Blood Blockade Battlefront

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
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Koiwai
Rider on the Storm
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Blood Blockade Battlefront

Message non lu par Koiwai » 08 avr. 2016, 16:02

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Tome 1 :

Après avoir marqué et séduit nombre de lecteurs et spectateurs avec Trigun, mais aussi GunGrave dont il est l'un des principaux artisans, Yasuhiro Nightow s'était fait bien discret ces dernières années en France, tandis qu'au Japon il poursuivait tranquillement depuis 2009 son nouveau manga, Kekkai Sensen, qui s'est achevé début 2015 après 10 tomes, et a connu dans la foulée une adaptation animée. Il a fallu attendre cet anime pour revoir l'artiste chez nous, puisque celui-ci a été diffusé sur ADN et ya connu un joli succès, amplement suffisant que avoir droit prochainement à une sortie physique chez Kazé. Et désormais, c'est le manga original que Kazé Manga se décide à publier dans nos contrées... Préparez-vous à un cocktail décoiffant !

La ville de New York n'est plus ce qu'elle était. Trois ans auparavant, et sans qu'on sache pourquoi ni comment, un portail dimensionnel vers un monde parallèle s'est ouvert sur la cité, et des phénomènes surnaturels et monstres en tous genres se sont mis à y apparaître, provoquant désordre et chaos tandis qu'un brouillard permanent s'est installé. Désormais renommée "Hellsalem's Lot", la ville est devenue un lieu sans foi ni loi, où les criminels, organisations terroristes, sectes religieuses ou mafias se confrontent pour faire régner leur loi... quand ce ne sont pas les monstres qui viennent semer la zizanie. Dans ce lieu, pourtant, une organisation, Libra, tente de maintenir un semblant de paix en recrutant des individus dotés de capacités hors du commun.
Quand le peureux Leonardo Watch, un simple photographe à l'allure aussi maladroite que branque, arrive dans cette ville redoutée de tous, c'est normalement pour un simple reportage. Mais dès lors qu'il se retrouve pris dans une série de catastrophes en chaine complètement improbable, le voici soudainement devenu un membre de Libra sans avoir vraiment le temps de se demander ce qui vient de se passer.

Cette intro occupe la première partie du tome et on peut dire qu'avec l'allure de Leo et sa succession d'événements aussi invraisemblables que fous, on est tout de suite dans le bain : celui d'une oeuvre d'action débridée où Nightow, fidèle à lui-même, risque fort de ne se fixer aucune limite ! Dès ce premier volume, avec des premières "missions" très rythmées à base de course-poursuite et de kidnapping, l'auteur se fait royalement plaisir dans un joyeux bordel organisé où ça bousille les immeubles et les gens avec gravats et sang, et où, surtout, l'artiste féru de cinéma depuis toujours peut exploiter comme il veut tous les styles qu'il aime. La recette magique de BBB tient en ça : une ville où tout semble possible, où ça menace de partir en vrille à chaque instant, où se mêlent toutes sortes d'ennemis... et où Nightow devrait donc pouvoir alterner et mêler ce qu'il veut, entre action too much, situations dignes d'un film catastrophe, monstres géants, mutants, mafia... Tout. Il peut inclure tout ce qu'il veut. Et le résultat est jouissif.

