Detective Conan

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!

Detective Conan c'est des enquétes :

Digne de Sherlock Holmes (Trés Bon)
15
36%
Digne de Columbo (Bon)
22
52%
Digne de Julie Lescaut (Bof)
3
7%
Digne de Derrick (Nul)
2
5%
 
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Glass Heart
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Re: Detective Conan

Message non lu par Glass Heart » 28 avr. 2014, 14:34

Détective Conan - Tome 7: Arc de Conan Edogawa (7/18)

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Conan a compris l'astuce de la photo employée par Sasai afin de se construire son alibi. Le tome s'ouvre donc sur la résolution de cette affaire mais ce faux suspense ne réserve pas de véritable surprise pour le lecteur: le coupable était connu d'office et l'astuce n'était en soi pas très difficile à deviner.

Après cette entrée en matière assez légère, on entre dans l'histoire phare de ce volume: l'affaire des meurtres de la Sonate au Clair de Lune. Conan, Ran et le détective Kogoro Mouri se rendent donc sur une île reculée après avoir reçu une demande d'enquête de la part d'un certain Keiji Aso. En arrivant sur l'île, ils apprennent vite que l'expéditeur a péri dans un gigantesque incendie avec toute sa famille, douze années auparavant. Prisonnier des flammes, les témoins présents au moment du drame affirment l'avoir entendu jouer la Sonate au Clair de Lune sur son piano jusqu'à son dernier souffle. Tentant d'y voir un peu plus clair dans cette étrange affaire, Kogoro se rend à la salle des fêtes pour y rencontrer le maire de l'île, alors en pleine période de campagne électorale et qui tient en ce moment même une commémoration dans la salle des fêtes en l'honneur de l'ancien maire, retrouvé mort sur un piano ayant appartenu à Aso. Peu avant, un témoin affirme avoir là aussi entendu la Sonate au Clair de Lune avant que le corps ne soit découvert. Alors que Conan commence à s'interroger sur cette étrange série de meurtres, la Sonate retentit une nouvelle fois, annonçant la découverte d'un nouveau cadavre...

De retour à Tokyo, Kogoro Mouri reçoit la visite d'une jeune lycéenne, Ryoko Akagi, qui se présente comme étant la petite amie de Shinichi Kudo, le détective lycéen disparu, pour lui demander de le retrouver. Il n'en fallait pas plus pour mettre Ran dans tous ses états, convaincue que Shinichi la trompe tout en la laissant s'inquiéter pour lui. Conan, quant à lui, ne comprend pas la raison qui pousse Ryoko à mentir de la sorte. Décidant d'accompagner Ran à son appartement pour avoir le fin mot de l'histoire, il réalise bien vite que Ryoko n'est pas du tout celle qu'elle parait être et qu'une affaire beaucoup plus grave se cache derrière tout ça. Mais un problème de taille vient perturber son enquête: Ran vient de réaliser que Shinichi se trouve quelque part dans l'appartement et elle ne lésine pas sur les méthodes pour le débusquer, risquant sérieusement de percer à jour l'identité secrète de Conan sans même chercher à le faire. Conan arrivera t-il à découvrir la vérité sur cette étrange affaire tout en préservant le secret de son identité ?

Deux affaires très différentes nous sont proposées ici. La première est une intrigue policière ambitieuse, portée par un mystère des plus fascinants. L'ambiance se veut ici axée sur le faux fantastique, l'auteur parvenant à créer une atmosphère bien particulière et envoûtante par le biais de sa mise en scène et d'une narration parfaitement maîtrisée. L'intrigue est assez complexe, abordant de nombreuses pistes narratives afin de mieux tromper le lecteur, mais tout cet ensemble entre néanmoins en parfaite cohérence lors du dénouement magistral qui se veut particulièrement noir et tragique et qui réserve de nombreuses surprises avec un final d'anthologie particulièrement riche en émotions. L'identité du coupable n'est pas forcément évidente à deviner, son mobile l'est encore moins, et les indices permettant de décomposer son mode opératoire demandent une bonne dose de réflexion et de patience. Mais même en trouvant les éléments en question, il faut surtout arriver à en faire sens afin de trouver le raisonnement qui relie ensemble les trois meurtres, les circonstances de l'un d'eux pouvant fournir des indices précieux sur le déroulement d'un des autres et sur le mode opératoire du tueur de manière générale, habile dans l'art de la manipulation mentale. Conan a affaire là à un criminel à sa hauteur, diablement génial, et il est inutile de préciser que les lecteurs passionnés de mystères policiers à décrypter trouveront là un défi à leur mesure. Le fait qu'il soit accompagné par une histoire magnifique et aussi aboutie ne fait que renforcer l'excellence de cette affaire qui est assurément l'une des plus passionnantes et des plus mémorables de la série à ce stade.

Changement radical d'ambiance avec la seconde affaire qui se porte davantage vers la comédie légère. Cette fois-ci, l'intrigue policière ne fait presque office que de prétexte et l'histoire repose essentiellement sur un énorme sketch auquel se livrent Conan et Ran dans un jeu du chat et de la souris où notre jeune détective se retrouve quasiment pris à son propre piège d'une bien étrange façon. L'auteur ne se prend pas trop la tête sur ce coup et se contente de nous livrer des moments bien déjantés et bien plus légers avec ses deux héros (dont l'alchimie a toujours bien fonctionné) afin de varier un peu après la noirceur et la tragédie de l'affaire précédente. Seulement, cette fois, on pourra lui reprocher d'aller un peu trop loin dans son délire, notamment avec l'apparition d'une des inventions les plus kitschs du professeur Agasa. Jugez plutôt: le fax portatif passe-partout en forme de bento. Bien sûr, la nourriture dedans est bien réelle et a sa date de péremption, comme le gadget d'ailleurs qu'on ne reverra plus par la suite. Mais le gros défaut de cet épisode, et c'était un très mauvais choix narratif de sa part, ce sont bien sûr la jalousie irrationnelle et l'entêtement acharné de Ran qui la font passer pour une idiote doublée d'une véritable tête à claques. L'idée n'était pas forcément mauvaise en soi pour un gag, mais au-delà de quelques pages, on n'a qu'une envie: que ce massacre du personnage cesse. Loin de divertir le lecteur, le fait de baser toute une intrigue sur la jalousie de Ran finit par le lasser au bout d'un moment et par rendre son personnage assez irritant. Les péripéties amusantes de nos deux héros, si elles prêtent à sourire cinq minutes, ne suffisent malheureusement pas à rattraper le coup. Au final, on en reste sur une impression d'échec: l'histoire n'est en elle-même pas des plus intéressantes, ses enjeux sont totalement survolés (un comble !) et la forte dose d'humour présente dans cette affaire est amenée de manière beaucoup trop forcée, ne convaincant pas le lecteur et présentant de grosses lacunes en terme de narration qui part dans tous les sens. Etrangement, il nous faudra attendre le tome suivant avant d'en découvrir le dénouement, amenant ainsi un cliffhanger de fin de volume plutôt raté, le suspense et la tension dramatique ne prenant pas au milieu d'une overdose générale d'humour qui réussit même à tourner les moments censés être "sérieux" de cette intrigue pour de l'autoparodie.

Ce volume nous propose donc deux intrigues très différentes. La première illustre de fort belle manière tout ce que ce manga a de meilleur à nous offrir avec une histoire incroyablement ambitieuse, mystérieuse, sombre et tragique. Du Gosho Aoyama à l'apogée de son art ! Mais à côté de ça, l'auteur s'est laissé complètement allé sur sa seconde intrigue qui mise tout sur l'humour et sur le fan-service pour tenter de dissimuler tout ce qui ne fonctionne pas au niveau de sa narration, bourrée d'imperfections. Ainsi, si ce tome aurait très bien pu s'imposer comme l'un des grands incontournables de cette série (mais il le reste malgré tout cependant), il subit donc une triste retombée d'intérêt sur la fin qui diminue un peu le constat général. Mais cela ne devrait pas retenir les lecteurs de s'y intéresser pour profiter de ce qui est assurément l'une des meilleures intrigues de ce début de série et qui demeure encore à ce jour l'une des plus passionnantes et des plus mémorables de Détective Conan, un véritable chef d'oeuvre signé Gosho Aoyama à elle seule !

Verdict: Excellent (17/20).
Modifié en dernier par Glass Heart le 17 nov. 2014, 23:10, modifié 2 fois.

Glass Heart
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Re: Detective Conan

Message non lu par Glass Heart » 06 mai 2014, 16:10

Détective Conan - Tome 8: Arc de Conan Edogawa (8/18)

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Conan a découvert la véritable raison derrière l'attitude étrange de la mystérieuse Ryoko Akagi, la lycéenne qui se présentait comme la petite amie de Shinichi Kudo. Il tente maintenant de sauver le jeune Mamoru des mains de son ravisseur, mais malheureusement Ran veille au grain, folle de rage à l'idée que Shinichi ait pu la tromper. Une fois l'affaire résolue, Conan pourra t-il éviter qu'une nouvelle catastrophe ne s'abatte sur sa vie personnelle ?

