Saint Seiya Lost Canvas

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
Glass Heart
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Re: Saint Seiya Lost Canvas

Message non lu par Glass Heart » 26 mars 2013, 00:43

Saint Seiya - The Lost Canvas: Tome 1

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L'Histoire

D'aussi loin que nous viennent les légendes, elles évoquent celles d'une grande guerre sainte qui se produisit il y a un peu plus de deux siècles entre la déesse Athéna et le dieu des enfers Hadès. Lorsque le monde est la proie des forces du mal, des guerriers arrivent alors pour apporter l'espoir. Ce sont les chevaliers d'Athéna. Revêtus d'une armure liée aux constellations, ils luttent pour maintenir la paix dans le monde. Leur puissance est telle que leur poing peut déchirer les cieux et faire trembler les continents. Depuis des temps immémoriaux, Hadès, le dieu qui règne en maître sur le royaume des morts, les Enfers, a tenté de faire sienne la surface de la Terre gouvernée par Athéna. Dans ce but, il a levé des spectres élus par 108 étoiles maléfiques et tenta maintes fois de conquérir la planète. Lors d'une guerre sainte précédente, Hadès scella lui-même son enveloppe charnelle aux Enfers, son esprit continuant à se réincarner dans différentes enveloppes mortelles lui permettant un avènement sur Terre.

Nous sommes en Europe au XVIIIème siècle. La destruction d'un petit village sera le déclencheur de cette grande guerre sainte !

Deux années plus tôt, les acteurs principaux de la guerre à venir n'étaient encore que des enfants, deux orphelins unis par une amitié sincère et par une promesse qu'ils s'étaient fait quelques années plus tôt. L'avènement de cette guerre sainte allait changer leur destinée...


Commentaires

Tout le monde connait Saint Seiya, cette série shonen qui, sous le nom des Chevaliers du Zodiaque, avait fait les beaux jours du Club Dorothée. Ces histoires de chevalerie moderne où nos héros revêtaient des armures liées aux constellations pour livrer des batailles épiques contre des adversaires toujours plus puissants et faire brûler leur cosmos intérieur, sorte d'ersatz de la Force dans Star Wars. Ah, c'était le bon temps, toute mon enfance... Et il aurait mieux valu que ça le reste !

Il arrive parfois, quand on revoit certaines séries qu'on adorait durant l'enfance, qu'on ait de mauvaises surprises. Qu'on se rappelle d'un truc qui nous paraissait génial dans nos souvenirs et, qu'en le revoyant, c'était pas si génial en fait. Eh bien, je crois que Saint Seiya détient la palme à ce niveau. Rien qu'en voyant les armures en forme de maquettes conçues par Bandai et contenues dans des grosses boîtes, déjà rien que là, ça brise des rêves d'enfance et ça devient atrocement kitsch. Mais quand en plus l'histoire se contente d'une succession de batailles avec un semblant d'intrigue bourré d'idées plus absurdes les unes que les autres (ce vieux pervers de Mitsumasa Kido qui aurait fait des enfants à 100 femmes, et j'en passe) et que les personnages sont plats comme des endives et qu'ils n'évoluent pas d'un chouilla tout le long de la série (qui fait quand même 28 tomes), j'aimais peut-être quand j'étais plus jeune, mais aujourd'hui ça ne passe plus vraiment.

Finalement, Saint Seiya, c'est quoi ? Une série de batailles où il faut castagner les méchants, avancer à la maison suivante et ultimement sauver la princesse Peach (ou presque) des ambitions maléfiques de la méchante tortue ? Génial ! A ce compte là, mieux vaut appeler Mario avec sa salopette de plombier plutôt qu'une bande d'adolescents aux armures complètement plombées (je caricature un peu...).

Donc non, j'ai aimé Saint Seiya, je garde une certaine nostalgie pour ce titre, mais de revoir aujourd'hui cette série (ou le manga) et de me rendre compte à quel point c'est devenu kitsch... Je ne peux plus la revoir autrement qu'en prenant tout au second degré, un peu comme une autre série de super sentais avec des clowns habillés en cosplay avec des pyjamas et des casques de moto sur le crâne. Saint Seiya, c'est fini et bien fini pour moi !

Il y a toutefois une série qui trouve grâce à mes yeux et qui arrive à me faire revivre aujourd'hui les sensations que je ressentais pour la série originale à l'époque: ça s'appelle Lost Canvas, c'est écrit par une certaine Shiori Teshirogi, et on sent tout de suite que c'est un manga fait par une fan pour des fans. Elle a repris cet univers et elle l'a réinventé pour en faire quelque chose de tellement supérieur à l'oeuvre originale que c'en est renversant. Elle a réinventé l'univers de Saint Seiya à sa sauce, avec son histoire, son univers et ses personnages, et on peut vraiment dire qu'elle a modernisé la franchise pour lui offrir une seconde jeunesse et raviver la vieille flamme de ceux qui, comme moi, ne peuvent plus trouver leur compte aujourd'hui avec l'oeuvre originale de Masami Kurumada.

Voici donc le tome 1 de cette nouvelle série des Chevaliers du Zodiaque. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que tous les repères sur lesquels les fans de l'original pouvaient s'appuyer sont balayés d'entrée de jeu. Loin de démarrer dans le feu de l'action, Shiori Teshirogi prend le temps d'installer ses personnages et son histoire et de nous faire redécouvrir un univers à la fois fidèle à ce que l'on a connu autrefois et pourtant assez différent. Ce tome 1 est donc une introduction à Lost Canvas et un prologue aux événements à venir.

On découvre ainsi nos deux personnages principaux, le jeune Tenma, téméraire et bagarreur, et le doux Alone, deux orphelins abandonnés de tous et qui ont survécu en se soutenant mutuellement avec les autres enfants. Ensemble, ils forment une famille. Plus que des amis, ce sont deux frères, si ce n'est par le sang, du moins par le coeur. Alone est un jeune peintre talentueux dont les oeuvres sont remarquées par un mystérieux prêtre affilié à une cathédrale perdue dans la forêt. Cette cathédrale abriterait une peinture qui, selon la légende, ouvrirait les portes de la pénitence aux plus vils des pêcheurs. Alone est intéressé par cette peinture mais, malheureusement, les portes de la cathédrale restent fermées au public. Son plus grand souhait serait de réaliser lui-même une oeuvre qui ouvrirait les portes du salut aux âmes torturées sur cette terre. Le prêtre le dirige alors vers un mystérieux jardin caché au milieu de la forêt dans lequel il devrait trouver une couleur rare qui lui permettrait de réaliser la peinture qu'il souhaite. C'est dans ce jardin, rappelant les Champs Elysées, qu'Alone rencontre la mystérieuse Pandore et que s'ouvre à lui la voie qui l'amènera à devenir la nouvelle incarnation d'Hadès, le dieu des Enfers.

