I's
Posté : 19 mai 2008, 20:48
I’s
Auteur : Masakasu Katsura
Volumes : 15 (série finie)
Edition deluxe : 4 (en cours)
Editeur : Tonkam
Résumé
De prime abord, l’histoire est on ne peut plus classique : Ichitaka Séto est un lycéen trop timoré pour déclarer sa flamme à celle qu’il aime, Iori Yoshizuki. En plus d’être timide, Séto a un autre handicap majeur : en compagnie de sa bien-aimée, il a une fâcheuse tendance à adopter une attitude inversée, faisant le contraire exact de ce qu’il souhaiterait faire pour lui plaire. En outre, à ses yeux, Iori est inaccessible. Elle pose pour des magazines coquins, a une fan-club rien qu’a elle et ne cesse d’être harcelée par les autres garçons. Bref, elle est la fille la plus populaire du lycée.
En plus de tous ces éléments à la conjoncture clairement défavorables, surgissent à nouveau les fantômes du passé de Séto : Itsuki, son amour d’enfance revient des Etats-Unis. Alors qu’il doit préparer avec Iori un spectacle, ce qui lui donne l’occasion d’enfin se rapprocher d’elle, Séto est l’objet d’un qui pro quo : Iori le croît en couple avec Itsuki…
Pour aller plus loin (spoils)
Aidé par son meilleur ami, Tératani, Séto met au point de nombreux stratagèmes pour se rapprocher plus encore de son amour toujours. Malheureusement, toute tentative de déclaration échoue, à cause de divers malentendus ou de retournements de situation de dernière minute. Au fil des ans, Séto en vient à rencontrer plusieurs filles qui le feront plus ou moins douter de ses sentiments envers Iori : Itsuki l’amie d’enfance, puis Izumi l’entreprenante et enfin sa nouvelle voisine Aso, sosie de Iori. Avant de se voir conforter dans l’idée que son amour est sincère et d’enfin réussir à entreprendre une relation.
Mais, entre temps, Iori est devenue la nouvelle actrice en vogue d’une pièce de théâtre. Repérée lors d’une publicité, elle a désormais une certaine réputation auprès de divers maniaques ce qui ne manquera pas de lui causer des soucis… En outre, son succès l’éloigne chaque jour d’avantage de Séto qui a, lui, échoué à intégrer l’université qu’il convoitait. Leur relation à distance leur cause divers soucis mais grâce à un amour entretenu en secret de part et d’autre pendant plusieurs années, ils parviennent finalement à surmonter toutes les crises…
Un manga à la première personne
La grande force de la série réside en un parti pris de l’auteur : l’ambition de présenter une œuvre « à la première personne ». Ainsi, la narration est essentiellement axée sur le cheminement intime du jeune Séto. Choix artistique qui semble destiner de manière explicite la lecture de I’s à la gente masculine, qui s’identifiera sans doute aisément à Séto. Nombreux seront ceux qui se reconnaîtront dans ce garçon qui cherche à maintenir une certaine vision idéalisée de l’amour tout en devant lutter contre ses pulsions sexuelles les plus basses, socialement mal vues par l’autre sexe…
De même, la tendance qu’a, surtout au départ, Séto à agir de manière inversée évoquera sans doute pour certains la gêne ou la difficulté que l’on peut connaître, au lycée, à approcher les filles. On est d’autant plus pris dans l’action sentimentale que l’on se sent proche du héros. Katsura joue avec une certaine réussite sur les codes de l’amour.
Des situations cocasses à gogo
Comme toute comédie sentimentale, I’s connaît son lot de qui pro quo, de malentendus et de situations comiques car ambigües (le sont-elles réellement ici ou s’agit-il juste de mettre en scènes des petites culottes ?). Et quoiqu’il semble difficile de construire une œuvre de ce genre sans user de tels procédés, Katsura dépasse largement le quota. Et se perd parfois en longueur, masquant quelques lacunes scénaristiques par les plus improbables des retournements (un appel de dernière minute, une fille croisée parmi les milliers de passants et j’en passe). On pourrait donc dire que les premiers tomes se lisent avec délectation et que le manga tourne quelque peu en rond jusqu’à ce que Séto avoue enfin ses sentiments.
Katsura parvient cependant à rehausser la sauce de temps à autre, en incluant insidieusement un gag –souvent pervers- rappelant de manière assez pertinente à quel point les garçons peuvent être obsédés et aveuglés par leurs bas instincts… Tératani, meilleur ami binoclard du héros, est d’ailleurs parfais dans le rôle du pervers assumé et contribue grandement au comique de la série.
