Oh, un contradicteur, joie !
Enfin, contradicteur, façon de parler, je n'ai pas encore rempli mon devoir trimestriel de chronique... Mais il est en route, le tout est de le mettre sur papier maintenant.
En attendant, petit échauffement :
Sango a écrit :au risque de me faire lyncher, j'ai pas pris grand grand plaisir à lire volume
Bah, te lyncher, que nenni, c'est pas mon genre. Je risque plutôt de t'enterrer sous une montagne de textes et de quotes visant à te démontrer pourquoi ce tome est tout aussi bien que les autres.
Sango a écrit :Tokine se fait "capturer"! AAAH, la où on aurait pu avoir une quête pleine d'action, de suspens et de rebondissements, la pression n'est aucune et on se contente de suivre les peregrinations de nouveaux personnages (sympathiques sans casser 3 pattes à Donald Duck) et les anciens. Le truc c'est que la pression est inexistante, et alors que la personnage principale est en grand danger...j'ai ressenti aucun danger.
Bon, concernant ton ressenti :
Déjà, disons ce qui est, en trois mois, on n'est plus vraiment dans l'ambiance du tome précédent. On a un peu oublié quelles circonstances ont menées à l'incarcération de Tokine, la raison de son arrestation, les problèmes au sein de la guilde... D'où l'intérêt je pense dans ce cas-ci de relire un peu le volume 21 au moins pour se remettre dans le bain. Sans cela, on est un peu perdu, je dois l'admettre. Même moi j'ai du faire un petit effort pour me replonger dans l'ambiance. Trois mois, c'est juste trop long, surtout arrivé à ce point de l'histoire, où tout s'enchaîne et se tient...
Ensuite, la non-impression de danger. Plusieurs choses :
Tout d'abord, les circonstances de la capture de Tokine.
Seulement deux personnes, pas de violence, pas de combat, pas de lutte. Simplement deux agents qui viennent chercher une suspecte à interroger. Qui plus, les deux membres de la Guilde n'ont pas l'air très puissants, tout au plus un peu inquiétants.
L'arrestation ne provoque donc pas de tension, normal, il ne devrait pas y avoir. Cela relève d'une certaine procédure. En plus, Tokine les suit de sa propre volonté. Le seul point inquiétant, c'est la rapidité inhabituelle de ces actions.
Une fois sur l'île, elle est interrogée dans une pièce spéciale, certes, mais toujours rien de très menaçant jusque là. En effet, et on a tendance à l'oublier, la demoiselle est une kekkaishi. D'une puissance inférieure à celle de Yoshimori, certes, mais ça ne l'empêche pas d'avoir de grandes capacités, notamment en tout ce qui relève de la manipulation mentale et des attaques invisibles. L'interrogatoire ne mène à rien, parce qu'elle d'une certaine façon imperméable à ce type de pouvoir. Tanabe ne le montre pas d'une façon bien voyante, mais nous le fait néanmoins comprendre.
De plus, toujours à ce point de l'histoire, Tokine n'est menacée de rien. Tout le monde sait où elle se trouve, elle n'a pas été officiellement emprisonnée ou jetée au cachot, sa vie n'est donc pas directement en danger. À part Yashiro, tout les autres la traitent simplement comme celle qui a assassiné un dieu sur le domaine Karasumori. Il s'agit d'un complot où une seule personne est visiblement impliquée directement, les autres subissant juste les conséquences de ce complot.
En plus, en tant que kekkaishi, elle est parfaitement en mesure de se défendre et de fuir par elle-même. Même quand elle est en danger, elle n'a rien d'une demoiselle en détresse, qui attend gentillement et en pleurant que ses amis viennent la délivrer. Il suffit d'observer son visage tout du long, elle ne panique à aucun moment, n'hésitant pas à fuir, et garde toujours la tête sur les épaules, sans se laisser gagner par le désespoir. Si elle-même ne se sent pas en danger immédiat, il est difficile pour le lecteur de le faire à sa place. Mais ça reste parfaitement dans son caractère, et dans le rôle qu'a voulu lui donner Tanabe. Et ça rend les larmes qu'elle verse en pensant aux personnes que sa décision a pu peiner encore bien plus poignante qu'en n'importe quelle autre circonstance. Parce qu'elle est forte, ce petit moment de faiblesse passager rend sa décision encore plus touchante.
Il n'y a pas de drama en fait dans cette partie. Ca n'a jamais été le genre de Tanabe de jouer dans ce registre, et je pense que ça peut perturber.
En plus, Yugami est un modèle de zen et de flegme, ponctué d'une touche d'ironie bien placée. Pas le genre hystérique non plus, donc la fuite de ce duo qui sait garder la tête froide fait difficilement passer une quelconque tension. Et je n'y vois rien de mal, c'est dans le ton de ce qu'à voulu montrer l'auteure. Surtout quand on voit la folle qui pourchasse les fuyards, qu'on prend à la fois au sérieux, et qui est un peu risible dans son hystérie et sa fixation sur l'extermination des filles plus jeunes qu'elle.
La chasse à l'homme est moins prise au sérieux, parce que c'est le ton qu'à voulu donner Tanabe. Pour ne pas alourdir cette partie ou pour nous faire comprendre que derrière les apparences qu'elle se donne, Tokine reste tout de même une jeune fille, ça, c'est à vous d'en décider.
J'ai surtout trouvé intéressant que Tokine interagisse enfin plus personnellement avec quelqu'un d'extérieur à son entourage, permettant à Tanabe de développer son personnage. Un peu à la façon de Masamori et son face-à-face avec Mudo.
Deux personnages qui ont l'air extrêmement solides, mais recèlent des faiblesses bien humaines et des doutes. Je crois plutôt que c'était là le but de l'auteure, plutôt que de nous proposer une simple poursuite dont l'issue était déjà évidente.
Une façon que son personnage ne tombe pas dans l'oubli, une façon de lui redonner l'importance qu'elle mérite.
Mais la dernière partie, une fois que Yashiro dévoile son pouvoir, relance tout de même le côté inquiétant de cette chasse à l'homme, et de ce complot dont on ne sait absolument rien pour le contrôle des domaines divins. Ce qui promet beaucoup pour la suite.
Voilà ce qui pourrait expliquer ton manque d'enthousiasme. Tu cherchais quelque chose qui n'était pas dans l'idée de l'auteure.
(Mais mon dieu, où est-ce que je vais chercher tout ça... et croyez-le ou pas, j'ai encore matière pour ma chronique.)