De son côté, Tenma est habité depuis tout jeune par une étrange puissance qui lui permet de ressentir l'univers. Il est repéré par Dohko de la Balance, l'un des 12 chevaliers d'or de la déesse Athéna, qui lui propose de l'emmener au Sanctuaire en Grèce afin de suivre une formation de chevalier pour protéger la justice et la paix sur Terre. Tenma accepte afin d'acquérir le pouvoir de protéger Alone et les autres orphelins lorsqu'il reviendra une fois devenu chevalier.

Tenma et Alone sont alors séparés pendant deux années mais ils se sont faits la promesse de se retrouver un jour. D'ici là, Tenma sera devenu le chevalier de bronze de Pégase et la vision du monde d'Alone aura changé de couleur...

Shiori Teshirogi rompt donc avec la tradition des séries Saint Seiya. Loin de s'engager directement dans une succession de combats, elle prend avant tout le temps de poser son histoire et de développer les personnages qui seront au centre, et cela avant même que la guerre sainte ne commence, que Tenma soit chevalier et qu'Alone devienne Hadès. Car pour que son histoire fonctionne, il fallait d'abord qu'elle arrive à nous faire croire à cette amitié sur laquelle repose tous les enjeux du titre. Et elle y arrive bien: les deux personnages principaux sont attachants et leurs caractères sont bien posés. Les éléments sont bien amenés (rien qui ne sorte d'on ne sait où), les dialogues sont bien écrits et il y a une réelle émotion qui se dégage de ces deux personnages. Cet âge d'innocence ne va bien sûr pas durer et certains événements auront tôt fait de commencer à les changer afin que leurs retrouvailles (brièvement entraperçues au début du tome) ne soient pas aussi chaleureuses qu'on ne l'aurait espéré et marquent véritablement le commencement de la guerre sainte.

Déjà là, on sent une richesse de narration et de caractérisation des personnages encore inédites dans la saga. Tout n'est pas parfait, la transition d'Alone à Hadès peut paraître un peu soudaine par exemple (encore que la scène en question est l'une des plus marquantes du tome), mais on sent déjà une réelle existence chez ces personnages qui se définit à travers leurs actes et leurs paroles. Rien n'est jamais amené de manière superficielle, leur psychologie est suffisamment travaillée (bien qu'on reste dans certains stéréotypes) et on les voit évoluer progressivement à mesure des événements. Déjà, rien que tout ça, c'est quelque chose que je ne trouve pas dans l'oeuvre originale de Masami Kurumada et qui me permet d'entrer plus facilement dans une histoire. Là, je peux croire à cette histoire, je peux croire à ces personnages et, au final, je pars conquis dès les premiers chapitres.

Maintenant, Saint Seiya ne serait pas Saint Seiya sans ses affrontements épiques et, de ce côté là, je dois dire que ceux qui s'attendaient à retrouver ça en lisant ce premier tome risque de rester sur leur faim. Non pas que les affrontements ne soient pas épiques (quoi qu'ici...), ils vont le devenir assurément. Mais c'est surtout qu'il n'y en a pratiquement pas. Outre trois spectres qui se font directement tabasser par le charismatique Dohko de la Balance (celui-là, il va plaire aussi bien aux lecteurs qu'aux lectrices, mais pas pour les mêmes raisons), l'affrontement principal du tome implique un spectre d'Hadès sans le moindre charisme et qui ne nous donne pas une première bonne impression sur les combats à venir. Déjà, je trouve qu'il y a un côté presque malsain de faire du premier adversaire suffisamment important de la série une sorte de ver avec des tentacules qui arbore une attitude et des paroles franchement ambigues à l'égard de la pauvre Athéna et qui parle de "cosmos incroyablement puissant" en regardant entre les jambes de la jeune fille. Mais c'est surtout que l'affrontement n'est pas intéressant. Cela peut s'expliquer par le fait que Tenma est encore en apprentissage et ne sache pas encore bien se battre ou par le fait que Shion est un chevalier d'or, donc incroyablement puissant (ce qui permet déjà de donner une idée de la différence de puissance liée à la hiérarchie des chevaliers), mais reste que pour le seul combat valable du tome, ce n'est franchement pas terrible et que ceux qui s'intéressent à Saint Seiya principalement pour ses affrontements épiques risquent de rester sur leur faim sur ce coup.

Cependant, si ce premier affrontement est raté, la mise en scène de Shiori Teshirogi est aussi travaillée que sa narration sur l'ensemble du tome. On prend plaisir à suivre l'histoire, à découvrir ces personnages, et on a déjà quelques scènes très intéressantes comme cette réunion des 12 chevaliers d'or réunis "afin de protéger le Sanctuaire et Athéna", une scène qui annonce superbement tous les événements à venir tout du long de la série (et qui nous proposeront un peu autre chose qu'un énième remake de la bataille fratricide du Sanctuaire). Les différentes scènes illustrant les personnages de Tenma et d'Alone sont également très réussies, notamment celle de la cathédrale qui voit la transformation d'Alone en Hadès ou la fameuse scène du jardin des Champs Elysées qui s'apparente au mythe du jardin d'Eden avec le fruit défendu (la couleur rouge véritable) et le serpent (Pandore). A partir de ce stade, le monde va changer aux yeux d'Alone et ça marque le début d'une longue descente aux Enfers pour le personnage, à mesure que sa vision du monde perde de sa couleur et de sa vie pour devenir "noir et blanc" et austère comme la mort. Enfin, un troisième personnage principal survient un peu plus tard et elle n'est bien sûr autre que l'Athéna de la série: Sasha. Celle-ci s'avère être liée à Tenma et Alone par un lien indéfectible qui remonte à leur passé commun. De quoi compléter le casting de ce qui s'annonce comme une formidable tragédie grecque dans l'univers de Saint Seiya.