En outre, les présentations successives de plusieurs cas typiques féminins (le garçon manqué, la provocatrice et le timide sosie de l’amour de toujours) permettent de varier les situations et de donner un peu de diversité à l’œuvre, évitant ainsi toute monotonie excessive. Toutefois, l’opacité des autres personnages empêche à Katsura d’exploiter à fond son filon…
Un certain portrait du Japon
Aussi, et presque malgré lui, Katsura donne une certaine image du Japon. Obsédé mais pudibond : les allusions au sexe sont nombreuses et peu assumées. On se surprendra à apercevoir ici ou là une culotte dépasser. Ou à apprécier les fantasmes de Séto, qui passe, semble t-il, une bonne partie de son temps à imaginer ses camarades nues… Sans compter sur les nombreuses situations (jeu de la bouteille, pendant du « action, chiche ou vérité », le passage dans les bains chauds ou la mémorable partie de Twister) prétextes à dessiner les filles dans des positions évocatrices. Des hommes obsédés sans s’assumer donc, mais aussi une certaine vision de la femme –fan service ?- comme simple objet sexuel.
Là où l’histoire prend des détours intéressants, c’est lorsqu’elle évoque, particularité japonaise, le monde des « Idol », chanteuses-potiches, plus aimées pour leur plastique que pour leur musique. Voie symboliquement rejetée lorsque qu’Iori manifeste son refus de devenir une simple poupée et préfère se concentrer uniquement sur sa carrière d’actrice de théâtre.
La patte « Katsura »
Si I’s est une comédie sentimentale assez bénigne, elle s’inscrit parfaitement dans le champ thématique abordé par Katsura. Après Video Girl et DNA, et entre Wingman et Zetman, l’œuvre s’inscrit dans une ligne de conduite que d’aucun pourrait qualifier comme étant celle d’un « otaku » : des femmes sensuelles et des super héros…
D’un trait assurément nippon, Katsura est sans doute bien plus fameux pour sa capacité à dessiner de jolies jeunes filles en fleur que des natures mortes. I’s oscille ainsi entre une forme de dépouillement net, très peu de décors et des personnages simples, et des scènes beaucoup plus soignées légèrement érotiques. Mais un autre point fort de l’auteur, moins souvent remarqué, et la minutie avec laquelle il dessine et donne vie à ses personnages. La justesse des regards et la variété des expressions faciales témoigne d’une remarquable maîtrise de l’auteur en ce domaine, et permet, malgré que l’histoire est centralisé sur Séto, de donner une vitalité certaine à l’ensemble des protagonistes. L’édition de luxe, permet d’ailleurs, de profiter au mieux de cette attention des petits détails, au risque de souligner une certaine épure dans les décors.
Conclusion
En bref, une série divertissante. Haletante, pour peu qu’on se prenne au jeu (on pense presque à un traité de psychologie de l’ado en rut) et que l’on apprécie le trait doucement coquin de Katsura, mais plombée par quelques longueurs et lourdeurs. Et certaines facilités scénaristiques.
Auteur : Masakasu Katsura
Volumes : 15 (série finie)
Edition deluxe : 4 (en cours)
Editeur : Tonkam
Résumé
De prime abord, l’histoire est on ne peut plus classique : Ichitaka Séto est un lycéen trop timoré pour déclarer sa flamme à celle qu’il aime, Iori Yoshizuki. En plus d’être timide, Séto a un autre handicap majeur : en compagnie de sa bien-aimée, il a une fâcheuse tendance à adopter une attitude inversée, faisant le contraire exact de ce qu’il souhaiterait faire pour lui plaire. En outre, à ses yeux, Iori est inaccessible. Elle pose pour des magazines coquins, a une fan-club rien qu’a elle et ne cesse d’être harcelée par les autres garçons. Bref, elle est la fille la plus populaire du lycée.
En plus de tous ces éléments à la conjoncture clairement défavorables, surgissent à nouveau les fantômes du passé de Séto : Itsuki, son amour d’enfance revient des Etats-Unis. Alors qu’il doit préparer avec Iori un spectacle, ce qui lui donne l’occasion d’enfin se rapprocher d’elle, Séto est l’objet d’un qui pro quo : Iori le croît en couple avec Itsuki…
Pour aller plus loin (spoils)
Aidé par son meilleur ami, Tératani, Séto met au point de nombreux stratagèmes pour se rapprocher plus encore de son amour toujours. Malheureusement, toute tentative de déclaration échoue, à cause de divers malentendus ou de retournements de situation de dernière minute. Au fil des ans, Séto en vient à rencontrer plusieurs filles qui le feront plus ou moins douter de ses sentiments envers Iori : Itsuki l’amie d’enfance, puis Izumi l’entreprenante et enfin sa nouvelle voisine Aso, sosie de Iori. Avant de se voir conforter dans l’idée que son amour est sincère et d’enfin réussir à entreprendre une relation.