Après cette entrée en matière, on retrouve notre héros sur la plage privée d'un prestigieux hôtel à Izu où il se prélasse en compagnie de Ran et de Kogoro. A leur arrivée à la réception, ils apprennent que ce séjour de rêve tout frais payés prend en réalité part à un mystérieux jeu-concours entre plusieurs clients de l'hôtel. A la clé, le paiement intégral de leur note ainsi que la possession d'un mystérieux virus informatique, le programme "Baron de la Nuit" qui fit des ravages dans le monde de l'informatique quelques années auparavant, piratant les ordinateurs de nombreuses grosses sociétés. Le Baron de la Nuit est d'ailleurs la thématique centrale de ce séjour puisque l'organisateur du jeu, dissimulé parmi les participants, fera plusieurs apparitions costumées sous les traits de ce personnage énigmatique issu des romans à succès de l'auteur Yusaku Kudo, le père de Shinichi. Aux participants de déterminer sa véritable identité dans le temps imparti. Initialement peu enclin à participer à ce jeu mystère, Conan change d'avis après que le Baron de la Nuit ait tenté de l'assassiner au cours de sa première apparition, le jetant du balcon de l'hôtel pour terminer sa chute dans la piscine en contrebas. Ayant échappé de peu à la mort, Conan a un mauvais pressentiment concernant ce concours et il est déterminé à démasquer le Baron de la Nuit et à découvrir ce qui se cache réellement derrière cette histoire. Mais même lui n'aurait pu prévoir que le Baron de la Nuit finirait par trouver la mort au cours d'une chute des hauteurs de l'hôtel pour finir empalé sur une statue en contrebas. S'agit-il d'un accident survenu à cause de la maladresse d'un organisateur un peu trop farceur ou d'un crime soigneusement orchestré par un esprit diaboliquement intelligent ? Un mystère que Conan va devoir élucider alors que tous les participants au concours semblent suspects, cachant tous leurs secrets.

Enfin, on termine ce tome avec un heureux événement: un mariage, celui de Mlle Sayuri, l'ancienne prof de musique de Shinichi, Ran et Sonoko au collège et accessoirement la fille du préfet de police Matsumoto, le supérieur du commissaire Maigret. Un événement placé sous le signe de la joie et... du crime. En pleine préparation dans la chambre de la mariée, Sayuri est empoisonnée alors qu'elle se désaltérait avec son habituel thé au citron, de la soude caustique ayant été versée à l'intérieur de sa canette. Avec la mariée entre la vie et la mort, les policiers doivent déterminer l'identité de celui ou celle qui a placé le poison dans la boisson parmi les invités qui lui ont rendu visite au cours de la dernière demi-heure. Par chance, une vidéo tournée par Ran et Sonoko témoigne des allées et venues de chacun dans la salle avec les heures. Qui donc a tâché de sang la robe de la mariée ?

On commence donc ce nouveau tome avec la résolution de l'affaire de la fausse petite amie. Un dénouement plutôt simple d'un côté et décevant de l'autre avec Ran qui continue de se ridiculiser avec sa jalousie absurde, continuant son jeu du chat et de la souris avec Shinichi/Conan. Heureusement que ça ne dure pas plus d'un chapitre, parce que cette intrigue est facilement l'une des plus agaçantes de la série, à défaut d'être vraiment drôle. On peut vraiment dire que Gosho Aoyama a raté complètement son coup cette fois-ci, et massacré le personnage de Ran au passage.

On enchaîne avec l'affaire suivante où Conan se trouve confronté au mystérieux Baron de la Nuit, l'énigmatique personnage des romans de son père Yusaku Kudo. Cette histoire, qui fait à elle seule plus de la moitié de ce volume, est aussi son moment fort. Gosho Aoyama a pris le temps de travailler son intrigue, particulièrement complexe, qui cumule à elle seule de nombreux mystères et des personnages déroutants. La vérité n'est pas si facile à trouver, les rebondissements sont nombreux et l'auteur se plait à jouer avec son lecteur, l'égarant sans cesse sur de nombreuses fausses pistes avant de dévoiler enfin la vérité très surprenante de cette affaire. Le dénouement est nettement à la hauteur des ambitions affichées, ne décevant pas dans la dernière ligne droite et révélant un personnage de coupable à la fois inquiétant et dont la haine est alimentée par une forte tragédie personnelle. Une fois n'est pas coutume, une nouvelle affaire s'achève sur une fin triste et forte en émotions.

La troisième et dernière affaire de ce volume est une petite intrigue beaucoup plus simple qui ne dure que trois chapitres. Les règles sont rapidement posées, le mystère demande à procéder de manière logique mais il n'est pas en soi très difficile, et les personnages des suspects ne sont pas particulièrement développés. Le genre d'affaire qui se repose essentiellement sur son mode opératoire, simple et bien pensé, et sur sa fin qui, pour une fois, se termine sur une note heureuse, permettant de varier un peu avec la tonalité souvent sombre et pessimiste de la série.

On se retrouve donc avec un volume dont le principal intérêt se résume à son affaire centrale, celle que l'auteur Gosho Aoyama a vraiment pris le temps d'élaborer et la seule qui soit vraiment à la hauteur des attentes des lecteurs. A côté de ça, on trouve des petites intrigues beaucoup plus simples et nettement moins ambitieuses qui arriveront toujours à divertir le lecteur pour le faire patienter en attendant la prochaine grosse affaire du volume suivant. On espère surtout que Gosho Aoyama prendra davantage le temps de développer un peu mieux le personnage de Ran qui, pour le coup, ne sort pas complètement indemne d'une intrigue qui l'a en grande partie humiliée, la rabaissant comme une simple idiote dont la jalousie s'avère vite insupportable alors qu'elle devait être au coeur des émotions de la série. Heureusement, il ne faudra guère attendre qu'une demi-douzaine de tomes pour que l'auteur lui offre enfin un développement à la hauteur de son personnage et qu'il rattrape les erreurs de parcours commises pendant les débuts de la série. Pour le reste, on a droit à un très bon tome dans l'ensemble, toujours aussi divertissant et affichant occasionnellement les ambitions narratives du titre.

Verdict: Très Bon (16/20).
Modifié en dernier par Glass Heart le 10 févr. 2015, 17:28, modifié 5 fois.

Glass Heart
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Re: Detective Conan

Message non lu par Glass Heart » 14 juil. 2014, 16:24

Détective Conan - Tome 9: Arc de Conan Edogawa (9/18)

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Alors que Conan et les Detective Boys jouaient à cache-cache dans le parc, Ayumi a le malheur de se retrouver coincée dans le coffre de voiture de deux tueurs de jeunes filles activement recherchés par la police. Avec l'aide de son nouveau skateboard à énergie solaire inventé par le professeur Agasa et avec l'aide du badge des Detective Boys qui lui sert d'émetteur pour contacter Ayumi, Conan et ses amis partent dans une folle course-poursuite à travers la ville, cherchant à établir l'itinéraire des ravisseurs à partir des maigres indices qu'ils peuvent parvenir à récolter. Le temps presse car la vie d'Ayumi est en danger et la nuit commence déjà à tomber, les coupables risquant de leur échapper.

Suite à cela, Conan et Ran accompagnent Kogoro Mouri dans une station thermale pour la réunion des anciens membres de son club de judo à l'occasion d'une célébration estivale à Tochigi. Avant de se rendre au feu d'artifices, les amis profitent de la journée pour faire une partie de ping-pong tandis que Yumi, l'ancienne madone du club, préfère se retirer dans sa chambre afin de se reposer, l'esprit préoccupé par ses problèmes. Pris de court par l'heure, ils finissent par se rendre au feu d'artifices en oubliant d'aller la réveiller. A leur retour, ils découvrent dans sa chambre son corps abattu d'une balle dans la tête. Tout porte à croire à un suicide qui se serait déroulé pendant leur partie de ping-pong, mais des éléments contradictoires viennent vite réfuter cette théorie. Seulement, tous les anciens membres du club avaient un alibi à l'heure établie d'après l'examen légal du corps. Comment le meurtrier aurait-il pu falsifier l'heure du décès ? Conan trouvera la réponse à ce saisissant mystère dans une vieille légende japonaise...

Enfin, la réputation de Kogoro Mouri ne cesse de grandir dans la presse grâce à l'aide discrète de Conan et aujourd'hui le détective est convié par un célèbre chef d'entreprise à la réception d'anniversaire de sa fille Reika, qui célèbre ses 24 ans, afin de divertir les autres invités avec ses histoires. De son côté, la jeune héritière a profité de l'occasion pour réunir plusieurs beaux partis, prenant plaisir à les voir se disputer ses faveurs car son futur mari héritera également de la présidence du groupe. Mais la fin de la réception est gâchée par le sabotage des voitures de plusieurs convives, les forçant à établir un convoiturage pour le retour. Alors que les choses se mettent en place, Reika décide de rester dans sa résidence secondaire en compagnie de ses prétendants et du détective Mouri, qui n'est pas en état de conduire, avec Ran et Conan. Très vite, Reika disparait mystérieusement de la maison et l'un de ses prétendants est retrouvé mort noyé dans une fontaine. Pris au piège par un individu qui les a isolé du monde extérieur en sabotant les voitures et en coupant la ligne téléphonique, le groupe se met à la recherche de Reika tout en étant conscient que le meurtrier pourrait très bien être l'un d'eux... voire Reika elle-même. Les choses prennent un tournant encore plus déroutant quand Ran, qui n'a aucun lien avec les autres occupants de la maison, manque de se faire tuer à son tour. Que recherche vraiment l'assassin ?

