Volumes VF : 8 (série terminée) chez Soleil
Volumes VO : 8 (série terminée), prépubliés dans le Shonen Ace, publiés chez Kadokawa
Bienvenue dans la NHK (NHK ni yōkoso!) est un manga dessiné par Kenji Oiwa et basé sur une nouvelle de Tatsuhiko Takimoto.
Scénario
Un jeune homme, Tatsuhiro Satō, 21 ans, sort péniblement de plusieurs années de réclusion auto-infligée : c'est un hikikomori. Il rencontre, après des années d'isolation, une jeune fille, Misaki Nakahara. Très mignonne, Misaki ne le méprise pas pour son état. Au contraire, celle-ci s'intéresse à lui et lui offre son aide par l'intermédiaire d'un projet, une sorte d'étude médico-sociale, qu'elle aurait élaboré. Or Tatsuhiro, pour le moins paranoïaque, ne fait plus confiance à personne. Lui et une majorité de la société japonaise seraient victime d'un piège tendu par la NHK, la Nihon Hikikomori Kyōkai (compagnie japonaise des hikikomori), face cachée de la célèbre chaîne de télévision nippone NHK.
Tatsuhiro découvrira que son voisin de palier, otaku pur et dur, n'est autre qu'un ancien copain de classe visant à réaliser un eroge (jeu vidéo érotique).
S'en suivra une plongée incontrôlée dans tous les phénomènes propres aux otakus et aux hikikomori : le moé, le lolicon, les suicides collectifs, les MMORPG... la charmante Misaki faisant office de bouée de sauvetage.
Bienvenue dans la NHK met donc en scène des situations préoccupantes de la société japonaise, affectant des personnes considérées comme excentriques, excessives voire malades. Mais la spécificité du manga est de toujours introduire ces situations graves et leurs personnages particuliers avec humour. Et c'est là que le bât blesse.
Des intentions louables, un rendu discutable...
Si exposer les problèmes de la société nippone par l'humour a quelque chose d'attrayant, le résultat est très irrégulier.
Certains chapitres sont emplis d'humour très noir et pessimiste, sont très appréciables dans leur mise en scène et généralement très bien amenés. D'autres au contraire frôlent le ridicule et ressortent les bonnes vieilles conventions du shônen. Bienvenue dans la NHK reprend clairement une base du manga harem, à savoir que la fille mignonne sauve toujours le loser, cet intérêt étant justifié par un passé que l'on imagine dramatique.
Bienvenue dans la NHK souffre surtout de la comparaison avec des mangas parus en France avant lui. Le moé, le lolicon, les MMO, le fan-service, Genshiken l'a déjà fait. Plus encore Genshiken a fait le pari de montrer que la sous-culture otaku mal-comprise n'était pas incompatible avec une vie saine. Ushijima, Homunculus et bien d'autres seinen ont eu de même leur façon de dénoncer les excès de la société nippone, Bienvenue dans la NHK n'inaugurant rien d'original.
Alors évidemment, je sens venir les critiques : qu'est-ce qu'une comparaison avec d'autres mangas peut-elle apporter à la critique de Bienvenue dans la NHK ? Réponse simple ! Le problème de Bienvenue dans la NHK est de précisément ne pas avoir de cibles et de thèmes dominants suffisamment délimités. Le manga valse entre le phénomène hikikomori et d'autres situations plus ou moins affiliées, dont l'otakuïsme. Bienvenue dans la NHK y voit des problèmes, des vices, là où Genshiken les traite comme une sous-culture créatrice et innovante. Au final, on ne sait pas vraiment de quoi il est question dans ce NHK, si ce n'est de dénoncer gentiment tout et n'importe quoi par un humour pas toujours efficace à chaque coup.
Alors évidemment, lorsque Bienvenue dans la NHK traite de ce dont il se réclame, à savoir un manga sur le phénomène hikikomori, sa qualité est palpable... Et encore, on a pas vraiment droit à un exposé sensé des causes du phénomène. Les causes du phénomène ne sont qu'évoquées... Railleries, repli sur soi, rejet... Le parti pris de l'humour prend le pas sur un ersatz d'explication sociologique. Et pourtant, il y aurait de quoi faire dans l'humour noir et le pessimisme avec tout ça ! Au final, on attend toujours une confirmation du manga, en terme de qualité. NHK devra développer ce problème et se recentrer sur lui pour être vraiment bon. Car ce n'est pas le traitement hasardeux d'autres sujets (moé, lolicon...) qui sauve le manga, l'intérêt retombant encore plus.
Les nombreuses cases de fan-service ne servent qui plus est pas particulièrement à renforcer l'humour... La gratuité de ces scènes fait penser aux vulgaires ecchi. Dommage.
Néanmoins, en dépit d'un humour aléatoire, les personnages restent très attachants, ce qui fait la plus grand force du manga.
Graphisme
L'auteur se diversifie au niveau des visages et des looks, pas de « syndrome clone ». Le trait est agréable. Le souci du détail est présent. Aucun souci de ce côté-là, l'ensemble est très satisfaisant.
Adaptation
Un manga paru chez Soleil, forcément, on a quelques appréhensions. S'il nous a prouvé qu'il était capable de faire pas mal d'efforts (la majorité des tomes de Suikoden III, certains tomes d'Higanjima et de Battle Royale), Soleil est vraiment critiquable sur ce coup-là. Un papier recyclé dégueu' (le graphisme de Kenji Oiwa ne méritait pas ça...), des coquilles et des fautes persistantes. Bref, c'est pas ça du tout. Un effort sur les couvertures est à noter : reprise des couvs' japonaises (encore heureux) et papier glacé. Concernant la censure, blâmer Soleil n'est pas forcément justifiable, car les cases censurées n'auraient pas apporter de véritables plus au manga. Comprenez que l'humour n'aurait pas fonctionné davantage.
Conclusion
Bienvenue dans la NHK peine à séduire. Son graphisme propre et agréable est un atout majeur. L'humour noir offre quelques moments jouissifs. Mais le manque total de réalisme d'autres situations fait tache surtout pour un manga censé exposer un phénomène de société. Introduire ce sujet par l'humour est une chose, mais cette méthode n'est appréciable que si un minimum de réalisme est respecté... Un manga au contenu aléatoire dont on espère qu'il va connaître un souffle salvateur par la suite.
Des personnages très attachants
Un graphisme adapté et très plaisant
L'humour noir
Les -
Un humour qui marche une fois sur deux
Ressortir des conventions niaises du shônen...
L'adaptation de Soleil, foireuse
On attend une réelle surprise