Genkaku Picasso

Destinés à un public adolescent masculin mais faisant néanmoins fureur chez certain(e)s adultes et/ou jeunes filles, les shonen ont droit à leur propre rubrique!
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jojo81
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Genkaku Picasso

Message non lu par jojo81 » 07 oct. 2011, 21:01

Genkaku Picasso d'Usamaru Furuya

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La fiche sur le site

Tome 1:

Après Je ne suis pas un homme chez Casterman et Litchi Hikari Club chez IMHO, c'est au tour des éditions Tonkam de débuter une nouvelle série d'Usamaru Furuya. Genkaku Picasso va être l'occasion pour les lecteurs francophones de découvrir l'auteur dans un genre qu'on ne lui connaissait pas: le shonen.

Hikari Hamura est un lycéen qui dessine à longueur de temps. C'est pour cela que ses camarades de classe le surnomme Picasso. C'est un jeune homme taciturne, au physique discret, qui ne va jamais vers les gens. Il n'a qu'une seule amie. Son amie c'est Chiaki, une jeune fille qui aime se plonger dans des livres abordant la psychologie. Ils sont les deux seuls membres du club «Au bord de l'eau». Pendant que Picasso dessine, Chiaki lit. Mais un jour, manque de bol, un hélicoptère s'écrase sur les deux lycéens. Si Picasso s'en sort sans blessure grave, Chiaki décède dans l'accident.
Mais la réalité est loin d'être aussi simple. Si Picasso est encore en vie, c'est parce que Chiaki a imploré les dieux d'épargner le jeune dessinateur. Cette dernière revient voir Picasso sous la forme d'une fée pour lui annoncer que s'il veut continuer à vivre, il doit venir en aide aux gens qui l'entourent.

Au contact d'une personne malheureuse, Picasso se met à dessiner ce qu'elle ressent. Aidé de Chiaki, le jeune homme va essayer de décrypter ses œuvres afin de faire retrouver le sourire à la personne concernée. Pour cela, les deux lycéens devront entrer dans les dessins de Picasso et ils n'en sortiront qu'une fois les problèmes résolus. Le rythme du manga est d'une bonne action par chapitre. Pour autant les histoires restent plus ou moins liées. Les individus devant être sauvés étant pour la plupart des camarades de classe de Picasso, on verra rapidement des personnages intervenir de manière récurrente et des relations évoluer.

Vous l'aurez compris Genkaku Picasso explore le mal être des adolescents à travers la psychologie et la fantaisie. C'est un thème que l'on retrouve souvent dans les manga de l'auteur, et tout particulièrement dans L'âge de la déraison. Ici, Furuya ne nous livre pas un récit seulement sombre. Il y insère quelques touches d'humour. C'est d'ailleurs assez surprenant de se retrouver face à des passages vraiment drôles. Mais attention tout de même, malgré sa classification shonen, Genkaku Picasso reste du Furuya. Il faut comprendre par là que le manga n'est pas à mettre entre toutes les mains. L'auteur y parle de meurtre, de bondage, de suicide,... En plus les dessins de Picasso ont une allure glauque qui pourra en déranger certains. Que les âmes les plus sensibles n'hésitent pas à passer leur chemin.

Ceux qui ont lu les manga précédents de l'auteur reconnaîtrons sans l'ombre d'un doute son style graphique. Le physique accompagne bien la personnalité des protagonistes, et c'est surtout valable pour Picasso. Sa petite taille fait de lui un lycéen discret et sa paire de lunette trop grande fait ressortir son côté intellectuel. On notera aussi que le jeune homme a quelques tics comme ronger l'ongle de son pouce gauche ou remettre ses lunettes en place avec son index. Il est agréable de remarquer que l'auteur nous offre une gamme de personnages assez variée. Concernant les décors on remarque un contraste entre le monde réel et celui des dessins. Les décors du monde habituel sont très basiques, ils sont même bien souvent vides. Dans le monde des dessins c'est l'inverse. C'est plutôt sombre et une sensation de "décors crayonnés" se dégage. De ce fait, l'impression que l'on se trouve dans un croquis de Picasso est renforcée.

Concernant l'édition, trois aspects sont notables. Le premier est l'épaisseur du livre: il s'étend sur plus de 250 pages. Ensuite, en début de tome on retrouve une petite affiche en couleur. C'est par ailleurs la seule fois que l'on aura l'occasion de voir autre chose que du noir et blanc en ouvrant le livre puisqu'il ne contient pas de page colorée. Et pour finir la postface a été réalisée par un psychiatre. Ça en dit long sur le contenu du manga.