Ce premier tome de Lost Canvas nous présente donc un début très encourageant pour le titre avec une histoire intéressante, des personnages attachants et profonds et un réel travail sur la mise en scène et sur la narration de la part de l'auteur (et rien que tout ça, ça suffit déjà à le rendre plus intéressant que l'oeuvre originale à mes yeux). Les fans du Saint Seiya original n'y trouveront peut-être pas tous leur compte (du moins pour l'heure), mais Lost Canvas possède déjà suffisamment d'atouts pour offrir un moment de lecture plaisant et prenant et pour raviver la flamme d'autrefois de certains fans déçus par l'oeuvre originale comme j'ai pu l'être. Car Lost Canvas est, à l'heure actuelle, la seule série Saint Seiya qui me permette de retrouver les chevaliers du Zodiaque tels qu'ils étaient restés dans mes souvenirs d'enfance et de me faire redécouvrir les sensations que me faisait ressentir la série animée à l'époque. Il est surprenant de voir qu'à l'heure d'aujourd'hui ce soit une grande fan du Saint Seiya original qui soit le mieux parvenue à saisir cet esprit et à me le faire à nouveau ressentir, alors que Masami Kurumada lui-même s'enfonce actuellement dans une suite des plus médiocres (Saint Seiya: Next Dimension) qui finit d'achever tout ce qui restait de valable dans le manga initial (adieu les combats dantesques et l'aura épique, bonjour l'humour qui vire à l'auto-parodie involontaire, les mises en scène complètement plates et les combats sans âme qui s'achèvent presque aussi vite qu'ils n'avaient commencé).

Enfin, Saint Seiya, comme toutes les oeuvres, appartient à la génération qui l'a connue et cet univers n'a cessé d'évoluer au fil du temps. Lost Canvas n'est qu'une de ces multiples versions qui ont été crées à partir de l'oeuvre initiale, une version plus modernisée et qui se destine peut-être davantage à un autre public plus jeune que celui de l'époque avec un shonen plus dans l'air du temps. Mais c'est en tout cas le Saint Seiya dont j'avais besoin pour faire vibrer à nouveau la flamme du vieux fan et, en ce sens, ce premier tome de Lost Canvas pose efficacement les bases d'un nouveau grand mythe des Chevaliers du Zodiaque.

Verdict: Très bon.

Glass Heart
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Re: Saint Seiya Lost Canvas

Message non lu par Glass Heart » 27 mars 2013, 00:36

Saint Seiya - The Lost Canvas: Tome 2

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L'Histoire

Tenma est devenu le chevalier de bronze de Pégase, l'un des 88 protecteurs de la déesse Athéna, défenseur de la paix et de la justice sur la Terre. Son objectif atteint, il s'était promis de retourner dans son village natal pour retrouver son ami d'enfance Alone et les autres orphelins et les protéger. Il a pas mal d'histoires à leur raconter, notamment sur le fait que son amie Sasha, la jeune soeur d'Alone adoptée quelques années plus tôt, n'est autre que la réincarnation d'Athéna.

Mais la récente réincarnation d'Hadès, le dieu des Enfers et ennemi juré d'Athéna, va changer ses plans. Le Sanctuaire se prépare à une nouvelle guerre sainte et des rapports font état d'un rassemblement de spectres au Sud de l'Italie, dans sa région natale. Tenma y est envoyé en compagnie des chevaliers d'or Dohko de la Balance et Shion du Bélier et du jeune chevalier de bronze Yato de la Licorne. La proximité des apparitions des spectres avec son village natal l'inquiète mais rien n'aurait pu le préparer au sinistre spectacle qu'il découvre à son retour: son village ravagé par les flammes, les habitants abattus et gisants dans leur sang. C'est là l'oeuvre macabre du seigneur des Enfers Hadès et de son armée de spectres. Tenma est abattu par ce triste spectacle. Son village n'existe plus et les orphelins qu'il s'était juré de protéger ne sont plus de ce monde.

Seule lui reste encore la promesse qu'il avait fait avec Alone deux ans plus tôt, celle de se retrouver une fois qu'il serait devenu chevalier. C'est alors que le dieu des Enfers lui-même vient à sa rencontre pour tenir leur promesse et que Tenma découvre avec effroi que son ami d'enfance est le responsable de toutes ces atrocités. Pour célébrer leurs retrouvailles, Alone complète le portrait représentant le jeune Pégase, mettant ainsi un terme à sa vie. La guerre sainte est déclarée et le chevalier Tenma de Pégase vient de tomber dès la première bataille. C'est une première défaite particulièrement amère pour les chevaliers d'Athéna, mais ils doivent maintenant se préparer à la guerre. Une guerre qui s'annonce longue et difficile et qui fera d'innombrables victimes...


Commentaires

Après un premier tome introductif, ce deuxième tome de Lost Canvas entre dans le vif du sujet: le commencement de la guerre sainte et les retrouvailles attendues des deux personnages principaux du titre, devenus entretemps le chevalier Pégase et la réincarnation d'Hadès. Quel destin ironique a voulu que les deux amis d'enfance deviennent des ennemis mortels ?

Shiori Teshirogi pose doucement ses cartes et installe ainsi les bases d'une histoire digne des grandes tragédies grecques. Pour l'heure, on se laisse porter par la dramaturgie du moment, il sera toujours temps plus tard (bien plus tard) de découvrir les véritables enjeux qui se cachent derrière cette intrigue particulièrement soignée.

Le moins qu'on puisse dire en lisant ce tome en tout cas, c'est que Shiori Teshirogi ne lésine pas devant les moyens pour surprendre son lecteur. Si on se doutait que les retrouvailles entre Tenma et Alone s'annonçaient particulièrement tragiques et qu'elles allaient marquer le début de la guerre sainte, on ne s'attendait pas en revanche à ce que l'auteure tue le personnage principal du titre dès la première bataille, avant même que la guerre commence vraiment. Généralement, ce genre d'événement survient à la fin d'une série, à l'issue de l'ultime bataille. Là non: le manga vient à peine de commencer et le héros est déjà mort. Mais alors, que va t-il se passer ? Mine de rien, Teshirogi fait preuve là d'une grande audace en jouant avec les codes du shonen et il fallait oser.

Cet événement n'est bien sûr pas anodin. D'un côté, cela marque le détachement d'Alone par rapport à son humanité, lui permettant de la transcender et de se rapprocher du divin. Maintenant que plus rien ne le rattache à son humanité, Alone n'est plus le simple humain qu'il était autrefois, il est devenu Hadès. Le sacrifice de son village, de ses habitants, des orphelins et de son ami d'enfance Tenma lui ont permis de tirer un trait (de sang) sur son passé. Seul lui reste à présent à affronter sa soeur Sasha, laquelle est la réincarnation de la déesse Athéna.