Mais, entre temps, Iori est devenue la nouvelle actrice en vogue d’une pièce de théâtre. Repérée lors d’une publicité, elle a désormais une certaine réputation auprès de divers maniaques ce qui ne manquera pas de lui causer des soucis… En outre, son succès l’éloigne chaque jour d’avantage de Séto qui a, lui, échoué à intégrer l’université qu’il convoitait. Leur relation à distance leur cause divers soucis mais grâce à un amour entretenu en secret de part et d’autre pendant plusieurs années, ils parviennent finalement à surmonter toutes les crises…
Un manga à la première personne
La grande force de la série réside en un parti pris de l’auteur : l’ambition de présenter une œuvre « à la première personne ». Ainsi, la narration est essentiellement axée sur le cheminement intime du jeune Séto. Choix artistique qui semble destiner de manière explicite la lecture de I’s à la gente masculine, qui s’identifiera sans doute aisément à Séto. Nombreux seront ceux qui se reconnaîtront dans ce garçon qui cherche à maintenir une certaine vision idéalisée de l’amour tout en devant lutter contre ses pulsions sexuelles les plus basses, socialement mal vues par l’autre sexe…
De même, la tendance qu’a, surtout au départ, Séto à agir de manière inversée évoquera sans doute pour certains la gêne ou la difficulté que l’on peut connaître, au lycée, à approcher les filles. On est d’autant plus pris dans l’action sentimentale que l’on se sent proche du héros. Katsura joue avec une certaine réussite sur les codes de l’amour.
Des situations cocasses à gogo
Comme toute comédie sentimentale, I’s connaît son lot de qui pro quo, de malentendus et de situations comiques car ambigües (le sont-elles réellement ici ou s’agit-il juste de mettre en scènes des petites culottes ?). Et quoiqu’il semble difficile de construire une œuvre de ce genre sans user de tels procédés, Katsura dépasse largement le quota. Et se perd parfois en longueur, masquant quelques lacunes scénaristiques par les plus improbables des retournements (un appel de dernière minute, une fille croisée parmi les milliers de passants et j’en passe). On pourrait donc dire que les premiers tomes se lisent avec délectation et que le manga tourne quelque peu en rond jusqu’à ce que Séto avoue enfin ses sentiments.
Katsura parvient cependant à rehausser la sauce de temps à autre, en incluant insidieusement un gag –souvent pervers- rappelant de manière assez pertinente à quel point les garçons peuvent être obsédés et aveuglés par leurs bas instincts… Tératani, meilleur ami binoclard du héros, est d’ailleurs parfais dans le rôle du pervers assumé et contribue grandement au comique de la série.
En outre, les présentations successives de plusieurs cas typiques féminins (le garçon manqué, la provocatrice et le timide sosie de l’amour de toujours) permettent de varier les situations et de donner un peu de diversité à l’œuvre, évitant ainsi toute monotonie excessive. Toutefois, l’opacité des autres personnages empêche à Katsura d’exploiter à fond son filon…
Un certain portrait du Japon
Aussi, et presque malgré lui, Katsura donne une certaine image du Japon. Obsédé mais pudibond : les allusions au sexe sont nombreuses et peu assumées. On se surprendra à apercevoir ici ou là une culotte dépasser. Ou à apprécier les fantasmes de Séto, qui passe, semble t-il, une bonne partie de son temps à imaginer ses camarades nues… Sans compter sur les nombreuses situations (jeu de la bouteille, pendant du « action, chiche ou vérité », le passage dans les bains chauds ou la mémorable partie de Twister) prétextes à dessiner les filles dans des positions évocatrices. Des hommes obsédés sans s’assumer donc, mais aussi une certaine vision de la femme –fan service ?- comme simple objet sexuel.
Là où l’histoire prend des détours intéressants, c’est lorsqu’elle évoque, particularité japonaise, le monde des « Idol », chanteuses-potiches, plus aimées pour leur plastique que pour leur musique. Voie symboliquement rejetée lorsque qu’Iori manifeste son refus de devenir une simple poupée et préfère se concentrer uniquement sur sa carrière d’actrice de théâtre.
La patte « Katsura »
Si I’s est une comédie sentimentale assez bénigne, elle s’inscrit parfaitement dans le champ thématique abordé par Katsura. Après Video Girl et DNA, et entre Wingman et Zetman, l’œuvre s’inscrit dans une ligne de conduite que d’aucun pourrait qualifier comme étant celle d’un « otaku » : des femmes sensuelles et des super héros…
D’un trait assurément nippon, Katsura est sans doute bien plus fameux pour sa capacité à dessiner de jolies jeunes filles en fleur que des natures mortes. I’s oscille ainsi entre une forme de dépouillement net, très peu de décors et des personnages simples, et des scènes beaucoup plus soignées légèrement érotiques. Mais un autre point fort de l’auteur, moins souvent remarqué, et la minutie avec laquelle il dessine et donne vie à ses personnages. La justesse des regards et la variété des expressions faciales témoigne d’une remarquable maîtrise de l’auteur en ce domaine, et permet, malgré que l’histoire est centralisé sur Séto, de donner une vitalité certaine à l’ensemble des protagonistes. L’édition de luxe, permet d’ailleurs, de profiter au mieux de cette attention des petits détails, au risque de souligner une certaine épure dans les décors.
Conclusion
En bref, une série divertissante. Haletante, pour peu qu’on se prenne au jeu (on pense presque à un traité de psychologie de l’ado en rut) et que l’on apprécie le trait doucement coquin de Katsura, mais plombée par quelques longueurs et lourdeurs. Et certaines facilités scénaristiques.