Lost Seven

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
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Koiwai
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Lost Seven

Message non lu par Koiwai » 31 mars 2016, 14:38

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La fiche sur le site


Tome 1 :

Le conte de Blanche-Neige a tourné au cauchemar. Prenant en pitié cette princesse aussi belle que pure, 7 guerriers du peuple nomade de Brai, emmenés par le dénommé Tanlo, décident de bafouer les règles de leur tribu. Tanlo, en tant que chef, attire ainsi sur lui la malédiction de Brai, et tous les 7 partent affronter dans le château royale la terrible Reine Rose qui a pris le pouvoir, ainsi que c'est acolytes, le miroitier de la reine et un dangereux miroir recelant des démons. Mais le combat tourne à la catastrophe : bien que la Reine Rose périsse, Blanche-Neige ne survit pas et, pire encore, avant de se briser le miroir magique libère sur le monde des hordes de démons. Brisés par le cuisant échec de leur mission, ayant vu l'un des leurs mourir et leur chef disparaître subitement, les 5 guerriers restants décident de se séparer pour tenter de passer à autre chose.
Dix années passent, et les démons ont désormais pris le contrôle du monde, malmenant les humains et semant la misère sur leur passage. Dans ce contexte réapparaît un guerrier. Il s'agit de Tanlo, enfin revenu d'un très long voyage. En sauvant des griffes de démons une jeune femme, l'homme ne tarde pas à apprendre que celle-ci n'est autre que la fille de la défunte Reine Rose. Pour lui, cette rencontre est un signe du destin : l'heure est-elle venue de trouver la rédemption en protégeant cette femme dont il a finalement brisé la jeunesse ? Peut-être bien. Mais pour la protéger et éradiquer la menace des démons, encore faut-il parvenir à réunir les guerriers d'il y a dix ans...

A l'origine de Lost Seven, on trouve une pièce de théâtre conçue par Kazuki Nakashima, un nom prestigieux puisqu'en plus d'avoir signé il y a quelques années le scénario du manga Yamikagishi (également paru chez Doki-Doki), il est aussi et surtout le scénariste principal, entre autres, des succès animés Gurren Lagann et KILL la KILL (dont il a également supervisé les adaptations manga). Déjà connue en France pour un Redrum 327 un peu passé inaperçu et le médiocre The Innocent, la dessinatrice coréenne Ko Yasung décide d'adapter en un manga de 4 tome ce scénario entre 2008 et 2010, donc juste avant de dessiner The Innocent.

Pour son scénario, Nakashima a choisi de se baser sur le conte de Blanche-Neige qui aurait mal tourné, et propose, à partir de cette idée, un récit où il imagine ce qui se serait passé ensuite. Malheureusement, on a très vite du mal à y croire, parce que concrètement on cherche encore le rapport avec le conte de Blanche-Neige, qui ne semble être qu'un gros prétexte pour offrir un énième récit d'action-fantasy avec chevaliers et démons à la clé. Les 7 nains sont ici troqués contre 7 guerriers qui n'ont absolument rien à voir avec eux, pas même niveau caractère, l'idée du miroir maléfique laissant échapper des démons a de quoi laisser pantois tant cela s'éloigne du conte original, et ne parlons pas de l'invasion démoniaque, parfait cliché de fantasy qui là aussi n'a aucun lien avec Blanche-Neige...
Par la suite, on trouvera de temps à autres quelques clins d'oeil à l'univers des contes, le récit mettant par exemple en scène les frères Grimm parmi les ennemis, ou encore Barbe-Bleue. Mais là aussi, difficile de dénicher une réelle attache avec les personnages originaux. Hormis le fait qu'ils tiennent toujours un livre et cherchent à écrire des histoires, les Grimm sont pour l'instant très pauvres côté background. Quant à Barbe-Bleue... pour l'instant, on se retrouve avec un Empereur au look d'arlequin, aimant se la donner sur scène avec un micro, et affichant constamment un grand sourire façon chat du cheshire. Gné ?
Bref, sur ce premier tome, n'attendez pas une suite alternative réellement valable et construite de Blanche-Neige : pour l'heure, le conte n'est qu'un énorme prétexte pour surfer sur un nom déjà connu. Si le nom de Blanche-neige n'était pas là ça reviendrait au même, et on semble se diriger plutôt vers un récit de fantasy avec une énième lutte de guerriers en quête de rédemption contre les forces démoniaques dominantes.

Je dis bien "on semble se diriger", car au bout de ce premier tome, on se demande toujours dans quoi on est embarqué. Il faut vraiment attendre les dernières pages pour que les choses se précisent un peu plus autour de la quête de rédemption de Tanlo, sa volonté de protéger la fille de la Reine Rose, et son désir de réunir ses anciens compagnons pour combattre les ennemis. Ce qui, par la suite, pourrait donner un petit divertissement tout à fait honnête. Mais avant cela, on a le droit pendant tout le tome à une mise en place aux allures de gros bazar. Les personnages peinent à se démarquer, que ce soit les différents guerriers où l'on ne retient que le nom de Tanlo tant la mise en place des autres est pauvre (et leurs réactions face au retour de Tanlo et à son désir de reconstituer la bande manquent de variété et de peps), la fille de la reine qui a son petit caractère mais manque d'envergure, et les personnages comme barbe-Bleue et les Grimm qui pour l'instant ne font qu'apparaître sans comprendre exactement ce qu'ils comptent faire. Egalement, certains comportements mal construit tendent à décrédibiliser le récit (la fille de la Reine se montre étonnamment peu hostile envers Tanlo alors qu'il a tué sa mère, les autres guerriers ne semblent pas spécialement étonnés de voir réapparaître Tanlo qu'ils pensaient mort depuis dix ans...). En résulte un scénario dont, pour l'instant,on a du mal à cerner les embouchures.