Il faut bien avouer qu'Usamaru Furuya a écrit de meilleurs manga, mais Genkaku Picasso s'en sort avec les honneurs. Moins bouleversant que Litchi Hikari Club, moins envoûtant que La musique de Marie, moins critique que L'âge de la déraison, le premier shonen de Furuya à paraître en France saura néanmoins convaincre les habitués de l'auteur comme les non-initiés.
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Re: Genkaku Picasso

Message non lu par jojo81 » 17 nov. 2011, 23:48

Tome 2:

YAOIIIIII \o/
(ben oui, il en faut pour tous les gouts, même les plus mauvais :mrgreen: )

On prend la même recette que dans le premier tome, et on relance la machine. Hikari Hamura, surnommé Picasso, a échappé à la mort. Le problème c'est qu'il est condamné à effectuer des bonnes actions sous peine d'être entièrement gangrené. Pour cela il lui suffit d'entrer en contact avec des personnes en état de mal être afin de dessiner leurs peines. Il va devoir plonger dans ses œuvres afin de les analyser de l'intérieur avec Chiaki, son amie décédée revenue sous la forme d'un ange miniature.

Tout comme dans le premier volume, le second tome de Genkaku Picasso est divisé en quatre histoires courtes relativement indépendantes les unes des autres. A travers ce rythme narratif, Usamaru Furuya aborde le mal être adolescent. L'auteur avance en terrain connu, car les thèmes abordés dans Genkaku Picasso l'ont déjà été dans ses autres œuvres. Dans L'âge de la déraison il nous a parlé des brimades et des rêves abandonnés, dans Litchi Hikari Club c'est l'homosexualité qui était mise en avant, dans Tokyo Magnitude 8 le mangaka abordait les passions débordantes et l'importance de la relation aux autres, … Usamaru Furuya nous offre un mélange très bien orchestré de tous ces thèmes lors du second volume de Genkaku Picasso. Toutefois on pourra lire ce nouveau manga sans pour autant avoir l'impression que l'auteur se répète inlassablement. En effet, si Usamaru Furuya met en avant des sujets qui lui sont chers, il les traite ici de manière très innovante.

Le mangaka instaure un univers sombre et plutôt glauque, mais il ne faut pas limiter ce second tome à cela. On remarquera facilement que Genkaku Picasso est rempli d'humour. On se prendra à rire alors que l'auteur traite de sujets graves.
Aussi, malgré son côté malsain, Genkaku Picasso est plutôt un manga optimiste. Les lecteurs connaissant l'auteur par ses mangas précédents savent à quoi s'attendre, mais les autres pourront être déboussolés par ce côté «happy end».

Du côté de l'édition, on notera que le prix à augmenter d'un euro par rapport au précédent volume. Ce choix n'est pas très surprenant lorsqu'on voit l'épaisseur de ce tome. Ce sont près de 300 pages de manga qui nous sont proposées ici ! En plus Tonkam nous livre quelques petits bonus très sympathiques en fin de tome.

En définitive Usamaru Furuya combine humour et sujets graves de manière très convaincante dans ce second tome. A travers les regards de Picasso et Chiaki, le lecteur découvre des personnages malheureux et les comprend grâce à un background très intéressant. Plus qu'un simple shonen banal, Genkaku Picasso est une vraie leçon de vie !
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Re: Genkaku Picasso

Message non lu par jojo81 » 09 févr. 2012, 14:28

Tome 3:

Pour le troisième et dernier volume de Genkaku Picasso, Usamaru Furuya reprend la même formule que pour les deux premiers. Hikari Hamura, surnommé Picasso par ses camarades, va devoir effectuer des bonnes actions sous peine de voir son corps pourrir. Pour ce faire, il devra dessiner les problèmes des personnes qui l'entourent, et avec Chiaki, son amie décédée revenue sous la forme d'un ange miniature, plonger dans ses œuvres afin de les comprendre.

Cette fois-ci le schéma du livre est un peu particulier, puisqu'il n'est pas divisé en quatre histoires comme les précédents tomes. Celui-ci se compose de deux histoires classiques, et d'une conclusion qui s'étend sur près de la moitié de l'ouvrage.