De l'autre côté, le fait que Tenma meurt à ce stade n'est pas non plus anodin. Les idéaux qui le portaient au cours de sa formation viennent entièrement d'être brisés: son village a brûlé, les habitants sont tous morts, les orphelins aussi, et son ami Alone qu'il avait juré de protéger est devenu l'ennemi mortel des chevaliers d'Athéna et de sa propre soeur Sasha. Son monde a radicalement changé en deux ans et il n'y a plus sa place désormais. Ayant tout perdu, il ne lui reste plus qu'à disparaître et Alone, dans sa "bonté", lui ouvre les portes du salut éternel. Comme un dernier hommage à son ami avant qu'ils ne disparaissent tout deux, Alone a voulu que Tenma soit le premier chevalier d'Athéna à y avoir droit. Mais la somme de tout ça, c'est que, vidé de ses idéaux, Tenma n'est tout simplement plus qualifié pour être le personnage principal du titre et qu'il ne lui reste plus qu'à disparaître.

Il est important de noter par ailleurs que Tenma est un personnage très différent de Seiya. Teshirogi ne traite pas son personnage principal de la même manière que Masami Kurumada. Là où Seiya était d'office un héros de shonen aguerri, capable de rivaliser assez vite avec des adversaires puissants, Tenma lui est un jeune chevalier de bronze fraichement promu et qui est directement catapulté dans la première bataille de la guerre sainte. Contrairement à Dohko et à Shion qui sont des guerriers avec un certain vécu, déjà aguerris, Tenma manque encore d'expérience et il n'était donc pas forcément prêt à livrer sa première bataille. De plus, son manque d'expérience fait aussi qu'il n'était pas encore prêt à encaisser les épreuves éprouvantes auxquelles il doit face d'entrée de jeu. Il est émotionnellement très affecté par tout ce qui vient de se passer et il n'était donc pas en état de livrer bataille.

Ainsi, loin d'un prodige comme Seiya, le Tenma de Teshirogi est initialement un jeune homme vulnérable et un chevalier de merde, qui se laisse trop vite dépasser par ses émotions et qui est bien incapable de gérer des situations de crise. Rien ne le différencie en ce sens des autres chevaliers de bronze à ce stade, ni en terme de puissance, ni en terme de mental. Il n'est donc pas anormal qu'il soit l'une des premières victimes à tomber au cours de cette guerre sainte. On sait tous qu'il sera amené à devenir un chevalier de légende, que c'est sa destinée, mais l'univers de Teshirogi est très différent de celui de Kurumada et une telle maturité ne s'acquiert qu'au prix de nombreuses épreuves et de nombreux sacrifices. Les chevaliers d'or ont traversés de telles épreuves pour devenir ceux qu'ils sont aujourd'hui. Tenma, lui, est encore trop jeune pour avoir connu tout ça et ce manque d'expérience s'avère fatal.

Et c'est ainsi donc que le manga vient à peine de commencer et que le héros meurt déjà. Quel choc ! Que va t-il se passer à présent ? Il faut là reconnaître à Teshirogi un véritable talent de narratrice car elle profite de l'occasion pour jouer avec les codes du genre: le héros principal de la série est tombé et c'est un personnage secondaire, un quasi-figurant que rien ne prédestinait à venir au devant de la scène, qui vient prendre le relais, héros improbable dans une histoire qui bouleverse complètement les conventions du genre.

Yato de la Licorne donc (qui est l'équivalent du rival de Seiya dans le manga original) rencontre la mystérieuse Yuzuriha, une fière guerrière de Jamir, et c'est là que sa propre aventure commence. D'après elle, tout espoir n'est pas encore perdu: Tenma peut encore être ramené à la vie mais il faut se dépêcher de le sauver tant qu'il en est encore temps. Et là, autre coup de génie, on se retrouve devant une situation encore plus improbable: notre personnage secondaire qui se retrouve au premier plan malgré lui doit à présent se porter au secours du personnage principal de la série (qu'il hait au passage) parce que... bah, on ira pas bien loin sans lui (tout bête) !

Saint Seiya, c'est l'histoire du chevalier Pégase et de ses compagnons qui doivent secourir la déesse Athéna, jeune adolescente masochiste qui se prête à toutes les tortures possibles et imaginables auxquelles la soumettent les méchants de la série. Ici, on est au début de Lost Canvas et... le chevalier Pégase doit être secouru par des personnages secondaires. Ca n'a pas trop la classe (loin de là même !), mais ce n'est de toute façon que la première de toute une série d'humiliations traumatisantes que notre pauvre Tenma (qui vient justement de se réveiller devant le Puits des Âmes pour découvrir... qu'il vient de mourir !!) va devoir subir avant le moment charnière où il arrivera à s'imposer enfin comme le héros légitime de la série, éveillant en lui l'âme d'un chevalier de légende... Mais on en est encore loin ! C'est pour plus tard, beaucoup plus tard ! Et d'ici là... (sadique :mrgreen: )

Au final, par rapport au premier tome qui s'attardait surtout à installer les bases de l'histoire et les deux personnages principaux que sont Tenma et Alone, ce tome 2 démarre vraiment la guerre sainte à proprement parler et l'auteure s'intéresse à présent davantage à introduire en profondeur les personnages secondaires importants du titre. D'abord Dohko et Shion que nous voyons pour la première fois en duo puis, grâce à une audacieuse pirouette scénaristique, ce sont ensuite Yato et Yuzuriha qui occupent le devant de la scène en lieu et place du malheureux Tenma. Alors que la menace d'une nouvelle guerre sainte prend corps et que les spectres se réunissent autour d'Alone, le récit de cette guerre sainte du passé emprunte d'emblée un premier tournant inattendu qui mène notre histoire dans une direction audacieuse et encore assez inédite dans l'univers de Saint Seiya.

Pour le reste, nous faisons aussi la connaissance d'un spectre d'Hadès particulièrement charismatique: Kagaho du Bénou. Guerrier solitaire qui se tient en marge des autres spectres, Kagaho témoigne néanmoins rapidement d'une loyauté sans faille envers Hadès et il se montre par ailleurs d'une proximité surprenante avec maître qui semble s'en accommoder sans difficulté, chose surprenante pour un spectre. Plus qu'un serviteur, il apparait comme un ange gardien protecteur envers le jeune Alone. Sur bien des points, Kagaho appartient à la même catégorie de personnage qu'Ikki dans le manga original et nul doute que Teshirogi projette déjà d'en faire un personnage clé de son titre parmi les rangs des spectres, avec une influence non-négligeable sur l'évolution d'Alone / Hadès.

