Re/Member

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
Avatar du membre
Koiwai
Rider on the Storm
Messages : 10736
Enregistré le : 18 avr. 2008, 11:52
Localisation : Lille

Re/Member

Message non lu par Koiwai » 19 févr. 2016, 15:04

Image

La fiche sur le site


Tome 1 :

Chaque établissement scolaire à ses légendes horrifiques. La plus connue du lycée Oma est celle de la Rouge-Sang, énigmatique et meurtrière créature qui, prenant l'apparence d'une fillette de 11 ans, hanterait l'établissement couverte du sang de ses victimes. Mais il ne s'agit là que d'une légende, de celles à faire frémir les adolescents... Vraiment ?
Quand Asuka et 5 autres camarades de classe sont abordés par leur amie Haruka, il entrent dans une infernale et sanglante boucle sans fin dont ils auront toutes les peines du monde à ressortir. Car Haruka est morte, tuée par la Rouge-Sang, et les six adolescents sont chargés de retrouver les 8 parties du corps de la victime, éparpillées dans tout le lycée... Pour cela, il revivront en boucle la journée du 9 novembre, avant d'être systématiquement transportés dans leur lycée la nuit, afin d'y chercher les reste de Haruka. Mais si les choses s'arrêtaient là, le petit jeu de la Rouge-Sang ne serait pas assez drôle et morbide : nuit après nuit, la "fillette", entonnant ses comptines macabres, s'amusera à les pourchasser et à les massacrer, histoire de couvrir sa robe blanche d'encore un peu plus de sang. Et même si aucune mort durant le "jeu" n'est définitive et que les 6 adolescents se réveilleront avec seulement quelques marques chaque matin du nouveau 9 novembre, ils savent déjà que tout recommencera la nuit suivante, jusqu'à ce que les parties du corps soient rassemblées...

Série de romans de l'auteur Welzard actuellement très populaire au Japon, Re/Member est le premier manga horrifique de Katsutoshi Murase, jeune dessinateur jusque là plus habitué aux comédies et aux récits de sport. L'oeuvre vient enrichir le registre du "jeu mortel" si populaire ces dernières années, et dont Ki-oon est un beau représentant avec les titres de Yoshiki Tonogai, la saga King's Game ou Darwin's Game. Cela dit, la série se démarque quelque peu de ses congénères en s'inscrivant dans un registre plus branché horreur, pleine porté par la figure très réussie qu'est le Rouge-Sang.
Maîtresse d'un jeu bien morbide, celle-ci s'inscrit dans une certaine tradition de ces légendes urbaines créant l'effroi chez les jeunes ados nippons. Son look macabre teinté de sang et avec ses longs cheveux noirs rappelle un peu la classique figure du fantôme japonais aux longs cheveux bruns (qui a dit Sadako ?), à ceci près qu'il s'agit d'une petite fille autrement plus expressive, que ce soit via les comptines macabres qu'elle chantonne ou via l'amusement sadique qu'elle affiche en poursuivant ses futures victimes dans ses parties de cache-cache/chat mortelles. Pour elle, tout ceci semble n'être qu'un jeu, mais ses cibles, massacrées les unes après les autres, nuit après nuit, ne peuvent en dire autant !

C'est donc en étant pourchassés par cette figure d'horreur au look et au comportement réussis que les 6 adolescents devront tenter de retrouver les parties du corps de Haruka. Et de ce côté-là, le récit nous met très vite dans le bain, car la chasse démarre très rapidement avec un premier quart de tome posant les bases durant la première nuit d'horreur, et que la suite nous amène déjà jusqu'au début du troisième jour après une deuxième nuit très... mouvementée. Cette entrée en matière très rapide n'est pas dérangeante, car les bases sont posées vite et bien : la Rouge-Sang peut surgir devant n'importe quel élève isolé, quiconque l'a vue ne doit surtout plus regarder en arrière au risque d'être démembré, une partie de chasse au corps ne peut en aucun cas être refusée... Autant de règles du jeu laissant deviner que rien ne sera simple pour les 6 adolescents. Et dès lors, on peut se plonger avec plaisir dans ce jeu sanglant au suspense plutôt bien rendu. En effet, Murase propose un trait moderne et assez réaliste efficace, d'autant plus qu'il est couplé à une mise en scène dynamique et aux angles de vue variés, qui fait très bien le travail pour nous immerger dans ce divertissement. Dans ce cadre, on suit avec intérêt les premiers pas des ados dans ce jeu, tentant de se cacher pour échapper à la fillette meurtrière, ou recherchant les parties du corps comme demandé, dans un bâtiment scolaire assez bien exploité et où l'on ressent bien l'impression de huis-clos dont on ne peut s'échapper. La narration s'avère assez maligne en ceci qu'elle ne se focalise quasiment que sur Asuka, et le lecteur est alors dans la même ignorance qu'elle concernant le sort des autres ados durant le jeu, ce qui en fait que renforcer l'inquiétude. Et la pointe de gore s'avère redoutablement efficace : Murase n'en fait pas trop, n'étale pas ses scènes trash sur de nombreuses pages, mais chaque découverte d'une victime mutilée fait son effet tant ce qu'il en reste est gore à souhait !

Au bout de ce premier volume, le petit reproche que l'on pourrait faire concerne l'inconsistance des six lycéens, pour l'instant très très peu développés, certains d'entre eux étant même tellement secondaires qu'on ne retient par leur nom pour l'instant. Il faut attendre les dernières pages pour voir arriver un peu plus de choses de ce côté-là, car la mort n'étant pas définitive dans ce jeu mortel, elle pourrait révéler certaines facettes moins jolies des personnages, et le plan sordide que mettent au point nos héros à la toute fin accentue au bon moment une certaine curiosité... Ne nous leurrons pas toutefois : même s'il y a un très léger développement d'un personnage, Shôta, en fin de tome, cela reste très basique du genre et l'on se demande s'il faut en attendre plus. Reste qu'une autre énigme, elle, est bel et bien là : une fois que le jeu sera terminé, qu'adviendra-t-il des lycéens ? Garderont-ils leurs marques sur leur corps, assimilées au fil des nuits ?

Malgré ses principaux personnages pour l'instant totalement basiques, ce premier tome profite d'un travail visuel soigné et immersif, d'un rythme soutenu, et d'un certain plaisir dans le jeu sadique, qui en font un divertissement efficace et pleinement porté par sa figure horrifique réussie qu'est la Rouge-Sang !

Côté édition, nous sommes dans les standards de Ki-oon : papier épais et souple, bonne qualité d'impression, traduction très immersive... saluons d'ailleurs le travail du traducteur sur les rimes des comptines de la Rouge-Sang, ce qui ne fait qu'accentuer l'ambiance !
Image

Répondre