Ce nouveau tome de Détective Conan se révèle plutôt classique dans l'ensemble avec des intrigues guère originales pour les habitués de la série. La première intrigue n'est qu'une simple histoire de course-poursuite, sympathique mais sans réelle tension dramatique, qui est essentiellement tournée vers l'action et qui sert surtout à préciser les relations au sein du groupe des Detective Boys avec des amourettes d'écoliers sans intérêt (Ayumi aime Conan ce qui attire la jalousie des deux autres qui vont tout faire pour chercher à l'impressionner). La seconde ne brille pas non plus par l'originalité de son histoire qui a surtout pour mérite de mettre en avant le détective Kogoro Mouri pour une fois, illustrant un côté plus sérieux du personnage alors que celui-ci est déterminé à identifier celui qui a brisé l'harmonie de son cercle d'amis pour finalement réaliser avec mélancolie combien les gens et leurs sentiments peuvent changer au fil des ans. Enfin la dernière affaire repose à nouveau sur le principe du roman "Dix Petits Nègres": un groupe de personnages isolés du reste du monde se retrouvent aux prises avec un tueur psychopathe qui pourrait bien se trouver parmi eux. Le tome propose la totalité de l'enquête, le lecteur disposant de toutes les informations nécessaires pour trouver la vérité, mais il faudra cependant attendre le volume suivant pour en découvrir le dénouement tragique. Une lecture sympathique en soi mais rien de bien original là non plus, l'affaire de l'homme aux bandages du tome 5 ayant déjà abordé ce concept de manière plus convaincante et bien plus glauque.

Cependant, ce manque d'originalité dans l'écriture des intrigues n'empêche pas le tome de proposer une lecture vraiment plaisante au lecteur qui continue de suivre sans problème les aventures du jeune détective, et on retient aussi quelques nouvelles trouvailles excellentes qui vont vite devenir des codes phares de la série. En premier lieu, on retient l'effort de Gosho Aoyama de construire ses intrigues policières sous un angle plus scientifique, ce qui va considérablement enrichir l'intérêt de la série. Au cours de l'affaire de la station thermale, le lecteur est ainsi introduit à certains concepts scientifiques bien connus des professionnels mais largement ignorés du grand public qui vont permettre ensuite au lecteur de réfléchir les affaires sous un angle plus sérieux et en prêtant davantage d'attention à certains détails visuels. Ici, l'astuce employée par le meurtrier et son mode opératoire reposent intégralement sur ce concept scientifique qui lui a permis de fausser l'heure du décès et de se construire son alibi, le lecteur pouvant dès lors ressentir combien ces connaissances vont devenir importantes par la suite dans la résolution des enquêtes. Enfin, visant certainement à retrouver une certaine saveur de la littérature policière où les auteurs arrivent à écrire des scènes perçues à travers les yeux du coupable sans pour autant avoir à révéler son identité, l'auteur introduit aussi le concept de "l'ombre", un avatar mystérieux permettant de représenter le coupable en pleine action sans rien dévoiler de son identité ou de ses caractères physiques. Cette idée originale lui permet ainsi de mettre en scène une tentative de meurtre où le tueur s'en prend directement à Ran avec toute la tension dramatique et le suspense qui peuvent se dégager de ces moments riches en intensité. Une superbe trouvaille narrative qui va là-aussi devenir rapidement l'un des codes principaux de la série.

On se retrouve ainsi avec un tome qui propose étrangement des histoires assez classiques alors que, de l'autre côté, il nous apporte aussi de réelles trouvailles narratives pleines d'originalité qui vont considérablement renouveler l'intérêt du titre par la suite et contribuer à redéfinir la série telle qu'on la connait aujourd'hui. Le talent de narration et le travail sur la mise en scène de Gosho Aoyama continuent de faire mouche avec des dessins assez soignés et des dialogues toujours très fournis et, au final, on se retrouve devant un bon tome qui, sans figurer parmi les plus mémorables, n'en demeure pas moins agréable à lire.

Verdict: Bon (14/20).

Glass Heart
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Re: Detective Conan

Message non lu par Glass Heart » 18 juil. 2014, 19:40

Détective Conan - Tome 10: Arc de Conan Edogawa (10/18)

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Détective Conan passe la barre des dix volumes et nous réserve quelques surprises pour l'occasion. En premier lieu, on assiste à la résolution de l'affaire entamée dans le tome précédent. Une fin à l'image de cette intrigue: sombre et dramatique mais sans originalité particulière.

Après cette sinistre histoire, on revient à Tokyo où un étrange énergumène se présente à l'agence de détective de Kogoro Mouri. Se présentant sous le nom d'Heiji Hattori, ce jeune homme d'Osaka est un détective lycéen et prétend être le grand rival de Shinichi Kudo, ayant fait tout le chemin afin de rencontrer son rival et de le défier pour déterminer lequel des deux est le meilleur détective. Malheureusement, Shinichi est mystérieusement porté disparu depuis quelques temps déjà et nul ne sait vraiment ce qu'il est advenu de lui, aussi Heiji a t-il décidé de harceler sa copine Ran afin de le forcer à sortir de sa cachette. Au même moment, la femme d'un célèbre diplomate se présente à l'agence afin de demander à Kogoro d'enquêter sur la fiancée de son fils, convaincue que cette jeune femme bien sous tout rapport n'est pas aussi parfaite qu'elle le laisse paraître et qu'elle a des choses à cacher. Heiji décide de profiter de l'occasion pour accompagner le détective Mouri, ayant réalisé qu'il n'est qu'une imposture et convaincu du coup que Shinichi les surveille de près et qu'il sera certainement tenté d'intervenir d'une manière ou d'une autre.

Réalisant la menace que Heiji pourrait représenter pour sa couverture s'il le laisse dire n'importe quoi, Conan décide de les accompagner malgré sa grippe violente et son état qui ne cesse de se dégrader. En arrivant au domicile du couple Tsujimura, Kogoro et ses compagnons découvrent le corps du diplomate enfermé dans son bureau, empoisonné avec une aiguille. La mort remonte à moins d'une demie-heure et elle s'est déroulée dans une pièce scellée de l'intérieur, créant de ce fait un cas de meurtre à chambre close. Comment le meurtrier a t-il pu s'infiltrer dans le bureau, en ressortir et sceller la pièce avant l'arrivée du détective Mouri ? Alors qu'ils enquêtent, Conan et Heiji en arrivent à deux conclusions très différentes pointant sur deux suspects distincts mais il ne peut y avoir qu'une seule vérité. Malheureusement, avant qu'il n'ait pu exposer son raisonnement et alors qu'Heiji espère toujours une apparition surprise de son rival, Conan est victime d'une violente crise qui le terrasse instantanément. Que lui arrive t-il ?

Après cette première rencontre avec son nouveau rival, Conan se remet de sa grippe et s'interroge sur les récents événements. Il pense avoir trouvé une piste sur le moyen de redevenir Shinichi Kudo de manière permanente mais, avant qu'il n'ait pu tester sa théorie, ses camarades de classe viennent le chercher afin d'aller ensemble à la bibliothèque. Conan voit cela comme une occasion de passer du temps ensemble avant de leur faire ses adieux. Mais un événement va bouleverser la quiétude de cette journée: un des employés de la bibliothèque est porté disparu, n'étant pas revenu chez lui ces derniers jours après son travail, et la police débarque pour inspecter les lieux de fond en comble. Déterminés à découvrir la clé de ce mystère, Conan et les Detective Boys se font enfermer dans la bibliothèque à la nuit tombée et découvrent que le directeur Tsugawa est impliqué dans un sale trafic. Alors qu'ils comprennent que le disparu a certainement été assassiné par le directeur après avoir découvert la drogue, les enfants réalisent que le meurtrier rôde toujours en ces murs, déterminé à les réduire au silence à leur tour...

Enfin, Conan, Ran et Kogoro partent en vacances au ski. Malheureusement, Kogoro a trouvé le moyen de perdre les clés de leur chalet. En désespoir de cause, ils sont accueillis par leur voisin, l'éminent professeur Masashi Oyama, dont le nom s'est récemment fait connaître de toute la communauté scientifique suite à sa brillante thèse sur le développement des soins génétiques contre le cancer du gros intestin. Le professeur Oyama et ses quatre assistants s'apprêtent à fêter dignement l'événement au cours d'un dîner auquel le détective Mouri et ses compagnons sont conviés. Profitant d'un moment de répit où chacun voguait à ses occupations, le professeur est assassiné dans sa chambre alors qu'il regardait son feuilleton préféré. Le corps est découvert plusieurs heures plus tard et Kogoro tente de définir l'alibi de chacun au moment de crime. Mais la victime a laissé derrière elle un message posthume indiquant l'identité de son meurtrier, convaincu que le célèbre détective serait à même de le déchiffrer. Il revient donc à Conan de réunir les pièces du puzzle afin de comprendre la teneur de ce message et de prouver la culpabilité de l'assassin.

