Nombre de volumes au Japon: 27 (terminé)
Nombre de volumes en France: 25 (en cours)
Editeur Japon : Square-Enix
Editeur France: Kurokawa
FullMetal Alchemist connaît un succès certain niveau ventes en France, se plaçant généralement juste derrière les Naruto et Death Note. Pourtant, ce succès n'était pas évident au début : FullMetal Alchemist, soit Hagane no Renkinjutsushi au Japon, est en effet un shonen assez particulier, qui ne se soucie guère des codes et préfère proposer un scénario assez sombre basé sur un thème original, ajoutant çà et là des petites touches de génie. Bref, FullMetal Alchemist, que nous appellerons jovialement entre nous FMA propose des nouveautés et s'avère être un halo de fraîcheur puisque l'auteure ne cesse de nous surprendre au fil des tomes. C'est parti pour une petite chronique.
Résumé de l'intrigue
L'alchimie revient à transformer quelconque entité matérielle en un autre matériau, généralement composé des mêmes éléments chimiques. L'alchimie permet donc aussi de modeler selon son désir l'objet en question et que sais-je encore !!!
Les opérations faisant intervenir l'alchimie sont appelées transmutations : elles ne peuvent se faire qu'au moyen de cercles de transmutation tracés à même le sol (ourobouros), sur des objets grâce à de l'encre, du sang ou juste en traçant dans la terre ou le sable. Y'a rien de bien compliqué dans l'alchimie en fait ^^ Mais fallait y penser !!!
Edward et Alphonse sont donc deux frères maîtrisant ce mystérieux pouvoir de l'alchimie. Suite à la tentative de faire revivre leur mère décédée, grâce à une technique interdite, Edward, l'aîné, perd sa jambe gauche et Alphonse, le cadet, perd l'intégralité de son corps. Pourtant, Edward réussit à fixer l'âme d'Alphonse dans une armure colossale traînant dans un coin, mais perd son bras droit.
Edward se fait soigner par Pinako Rockbell et sa petite-fille Winry Rockbell, camarade d'enfance d'Edward et d'Alphonse. Celles-ci sont toutes deux spécialistes en « auto-mail » (« mékagreffe » dans l'anime), comprenez des attelles ou membres artificiels en métal qui, fixés au système nerveux, se contrôlent comme de vrais membres. En voilà donc deux pour Edward.
Tout cela a lieu dans le village natal des deux garçons, Risembool, en pleine campagne.
Refusant de retenter quoique ce soit à propos de leur mère, ils leur restent la rédemption. Mais les deux frères, battants, surdoués, attachants (comme tous héros de shonen) vont s'attacher à retrouver leurs corps respectifs : cette recherche reste la quête de base. Car oui, dans FMA, il est possible de retrouver son corps, car il existe une sorte de monde parallèle où errent les enveloppes charnelles disparues.
L'histoire dérivera souvent de la quête de base par la suite. Car apparaît la « pierre philosophale », la clef de voûte de cette quête, LE moyen qui permettrait aux deux frères de retrouver leurs corps d'origine. Mais celle-ci n'est pas dénuée de secrets et de problèmes.
Apparaissent aussi les Homonculus, les gros méchants dont on ne connaît pas les intentions véritables dans le manga (contrairement à l'anime).
Des codes du shonen très discrets mêlés à un côté TRES SOMBRE
Oui FullMetal Alchemist reste un shonen. Certains postulent pour le voir apparaître dans la catégorie des seinens, plus adultes. Reste que malgré l'originalité et une histoire qui se prend parfois très au sérieux, les codes du shonen sont bel et bien présents ainsi que l'humour.
Ces "codes" sont pourtant traités tout à fait différemment que dans les autres mangas :
La surprise de voir une armure vide se mouvoir avec l'âme et l'esprit d'Alphonse à l'intérieur est aisément acceptée par tout le monde : l'alchimie régit l'environnement.
Pour leur jeune âge, les deux frères apparaissent tous deux comme de parfaits prodiges (mais n'énervent pas du tout, là où d'autres persos de shonens plus classiques deviennent insupportables). On a même droit au traditionnel examen pour qu'Edward devienne alchimiste, mais sans que tout cela prenne un atour "tournoi avec concurrents".