Jouissif, car l'auteur a le mérite de ne jamais se prendre au sérieux. Et cela, on le comprend bien à sa palette de personnages. Il y a d'abord Leo, bien sûr, ce jeune homme froussard qui, un peu parce qu'il semble posséder en lui un pouvoir, et surtout par hasard, se retrouve au sein d'une organisation Libra où il va devoir tant bien que mal se faire sa place s'il veut survivre dans cette ville complètement ravagée. A ses côtés, on découvre rapidement des acolytes bien atteint, entre Klaus, imposant chef aussi protecteur que capable de péter des câbles si on s'en prend à ses protégés, Zap, séducteur invétéré qui n'est pas le dernier pour se mettre dans de situations délicates, et Chain, jeune femme aussi belle que très, très cassante. Cette fine équipe s'offre des interactions bien frappées, entre Chain et Zap qui passent leur temps à se chercher des noises, ce dernier qui adore malmener Leo... Et chacun d'eux est loin d'être un humain normal : chacun possède une capacité qui lui est propre et que l'on découvre petit à petit, la plus originale étant sans nul doute celle de Leo, qu'il va devoir apprendre à bien maîtriser et à en découvrir toutes les spécificités. En face d'eux apparaît déjà un méchant d'envergure, Femt, individu lui-même pas totalement humain, et surtout sadique à souhait et sérieusement fou. Sans oublier l'indispensable mascotte, un petit singe à l'allure complètement débile et ridicule, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler Kuroneko, le chat noir de Trigun. Cette fine équipe anime constamment les planches avec une redoutable efficacité.

Arrivent les dessins, et de ce côté-là, Nightow est ce qu'il est. L'artiste n'est pas du genre à briller par la précision et la richesse de son trait, et l'on peut même dire que depuis Trigun il n'a pas évolué puisque ça reste pauvre... ou faussement pauvre, en tout cas, car l'ambiance débridée, fun et ravagée de son récit se voit fort bien servie par ce trait qui permet d'offrir des dégaines inimitables aux personnages. Et cela n'empêche pas le mangaka de tenter de temps à autres quelques designs de monstres inventifs. Son découpage et sa mise en scène faussement bordéliques rendent certaines scènes d'action un peu trop brouillonnes, mais globalement cela colle bien à l'aspect de gros foutoir qu'est Hellsalem's Lot, nombres de moments renvoient efficacement à un style hérité du cinéma, et surtout, ô oui surtout, le bonhomme conserve une science impeccable dans la gestion des rebondissements, savamment dosés et exploitant comme il se doit les capacités des différents personnages.

Cela dit, si vous pensez que BBB n'est qu'un grand foutoir empli de folie et de fun débridé, sachez qu'un scénario plus consistant se met tout de même en place, peu à peu, et essentiellement autour de Leo pour l'instant. En effet, nous le comprenons petit à petit, et cela dès l'évocation du nom de Michella en première page, le jeune homme n'est pas là par hasard et, avant d'atterrir de son gré à Hellsalem's Lot, a connu certains événements difficiles qui l'ont conditionné autant qu'ils le motivent.

La résultat de cette lecture ? Un plaisir, sitôt que l'on parvient à s'immerger dans cet univers un poil confus dans la manière dont il est présenté. En tout cas, ne vous arrêtez pas au dessin qui n'est pas si pauvre qu'il n'y paraît, et laissez-vous immerger dans ce récit fun, sans limites, à la croisée de différents genres.

En ce qui concerne l'édition française... Hé bien, on se posait déjà de sérieuses questions en voyant la communication catastrophique de Kazé Manga avant la sortie du tome 1 : un extrait dispo en librairie sans que ce soit annoncé et donc passé inaperçu, une annonce de la licence qui s'est faite sur le site de l'éditeur un mois après cet extrait et seulement quelques jours avant la sortie du tome, un extrait en ligne tardif, quasiment aucune publicité tirant parti du nom de l'auteur ou de la populaire adaptation animée... L'éditeur est passé à côté de tout, si bien qu'on se demande s'il n'a pas voulu saborder les chances de la série avant même sa sortie. Et une fois le bouquin en mains, on a presque envie de se dire que ça se confirme, car pour 8,29€ on se retrouve avec un papier un peu fin et légèrement transparent, une qualité d'impression fade, pas assez prononcée et où l'on note même quelques problèmes moirages... pour un tel prix, c'est énervant. Heureusement, la traduction (signée Yann Koffi) fait le boulot, et la page couleur au début reste un petit plus appréciable.
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