Beaucoup de choses se passent au cours de ce tome. En premier lieu, nous faisons la connaissance d'un nouveau personnage récurrent, Heiji Hattori, le détective lycéen d'Osaka et le rival autoproclamé de notre jeune héros, qui se ramène à Tokyo afin de défier Shinichi Kudo. Une affaire reposant sur une idée de départ simple: chacun des deux détectives aboutit à un raisonnement différent pointant sur un suspect différent. Non content de devoir exposer ses propres déductions, Conan doit également identifier la faille dans celui de Heiji afin de démontrer en quoi son explication ne tient pas la route. Mais les enjeux de l'intrigue sont rendus encore plus complexes par l'état second de Conan, atteint d'une violente grippe et incapable de se concentrer bien longtemps, ce qui lui nuit fortement dans la recherche d'indices. Alors qu'il pense avoir compris la vérité de cette affaire, il n'aura peut-être pas le temps de la démontrer alors qu'Heiji se trouve dans l'erreur et qu'il risque de faire porter le chapeau à la mauvaise personne s'il ne fait rien pour le contredire. Mais l'auteur réserve une surprise aux fans qui va également relancer quelque peu les enjeux de l'intrigue centrale de la série. On pouvait craindre une histoire surchargée mais, bien au contraire, la narration se révèle très fluide et le rythme est parfaitement géré, ce qui donne à cette intrigue et à ses enjeux toute leur force. Beaucoup de choses se passent et Heiji fait une entrée en scène remarquée, sur le point de devenir très prochainement l'un des personnages les plus populaires et les plus charismatiques de la série.

La seconde intrigue du tome est beaucoup plus simple dans ses grandes lignes, reposant sur les facéties des Detective Boys qui se la jouent Club des Cinq pour l'occasion, mais ces péripéties se révèlent assez prenantes, en grande partie grâce au personnage du meurtrier qui inspire une réelle tension par sa folie psychopathe et le danger qu'il représente. Malheureusement, le mystère sur la disparition du corps n'en est en soi pas vraiment un, l'indice révélant sa localisation étant particulièrement évident même si l'auteur se laisse quelque peu aller à la facilité en l'introduisant avant même que l'affaire à proprement parler ne démarre. Enfin, la dernière affaire est une enquête de meurtre des plus classiques où Conan doit élucider un message posthume laissé par la victime pour désigner son meurtrier. Au risque de décevoir les lecteurs occidentaux que nous sommes, il est impossible de résoudre cette affaire sans avoir une certaine connaissance de la culture japonaise et en particulier des spécificités de la langue. Une fois n'est pas coutume, cette affaire ne trouvera sa conclusion que dans le volume suivant, le lecteur étant cependant censé avoir tous les éléments pour la résoudre. Dommage qu'on ne puisse pas vraiment en profiter cette fois pour tenter de percer le mystère avant de découvrir le prochain volume.

Dans l'ensemble, on trouve là un très bon tome de Détective Conan, proche de l'excellence, avec des intrigues vraiment captivantes, une narration travaillée de manière remarquable et un vrai talent de mise en scène. On doit saluer les efforts de Gosho Aoyama pour relancer l'intérêt de ses intrigues avec de nouvelles idées narratives qui font mouche pour l'occasion, ainsi qu'une implication des personnages beaucoup plus forte grâce à l'inclusion d'objectifs secondaires en rapport ou non avec l'intrigue centrale de la série et voué à durer sur le long-terme. Pour le coup, on peut s'attendre à revoir le personnage d'Heiji Hattori très prochainement tandis que de nouveaux personnages récurrents vont être introduits dans les tomes à venir afin d'étendre davantage l'univers de Détective Conan et d'enrichir considérablement sa mythologie. Ce dixième tome de la série amorce donc une sorte de renouveau où l'auteur semble décider à développer davantage les bases de sa nouvelle série fétiche afin de l'inscrire sur la durée. Et ce n'est encore que le commencement d'une histoire qui dure depuis maintenant une bonne vingtaine d'années...

Verdict: Excellent (17/20).

Glass Heart
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Re: Detective Conan

Message non lu par Glass Heart » 20 juil. 2014, 16:11

Détective Conan - Tome 11: Arc de Conan Edogawa (11/18)

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Une fois n'est pas coutume, ce nouveau tome de Détective Conan reprend avec le dénouement tragique d'une enquête débutée à la fin du volume précédent. Une affaire que les lecteurs occidentaux que nous sommes pouvaient difficilement résoudre car le message posthume laissé par la victime demandait une certaine connaissance de la culture japonaise et sur des spécificités de langue que nous n'avons pas forcément. Toutefois, il était toujours possible de procéder par raisonnement logique afin de démonter l'alibi du coupable qui comportait une énorme faille. Mais cette affaire demeurait malheureusement trop peu accessible, malgré son dénouement intéressant et malgré les efforts de l'éditeur Kana pour apporter les explications nécessaires à sa compréhension.

Pendant ce temps, la popularité de Kogoro Mouri ne cesse de grandir dans les médias et le célèbre détective est désormais invité à participer à l'émission phare du présentateur vedette Takashi Matsuo sur les affaires criminelles non-élucidées. L'occasion pour lui de faire son show habituel. Mais l'émission est en perte d'audience depuis un certain temps et le producteur Suwa envisage donc de remplacer Matsuo par la ravissante Yuko Suzuki, la valeur montante de la chaîne, et par un esprit plus trash qui assurerait une plus grande part d'audiences mais qui violerait l'esprit originel plus sérieux de l'émission. Incapable de l'accepter, Matsuo met au point un plan diaboliquement ingénieux pour éliminer Suwa afin de préserver sa place et de sauver l'intégrité de son émission. Un meurtre réalisé en direct durant lequel il aurait été impossible pour lui de faire le trajet du studio d'enregistrement jusqu'à la pièce où a été découvert le corps du producteur en un laps de temps si court. Matsuo déclare ainsi fièrement devant les caméras qu'il se jure de retrouver le meurtrier de son ami et que cette affaire deviendra le sujet de sa prochaine émission, défiant le meurtrier. Mais Conan soupçonne d'office le présentateur d'être l'assassin, seulement il ne peut pas encore l'accuser alors qu'il n'a aucune preuve et qu'il lui faut avant tout comprendre la manière dont le meurtre s'est réellement déroulé pour réaliser l'impossible.

Quelques temps plus tard, Ran s'éclipse discrètement de l'agence de détective de son père pour aller à un rendez-vous qu'elle tient à garder secret. Il n'en fallait pas plus pour attiser la suspicion et la jalousie de Conan qui s'incruste afin de saboter la rencontre. Gênée alors que la personne qu'elle attendait est sur le point d'arriver, Ran se rend à la pâtisserie du coin afin d'acheter des gâteaux pour convaincre Conan de retourner l'attendre tranquillement à l'agence. Restant seul dans le café, Conan tente alors de déduire l'identité de la personne que doit rencontrer Ran parmi les clients du café, lorsqu'un meurtre est découvert subitement dans les toilettes. La victime est une jeune femme retrouvée poignardée dans l'une des cabines, son corps ensanglanté bloquant la porte de l'intérieur et le meurtrier s'étant de toute évidence enfui par la fenêtre ouverte juste derrière la cuvette des toilettes. Toutefois, Conan relève rapidement des contradictions dans ce raisonnement évident, soupçonnant que l'assassin serait en réalité retourné à l'intérieur du café juste après le meurtre. Le jeune détective se retrouve ainsi avec un double-mystère sur les bras: devoir résoudre une nouvelle affaire de meurtre et devoir déduire en même temps l'identité de la personne avec qui Ran avait rendez-vous. Durant cette affaire complexe, il fait la connaissance impromptue d'une mystérieuse femme, l'avocate Eri Kisaki, qui n'hésite pas à venir en aide à la police alors qu'elle fait partie des suspects et qui semble anticiper le moindre de ses raisonnements. Qui est-elle réellement et pourquoi Conan ressent-il une telle terreur en sa présence ?

Pour terminer, Conan, Ran et Kogoro se retrouvent perdus au beau milieu de nulle part en pleine route de montagne suite à une panne de voiture et ils trouvent le gîte dans un temple reculé des environs. Accueillis par le prêtre moyennant une forte compensation monétaire, les visiteurs vont ainsi partager le quotidien des moines le temps d'une nuit. Ils apprennent qu'une légende plane autour de ce lieu où s'était déroulé une affaire sordide deux années auparavant: un jeune moine prometteur fut retrouvé pendu dans les hauteurs de la pièce de l'ascète où les moines étaient censés faire acte de pénitence pour leur pêchés. Cette mort impossible fut attribuée au mystérieux tengu de la brume, créature légendaire du folklore japonais, qui aurait transporté le moine au sommet de la pièce en planant dans les airs pour aller le pendre sur une poutre sans laisser la moindre trace d'une intervention humaine. Ces événements sordides vont se répéter une nouvelle fois alors que le prêtre du temple est retrouvé mort dans les mêmes conditions le lendemain suivant. Le commissaire Maigret, déjà chargé de la première affaire à l'époque, conclut à un second suicide mais Conan soupçonne que ces deux affaires seraient en réalité des homicides directement liés l'un à l'autre. Seulement, pourquoi le meurtrier aurait-il attendu deux ans pour frapper de nouveau ?

