
Tome 1:
A l'origine de Fate/Stay Night, nous retrouvons un jeu vidéo de type visual novel, sorti en 2004 par TYPE-MOON, à qui l'on devait déjà, notamment, le jeu à l'origine de Tsukihime. Très vite, le jeu a joui d'une très grande popularité au Japon mais également à l'étranger, si bien qu'un manga a vu le jour en décembre 2005, et qu'une série animée a été diffusée de janvier à juin 2006. Ici, nous allons évidemment parler du manga, qui vient de voir son premier volume paraître en France chez Pika.
Lorsqu'il était enfant, Shirô Emiya fut le seul rescapé d'un terrible incendie qui a anéanti sa famille. Il est recueilli par un oncle jusqu'à présent inconnu, et ce dernier ne tarde pas à lui révéler qu'il est ce qu'on appelle un "magicien"...
Dix ans passent. Shirô est à présent lycéen, et le drame qu'il a vécu plus jeune l'a conforté dans sa volonté de toujours aider ceux qui en ont besoin, et d'être un défenseur de la justice. Mais sa vie bascule à nouveau lorsqu'il surprend deux étranges individus se battant en duel. Repéré par l'un d'eux, Shirô s'enfuit mais est bientôt rattrapé par le mystérieux homme, bien décidé à le tuer. Un étrange pouvoir émane alors du jeune garçon, et une jeune guerrière blonde du nom de Saber apparaît comme par enchantement et repousse l'ennemi de son nouveau "maître"... Pour Shirô, c'est le début d'une bataille mystique: la Guerre du Graal.
Classique, c'est le mot qui convient à ce premier tome, qui introduit manière somme toute assez convenue l'histoire et les principaux personnages, qui, par ailleurs, paraissent très stéréotypés, avec en tête Shirô en "défenseur de la justice", comme il le dit lui-même . Entre deux scènes d'action, le lecteur est amené à découvrir en même temps que Shirô ce qu'est cette fameuse guerre du Graal, ce que sont les "maîtres magiciens" dont il fait partie, et les "servants" dont Saber fait partie. Bien entendu, tout ceci n'est qu'introduit, raconté dans les grandes lignes, mais est raconté de telle manière que, pour le moment, on a la nette impression qu'il n'y a rien de bien original dans cette Guerre du Graal: en reprenant ça et là quelques noms de héros légendaires et en revisitant le thème du Graal, les auteurs teintent l'oeuvre d'une petite touche mystique, mais l'ensemble n'échappe pas à quelques grosses ficelles typiques des shônen d'action. Toutefois, on sent bien que l'intrigue ne demande qu'à gagner en profondeur.
Au niveau des dessins, on ne peut vraiment pas dire que le travail de Dat Nishiwaki soit bluffant. Globalement, le trait du mangaka est assez impersonnel et pauvre. Les personnages manquent de détails (on remerciera tout de même l'auteur pour le travail apporté sur l'armure de Saber) et leur expressions sont parfois mal rendues. De grosses erreurs de proportion sont à noter par moments. Quant aux décors, ils sont soit absents, soit très basiques. La narration ressemble à celle d'un shônen moyen, ni mauvaise ni excellente. Enfin, le dynamisme de l'ensemble est discutable et les quelques scènes d'action proposées dans ce tome manquent d'ampleur.
Avec ce premier volume, Fate/Stay Nite n'est pas (pas encore ?) la claque que l'on attendait, mais s'annonce malgré tout comme un divertissement convenable. Assez pauvre visuellement et débutant de manière basique, l'ensemble ne demande cependant qu'à s'étoffer. Affaire à suivre.
Au niveau de l'édition, on appréciera les quatre premières pages en couleurs. L'adaptation et le lettrage sont convaincants, tout comme la traduction, et ce malgré quelques tournures de phrase un peu étranges. En revanche, la qualité d'impression déçoit un peu.
Tome 2:
Pris malgré lui dans la Guerre du Graal et à présent doté d'une "Servant" du nom de Saber, Shirô doit à présent apprendre à développer ses pouvoirs magiques et à maîtriser tout ceci. Mais les menaces se font de plus en plus pressantes autour de lui.
Avec ce deuxième tome, l'univers de Fate Stay Night continue de s'étoffer petit à petit. Ainsi, tandis que Shirô continue d'en apprendre plus sur les caractéristiques de la Guerre du Graal, on commence à découvrir certains personnages gravitant autour de lui, dont une amie et l'une de ses profs qui passent régulièrement chez lui.
Mais avant tout, c'est le personnage de Rin Tôsaka qui est omniprésente dans ce volume et qui se pose comme le protagoniste le plus intéressant de ce début de série. Assez difficile à cerner, la jeune fille aide dans un premier temps Shirô à faire ses premiers pas dans le nouvel univers qui s'offre à lui. Mais malgré l'affection qu'elle semble avoir pour notre héros, elle est avant tout l'un de ses ennemis dans la Guerre du Graal, et le lui fait bien comprendre par la suite en l'attaquant. Mais Shirô ne semble pas décidé à laisser les choses aller dans ce sens.
En dehors de cela, on ne notera pas grand chose dans ce tome. L'univers s'enrichit un peu, mais reste encore trop classique pour convaincre pleinement. Saber reste encore trop en retrait, et on a l'impression de pouvoir deviner à l'avance l'évolution des sentiments de Rin et le rôle que joueront les nouvelles venues. On ne demande qu'à être surpris.
Une fois de plus, le style de Dat Nishiwaki n'est pas foncièrement mauvais, mais manque cruellement d'ampleur. Le design général des personnages semble commencer à s'affiner légèrement, mais le tout manque encore d'expressivité, reste peu détaillé, comporte de grosses erreurs de proportion et reste assez froid. On espère donc que le début d'amélioration constaté va se poursuivre et s'accélérer. Quant aux décors, ils restent désespérément pauvres, voire inexistants. La narration et le découpage, sans être mauvais, n'osent rien, et au final, on a le sentiment que les quelques scènes d'action qui ont lieu manquent d'envergure et de véritable enjeu.
Ce deuxième tome est dans la lignée du premier: l'univers de la série continue de s'approfondir doucement, mais l'ensemble reste trop basique pour véritablement sortir du lot. Divertissant sans plus, on attend mieux de la suite.