Soloman

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
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Koiwai
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Soloman

Message non lu par Koiwai » 10 nov. 2015, 15:47

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Tome 1 :

Enfant, Ryô Tanabe rêvait, comme beaucoup, de devenir un superhéros, fort, charismatique, indestructible, combattant les méchants pour protéger la population. Mais au fil des années, il est devenu tout le contraire : la faute à un étrange pouvoir lui permettant de voir les esprits défunts, il est devenu le souffre-douleur de ses camarades et a fini par vivre uniquement reclus dans sa chambre. Autant pour fuir les esprits que la dure réalité.
Mais un jour comme un autre, alors qu'il est enfermé dans sa chambre comme toujours, un message sur son téléphone vient tout faire basculer. Il ne comporte que deux petits mots : "Au secours". L'heure serait-elle venue pour lui d'enfin devenir le héros qu'il souhaitait tant être ? Peut-être... et pourtant, quand il quitte sa chambre, c'est une vision de chaos qui attend Ryô : le monde a été dévasté, il n'y a plus âme qui vive...

Courte série en deux volumes nous permettant de découvrir en France l'auteur Sôsô Sakakibara, Soloman est une oeuvre qui ne durera pas longtemps et qui nous plonge donc très vite dans le vif du sujet, aux côtés d'un personnage principal perdu, seul, au beau milieu d'un monde ravagé que nous découvrons en même temps que lui. Comment réagira-t-il face à cette situation ? Est-il réellement le seul survivant de la planète Terre ? Très vite, ses pas et son pouvoir l'amènent à retrouver la trace de Nishizono, sa demi-soeur et, surtout, la chef de file de ceux qui le martyrisaient. Mais Nishizono, elle aussi, est morte, et c'est son esprit qui accompagnera Ryô dans une aventure qui le fera tomber de mal en pis...

De mal en pis, oui, car le récit que nous propose le mangaka se veut très sombre. Jugez plutôt : dès les premières pages, c'est la fin du monde terrien, et le jeune garçon devra se confronter à une succession d'épreuves terribles enclenchées pour des raisons bien précises par des ennemis venus d'ailleurs : humiliation, torture, confrontation au cadavre de sa propre mère... le talent de l'auteur étant de ne pas non plus montrer trop crûment les choses. Mais le désespoir et le chaos animent les pages, et rien n'épargne le pauvre Tanabe, anti-héros qui reste très faible, est le jouet d'autres forces, reste même moqué par le fantôme d'une Nishizono très cinglante... Saura-t-il trouver au fond de lui la force de réellement devenir le héros qu'il voulait être ? Le déclic pourrait bien venir de sa rencontre avec Nino, une jeune et mignonne créature ne contrôlant pas sa propre vie...

Série courte oblige, le scénario avance très vite, et a le mérite de ne jamais nous perdre. On comprend facilement les tenants et aboutissants de ce récit post-apocalyptique flirtant notamment avec quelques thématiques écologistes en vogue, et même si l'on ne peut pas dire que l'ensemble soit très original, on n'a pas le temps de s'ennuyer, d'autant que les protagonistes, bien qu'ils soient de bons gros clichés sur pattes (le héros faible devant devenir fort, la petite Nino pure et mignonne, Nishizono en lycéenne hautaine et irascible mais cachant peut-être un bon fond...), sont suffisamment bien campés. Malgré tout, il faudra passer outre bon nombre de petites incohérences qui ne s'avèrent toutefois pas trop gênantes dans ce scénario misant sur le rythme et la volonté d'être efficace.

Visuellement aussi, l'oeuvre vise l'efficacité : il n'y a rien d'exceptionnel, mais le trait colle plutôt bien à l'aspect sombre.

Il faudra attendre le deuxième et dernier tome pour juger définitivement Soloman, mais sur ce premier volume Sôsô Sakakibara livre un divertissement sombre doté de quelques incohérences, mais rythmé et efficace.