Voilà un tome qui va assurément plaire aux amateurs de stratagèmes ingénieux tant l'auteur s'est vraiment donné à fond dans la conception de ces nouvelles intrigues policières. Les modes opératoires des coupables sont conçus de manière habile et s'avèrent parfois très surprenants (celui de la dernière affaire notamment est totalement inattendu), les enquêtes sont menées de manière intelligente et le lecteur se plait une nouvelle fois à tenter de les résoudre avant les grandes révélations de la résolution finale. L'auteur n'en oublie pas pour autant de continuer à développer un peu plus l'univers de sa série fétiche avec l'apparition d'un nouveau personnage, l'avocate Eri Kisaki, dont le rôle s'avère être une énorme surprise et qui va considérablement enrichir les personnages de Ran et de Kogoro à travers d'une nouvelle intrigue récurrente. Après Heiji Hattori dans le volume précédent, Eri réussit à son tour son entrée dans l'univers de Détective Conan, l'auteur se plaisant déjà à jouer avec le caractère intriguant et l'intelligence indéniable de son personnage qui ne manqueront pas de dérouter Conan à plus d'une reprise. A côté, on a aussi droit à une bonne dose d'humour liée en bonne partie au personnage de Kogoro Mouri qui s'en donne à coeur-joie avec son show habituel, profitant pleinement de sa notoriété récemment acquise. Idole des médias tout en restant un crétin irrécupérable, le Mr. Satan des détectives fait mouche à tous les coups avec un génie comique incomparable qui contraste habilement avec le caractère souvent sérieux et sordide des affaires traitées au cours du tome. Enfin, à noter que pour une fois, on n'aura pas à attendre le volume suivant pour découvrir la conclusion de la dernière intrigue, ce qui fait gagner en fluidité de lecture ce qu'on perd de l'autre côté en tension dramatique et en suspense avec les cliffhangers de fin de volume.

Un tome qui nous présente ainsi une vraie variété d'intrigues policières bien différentes mais toujours intéressantes. L'auteur continue de fournir des efforts conséquents pour développer davantage l'univers de sa série et pour renouveler l'intérêt des intrigues policières avec des stratagèmes de plus en plus élaborés, le tout appuyé par son talent de mise en scène, sa narration impeccable et son soucis du moindre détail dans les dessins (qu'on adhère ou non à son style assez particulier, il est indéniable que ses dessins sont particulièrement soignés). Si les histoires servant de contextes aux enquêtes ne figurent pas forcément parmi les plus importantes ou les plus mémorables de la série, on n'en trouve pas moins là un volume particulièrement plaisant à lire pour ceux qui raffolent d'énigmes policières et qui veulent tenter de résoudre les affaires avant nos héros et on sent en parallèle qu'un univers encore plus vaste et encore plus riche est en train de se mettre tranquillement en place, annonçant une suite de série qui promet d'être encore plus prenante et intéressante que tout ce qui a précédé. Un tome suffisamment riche et plein de promesses pour convaincre les lecteurs de continuer à suivre ce manga pour découvrir ce qui aboutira de tout ça. Et on est assurément loin d'être au bout de nos surprises !

Verdict: Très Bon (15/20).

Glass Heart
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Re: Detective Conan

Message non lu par Glass Heart » 22 juil. 2014, 18:22

Détective Conan - Tome 12: Arc de Conan Edogawa (12/18)

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Le professeur Agasa, l'inventeur farfelu et ami de Shinichi, organise une chasse au trésor pour les Detective Boys dans la vieille demeure de son oncle défunt qui doit être détruite le mois prochain. Alors que les enfants se mettent en quête du coffre à jouets caché quelque part par le professeur, Conan repère des indices indiquant qu'une personne a résidé dans cette maison après la mort du propriétaire. Au grand effroi des enfants, une autre personne y est aussi venue plus récemment et a saccagé les jouets qui devaient leur revenir. Conan est convaincu que la bâtisse cache encore un lourd secret. La clé de cette énigme est une série de messages codés figurant sur certains objets et ressemblant à des gribouillages laissés par un enfant. Avec l'aide du professeur et de ses camarades, le jeune détective va tout faire pour résoudre ce mystère, mais un étrange individu surveille ses moindres faits et gestes dans l'ombre. Un voile sombre s'apprête à tomber sur la demeure alors que la vérité est sur le point d'être révélée...

Après cette première aventure, Conan accompagne Ran et Kogoro à la journée de présentation des futurs produits de la célèbre société de jeux vidéo Mantendo. Le détective Mouri y est l'invité d'honneur, personnage central d'un tout nouveau jeu d'enquête dont il vient assurer la promotion en état d'ébriété. La journée s'annonce longue lorsque Conan tombe par hasard sur un mystérieux individu vêtu de noir nommé Tequila, complice des mêmes hommes en noir qui ont agressé Shinichi Kudo et qui sont responsables de son état actuel. Pensant avoir enfin retrouvé la trace de ses ennemis jurés, Conan espionne Tequila alors qu'il se rend aux toilettes avec une étrange mallette appartenant à la société Mantendo suite à une transaction douteuse. Contre toute attente, l'ouverture de la mallette provoque une gigantesque déflagration, tuant instantanément Tequila. Rageant d'avoir perdu sa nouvelle piste, Conan décide de retrouver l'employé à qui appartient la mallette piégée afin de lui faire cracher toutes les informations en sa possession, son ultime chance de retrouver les hommes en noir avant qu'ils ne repartent de nouveau dans l'ombre. Mais cette affaire s'annonce particulièrement périlleuse, ses adversaires ayant pour habitude d'effacer toutes traces de leur passage derrière eux. Cette histoire sordide sera t-elle à son tour recouverte d'un voile noir ?

Pour terminer, Conan se rend à un séjour organisé en l'honneur des plus grands fans de Sherlock Holmes grâce à un concours, Kogoro et Ran l'accompagnant pour l'occasion. A leur arrivée, l'organisateur leur annonce le début d'un jeu où seront testées leur connaissance de l'oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle. L'heureux gagnant se verra remettre un exemplaire de la toute première édition du roman Une Etude en Rouge, réputée pour être l'oeuvre qui vit naître le personnage du célèbre détective. A la grande surprise de Conan, le détective lycéen Heiji Hattori est également de la partie, espérant y rencontrer de nouveau son rival Shinichi Kudo qu'un tel séjour ne peut qu'attirer. Malheureusement pour lui, Shinichi ne semble pas être du voyage. Alors que les différents participants attendent la venue de l'organisateur au cours du dîner afin de répondre à son ultime quizz, ce dernier surgit au volant d'une voiture, se dirigeant fatalement en direction d'une falaise. Malgré les efforts de Conan et d'Heiji, la voiture entame sa chute fatale, le corps se perdant en mer dans l'explosion. Les circonstances de la mort laisseraient penser à un suicide mais des éléments intrigants suggèrent le contraire. Alors qu'Heiji cherche à en savoir plus, il trouve Conan sur sa route, parvenu aux mêmes conclusions. Très vite, sa curiosité est attirée par cet étrange gamin qui semble être son égal en terme d'esprit d'analyse et de raisonnement, faisant le rapprochement avec les événements de leur précédente affaire. Alors que le meurtrier frappe de nouveau et que les occupants de la villa se retrouvent coupés du monde extérieur, Heiji commence à rassembler les pièces du puzzle et à reconnaître l'ombre de Shinichi Kudo derrière les raisonnements perspicaces et l'attitude faussement innocente d'un enfant que rien ne semble en mesure de pouvoir arrêter sur le chemin de la vérité. A l'issue de cette nuit d'effroi, il y aura peut-être plus d'une vérité dévoilée, au grand dam du jeune détective.

Voilà bien l'un des premiers grands tomes de la série, riche en surprises et apportant d'importants développements au niveau de la mythologie. En premier lieu, on nous raconte une histoire de chasse au trésor reposant sur un code à percer. Malheureusement, et c'était déjà l'un des défauts relevés sur certaines affaires précédemment, ce code relève d'une certaine compréhension des particularités de la langue japonaise que les lecteurs occidentaux ne possèdent pas forcément, cette énigme perdant alors presque tout son intérêt. Le lecteur ne peut alors que suivre le déroulement de cette affaire à travers les espiègleries des Detective Boys, même si l'éditeur Kana continue de fournir des efforts pour rendre cette intrigue aussi compréhensible que possible via de nombreuses notes. Cependant, même dans ce cas, il pourrait être difficile de tout comprendre sans un minimum de bases sur la langue japonaise tels que l'existence de différents syllabaires. Heureusement, le mystère en lui-même et sa conclusion réussie permettent de préserver l'intérêt du lecteur jusqu'à son terme et on reconnait aussi la volonté de l'auteur de développer davantage le personnage du professeur Agasa, jusque là simple soutien de Shinichi dans l'ombre, en lui donnant un rôle un peu plus actif dans la série.

