Pumpkin Scissors

[Koiwai]

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Tome 1 :

Rapidement adaptée en série animée, Pumpkin Scissors est la première oeuvre-phare du mangaka Ryôtarô Iwanaga, qui a ici pour vocation de nous plonger dans un univers complexe, où l'armistice fragile d'une guerre dévastatrice a laissé le territoire en proie à de nombreuses inégalités et injustices.

Dans un monde fictif, la paix vient d'être conclue entre l'Empire et la République de Frost, mais les conséquences de la guerre sont bel et bien là : famines, pauvreté, prises de pouvoirs de nobles jouant avec la vie des plus démunis, banditisme... Tous les moyens semblent bon pour s'en sortir, et les honnêtes gens ont du souci à se faire.
Pour régler petit à petit ces nombreux problèmes, l'Empire a mis en place une division de reconstruction : la troisième section des renseignements, dirigée par la jeune sous-lieutenant Alice L. Marvin, qui n'hésite pas à partir sur le terrain avec ses deux aspirants. Le caractère d'Alice et les préjugés sur cette section rendent les choses parfois difficiles, mais tout risque fort de décoller avec l'arrivée dans l'équipe d'un nouveau : le caporal Randel Oland...

La première chose qui frappe quand on prend Pumpkin Scissors en main, c'est la laideur de sa couverture. SI l'on ne se fie qu'à ça, il n'y a pas grand chose qui soit susceptible de donner envie de lire la série. L'intérieur, pourtant, est assez différent, même s'il faudra un petit temps pour s'habituer à un style bourré de petites erreurs, encore assez grossier, pauvre du côté des décors. Mais l'ambiance est là, et l'on s'immerge petit à petit grâce à un bon travail sur des personnages très vivants. C'est dynamique, clair et logique dans le déroulement des petites histoires, et l'ensemble parvient rapidement à intriguer quant aux éventuelles richesse d'un univers d'après-guerre qui s'annonce bien travaillé : si ce premier tome se contente d'enchaîner trois petites histoires d'un chapitre est reste donc encore assez lisse, on devine en toile de fond l'abord mâture de nombreux thèmes délicats, comme les inégalités entre nobles et pauvres, les premiers n'hésitant pas à faire valoir leur supériorité, ou encore la pauvreté générale qui rend les habitants très méfiants envers les acteurs du pouvoir. Alice et ses compagnons auront fort à faire pour reconstruire leur pays, pour réinstaurer des bases d'égalité et de respect et pour consolider la paix à leur échelle, d'autant qu'on devine que tout ne sera pas tout rose jusqu'au sein de leurs propres supérieurs.

Une affaire à suivre... mais pour l'heure, le talent du mangaka réside surtout dans sa faculté à rendre ses personnages très vivants et intéressants. Si les deux aspirants, le sergent-chef Lili et le chien Mercury jouent surtout la carte de la bonhommie en passant presque pour des bras-cassés, ils possèdent chacun leur petite personnalité qui parvient vite à les démarquer. Mais qu'on se le dise, ce sont bel et bien Alice et Randel qui attirent d'emblée toute l'attention, tant ils forment d'ores et déjà un duo détonnant, qui sera sans doute amené à beaucoup évoluer. De par sa détermination mêlée d'une naïveté due à sa jeunesse, Alice attire vite sur elle les regards. La jeune femme montre un fort caractère, une bonne volonté sans faille qui la pousse à agir elle-même sans se contenter de donner les ordres, et l'on a hâte de voir comment cette bonne volonté sera amenée à évoluer. Quant à Randel, imposant géant aux capacité de combat hors du commun, il se fait vite charismatique et intrigue beaucoup, tant son passé reste assez nébuleux.

Au-delà d'un style graphique inégal, les bases sont donc solidement posée. Au fil de petites histoires encore peu développées, ce monde d'après-guerre se révèle intéressant dans le souci de nuance et de réalisme qu'y apporte l'auteur, et le couple-vedette composé d'Alice et Randel promet beaucoup. A présent, on attend vivement de voir les choses décoller autour d'histoires plus travaillées.

Côté édition, la traduction est correcte, mais le papier de qualité moyenne tend à rapidement jaunir...