Par ailleurs, si Kagaho affiche un attachement sincère et quasi-fraternel pour Alone, il est intéressant de voir qu'il est très vite mis en opposition avec Dohko qui incarne justement le grand frère spirituel de Tenma, et ce dès leur première rencontre. Une rivalité qui s'intensifie encore un peu plus tard dans le tome et qui renforce encore la dimension tragique du titre, Tenma et Alone étant déjà devenus ennemis jurés par la force des choses et voyant en plus de ça les deux guerriers de légende qu'ils ont pris comme modèles devenir des ennemis mortels et s'affronter dans le cadre de la guerre sainte.

En fait, on se rend vite compte à quel point l'histoire de Shiori Teshirogi est travaillée d'un point de vue narratif, posant des bases solides et bien amenées à partir desquelles elle pourra construire sa grande tragédie. Et encore, on ne sait pas encore tout à ce stade des enjeux cachés du titre et il est évident que tout cela nous paraîtra encore plus tragique de manière rétrospective.

Maintenant, concernant les affrontements, c'est véritablement à partir de ce tome qu'il commence à y en avoir mais, à part la première confrontation entre les chevaliers d'Athéna et les spectres d'Hadès - qui ne dure malheureusement pas très longtemps mais qui donne déjà une meilleure idée du potentiel de Teshirogi en la matière - , rien qui ne soit encore très mémorable. Tout au plus cela permet de montrer que Teshirogi commence à trouver peu à peu ses marques et qu'elle n'a pas l'intention de laisser ses personnages plus secondaires totalement au second plan. Mais c'est déjà plus réussi et bien plus honnête que ce que l'unique affrontement plutôt raté du premier tome et on doit reconnaître un certain talent de mise en scène à l'auteure qu'elle ne cessera de développer par la suite, jusqu'à nous donner enfin les grandes batailles épiques que l'on attend tous.

Mais, pour l'heure, Shiori Teshirogi continue d'affirmer dans ce deuxième tome les grandes priorités qui seront celles de l'ensemble de son titre: une bonne histoire, un récit travaillé, des vraies idées de narration et un réel travail sur la mise en scène et sur l'écriture des personnages qui doivent "vivre" le récit à travers leur psychologie afin d'en faire ressortir toute la dimension tragique et humaine. Lost Canvas est donc véritablement une oeuvre de conteur, portée par sa narration. Teshirogi travaille son histoire, elle sait précisément où elle va et elle sait comment se servir de ses différents personnages. De là, on est en droit d'espérer une oeuvre très aboutie, avec des ambitions qui dépassent de loin le cadre du simple spin-off se reposant sur la popularité de l'oeuvre originale. Lost Canvas n'a au contraire pas peur de s'en détacher et d'affirmer sa propre identité... en tant qu'oeuvre à part entière. Nul doute que, de là, la série nous réserve encore pas mal de surprises, et c'est dans le fond tout ce que l'on attend de cette nouvelle vision originale et audacieuse du mythe Saint Seiya à laquelle la nouvelle auteure a su si bien apporter sa touche personnelle pour construire son propre univers. Et nous, on en redemande !

Verdict: Excellent.

Glass Heart
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Re: Saint Seiya Lost Canvas

Message non lu par Glass Heart » 27 avr. 2013, 14:32

Une interview de l'auteure Shiori Teshirogi sur Lost Canvas:

http://www.journaldujapon.com/2013/05/s ... utour.html

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Erkael
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Re: Saint Seiya Lost Canvas

Message non lu par Erkael » 20 mai 2013, 11:03

Lost Canvas Chronicles 1:

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C’est avec un plaisir incroyable qu’on avait découvert Lost Canvas il y a de cela quelques années, adaptation de la série mythique de Kurumada, Saint Seiya. Cette série nous a transportée durant 25 tomes et ce fut un déchirement lorsque la conclusion est arrivée… Mais la joie n’en a été que plus intense lorsqu’on a appris que l’auteur allait reprendre son univers avec un spin off qui verra chaque volume se centrer sur un des chevaliers d’or !

Et bien soyons clairs d’entrée de jeu, ce premier tome est une complète réussite !

On commence ces « chroniques » par Albafica des Poissons, et si le choix pourrait paraître étrange à première vue, car on l’a vu assez peu, il n’était pas forcément le plus charismatique et le plus attachant…au final on pouvait difficilement mieux commencer. Dans « Lost Canvas », il fut le premier des chevaliers d’or à périr des mains des Spectres, le premier à disparaître, et Teshirogi a sans doute elle même remarquée qu’il méritait mieux !

On retrouve donc Albafica, puissant chevalier des Poissons, solitaire et énigmatique, souffrant de la malédiction qui fait sa puissance : un sang empoissonné qui l’empêche de se rapprocher de qui que ce soit, prix à payer pour ne pas succomber à ses terribles roses macabres. Le Grand Pope lui confie une mission d’importance, se rendre sur une île où un médecin légendaire peut tout guérir, mais l’île menacée par les spectres d’Hadès !

Immédiatement on devine les enjeux de cette mission qui ne sera qu’un prétexte pour nous plonger dans le passé d’Albafica au travers de divers flash-backs. On revient sur sa jeunesse, sur sa formation, l’acquisition de ses capacités et la naissance de sa malédiction et de sa solitude. On revient surtout sur son maître, précédent chevalier des Poissons, lui aussi très charismatique et très réussi. L’ensemble du tome porte donc sur ce lien unissant le maître et l’élève, lien mis en parallèle avec celui que connaissent le médecin de l’île et son disciple. Et les liens ne s’arrêtent pas là puisqu’on trouve aussi une belle histoire d’amour fraternelle.
Si les ficelles sont quelques peu évidentes, que les révélations faites par les personnages n’en sont pas vraiment, l’ensemble demeure très touchant et on ne peut qu’être sensible à tout ça. D’autant plus que la narration et la mise en scène de Teshirogi sont sans faille, on se laisse porter par ce récit émouvant, par ces personnages terriblement humains et donc imparfaits.

