série publiée dans son édition originale japonaise en 20 tomes
éditeur français: Glenat
nombre de tomes prévus: 13
Auteurs: Asao Takamori et Tetsuya Chiba
volume 1
Voici qu’arrive dans la collection vintage de Glenat un des mangas les plus référencés dans les ouvrages du monde entier parlant de bande dessinée en général et de manga en particulier.
Ce « Joe de demain » est un axe important dans la carrière de Tetsuya Chiba. Le dessinateur qui a commencé sa carrière très tôt dans des magazines pour filles va voir sa notoriété grandir avec les mangas sportifs. Il faut dire que son graphisme dynamique et l’abondance de sonorisation des scènes de combats en font le dessinateur-phare du genre.
L’histoire, écrite par Asao Takamori, est assez connue et je ne vais pas spolier votre plaisir de lecture.
Joe Yabuki est un adolescent frondeur et bagarreur qui vit misérablement en vagabondant sans but. Il est remarqué par Danpei Tange, un ancien boxeur devenu alcoolique qui lui trouve un talent certain pour le noble art et promet à un Joe septique une ascension vertigineuse vers les plus hautes compétitions en un rien de temps. Dés lors, Chiba va nous narrer le parcours parsemée de rencontres cruciales qui vont changer son existence jusqu’au combat du plus haut niveau qui lui offrirai la consécration.
Les premières choses qu’on remarque à la lecture de ce premier tome d’Ashita no joe, c’est un graphisme très claire et d’une grande profondeur de champ ainsi que la grande diversité des physionomies. D’abord, la profondeur de champ, c’est un terme de cinéma qui est lié à l’illusion de la troisième dimension. Elle est très présente ici dans des décors parfaitement rendus par des perspectives profondes et une disposition d’éléments sur plusieurs plans. Là où la plupart des dessinateurs ont du mal à faire ressortir le dessin de la platitude de la page, Chiba se montre tout à fait maitre de l’espace qu’il crée et cadre de manière peu académique. La diversité des personnages et leur physionomie, ensuite. Loin d’habiller tout ses personnages sur le même modèle, il croque ici tout une population qui bien que pauvre et marginale n’en reste pas moi très humaine. Pour un œil averti, les caricatures rappellent les Pieds-Nickelés de Forton ou les premiers travaux de Franquin sur Spirou. On sent un réel plaisir à inventer des faciès patibulaires ou des bonnes bouilles de garnements. C’et tout une tranche sociale démunie d’ouvriers journaliers, de mendiants aux chaussures trouées et de va-nu-pieds combinards qui forme la figuration très vivante des premières scènes.
Les bagarres donnent l’impression de vraies corrections par l’extrême ponctuation de chaque coup en onomatopées. Chiba n’a pas recours à la pleine visualisation arrêtée des impacts comme le fait Morikawa dans la série Ippo mais plutôt à l’image dynamique du poing dans le visage ou de l’adversaire déporté par le coup. Le personnage de Joe Yabuki n’est pas monolithique et infaillible non plus. Il ne faut pas attendre bien longtemps avant de le voir perdre un combat. L’ascension du jeune boxeur va être très difficile et semée d’embûches, de douleur, de doutes et même de dépression.
Vous l’aurez compris par ces deux allusions, Ashita no joe prend un chemin fort différent de celui de la série ippo. On est dans un drama, une comédie dramatique pleine de suspense. Si c’est bien un manga sur la boxe, ce n’est pas que ça. Il a une raison sociale aussi. Si Joe à des aspects de parasite et profite un temps de la naïveté de Danpei Tange, il n’en est pas moins généreux et devient rapidement un héros sympathique par son mépris des autorités (et son immaturité), captant avec lui dans ses mauvais coups les enfants du quartier qu’il distrait de leur misère. La maison de redressement sera une étape et le lieu de ses premiers exploits. Il en devient au fil des chapitres et de ses victoires l’idole de toute une couche sociale défavorisée prenant sa revanche sur le destin. Les différentes rencontres voient évoluer Joe mais Chiba n’en oublie pas de faire vivre et rendre authentique les personnages secondaires. Au fil de l’histoire vont surgir tout les obstacles que l’on peut imaginer vers le chemin du professionnalisme, milieu sportif pas foncièrement honnête. La victoire et même la survie sont remises en doute à chaque combat.
C’est un monument de la bd mondiale qui vous arrachera des rires et des larmes comme il l’a fait pour les fans japonais dans les années 70. Lecture totalement indispensable, cela va sans dire…