord, Momo, qui prend conscience de la barbarie des "Sept Rouges" et chez qui, sans grande surprise, on devine peu à peu un changement. Malheureusement, son cas est plutôt expédié en quelques pages.
Ensuite, la dénommée Mana, petite fille bastetoïd de 10 ans vaguement aperçue auparavant, et qui s'avère en réalité être la princesse d'Uranus. Retrouvant les siens, elle va devoir, à partir de l'invasion de SOL, faire face à une succession d'épreuves concernant son protecteur Zagan, ses parents, ce qu'elle pense de Robin qu'elle voit comme une véritable monstre... On a du mal à être vraiment par la plupart des rebondissements difficiles la concernant, en tête son lien avec Zagan, car tout est rushé, mais la fillette possède un petit caractère fonceur et déterminé qui la rend plaisante, au point qu'elle volerait presque la vedette à Robin...
Mais à part ces deux-là, les autres personnages secondaires manquent cruellement d'intérêt. Billy se contente de nous agacer avec son caractère cliché de folle, les "Sept Rouge" sont juste des psychopathes sans charisme, le roi et la reine d'Uranus font plus de la figuration qu'autre chose...

Il reste particulièrement difficile de réellement se passionner pour cette lecture qui, sans être réellement mauvaise, s'avère pauvre et mal équilibrée. Et impossible d'être rassuré au bout de ce tome, qui ne laisse pas vraiment envisager de conclusion dans le prochain volume...
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