Au niveau design, c’est juste superbe. Les armures sont telles qu’on les connaissaient, c’est à dire splendide, et l’auteur se permet le luxe de créer un nouveau spectre absolument grandiose. Les nouveaux venus, à savoir l’ancien poisson et le médecin semble sortir des mangas de Clamp, et ça fonctionne à merveille.
On a un aspect très shojo dans ce premier tome, de par le personnage principale, de par l’univers véhiculé mais également de par la trame qui n’en demeure pas moins captivante. C’est peut être aussi pour cela que Teshirogi a commencée par Albafica, elle a peut être voulue se faire plaisir et grand bien lui en a pris.

On se retrouve donc avec un premier tome pour ces chroniques absolument excellent, touchant et rafraîchissant ! Un très beau moment et encore plus d’excitation et d’envie de découvrir la suite !
On ne peut pas gagner à tous les coups mais on ne peut pas perdre à chaque fois non plus!

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Erkael
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Re: Saint Seiya Lost Canvas

Message non lu par Erkael » 15 déc. 2013, 19:37

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LOST CANVAS CHRONICLES 2

Après un premier volume tout simplement exceptionnel, sublime ou tout les superlatifs que l’on veut, on peut dire qu’on attendait ce second tome des chroniques de Lost Canvas avec une impatience non dissimulée.
Nous avons eu droit à une superbe histoire mettant en scène Albafica des Poissons dans le premier tome, désormais c’est au tour de Kardia du Scorpion de prendre le devant de la scène.
Là encore nous avions déjà un personnage charismatique et intrigant dans la série d’origine, s’éloignant de son modèle de la première série Saint Seiya (Milo du Scorpion donc), au caractère fougueux et imprévisible…
C’est donc ainsi qu’on le retrouve dans cette aventure où il devra protéger la jeune Sasha, destinée à devenir Athéna !

Alors que cette dernière fuit le sanctuaire et sa vie austère, le puissant et impétueux Kardia du Scorpion, décide de l’accompagner. Ce dernier ignore que la jeune fille n’est autre que l’incarnation d’Athéna. Un lien fort va donc se créer entre eux sans artifice. Mais rapidement Kardia va entrer en conflit avec un groupe de guerriers se faisant appeler les « Jaguars » dont le chef, le grand prêtre Huesuda souhaite réveiller le terrible dieu de la destruction Tezcatlipoca !

Avec ce récit l’auteur s’écarte un peu de la mythologie grecs, celle ci étant la plus présente dans l’univers Saint Seiya malgré l’hypermyth créé par Kurumada, pour lorgner du coté des croyances Maya et de leurs divinités. Pour le coup cela change radicalement de ce qu’on a connu et si cela pourrait paraître étrange de trouver une telle croyance aux abords du sanctuaire (en Grèce donc), cela s’insère remarquablement dans l’univers de la série habituée à ce genre de transgressions.
Fini donc les temples de la mythologie Grec, les références aux Dieux de l’Olympe ou même à la guerre Sainte, cette fois nous plongeons dans une autre ambiance, celle des temples Mayas, des autels sacrificiels, des prophéties sur la fin du monde et sur une culture voulant survivre à tout prix.
L’effet est garanti, et si l’armure du grand prêtre pourrait faire penser à celle des spectres (d’ailleurs en toute franchise, on ne sait pas trop si les deux armures des guerriers ennemis apparaissant dans ce monde sont des spectres ou pas), elle est absolument superbe et on devine que l’adversaire est de taille à affronter voir à mettre en danger un chevalier d’or !

Kardia de son coté fanfaronne beaucoup mais n’est pas aussi impressionnant qu’on l’aurait souhaité, on le trouve limité à plusieurs reprises, il ne dégage pas forcément l’écrasante puissance qu’on attend d’un chevalier d’or, mais malgré cela il possède une classe incroyable, et sa personnalité, savant mélange entre cabotinage et sérieux est très séduisante et accrochera forcément le lecteur.

Ce second tome nous propose donc un changement de ton radical par rapport au volume précédent, outre le décor et la mythologie qui changent, le ton est totalement différent. Du premier volume se dégageait une certaine mélancolie, une profonde tristesse même, de ce second tome se dégage une énergie incroyable, et un humour plutôt réussi. Peut être moins saisissant que le premier volume, ce deuxième tome s’avère malgré tout être une grande réussite !
On ne peut pas gagner à tous les coups mais on ne peut pas perdre à chaque fois non plus!

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Re: Saint Seiya Lost Canvas

Message non lu par Erkael » 15 déc. 2013, 19:38

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LOST CANCAS CHRONICLES 3

Après deux volumes tout simplement excellents, on attendait de pied ferme ce troisième tome centré cette fois sur Dégel du Verseau.

L’auteur l’annonce dés le commentaire sur la couverture, elle a voulu créer une ambiance quelques peu différente de ce qu’on connaît de Saint Seiya, et elle y arrivera sans aucun problème relevant son nouveau défi une nouvelle fois avec une facilité déconcertante.

L’action se situe en France, Dégel, le jeune chevalier du Verseau y a été dépêché suite à une étrange missive envoyée au sanctuaire par le maître de ce dernier, le vieux Crest, un puissant chevalier ayant survécu à plusieurs guerres saintes mais qui a disparu depuis quelques années… Sur place Dégel devra s’opposer à la mystérieuse Mme Grenat et à ses cinq joyaux, cinq guerriers aux étranges pouvoirs…

Ambiance renaissance donc avec ce volume rompant quelque peu avec les codes de la série. Dégel va affronter plusieurs adversaires et ces derniers ne seront pas forcément des porteurs d’armures. Seul le dernier va arborer une magnifique armure dont je vous réserve la surprise…une variante d’une déjà connue, et tout ça avec un style d’une élégance incroyable. Et faut il parler de la grande menace de cette histoire, à savoir Mme Grenat qui va elle aussi arborer une armure splendide. L’auteur ne cesse de nous éblouir avec ses armures originales qui n’ont absolument rien à envier à celles créer par Kurumada lui même.

Cette fois aucun lien avec une quelconque mythologie, les adversaires ne se revendiquent d’aucun Dieu, ni d’aucune croyance, c’est justement parce qu’ils veulent couper tout lien avec les Dieux qu’ils sont une menace et que cette histoire tranche avec la série. Exclure les Dieux pour donner les pleins pouvoirs aux hommes, voilà l’objectif des adversaires de Dégel, mais leurs méthodes sont largement condamnables.

