Auteur : Atsushi Ohkubo
Éditeur : Kurokawa
Traducteur : Fabien Vautrin
Lettrage : Maiko_O
Nbr. de volumes au Japon : 21 (en cours)
Nbr. de volumes en Francophonie : 19 (en cours)
Afin d'accéder au rang suprême de « Death Scythe », une arme démoniaque doit ingérer 99 âmes humaines et 1 âme de sorcière. Cette mission est confiée aux Meisters, des spécialistes du combat qui vont récolter les âmes au péril de leur propre vie. Dans Soul Eater, partez à la chasse aux âmes en compagnie des élèves de l'institut Shibusen, école de formation pour faucheurs d'âmes ! (source : Kurokawa)
Annoncé en grande pompe par Kurokawa des mois en avance, avec une campagne publicitaire impressionnante, sans compter la venue de l'auteur lui-même lors du salon du livre de Paris 2009, on ne peut qu'être intrigué par ce Soul Eater. L'intérêt est donc éveillé, voyons ce qu'il en est au final.
La conférence est ouverte. J'attends vos questions.
Juste un shônen de plus ?
Voyons... l'action prend place dans un monde imaginaire, vaguement gothique, avec quelque chose de Tim Burtonesque. Dans cet univers, des meisters, des combattants professionnels, sont chargés par le Dieu de la mort (maître Shinigami) d'éliminer certains individus désignés par lui et de récolter leurs âmes. Ils sont aidés en cela par des armes spéciales, des humains (?) pouvant prendre l'apparence d'armes, que seuls les meisters peuvent maîtriser.
On suit l'évolution de trois groupes de jeunes gens cherchant à faire évoluer leurs armes en Death Scythe, l'arme officiel du Dieu de la mort :
- Maka (meister) et Soul Eater (faux démoniaque): Le groupe le plus sérieux, celui qui tente vraiment de réunir les âmes nécessaires. Une bonne mécanique, une bonne interaction, pas vraiment de points forts, ni de points faibles pour l'instant. Les héros principaux du manga, sans aucun doute.
- Black Star (meister) et Tsubaki (grappin-faucheur démoniaque): Les bouffons, le ressort comique du manga. Black Star est un assassin qui aime prendre des poses qu'il est le seul à juger classe, et devient sérieux uniquement quand il rencontre quelqu'un qui risque de lui voler la vedette. Il devient pourtant très fort dans ces moment-là. Sa charmante partenaire, elle, est franchement mignonne et puissante, mais doit subir les bouffonneries de son compagnon. Heureusement pour elle, elle dispose d'un caractère très conciliant, mais peut-être un rien trop passif... Attendons de voir comment ils vont évoluer. Un groupe pour l'instant où seul la présence de Tsubaki permet de supporter Black Star.
- Death the Kid (le fils du Dieu de la mort) et les soeurs Thompson, Patty et Liz (duo de pistolets démoniaques) : Le héros sombre et puissant. Un mélange des deux premiers groupes, bien plus fort cependant en situation de combat. Kid est un personnage très puissant, mais qui souffre d'une pathologie l'obligeant à ce que tout soit toujours parfait, Cad. de son point de vue, parfaitement symétrique. À tel point qu'il préfère abandonner ses compagnes en plein combat pour vérifier si un tableau est parfaitement droit chez lui, ou se faire tuer plutôt que de tirer sur un objet parfaitement symétrique. Un personnage qui peut être dur à supporter, mais qui est compensé, tout comme pour Black Star, par ses compagnes.
Bref, rien de bien original, et certains traits de caractère trop mis en exergue peuvent sembler lourds quand on a plus de 12 ans. Mais pourtant, on accroche aux personnages. Parce que tout simplement les faiblesses ou les lourdeurs des uns sont compensés par les points forts des autres. Chaque personnage évolue pour l'instant en étroite collaboration avec son partenaire. Aucun ne peut faire cavalier seul, et tous sont des guerriers capables de se défendre. Chaque lecteur peut ainsi trouver chaussures à son pieds sans se sentir coupable d'apprécier un gros boulet.
Déjà une première originalité. On sent qu'aucun des personnages n'est pour l'instant foncièrement supérieur,et tous ont un gros potentiel d'évolution. On peut compter que aucun ne restera en retrait, que ce soit dans le scénario ou niveau puissance.
Vous le trouvez moche, vous, le dessin ?
Moi, non, bien au contraire. Je trouve le trait de l'auteur plutôt original. Un soupçon de D.Gray Man, avec un rien de cell-shading, comme dans les jeux vidéo. Très agréable à l'oeil, plein de détails et de vie, un trait très clair et franchement dynamique. Les visages sont bien expressifs, et les filles plutôt jolies. Original, sans aucun doute. Mais c'est pour ça aussi qu'on accroche ou pas, et que certains pourront rebutés par ce trait. On va dire que c'est une question de goûts et de couleurs. Mais rien à dire sur la lisibilité des scènes.
Et... il y a un scénario ?
Oui, oui, Soul Eater, ce n'est pas qu'un shônen avec des combats plutôt réussis. Le premier tome propose trois histoires mettant en scène chacun des groupes dans un chapitre auto-conclusif. Ensuite, dans le deuxième tome, on s'attaque à la fameuse école où les meisters sont formés pour quelques chapitres de plus. Puis on arrive déjà dans un scénario plus ambitieux en fin de volume, mêlant un grand ennemi dont on doit empêcher la résurrection, et des sorcières qui feront tout pour l'aider. On n'en sait pas plus pour l'instant, mais cela promet beaucoup. En espérant évidemment que tout cela tiendra ses promesses évidemment. Mais il est trop tôt pour l'instant, bien sûr. À voir, à voir.
Dernière question : qu'est ce que ce titre apporte par rapport aux autres ?
très bonne question.
Quand on y réfléchit, on se dit que Soul Eater n'est pas foncièrement original dans son concept.
Le principe des duo peut rappeler au choix Zatch Bell pour les combats en équipe et pour le but à atteindre, ou Bleach pour le principe des armes vivantes et le look de certains personnages. On retrouve D.Gray man dans l'univers et dans le grand ennemi qui menace de revenir et de détruire le monde.
Mais si on peut clairement voir les sources d'inspiration, on ne peut qu'admettre également que tout semble parfaitement digéré et maîtrisé, à tel point qu'au final, cela ne gêne en rien, car il s'est forgé sa propre personnalité.
Une excellente synthèse des points forts de certains shônens, sans leur défauts pour l'instant.
Un dernier mot ?
Pas grand-chose à ajouter, non. Un titre qui cependant promet beaucoup, et qui pourrait s'élever au rang de très bon shônen, si il maintient ce cap.
Mais c'est au tome 5 qu'on aura les idées plus claires sur la voie que prendra ce manga.
Beaucoup de mystères entourent encore les personnages, les armes démoniaques et leurs vraies natures, les forces en présence, l'univers... Voilà de quoi faire pour l'auteur, et qui tiendra le lecteur en haleine si le tout est bien exploité.
Deux volumes de toutes façons, c'est trop tôt pour juger.
Mais un titre qui mérite qu'on s'y intéresse, sans aucun doute.