La deuxième affaire vise encore plus haut puisqu'elle oppose carrément Conan à ses ennemis jurés, les hommes en noir. Inutile cependant d'espérer d'importants développements de l'intrigue principale puisque encore une fois notre héros ne fait que croiser leur chemin le temps d'une affaire sans qu'il y ait de véritable confrontation, l'auteur se focalisant pour le moment à construire une aura terrifiante et insaisissable autour des antagonistes avant les confrontations importantes qui auront lieu plus tard dans la série. Le mystère de cette intrigue repose essentiellement sur un tour de passe-passe qui n'est pas en soi particulièrement dur pourvu que le lecteur prenne le temps de bien y réfléchir et qu'il fasse preuve d'une bonne imagination, mais son intérêt principal demeure bien sur la présence des hommes en noir qui crée une véritable sensation de danger tout le long de cette aventure, l'auteur excellant toujours au niveau de la narration et de la mise en scène. Pour la première fois peut-être, les hommes en noir apparaissent comme des messagers de morts et on réalise que Conan va devoir prendre des risques énormes pour pouvoir les affronter sur leur terrain. Mais l'heure n'est pas encore venue...

Enfin, la troisième et dernière affaire s'avère particulièrement ambitieuse. Il s'agit d'une affaire de meurtres sur le concept habituel de Dix Petits Nègres impliquant de nombreux admirateurs de l'oeuvre de Conan Doyle. L'auteur n'hésite d'ailleurs pas à s'en amuser à travers les interactions entre les personnages, Conan Doyle devant être encensé comme un dieu vivant et les "profanes" comme Kogoro se retrouvant dans des situations bien cocasses face à cette vénération presque sectaire. L'affaire est en soi véritablement passionnante et remarquablement construite mais l'auteur base de nouveau le mode opératoire du tueur sur certaines connaissances scientifiques généralement peu connues du grand public qu'il détaillera en détail par la suite lors du dénouement. Là-dessus, on ne peut que constater que l'ambiance du titre commence à mûrir de manière significative, les enquêtes étant beaucoup plus construites qu'auparavant et s'appuyant sur toutes sortes de connaissances diverses, ce qui contribue à apporter un certain réalisme aux affaires. L'intérêt de cette intrigue est encore redoublé par la présence d'Heiji Hattori, le rival de Shinichi, qui commence désormais à soupçonner la véritable identité de Conan et qui est prêt à tout pour le coincer, surveillant le moindre de ses agissements et le fil de ses réflexions de très près. Alors que la révélation de la vérité d'une affaire est toujours la finalité d'une intrigue policière, le but recherché par le personnage du détective, ici elle devient paradoxalement une menace pour le jeune héros qui risque de voir son secret être dévoilé aux yeux de tous et qui va devoir trouver un moyen de parer la vigilance d'Heiji au moment de dévoiler ses déductions. Cette situation propre au manga de Gosho Aoyama apporte à cette intrigue une saveur très particulière, entre le côté décalé du titre et un suspense construit de manière intelligente et reposant toujours sur de bonnes ficelles narratives. On reconnaît là le génie et la maîtrise de la narration de cet auteur dans ses meilleurs moments et, si cet ambitieux mélange aurait facilement pu devenir confus vu la foule d'éléments traités, le résultat est une vraie réussite qui figure parmi les intrigues les plus mémorables et passionnantes de la série. Il nous faudra cependant attendre une nouvelle fois le volume suivant pour assister à sa surprenante conclusion et pour savoir si, oui ou non, la véritable identité de Conan n'est plus qu'un secret de polichinelle et ce qu'il en résultera. Le suspense est à son comble !

Au final, ce volume nous offre un vrai plaisir de lecture: souvent brillant, pensé avec une intelligence rare, et surtout incroyablement addictif. Ces affaires s'avèrent souvent passionnantes à suivre, notamment les deux dernières, et la sympathie intrinsèque à l'univers de Détective Conan et à ses personnages apporte de la magie à cette série policière d'un genre véritablement unique. On n'a qu'une hâte: que l'intrigue principale se mette à évoluer davantage au fil des tomes, mais il est clair qu'un univers d'une grande richesse commence à se mettre vraiment en place, annonciateur d'une suite qui s'annonce tout simplement grandiose.

Verdict: Excellent (18/20).

Glass Heart
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Re: Detective Conan

Message non lu par Glass Heart » 22 sept. 2014, 18:15

Détective Conan - Tome 13: Arc de Conan Edogawa (13/18)

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Nous commençons ce nouveau tome avec la suite et fin de l'affaire de la villa Mycroft, théâtre d'une série de meurtres sordide. Presque démasqué par Heiji qui guette la moindre opportunité de le prendre sur le fait, Conan décide d'endormir son rival et de procéder à son show de résolution habituel en utilisant ce dernier. Un choix risqué qui pourrait tout aussi bien lui sauver la mise que confirmer les soupçons de son rival sur sa véritable identité.

Après cette entrée en matière, nous retrouvons Conan en compagnie de Ran et de Sonoko au bord de la plage d'Izu où ils passent un séjour tranquille à la résidence secondaire de la famille Suzuki. L'occasion pour eux de faire connaissance avec les habitants de la villa voisine, la famille Tomizawa, dont l'un des fils Yuzo doit prochainement épouser la soeur aînée de Sonoko. Son père Tetsuharu Tomizawa se réjouit de cette union qui va rapprocher leurs deux familles et lui permettre de profiter de la télé avec satellite de ses voisins pour regarder le match de baseball de l'équipe des Kagoshima Falcons dont il est un grand supporter. Au cours de la soirée, il se permet de critiquer ouvertement les choix de vie de ses trois fils, le premier ayant renoncé à travailler dans l'entreprise familiale pour devenir écrivain de romans policiers, le second étant fiancé avec une fille sortie d'on ne sait où, et enfin Yuzo ayant choisi une carrière artistique éloignée elle-aussi de la succession de son père à la tête de son entreprise. Ne pouvant en supporter davantage, ce dernier se retire précipitamment pour retourner à son atelier, terminant la soirée sur une note tendue. Lorsqu'il part à son tour après la fin du match, Tetsuharu Tomizawa est attaqué par un assaillant qui lui fracasse le crâne avec une pierre. Conan et ses amies aperçoivent le meurtrier et sont stupéfaits de reconnaître Yuzo avant qu'il ne prenne la fuite précipitamment. Le lendemain matin, ils ont la surprise de constater que les deux frères de Yuzo lui ressemblent trait pour trait, remettant en cause leurs convictions de la nuit passée. L'un d'entre eux est le meurtrier de leur père et tout trois ont des alibis plus ou moins bancals, mais le coupable ment forcément et Conan a bien l'intention de découvrir lequel.

Nous retournons ensuite à Tokyo où le détective Kogoro Mouri s'apprête à participer à une interview commune avec le maître d'art Kenjin Hanaoka pour accompagner son recueil sur les représentations artistiques de scènes de crime. Ce dernier le fait toutefois attendre, trop occupé à passer du bon temps avec son assistante Izumi Chono dans l'appartement situé dans l'immeuble en face de son bureau d'études. A son réveil, celui-ci est victime d'un chantage de sa maîtresse, menacé de voir exposée la vérité sur les travaux qu'il a signé de manière frauduleuse à moins qu'il ne divorce de sa femme. Perdant son sang froid, il assassine brutalement cette femme devenue trop encombrante puis maquille la scène de crime. A son retour au bureau d'études, il fait mine de recevoir un appel de Mlle Chono annonçant son intention de se suicider, prétendant tenter de l'en empêcher au téléphone, pour que tout le monde soit témoin de sa chute fatale du haut de son balcon. Mais très vite, Conan soupçonne que ce suicide n'est qu'une mise en scène conçue pour camoufler un homicide. L'identité de l'assassin ne fait aucun doute, reste encore à savoir par quel stratagème il a réussi à créer cette illusion parfaite. Une inspection minutieuse de la scène de crime s'impose donc avant que Mouri et l'inspecteur Maigret ne concluent définitivement à la thèse du suicide.