Le graphisme
Un graphisme épuré, très peu de trames sur les persos mais un travail très rigoureux qui rend les combats on ne peut plus clairs, les décors fins, aucun personnage ne se ressemble (ça peut paraître bête mais de très grands mangakas connaissent leurs limites concernant le design des visages souvent). On voit q'Arakawa est une femme à travers des designs de persos très ronds, très propres, à la manière d'une Kekkaishi. Bien évidemment, les dessins s'améliorent au fil des tomes.
La maîtrise d'une mangaka géniale
Il faut savoir rester ouvert. L'auteure nous offre un monde excessivement riche et elle a encore de multiples possibilités qui s'offrent à elles d'un point de vue géographique : on apprend plus tard que le monde est divisé en plusieurs pays, désertiques ou développés, en guerre ou (à peu près) en paix...
L'alchimie est aussi un moyen de diversifier combats, relations, lieux... Bref, pour un premier manga, l'auteure ne s'est fixée aucunes limites, bien au contraire. Elle gère tout ce potentiel avec brio.
FMA inaugure un fait assez extraordinaire dans un manga : il fait vraiment la place à l'importance de l'organisation du pays. Pas de président ou de chefs puissants répandus de façon anarchique : dans FMA, c'est l'Armée et la bureaucratie qui commandent.
Les deux frères vont être contraints de lécher les bottes de l'Armée pour disposer de fonds et de méthodes pour chercher la pierre philosophale.
Au final la plupart des persos charismatiques s'avèrent en majorité des militaires, et qui ne sont pas tous doués en alchimie.
Parmi les alchimistes, retenons :
- Roy Mustang, qui ne se résume pas au jeune homme ténébreux hyper-classe puisqu'il cache de lourds secrets
- Alex Louis Armstrong, qui apporte un brin d'humour avec son alchimie sculptée grâce à son propre corps surpuissant.
Sous les ordres de Mustang, des persos tels que
- Riza Hawkeye (qui a des sentiments tacites pour lui, ce qui j'ai remarqué plaît beaucoup aux lectrices...)
- Maes Hugues (perso très accrocheur d'une personnalité très humaine)
- Jean Havok (qui tient un rôle infiniment plus important que dans l'anime) et j'en passe.
On trouvera aussi des méchants dans les rangs de l'Armée et caetera...
Il est important de dire que Hiromu Arakawa sait manier le suspens comme une professionnelle de thriller. Et c'est aussi en cela que FMA a surpris : l'auteure, pour son premier manga, nous promène d'intrigue en intrigue, distillant les indices, soignant chacun de ses persos. Pour constater cela, on ne peut que lire le manga. Square-Enix ne limite pas les idées d'Arakawa, cela se sent, surtout dans des volumes où elle prend son temps pour exposer les prolbèmes et soigner ses persos secondaires.
FMA se prend souvent au sérieux. Le sujet évoqué (disposer du corps humain grâce à l'alchimie) n'est pas anodin, comme dans un Death Note par exemple (disposer de la vie). Très vite, des persos que l'auteure avait réussi à nous faire adorer en soignant son scénario disparaissent bien vite. Je n'en dis pas plus.
Alors, y'a-t-il à mon goût un point négatif ? Et bien disons que je n'aime pas la surenchère de persos en SD (super-deformed), qui rend l'humour assez lourdingue ... Toutefois, l'utilisation du SD demeure raisonnable.
Conclusion
Points positifs :
- Thème inédit, innovations multiples dans les sujets traités
- Pas de stéréotypes (pas de héros naïf, dépassement de l'opposition manichéenne Bien/Mal, pas de dépassement de soi fondé sur des prétextes niais comme l'amitié etc..., aucune montée en puissance) : un shônen proprement original
- Graphisme soigné, patte artistique caractéristique
- Histoire qui finalement s'avère assez sombre
- Maîtrise du scénario et de la mise en scène
- Maîtrise incroyable et extraordinaire du suspens (pour un premier manga, c'est majestueux !) : Arakawa nous promène littéralement (évidemment, pour ceux qui lisent les scans, cette impression ne doit pas être bien perçue)
Points négatifs :
- Un humour essentiellement basé sur du super-deformed, parfois utilisé de façon abusive
- Des volumes 4 à 7 un peu rébarbatifs, qui servent à poser les bases (mais je crois que cette impression vient surtout du fait d'avoir déjà vu l'anime)
Ben voilà...
FullMetal Alchemist, ce n'est pas la vie.
C'est comment apprendre les limites de la vie.