Après avoir ressorti la série originale dans son édition couleur puis édité l'artbook Lightning Pop, les éditions Pika continuent d'exploiter la licence HOTD en nous amenant cette fois-ci High school of the head, la parodie officielle. Parue au Japon en 2010-2011 avant de sortir en un tome relié, cette parodie est dessinée par un dénommé Sankakuhead.
Dans la forme, l'oeuvre s'inscrit dans le plus pur style du gag manga en format yonkoma, ces strips en 4 cases se lisant à la verticale. Sankakuhead divise son oeuvre en courts actes composé de plusieurs petits gags, chacun de ces gags s'appuyant sur un petit élément précis de la série originale pour ensuite la faire dégénérer. Inutile de dire, donc, que pour apprécier au mieux ces gags, il vaut mieux avoir bien en tête le manga. L'auteur s'applique bien à recontextualiser un peu chaque acte via des pages d'ouverture où les personnages se résument à tour de rôle et à leur manière les grandes lignes de l'histoire, mais cela n'est pas forcément suffisant.
On se retrouve donc vite plongé dans une parodie dont le format peut d'abord rebuter, les premiers gags ayant souvent du mal à décoller. Puis on se prend petit à petit au jeu, dès lors qu'on a accepté le concept et que l'on voit l'auteur exagérer comme il se doit certains traits de caractère des personnages. Ainsi, Takashi devient bien plus pervers et glandeur que dans la série originale, Rei se transforme en "bitch" caractérielle passant son temps à montrer sa culotte quand elle ne poque pas des crises, Saeko voit ses facultés de combattante totalement exagérées, Saya cache des secrets redoutables et surprenants dans ses indispensables couettes, Alice devient un pur objet de lolita complex, le chien Zéké se retrouve doté de pensées totalement éloignées de ses aboiements... La sauce finit par prendre plutôt bien, bien que les gags ne volent jamais très haut, voire font parfois dans une vulgarité un peu trop prononcée (bah, c'est une parodie d'HOTD, quoi).
Reste le problème des dessins. Sankakuhead a choisi d'offrir aux personnages des design chibi relâchés, et le résultat n'est pas forcément toujours à la hauteur, les visages étant trop irréguliers, et certains protagonistes étant franchement trop méconnaissables physiquement, en tête Saeko que l'on ne reconnaît même pas sur la couverture. De plus, l'auteur a régulièrement du mal à bien exploiter le format en quatre cases, offrant plusieurs gags assez incompréhensibles, trop décousus, et tombant alors à l'eau. Dans le registre des gags qui tombent à l'eau, il faut aussi noter tout le chapitre extra se basant sur des jeux de mots intraduisibles en français.
Après 120 pages de petits gags basés sur le déroulement de l'histoire originale, Sankakuhead s'offre dans la dernière partie de son oeuvre des délires plus personnels et plus poussés, sous la forme d'histoires de 8 pages. Saya qui recherche la personne qui lui a volé ses couettes, Takashi qui devient l'enjeu d'un combat de charmes entre Rei et Saeko... L'auteur a l'occasion d'y construire un peu mieux ses moments d'humour, ceux-ci étant évidemment toujours aussi bas de plafond.
Au final, HOTH offre une parodie aux gags très irréguliers, graphiquement et narrativement un peu maladroite, dont le format ne plaira pas à tout le monde, et qui demande quand même de très bons souvenirs de la série originale. En fait, le mieux pour apprécier cette oeuvre est sans doute de relire un par un les actes de High School of the Dead, juste avant de se plonger à chaque fois dans la partie qui lui correspond dans cette parodie. Dès lors, les plus grands fans de HOTD, auxquels HOTH est avant tout adressée, devraient trouver un certain plaisir dans cet amas de petits gags débiles tournant en dérision tous les personnages, à tel point que ça pourrait faire hurler par moments (oui, même le charisme de Saeko est joyeusement défoncé à la truelle par Sankakuhead !).