Enfin, le professeur Agasa convie Conan et ses camarades de classe à une visite des studios de tournage du prochain film de Goméra dont le réalisateur est un vieil ami à lui. Les enfants sont enchantés de rencontrer leur idole, trop naïfs pour réaliser que tout ça n'est que du cinéma. Malheureusement, les mauvaises nouvelles pointent: le producteur a décidé que le film à venir serait le dernier de la saga, les films de kaijus ne faisant plus recette comme avant et étant aujourd'hui ringardisés. L'équipe s'est faite à l'idée que la série a fait son temps et qu'une page de leur vie est sur le point de se tourner. Seulement le monstre n'a pas l'intention de mourir sans un dernier combat et, sous les yeux horrifiés de Conan et des Detective Boys, le producteur est brutalement assassiné sur le plateau de tournage. Poursuivi par les enfants, le meurtrier parvient à leur échapper dans les couloirs du studio et à disparaître. On ne retrouve que le costume, brûlé au sol. La majeure partie de l'équipe de tournage étant en train de visionner les derniers rushes tournés en salle de projection au moment du meurtre, les quatre suspects sont ceux qui n'y étaient pas présents ou qui sont sortis de la salle entretemps, à savoir l'acteur principal incarnant Goméra, poignardé à la jambe par le meurtrier après l'avoir surpris dans la salle des costumes, l'actrice principale qui a croisé le chemin du coupable et des enfants dans le couloir, le réalisateur qui était enfermé seul dans une pièce pour consulter son storyboard, et enfin le responsable des décors qui était retourné vérifier quelque chose sur le lieu de tournage, évitant de peu de croiser Goméra et nos héros. L'un d'entre eux a accompli la vengeance du monstre au nom de l'équipe et la vérité est dissimulée quelque part derrière les artifices de tournage.

Trois intrigues intégrales très différentes les unes des autres et le chapitre final d'une excellente affaire débutée dans le volume précédent. Mais ne faisons pas durer le suspense plus longtemps: ce tome est une vraie déception. Le meilleur est très nettement la fin de l'affaire de la villa Mycroft qui tient toutes ses promesses avec des stratagèmes géniaux et bien renseignés, relevant de connaissances scientifiques connues essentiellement des enquêteurs spécialisés. A cela s'ajoute l'intrigue avec Heiji qui soupçonne la véritable identité de Conan qui vient encore enjoliver le tout et réserver une conclusion qui, pour une des premières fois de la série, aura des répercussions sur la suite du titre, l'auteur travaillant désormais davantage la cohérence de son univers et sa mythologie générale. Malheureusement, après cette excellente entrée en matière, le tome commence à sombrer, aucune des trois nouvelles affaires présentées n'étant particulièrement intéressante ou aboutie.

L'intrigue des triplés partait d'une bonne idée de départ: trois frères pouvant chacun avoir accompli le crime et où l'enjeu principal est de pointer les mensonges dans leurs alibis jusqu'à découvrir l'identité du meurtrier. Mais Gosho Aoyama n'a pas du tout réussi à la gérer avec une narration qui devient vite confuse. A vouloir faire quelque chose d'original et d'élaboré avec plusieurs frères (dont le meurtrier) qui mentent pour se construire des alibis, il a fini par s'emmêler les pinceaux lui-même à ne plus trop savoir par quel bout prendre sa narration ni comment rebondir sur les principaux rebondissements de l'affaire (un comble quand même). Démasquer les mensonges de l'un, plutôt que de renforcer les soupçons sur lui, ne fait qu'encourager les inspecteurs à passer à l'alibi du suivant pour l'éplucher à son tour. En fait, c'est même pire puisque le coupable va jusqu'à inventer une série de mensonges en totale contradiction les uns avec les autres pour tenter d'expliquer les incohérences de ses précédentes déclarations. A ce stade, l'intrigue perd toute crédibilité puisqu'elle continue de se poursuivre comme si de rien n'était alors que le coupable est pourtant des plus évidents et les prend carrément pour des idiots. Mais même sans cela, il est relativement facile de deviner l'identité du coupable, cette affaire étant loin d'être l'une des plus originales de la série et reposant sur un des pires clichés de la fiction policière, relevant entièrement du hasard, pour démonter l'alibi du coupable. N'importe quel lecteur avisé faisant attention au déroulement des événements n'aura aucun mal à remarquer la contradiction totale et à en déduire immédiatement l'identité du meurtrier. Mais pour une raison incompréhensible, Conan, qui n'est pourtant pas du genre à ne pas remarquer ce genre d'incohérence flagrante d'habitude, n'a cette fois rien vu venir avant un stade très avancé de l'intrigue où il s'apprête à confondre le coupable. Cela nuit grandement à la cohérence de cette histoire dont les ficelles narratives employées deviennent apparentes, n'arrivant pas à faire illusion, et où l'auteur tente sur la fin de se justifier sur les nombreuses facilités avec une mise en abîme qui aurait pu être intéressante si elle n'était pas à ce point gratuite. Malgré les bonnes intentions initiales, c'est l'une de ces histoires que Gosho Aoyama n'a pas réussi à mener à maturité, livrant une intrigue très inaboutie qui peine à convaincre le lecteur, ou même tout simplement à captiver son intérêt, la narration accusant de plus de trop nombreuses longueurs et les personnages des suspects étant aussi inintéressants qu'agaçants.

On espérait que l'intrigue suivante sur le maître d'art redresserait un peu la barre. Elle est en réalité encore pire, d'un ennui mortel et absolument inintéressante. Tout dans cette histoire est prétexte à justifier le stratagème employé et rien ne fonctionne. L'histoire est bidon et creuse, les personnages centraux sont plus inintéressants que jamais et le mode opératoire du tueur (dont l'identité est connue d'office) est franchement la vraie fausse bonne idée de ce volume, à la fois extrêmement enfantin dans sa conception et sa mise en place et pourtant extrêmement prise de tête (à la limite de l'arrachage de cheveux) à comprendre dans les explications données. Mais surtout, à mettre à ce point de côté l'histoire, l'intrigue creuse sa propre tombe, ne parvenant jamais à passionner le lecteur et accusant d'immenses longueurs interminables en seulement trois chapitres. On admire Gosho Aoyama pour sa tendance à nous raconter des histoires sympathiques et riches dans lesquelles il intègre ensuite naturellement ses intrigues policières. Ici, il est parti de l'intrigue pour construire tout le reste autour et ça ne marche absolument pas. Clairement l'une des pires histoires de la série entière !

Du coup, on serait presque tenté de devenir plus conciliant sur la dernière intrigue autour du monstre Goméra qui relève un peu le niveau. Rien de bien transcendant mais l'auteur se focalise à nouveau un peu plus sur l'histoire et sur ses personnages, même si la dimension policière à côté est extrêmement simpliste et l'astuce employée largement à la portée d'imagination d'un enfant. Cette intrigue tente de fonctionner avant tout sur la magie des films de kaiju et la relation que les enfants entretiennent avec ce type d'univers mais, malgré cette dimension sympathique, on regrette vite que Gosho Aoyama en ait eu une approche aussi puérile: celle-ci se résume essentiellement à voir les Detective Boys croire que tout ce qu'ils ont vu à l'écran est réel et ainsi interpréter les événements dramatiques de l'affaire à travers leur imaginaire d'enfants. Ca aurait pu faire un gag sympathique à petite dose, mais l'auteur appuie tellement dessus que ça en devient vite extrêmement lourd, amenant carrément le personnage de Conan au pétage de plomb contre ses camarades alors qu'il s'efforce d'élucider ce qui n'est rien de moins qu'une affaire de meurtre. Surtout, ça ne colle franchement pas avec la représentation habituelle de ces personnages qui, bien que jeunes et relativement naïfs, parviennent néanmoins à faire la part des choses quand ils sont confrontés à des affaires particulièrement graves. En bref, une histoire qui s'en sort un peu mieux que les deux précédentes mais qui n'est toujours pas à la hauteur de ce qu'on attend habituellement d'une série comme Détective Conan.

Maintenant, il y a une autre chose sur laquelle on peut trouver à redire à ce tome: la manière dont les personnages récurrents autres que Conan sont traités. Visiblement un peu en panne d'inspiration, Gosho Aoyama a tenté de compenser le manque d'originalité de ses intrigues avec davantage de passages humoristiques. On a cité plus haut l'exemple des Detective Boys qui réagissent à Goméra comme si le monstre existait bel et bien, mais on peut aussi retenir une sorte de sketch cocasse entre Conan et Ran où cette dernière l'empêche malgré elle de faire son show de résolution habituel, amenant à une sous-intrigue où Conan envisage d'essayer un autre moyen de transmettre ses déductions. Une idée qui aurait pu relever du génie si l'auteur l'avait sérieusement envisagé mais qui n'était finalement qu'un moyen de gagner quelques pages en divertissant le lecteur, les ambitions n'étant pas là et Conan finissant vite par revenir à la formule traditionnelle comme si rien ne s'était passé. En prime, Ran et Sonoko passe pour des idiotes totalement incapables de suivre le plus basique des raisonnements (ce qui tend presque à réhabiliter l'intelligence du détective Mouri ou du commissaire Maigret). Un peu de positif aussi toutefois avec la manière dont la relation entre Conan et Heiji Hattori évolue au début du tome, enrichissant les liens entre les personnages sur le long-terme, ou encore le professeur Agasa qui continue d'assumer un rôle plus important que le simple-faire valoir qui fournit Conan en gadgets, devenant de plus en plus un personnage à part entière de la mythologie et un allié inestimable pour notre héros.