L'édition est dans les standards de Doki-Doki, c'est à dire très satisfaisante. Le papier souple est agréable à prendre en main, la qualité d'impression est satisfaisante, la traduction est limpide, les 4 premières pages en couleurs constituent un petit bonus très appréciable.
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Koiwai
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Re: Soloman

Message non lu par Koiwai » 20 janv. 2016, 18:58

Tome 2 :

Seul survivant d'une humanité décimée par le peuple de la lune, rongé depuis toujours par sa vie de reclus et par sa vision des morts, Ryô Tanabe est devenu le cobaye des nouveaux maîtres de la planète, qui ont pris soin de ne pas le tuer dans ce but. Souffrance après souffrance, épaulé uniquement par le fantôme de sa demi-soeur Nishizono qui était, de son vivant, la première à le martyriser, le jeune garçon ne voit autour de lui que désespoir et désir d'en finir. Il est seul. Pour toujours. Du moins le pensait-il. Car sa rencontre avec Nino, une jeune, pure et innocente fillette artificielle créée par l'ennemi, lui a petit à petit redonné goût à la vie. Seulement, Nino n'est elle-même qu'un cobaye, et le peuple de la lune la lui enlève pour l'éliminer comme un vulgaire déchet. Ryô pourra-t-il laisser faire ça ? Certainement pas. Et pour sauver cette jeune fille à la vie limitée, il est prêt à accepter le pouvoir qu'il avait toujours refusé : celui de pouvoir accueillir en lui les âmes des défunts. Mais cela suffira-t-il pour sauver Nino ? L'ennemi semble souvent avoir un coup d'avance et paraît mener habilement ses plans, et Nino a, de base, une espérance de vie très faible...

La rage, le désespoir, l'envie de disparaître. Voila comment on pourrait résumer une bonne partie de ce volume, dans lequel Sôsô Sakakibara, au gré de quelques scènes d'action assez violentes et dramatiques, poursuit implacablement son récit, et continue de faire s'abattre sur son héros des malheurs qui trouvent une répercussion assez forte. Car au-delà des nombreux événements très, très difficiles et douloureux auxquels doit faire face Ryô, l'auteur en profite surtout pour dépeindre le ressenti intérieur de son personnage. Pour lui, la vie est devenu une malédiction, et même s'il a envie de mourir, son immortalité l'en empêche. Solitude et désespoir sont des choses que le mangaka parvient fort bien à faire ressortir chez son héros, à tel point qu'il en est devenu incapable d'afficher des émotions. Et dans une situation où il ne peut plus avoir ces contacts humains qui permettent justement de ressentir des choses, il semble condamné à perdre tout sentiment.
Et pourtant, l'espoir renaît dans le malheur. Le souhait de la petite Nino trouve un écho fort en lui... Le sourire pourra-t-il réapparaître sur son visage ? Et Nishizono, dans tout ça, finira-t-elle elle aussi par montrer ses douleurs et par changer ?

On vous laisse découvrir tout ça, mais une chose est sûre : même si tout va très vite, Sôsô Sakakibara mène bien sa barque, sait efficacement faire ressortir l'atmosphère dure de son récit post-apocalyptique ainsi que les évolutions de son protagoniste dans ce monde mort, le tout étant servi par une narration très fluide et par un coup de crayon certes sans grande personnalité mais assez fin et limpide.
Et pourtant, c'est sur une forte pointe de frustration que l'on referme ce deuxième et dernier volume, qui n'est finalement qu'une mise en bouche côté action et lutte contre l'ennemi ! En effet, ne comptez pas sur une réelle conclusion sur ce point-là, et c'est d'autant plus crispant que les ultimes révélations sur le père de Ryô pouvaient amener des choses intéressantes. Toutefois, on ne parlera pas non plus de déception, car le mangaka semble avoir réussi à aborder suffisamment ce qui semblait compter le plus pour lui : l'évolution de son personnage solitaire dans ce monde de désespoir.

Soloman est donc une série à prendre pour ce qu'elle est. L'oeuvre est bourrée d'idées, est clairement plaisante à suivre, et on aurait adoré en voir plus tant le récit pouvait encore proposer des choses intéressantes, mais il faudra se contenter d'une conclusion très ouverte.
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