A cela, il faut ajouter un dessin qui souffre beaucoup dans les scènes d'action; le coup de crayon en lui-même est assez dense et dynamique, mais le rendu des coups s'avère brouillon et la mise en scène et le découpage peu fluides. C'est dommage car côté densité, il faut aussi saluer le travail de ko Yasung sur des décors assez présents et suffisamment immersifs.

Arrivé au bout de ce premier tome, on ne sait donc pas quoi penser. La lecture n'est pas non plus une torture, mais l'intrigue qui se met en place manque pour l'instant d'envergure, la réinterprétation du conte de Blanche-neige ne semble être qu'un gros prétexte inutile, les scènes d'action peinent autant à décoller que le scénario... Le premier tome de Lost Seven, ni bon ni mauvais, s'avère anecdotique. Doki-Doki ayant eu la bonne idée de publier le deuxième tome en même temps que le premier, espérons que celui-ci fera décoller les choses.

En tout cas, côté édition, pas de problème en vue : Doki-Doki offre comme toujours un travail plaisant, assez efficace côté traduction et impression, et facile à prendre en main grâce à la souplesse de son papier.
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Koiwai
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Re: Lost Seven

Message non lu par Koiwai » 31 mars 2016, 14:38

Tome 2 :

Tanlo fait partie des 7 guerriers de Brai qui ont combattu et tué la terrible Reine Rose avant que les démons ne prennent le contrôle du monde. Rose Rouge, elle, a vécu et grandi seule dans ce monde après la mort de sa mère la Reine. Dix ans plus tard, leurs chemins se sont croisés et, malgré leurs antagonismes, leurs buts commun les pousse à s'allier. La quête de rédemption de Tanlo peut alors commencer, et se poursuivre en tentant de réunir la fière équipe d'il y a dix ans. Mais en dix longues années, ils 'est passé beaucoup de choses... Entre d'anciens alliés qui sont aujourd'hui morts et d'autres qui n'ont aucune envie de repartir avec lui et préfèrent oublier le drame d'il y a dix ans, sur qui Tanlo et Rose Rouge pourront compter ?

Bien qu'intrigant et nourri de quelques idées intéressantes, le premier tome de Lost Seven s'avérait assez lisse et maladroit et peinait à réellement convaincre, si bien que l'initiative de Doki-Doki d'avoir sortir le tome 2 en même temps que le 1 paraissait salutaire pour se faire une meilleure idée de cette courte série. Globalement, cela se confirme, puisque l'on peut affirmer sans mal que le scénario et certains personnages se précisent beaucoup mieux.

Certes, il y a toujours des éléments qui peinent un peu à convaincre. La faute à un récit qui se veut rapide, certains éléments manquent encore trop de consistance. En tête, le rôle du "nouvel empereur déjà détrôné" Barbe Bleue qui ne devient finalement qu'un second rôle tout juste bon à servir quelques gags, ou l'apparition des 4 guerriers de Brème qui, en plus de manquer de charisme, s'avèrent assez pauvres dans leur inspiration du conte des Musiciens de Brême (quelques grands signes particuliers comme le flair de l'un sont là pour rappeler vite fait le lien, mais c'est tout... On se demande toujours quelle est l'utilité de réinterpréter des personnages de contes si c'est pour ne rien en faire de plus concret). De même, les scènes d'action peinent encore à réellement emballer tant elles sont peu travaillées dans leur découpage.
Mais pour le reste, le récit consolide des bases intéressantes autour d'un flot d'événements qui parviennent à accrocher et évitent les temps morts. On reste évidemment intéressé par l'avenir de la relation entre Tanlo et Rose Rouge, mais aussi par les motifs sur le corps du héros et de ses compagnons, par un étrange pouvoir qui semble résider dans la jeune femme, par la mise en avant de Hagen, et par l'aura de mystère entourant certains personnages comme le Comte Heinrich. Mais ce sont peut-être certains nouveaux personnages et certains événements en particulier qui viennent booster le plus les choses. Que ce soit côté "gentils" ou côté "méchants", de nouvelles têtes viennent enrichir le récit, voire carrément lancer réellement les choses concernant la "petite Reine" et ses funestes projets. Et l'on peut dire que Kazuki Nakashima a à coeur de tenter de surprendre, en rendant la quête de réunification du groupe des guerriers de Brai particulièrement ardue suite à certains drames. Enfin, malgré les carences de mise en scène, le coup de crayon de Ko Yasung conserve un réelle richesse : les décors restent très présents et certains sont très riches, les costumes sont joliment travaillés aussi (notamment celui du Compte Heinrich), le trait des personnages offre pas mal de variété et conserve un rendu dynamique.

Arrivé au bout de ce deuxième volume, il reste des choses à peaufiner, mais on a le sentiment que c'est bien ce tome qui fait mieux décoller le récit. Le hic est qu'une fois ce tome refermé, nous sommes déjà à la moitié de la série. Mais avec son rythme rapide et si les choses continuent de gagner en consistance, Lost Seven pourrait tout à fait devenir un bon divertissement.
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