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Tome 2 :

Petit à petit, le caporal Oland s'intègre dans la troisième section. Mais si le sous-lieutenant Alice semble déjà lui vouer une certaine confiance, le géant continue d'inquiéter et d'intriguer d'autres membres de l'équipe, à commencer par l'aspirant Merchis, qui reste méfiant et est bien décidé à en apprendre plus sur le nouveau venu... D'où lui viennent ses incroyables et effrayantes facultés de combattant ? Quelle est cette énigmatique unité 901 TAC, aussi appelée troupe des "invisibles 9", dont il dit venir mais qui n'apparaît sur aucun registre ? Pourquoi ce nom, alors que le chiffre 9 est toujours évité par l'Empire soi-disant parce qu'il porte malheur ?

Dans ce deuxième volume, préparez-vous déjà à en découvrir un peu plus sur le colossal Oland, capable de cacher sous ses airs benêts une incroyable aura meurtrière. Le géant à la cicatrice se dévoile un peu plus, mais reste très mystérieux, Ryôtarô Iwanaga en dévoilant juste suffisamment pour continuer d'intriguer le lecteur.

Mais l'heure n'est pas autant aux interrogations sur Oland qu'à la reconstruction du pays, toujours mal en point. Ainsi l'équipe de la troisième section découvre-t-elle avec stupeur que la compagnie des eaux profite de la faiblesse des réfugiés pour se livrer à un trafic de drogue qui va mettre Alice hors d'elle...
La nouvelle mission de nos héros, liée à ce trafic de drogue, est une nouvelle occasion d'observer toute la verve et la détermination d'une héroïne charismatique dans la façon qu'elle a de réagir au quart de tour, bien épaulée par ses compagnons, qui gagnent tous un peu en intérêt dans ce deuxième opus. Ainsi, par exemple, se régale-t-on face aux frasques utiles du don juan Oreld.
Le mangaka parvient fort bien à faire ressortir les enjeux de problèmes comme ce trafic de drogue sur ce monde d'après-guerre : le statut des réfugiés est bien expliqué, la façon dont les trafiquants en profitent aussi, et l'auteur continue de nuancer grandement son propos en montrant que dans un monde d'après-guerre aussi pourri, les problèmes peuvent aller jusque dans un gouvernement bien obligé de limiter la casse comme elle le peut, et de composer avec d'influents collaborateurs pas toujours totalement bons.

En somme, si les missions restent encore assez classiques, l'ensemble est dépeint de manière juste et réaliste, donne un état des lieux crédible et assez poussé de ce monde d'après-guerre, laisse entrevoir une intrigue qui pourrait impliquer jusqu'à certaines hautes sphères du gouvernement, et dépeint des personnages qui ne manquent pas de charme, qu'il s'agisse du colossal Oland, d'Alice, ou de toute la bande de faux bras cassés qui les accompagne. Le ton, assez dur et cru parfois, et ponctué de quelques notes d'humour allégeant suffisamment le tout pour ne pas plomber le lecteur.

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Tome 3 :

Alors que les Pumpkin Scissors sont face à la compagnie des eaux dirigée par Myon, la lutte contre les trafiquants de drogue prend une tournure inattendue. Sous couvert de protéger le bien de l'Etat, l'unité de la Claymore, envoyée par la première section, s'oppose pourtant aux Pumpkin Scissors en protégeant les trafiquants. Pendant que les deux unités s'opposent, le capitaine Hunks s'entretient avec Connely, dirigeant de la première section, pour trouver un terrain d'entente...

Ainsi les deux sections s'opposent-elles, que ce soit dans l'action avec Alice et les autres se battant contre la Claymore, ou d'un point de vue plus diplomatique entre Hunks et Connely.
Côté action, Ryôtarô Iwanaga continue de faire des progrès : des maladresses graphiques sont toujours là, mais son trait s'affine, et la mise en scène est capable de rendre les choses très intenses. L'ensemble est d'autant plus immersif que l'auteur parvient sans mal à tirer le meilleur de ses héros : ici, Alice bluffe de nouveau de par sa détermination sans faille, son courage et ses talents de combattante, tandis que Randel se retrouve confronté aux horreurs de son passé avec l'apparition de Hans, l'un des "invisibles 9", dont les souffrances intérieures et le rôle vont également soulever les manipulations de l'énigmatique et froide Muse, la responsable de Coplan Engineering.
Quant aux discussions diplomatiques de Hunks et Connely, elles confirment qu'il y a quelque chose de pourri dans les sphères de l'Etat. Mais le plus grave reste à venir...

Le plus grave, il se traduit par l'apparition de mystérieux individus manipulant dans l'ombre Myon : qu'est-ce que cette "société de la roue argentée", puissante et inquiétante au vu de son influence et des armes élaborées qu'elle possède ? Une nouvelle force entre en jeu, intrigue et promet une suite toujours plus complexe et prenante...