Ce qui fait mouche forcément c’est que la mythologie de la série elle continue de se développer. Dans un premier temps un lien est fait avec le second volume des chroniques qui mettait en scène Kardia du Scorpion ; et rien que ça c’est déjà appréciable étant donné qu’on aurait pu croire que chaque tome serait indépendant, bien distinct des autres. Ainsi on retrouve Kardia, mais également Sage le grand Pope de l’époque.
Mais ce qui marque le plus c’est que l’auteur continue d’accroître l’univers de la série en créant des personnages inédits venant s’intégrer dans la filiation des Chevaliers. Ainsi on découvre Crest, le précédent chevalier du Verseau. Tout ceci donne à l’ensemble une richesse et une cohérence remarquable.
Le personnage de Dégel en lui même est intéressant mais s’avère relativement classique pour la série, ici pas de problématique comme celle que connaît Kardia, mais un choix important à faire, le même type de choix qu’a du faire Albafica dans le premier tome et qu’on retrouvera très certainement chez les autres chevaliers dans les tomes à venir.

Un volume d’une grande qualité où Teshirogi démontre une nouvelle fois l’étendue de son talent et qui nous donne encore une terrible envie de lire le prochain tome ! Incontestablement une grande réussite !
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Re: Saint Seiya Lost Canvas

Message non lu par Erkael » 16 janv. 2014, 18:05

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LOST CANVAS CHRONICLES 4

Quatrième tome des chroniques de Lost Canvas pour un quatrième chevalier d’or à la personnalité travaillée. Bien que ne suivant pas d’ordre précis en ce qui concerne la présentation des personnages, le hasard a cette fois voulu que ce quatrième tome s’intéresse au quatrième chevalier dans l’ordre du zodiaque : le Cancer !

Et pour la première fois, Manigoldo du Cancer n’est pas le seul à occuper la scène dans ce tome, Teshirogi voulant créer une histoire mettant en scène un binôme. On le retrouve donc en compagnie de Albafica des Poissons, personnage hautement charismatique qui a ouvert le bal des chroniques. Ce binôme pourrait renvoyer à celui qu’on trouve dans la partie « Hadès » de Saint Seiya premier du nom, où ces deux chevaliers se retrouvent associés en tant que traîtres (et accessoirement les deux chevaliers étant un cran en dessous des autres). Mais ici on s’éloigne de ce premier binôme de chevaliers ratés, on a deux personnages intéressants, possédant une véritable personnalité et un caractère travaillé. Ici on a plutôt le sentiment que Teshirogi ne souhaite pas faire intervenir de chevaliers qui n’ont pas encore eu droit à leur propre tome, comme pour se garder la surprise jusqu’au dernier moment. Ainsi à ce stade seuls Albafica, Kardia et Dégel auraient le droit de cité !
Cependant, même si cela fait particulièrement plaisir de retrouver Albafica, cela reste bel et bien Manigoldo le personnage principal qui aura droit aux honneurs.

Une nouvelle fois on sort du cadre de la Grèce et du sanctuaire pour découvrir une nouvelle grande ville vu par les yeux de Teshirogi, et cette fois ce sera Venise ! Grande cité tentaculaire aux deux visages, mais ici on s’attardera surtout sur le coté sombre de cette dernière.

L’auteur reprend ici les mêmes éléments que dans les précédents tomes : un chevalier est envoyé en mission par le Grand Pope (ici ils seront donc deux) pour enquêter sur une menace, il y rencontrera un enfant qui servira d’observateur tout en ayant un rôle à jouer (notamment celui de s’extasier devant les pouvoirs des héros), jusqu’à affronter un adversaire d’une grande puissance.
Malgré quelques nouveautés, le schéma est désormais connu et l’effet commence donc à s’estomper, et malheureusement cette histoire s’avère être moins passionnante que les précédentes. On y trouve également quelques maladresses, comme le fait que presque tous les protagonistes ici semblent être en mesure d’utiliser l’attaque du Cancer « les cercles de l’esprit ».
Cependant Teshirogi essaie d’apporter de nouveaux éléments tout en respectant le matériau de base. Ainsi on découvre un jeune Manigoldo, venant de finir son apprentissage et ne possédant son armure que depuis récemment, un apprenti chevalier comme l’appelle son adversaire. Mais ce qu’on retient surtout c’est le fait que l’auteur s’écarte des spectres pour proposer de nouveaux adversaires. Cette fois elle va donc aller exhumer les chevaliers noirs, guerriers rebelles portant des armures sombres, symbole de leur rébellion envers le sanctuaire. Pas de chevaliers noirs de bronze mais des nouveaux encore inédit. Et si on connaissait déjà ces armures dans la première série, Teshirogi les adapte pour leur donner une nouvelle vie, et surtout un nouveau design beaucoup plus fin et séduisant !
De même, l’auteur respecte cette volonté d’intégrer les chevaliers dans une continuité en présentant les maîtres des protagonistes, imposant pour ainsi dire une filiation qui apporte clairement une cohérence et une profondeur à l’ensemble.

Moins surprenant que les précédents, peut être moins intéressant également, ce tome se veut malgré tout riche pour tout ses à-cotés, et présente un personnage tout aussi charismatique et attachant que ceux déjà connus.
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Re: Saint Seiya Lost Canvas

Message non lu par Erkael » 18 avr. 2014, 00:18

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LOST CANVAS CHRONICLES 5

Nous voilà parti pour un cinquième volume de cette excellente série, un cinquième one-shot nous narrant les aventures d’un unique Chevalier d’or avant les évènements se déroulant dans la série Lost Canvas. Cette fois se sera au tour de El Cid du Capricorne d’être à l’honneur et d’être creusé un peu plus.

Au beau milieu d’un désert, une ville tentaculaire est apparue en une seule nuit. Cette ville attire les guerriers de toutes sortes car en son sein est organisé un immense tournoi qui récompensera son vainqueur. El Cid du Capricorne est envoyé par le sanctuaire pour éclaircir la situation, d’autant que d’étranges forces obscures semblent être à l’œuvre. Remporter ce tournoi ne devrait être qu’une formalité pour un Chevalier d’or mais derrière tout ceci se trouvent des spectres d’Hadès…