Au final, difficile de ne pas manifester une certaine déception devant un tel volume. Gosho Aoyama n'est pas aussi inspiré et impliqué dans la conception de ses intrigues que d'ordinaire, frôlant parfois du doigt de bonnes idées pour finalement ne pas réussir à les traiter convenablement, les histoires ne parvenant guère à intéresser le lecteur en plus d'être très inabouties, bourrées de lacunes narratives et accusant de grosses longueurs qui risquent de perdre le lecteur. Beaucoup de choses ne fonctionnent pas dans ce volume, certaines intrigues ne fonctionnent quasiment pas du tout en elles-mêmes et, malgré quelques points positifs que l'on retient, on se retrouve malheureusement avec l'un des volumes les plus faibles et les moins marquants de la série. Gageons toutefois qu'il s'agit d'une exception, une erreur de parcours passagère entre deux tomes excellents. Et c'est finalement en constatant aussi ce à quoi ressemble un volume de Détective Conan raté, en remarquant tous ses défauts et en réalisant pourquoi ça ne fonctionne pas dans le cas présent, qu'on en vient à admirer davantage le travail formidable qui a été accompli sur les autres. Un moment de faiblesse passagère dans une série qui possède encore un potentiel énorme et qui ne manquera pas de nous surprendre dans les volumes à venir !

Verdict: Passable (10/20).

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shun
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Re: Detective Conan

Message non lu par shun » 09 nov. 2014, 14:00

petite question, je me suis lancé dans la lecture de conan et j'en suis au tome 22 ( je laisse un peu de temps tout les 4-5 tomes pour éviter la redondance ) et j'ai remarqué quelque chose qui commence un peu a m'énerver.
en faites chaque affaires est identique ... a chaque fois c'est un meurtre en chambre close et a chaque fois ce sont des artifices qui ont permis la mort ( un cable, etc ), ça continue comme ça ou ça évolue vers des enquêtes plus variées ?

merci
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Glass Heart
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Re: Detective Conan

Message non lu par Glass Heart » 10 nov. 2014, 16:28

A partir du tome 24, la série va devenir plus complexe avec une grande intrigue récurrente sur les hommes en noir qui évolue en marge des affaires stand-alone.

Sinon, de mémoire, les enquêtes vont être un peu plus variées et la série ne va cesser de s'embellir à mesure qu'elle avance. Mais les meurtres en chambre close, c'est des artifices de toute façon, faut bien créer des meurtres "impossibles".

Glass Heart
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Re: Detective Conan

Message non lu par Glass Heart » 12 déc. 2014, 11:44

Détective Conan - Tome 14: Arc de Conan Edogawa (14/18)

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La femme d'un célèbre magicien contacte le détective Mouri, convaincue que le suicide de son mari cache autre chose. Celui-ci avait été découvert dans son atelier, une pièce fermée de l'intérieur dont il aurait pu s'échapper à n'importe quel moment ou appeler à l'aide en se servant du téléphone s'il s'était senti en danger ou s'il avait réalisé qu'il avait ingurgité accidentellement un poison. Toutefois sa femme n'arrive pas à croire qu'il ait pu vouloir mettre fin à ses jours et elle demande au détective de mener l'enquête afin de déchiffrer l'étrange message que son mari aurait pu laisser derrière lui. Accompagnant Kogoro, Conan réalise vite de nombreuses incohérences dans la théorie du suicide mais il doit se montrer particulièrement vigilant car Ran a finalement fait le rapprochement avec la disparition de Shinichi et elle est bien déterminée à prendre le jeune détective sur le fait pour lui couper toute retraite possible.

Conan accompagne ensuite sa mère Yukiko Kudo chez son amie d'enfance qui lui demande d'enquêter au sujet d'un homme qui prétend être son oncle longtemps perdu de vue et qui serait réapparu subitement en pleine crise d'héritage. Une affaire étrange qui tourne à la série de meurtres atroce lorsque la seconde épouse du défunt patriarche est retrouvée morte au fond du puits du domaine, dans les mêmes circonstances où sa première épouse avait péri des années plus tôt. Quel sombre secret cache toute cette histoire et quel message le meurtrier tente t-il de faire passer aux enquêteurs ? Malheureusement, l'inspecteur de police envoyé par le département de Gunma, Yamamura, est un empoté complet et seuls Conan et Yukiko sont en mesure de faire toute la lumière sur cette affaire très particulière.

Enfin, la dernière affaire amène Conan, Ran et Sonoko dans un chalet perdu en pleine montagne où ils retrouvent l'une de leurs anciennes institutrices en compagnie de plusieurs de ses collègues. Le séjour est toutefois gâché par une nouvelle série de meurtres et par l'arrivée impromptue d'un inquiétant journaliste faisant régulièrement allusion à une sombre affaire qui avait déjà impliqué ces différents protagonistes autrefois. Alors que Sonoko est agressée par le meurtrier et se retrouve à deux doigts de la mort, Conan réalise qu'ils sont tous menacés et qu'un psychopathe aux intentions troubles se trouve parmi eux. L'affaire en question est-elle vraiment à l'origine de cette série de meurtres lorsqu'une des victimes intentées n'a aucun lien avec cette dernière ? Ou l'objectif visé par le coupable est-il tout autre ?

Ces trois histoires, toutes très diversifiées et passionnantes, ont pour principal mérite d'arriver à raconter des affaires complexes et étonnamment captivantes tout en mettant en avant les développements des personnages de la série. Ca commence très fort avec une intrigue où Ran soupçonne d'emblée Conan Edogawa d'être son ami d'enfance disparu, le détective lycéen Shinichi Kudo. Si ce n'est pas une première, c'est toutefois la première fois que Gosho Aoyama aborde ce cliché narratif de manière aussi sérieuse, montrant une Ran déterminée à découvrir la vérité et beaucoup plus calculatrice et manipulatrice que par le passé, la menace étant cette fois beaucoup plus présente pour Conan qui ne se rend guère compte du danger qui le guette et du fait que la résolution de cette affaire risque de le confronter inévitablement aux soupçons de Ran à son égard. Si l'intrigue policière en elle-même n'est franchement pas l'une des plus réussies de la série, pas spécialement intéressante ou développée, l'intrigue entre Ran et Conan est bien le coeur de cette histoire et sa conclusion surprenante et inattendue est l'une des scènes les plus mémorables de ce début de série. Si bien évidemment l'auteur ne peut se permettre de faire découvrir la vérité à Ran à ce stade de l'histoire, ces événements vont toutefois avoir des conséquences qui vont se répercuter sur les volumes suivants pour atteindre leur finalité plus de dix tomes plus tard. Ran a enfin cessé d'être une potiche pour devenir un personnage à part entière de la mythologie de la série et de son évolution et l'intérêt du manga gagne énormément à avoir enfin un personnage féminin principal plus intéressant.

Après cette brillante entrée en matière, on poursuit avec le grand moment fort de ce volume: une enquête menée en famille par la mère et le fils Kudo. Entre l'affaire criminelle qui est tout bonnement excellente et bien complexe comme il faut et l'humour très présent et relevant de l'alchimie parfaite entre les personnages de Conan et de Yukiko, on tient ici une anthologie de la série. Les rebondissements ne manquent pas et le dénouement de l'affaire tient largement toutes ses promesses en terme de surprises, tout en introduisant enfin pleinement le personnage de Yukiko Kudo (trop brièvement aperçu au détour d'une affaire jusque là) dont le charisme fait immédiatement mouche, ainsi que l'inspecteur Yamamura dont la maladresse ne manque pas d'amuser la galerie, reprenant en quelque sorte le rôle d'un Kogoro qui est désormais représenté de manière un peu plus sérieuse durant certaines affaires. Si c'est de loin l'histoire la plus longue de ce volume avec pas moins de cinq chapitres, c'en est aussi indéniablement la meilleure et c'est à peine si on voit le temps passer à mesure que l'on tourne les pages.

Enfin, la dernière intrigue est le début d'une histoire de meurtres en série dans un chalet perdu en pleine montagne. La traditionnelle affaire à la Dix Petits Nègres où les personnages se retrouvent bloqués dans un lieu fermé en compagnie d'un meurtrier, ici un bâtiment coupé du reste du monde à cause d'une violente tempête de neige. L'auteur arrive à instaurer rapidement la nature dangereuse du lieu par le silence morne qui y règne, par l'agression rapide du personnage de Sonoko alors que les bases de l'affaire sont encore en train d'être posées (le criminel ne perd pas son temps pour attaquer), et surtout par une mise en scène impliquant une nouvelle fois le personnage de "l'ombre", révélant le coupable en pleine action sans toutefois dévoiler son identité. Si l'histoire n'est pas forcément particulièrement complexe, c'est sur la mise en scène que l'auteur met davantage l'accent pour le moment, créant une parfaite ambiance de thriller à mesure que les éléments continuent d'être introduits. On peut raisonnablement dire que le dernier élément important fait office de cliffhanger de fin de volume, marquant un tournant dans la narration de cette histoire. A partir de là, l'enquête (qui avait déjà débutée) va pouvoir se lancer dans une nouvelle direction...

Rien à redire de particulier sur ce tome qui est particulièrement plaisant à lire et, on peut raisonnablement le dire, l'un des meilleurs à ce stade de la série avec plusieurs affaires particulièrement réussies et des développements de personnages convaincants. Une lecture que je recommande à tous les fans du petit détective !

Verdict: Excellent (17/20).

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