Avec les deux premiers dessins de Picasso, Usamaru Furuya continue à explorer le mal-être adolescent. Ainsi, à travers un cas extrême comme un hikikomori (personne recluse, refusant de sortir) persuadé que l'avenir sera fait de guerre ou de famine, le mangaka aborde des thèmes susceptibles de toucher un grand nombre. En l'espace de deux chapitres, Usamaru Furuya traite de l'abandon des rêves, des difficultés à réussir son futur, de la vision de l'avenir, de la pression familiale ou encore des troubles sur l'enfant que peut apporter la séparation des parents.
Lors du second dessin, le mangaka parle de l'amour, de ses déceptions, ses regrets, ses peines, ses souvenirs... C'est un sujet plus banal certes, mais on sent la volonté d'Usamaru Furuya de traiter l'ensemble des troubles liés à l'adolescence. Par ailleurs, les thèmes relevés dans Genkaku Picasso sont visibles dans les autres mangas de l'auteur. Les personnages de cette seconde histoire pourront par exemple nous rappeler le lien entre Jin et Nanako dans Tokyo Magnitude 8.

Le plus de cet ultime volume, c'est une conclusion des plus réussies. Après avoir réalisé dix bonnes actions, Picasso va se retrouver à devoir lutter contre ses propres démons. Autant dire que c'est loin d'être gagné pour le solitaire petit génie qu'il est. Heureusement que ses amis, les gens qu'il a sauvé, pourront lui prêter main forte et le soutenir.

Rappelons tout de même que malgré les faits que Genkaku Picasso provienne d'un magazine destiné à un public de jeunes adolescents, traite des tourments de ceux-ci et que certaines scènes soient très drôles, le manga n'est pas à conseiller à tout le monde. En effet, certaines scènes sont plutôt glauques, voire même insoutenables pour les âmes les plus sensibles.

Du côté de l'édition on notera l'épaisseur du volume (plus de 300 pages) et le fait qu'un petit poster soit proposé en cadeau. Cependant on regrettera une traduction pas toujours au poil. Par exemple le mot hikikomori n'est pas expliqué sous forme de note. Plus choquant encore, l'utilisation de terme hentai pour désigner Picasso. Une adaptation française de ce mot par «pervers» ou même «sadique» n'aurait pas été de trop...

Au final Genkaku Picasso est un ensemble d'histoires courtes ayant un fil conducteur commun. Grâce à elles, Usamaru Furuya traite de thèmes qui lui sont chers, et qui peuvent toucher chacun des lecteurs. Les difficultés du quotidien et le mal-être des jeunes sont ici mis en avant de manière très originale, à travers une passion de l'auteur: le dessin. Malgré qu'il parle de problèmes ancrés dans la réalité, Usamaru Furuya exagère volontairement ses histoires. Du coup, le côté naïf de certaines conclusions ne laisse pas forcément un arrière goût amère, même si on a parfois l'impression que c'est trop vite expédié. Genkaku Picasso est en définitive une petite série, pas forcément indispensable, mais qui sort du commun et qui se révèle être très intéressante à lire.
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Re: Genkaku Picasso

Message non lu par Hitsuji » 11 févr. 2012, 20:56

jojo81 a écrit :même si on a parfois l'impression que c'est trop vite expédié.
C'est ce qui ma le plus gêné dans ce manga. autant les histoires étaient sympas, autant elles je trouve qu'elles avancent trop vite. C'est peut-être le fait d'avoir lu la séried 'une traite qui m'a fait cet effet, mais comme je constate que tu partages le même sentiment que moi, ça me conforte dans mon idée que Furuya aurait dû, parfois, délayer son récit.

On a par exemple une belle palette de personnages secondaires, mais aucun, à part Suigura, n'est développé en dehors de l'histoire qui lui est consacrée. Après, ils deviennent simples figurants, et c'est bien dommage...
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Re: Genkaku Picasso

Message non lu par jojo81 » 11 févr. 2012, 21:14

Il y a Akane aussi, et puis les personnages ne disparaissent pas totalement. Pour un manga de ce format (succession d'histoires courtes), je trouve que c'est assez satisfaisant.

Enfin, il est de mon avis que l'objectif de manga réside en mise en avant et la résolution des maux. Du coup je n'ai pas trouvé gênant qu'ils interviennent au 36ème plan dans l'histoire des autres.
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