Contrairement à ses camarades des tomes précédents, El Cid ne sera en contact avec aucun autre chevalier d’or dans ce tome, à l’exception rapide du Sagittaire qui lui assignera sa mission. Pour le reste cette histoire inédite est fondée sur la même base que les précédentes. Notre héros part en mission, il y rencontre un jeune garçon qui servira d’observateur / de témoins sur l’ensemble du tome, il va s’extasier de tout les faits et gestes de notre guerrier doré, tout en représentant un futur passage de flambeau. Bien entendu les spectres d’Hadès sont liés à cela et on retrouve également des personnages liés au passé du héros, personnages étant passés du coté obscur.
Malgré les qualités évidentes du titre en général et de ce volume en particulier, la recette ne surprend plus, on ira même jusqu’à dire que cela devient prévisible.
Il apparaît logique et cohérent de faire intervenir des personnages issus du passé du héros, c’est le meilleur moyen de lui inventer une histoire, une jeunesse, des souvenirs…mais que ce dernier soit quasiment systématiquement l’ennemi à abattre, que le chevalier doive systématiquement dépasser sa loyauté pour cette personne pour prouver son amour de la justice et sa détermination apparaît maintenant trop cliché.
Et ce qui est assez dommage également c’est de ne faire intervenir que des spectres d’Hadès, alors que la guerre contre ce dernier n’est pas encore déclarée. Vu l’univers infini de Saint Seiya, Teshirogi pourrait introduire n’importe quel ennemi. Ce qu’on ne peut pas lui enlever c’est qu’elle crée à chaque fois des personnages inédits possédant une classe folle, à ce niveau elle n’a absolument rien à envier à Kurumada.
Autre point décevant du volume, c’est qu’au final le personnage de El Cid apparaît assez plat à coté de ses compagnons d’armes. Alors que dans Lost Canvas il avait fait sensation, ici il paraît assez fade et pas tellement éloigné de Shura créé par Kurumada. D’ailleurs là où l’explication de la technique du Capricorne était justifié par sa loyauté qui lui avait valu de recevoir « Excalibur » dans son bras, ici on ne sait absolument pas pourquoi El Cid utilise cette technique tranchante, et il est dommage que l’auteur n’ait pas créée des attaques originales plus liées à la constellation du Capricorne.
Mais les lames et épées sont au centre du récit, les métaphores sur les lames émoussés et le tranchant de la volonté sont légions et semblent plutôt propice à un personnage qui apparaît tel un conquistador, voir un mousquetaire.

On ne s’attardera pas sur le tournoi en lui même qui voit un chevalier d’or affronter de simples guerriers ou même un marionnettiste (là on plonge carrément en plein « Karakuri Circus »), on retiendra surtout la classe du personnage principal et son affrontement contre un spectre d’une classe absolue, ainsi que le twist final qui n’est autre qu’une référence à son ultime combat dans Lost Canvas.

Un volume intéressant à n’en pas douter, mais pas aussi passionnant que l’était les précédents… Presque une semi déception. En espérant que cela soit la dernière.
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Re: Saint Seiya Lost Canvas

Message non lu par Erkael » 24 juil. 2014, 02:17

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LOST CANVAS CHRONICLES 6

Après déjà cinq chevaliers charismatiques ayant eu droit à leurs propres histoires, on clôt la première moitié avec un personnage connu depuis toujours par les amateurs de la saga Saint Seiya, l'un des survivants de la première guerre sainte: Doko de la Balance.

La grande originalité de ce tome, à l'inverse des autres, est que l'histoire se situe justement après la guerre sainte et non pas auparavant. Mais ceci ne pouvait être possible qu'avec justement Doko ou Shion puisqu'ils sont les seuls à survivre à cette grande bataille qu'on trouve dans Lost Canvas.

On retrouve donc un Doko déjà en train de méditer sur les cinq pics en Chine accueillant un vieil ami, ce dernier débarquant avec sa fille...et là grand coup de bluff de l'auteur! On pense forcément retrouver le même schéma que dans tous les tomes précédents, à savoir avec un enfant témoin des actes et de la puissance du Gold Saint héros du tome en question. Mais contre toute attente, ces deux personnages (l'ami de Doko et sa fille) ne servent à rien...quel intérêt me demanderez vous? Je cherche encore...

Bien que l'action se situe donc après la guerre sainte, l'histoire fait le lien avec le passé de Doko, à l'époque où il n'était qu'un jeune apprenti. Il va donc devoir faire face à son ancien clan, aux guerriers de son ancienne école. Ces derniers venant l'attaquer car en tant que gardien de l'équilibre, il est devenu une menace pour le nouveau chef de ce clan, un personne venu tout droit du passé de Doko. On retrouve donc un élément qui fonctionne à chaque fois dans cette série, à savoir des événements liant le héros à son passé, conférant ainsi une force supplémentaire au récit.
Mais Doko ne sera pas seul, il va rallier à ses cotés un jeune guerrier, sosie de Tenma, son ancien disciple dont il a perdu la trace. Ainsi notre héros fera la confusion durant tout le tome. L'auteur glisse ici un clin d’œil à Lost Canvas, mais là encore fait le lien entre le passé et le futur, Doko étant ramené à son statut de disciple par ses ennemis tout en gardant son statut de maître avec ce sosie de Tenma.
Le clan que Doko va devoir affronter, se voit attribuer la force d'un animal totem symbolisé par un tatouage dans le dos. Le lien est ainsi fait avec le tatouage de tigre que Doko arbore dans le dos. Une jolie référence, et également une explication à un des éléments de la saga Saint Seiya, ne laissant qu'un pas à faire pour faire le lien avec le dragon de Shiryu. Une nouvelle fois Teshirogi prouve qu'elle prend des libertés sur l’œuvre de base et elle fait bien !

Étant donné que les spectres d'Hadès sont vaincus, les adversaires de notre Saint de la Balance ne portent pas de surplis. Teshirogi s'en sort donc en matérialisant une armure représentant l'animal totem des adversaires (mais dans ce cas pourquoi ne pas montrer l'armure du tigre de Doko?) Et comme pour les précédents tomes, elle va ainsi donner vie à des adversaires charismatiques revêtus d'armures splendides. Pas moins de trois ici, toutes plus impressionnantes les unes que les autres, avec bien entendu une mention spéciale pour la dernière. Elles sont belles, fines, élégantes, mais celle du grand adversaire de ce tome est juste magnifique. Les motivations de ce dernier apparaissent un peu simplistes mais qu'importe, on a droit à un affrontement épique entre deux guerriers possédant un passé commun, ce qui apporte un symbole supplémentaire à cette lutte.

Un tome surprenant, nous prenant à contre pied mais qui une nouvelle fois nous séduit grâce à une histoire originale bien maîtrisée et surtout grâce à un auteur de talent qui s'est totalement appropriée l'univers Saint Seiya et le maîtrise désormais mieux que son propre créateur !
On ne peut pas gagner à tous les coups mais on ne peut pas perdre à chaque fois non plus!

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