Après la conclusion intense et dramatique de la partie sur la compagnie des eaux, Ryôtarô Iwanaga a la bonne idée de relâcher un peu la pression : pour remonter le moral d'un Randel taciturne et qui se brouille avec Oreld, le sergent-chef Lili Stekkin fait des siennes, amuse dans ses idées et mimiques de gamine autant qu'elle touche dans sa bonne volonté. C'est ici l'occasion de peaufiner un peu plus des personnages comme Stekkin et Oreld, en revenant sur ce qui le sont poussé à vouloir intégrer les Pumpkin Scissors, ou tout simplement en dynamisant leurs relations. L'ensemble reste donc vivant, avant qu'un nouveau coup de théâtre lié à Alice revienne sur son statut de noble et ne prépare le terrain pour de nouveaux rebondissements qui s'annoncent houleux.

Après trois tomes, Pumpkin Scissors confirme donc ses qualités : univers riche et fouillé, personnages vivants, bon enchaînement des événements, chaque nouveau rebondissement apportant de nouveaux éléments.

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Tome 4 :

Tandis que le sergent-chef Stekkin et les autres Pumpkin Scissors distribuent des repas à un peuple désespéré, Alice L Marvin, à deux pas de là, se doit de participer à un bal de la noblesse, où elle est courtisée bien malgré elle par Leoneel, son promis. Mais ses yeux sont tournés vers un tout autre homme...
Mais bientôt, la situation dégénère, lorsque les pauvres décident d'envahir le château pour tuer les nobles, rendus furieux par leur découverte d'un important détournement de fonds du ministre des finances, présent au bal...

Comme on s'y attendait à la fin du tome 4, la situation se corse vite lors du bal, l'odieux ministre des finances et ses deux redoutables gardes du corps étant pris à parti par des insurgés tellement en colère qu'ils ne font pas de différence et seraient prêts à massacrer tous les nobles pour mettre fin aux inégalités accentuées par les manigances du ministre corrompu.
Quatre camps se retrouvent ainsi en présence, chacun étant parfaitement mis en avant par l'auteur, qui parvient sans mal à faire ressortir l'enjeu pour chacun, à faire comprendre les inégalités entre les différents statuts sociaux. Mais entre les pauvres, les nobles et le ministre des finances acculé, le quatrième camp vient se dresser pour calmer les tensions : bafouant le bal au grand dam de ses deux soeurs, Alice, cherchant un compromis, vient se dresser entre le peuple et le ministre, provoquant ce dernier en duel...
De trois contre un, le duel passe vite à trois contre deux, Randel arrivant au bon moment pour soutenir sa supérieure : il se mesurera à l'un des deux redoutables gardes du corps, tandis qu'Alice devra se confronter au deuxième, puis au ministre.

L'action bat son plein dans ce tome, et elle continue de s'améliorer, car malgré des inégalités graphiques toujours très présentes et un rendu des coups assez sommaire, les spécificités des différentes armes sont peu mais bien mises en avant, et les personnages nous réservent quelques sursauts stratégiques bienvenus. Surtout, les deux duels auxquels on assiste l'un après l'autre sont l'occasion de revenir une nouvelle fois sur le couple-vedette de la série, Randel et Alice. Ainsi, le premier, au fil de l'action, reste rongé par le doute quant à son passé et le rôle qu'il doit tenir maintenant. Cet aspect a déjà été abordé auparavant et peu donc paraître un peu redondant, mais au final, on sent bien une évolution du colosse, qui se fixe bel et bien un nouvel avenir dans la protection d'Alice. Quant à Alice, si la voir combattre en robe de bal est un régal pour les yeux et confirme qu'elle est définitivement à part dans la noblesse, son combat, où fleure aussi la colère d'un peuple qui ne lui fait pas confiance , est surtout l'occasion de mettre en avant l'impartialité dont elle doit faire preuve pour reconstruire le pays, en n'étant l'amie d'aucun parti. En étant condamnée à la solitude... mais est-elle vraiment seule ?

Enfin, ce tome est l'occasion de voir sur le devant de la scène de nouveaux personnages que l'on reverra sans doute : les deux soeurs d'Alice, mais aussi Leoneel, jeune lion du monde politico-financier qui ne manque pas de prestance.

Dans le fond, ce quatrième tome fait assez peu avancer les choses et est même un brin redondant sur certains points, mais l'ensemble reste immersif, bien rythmé, bien exploité par un auteur qui continue de peaufiner son univers.

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Tome 5 :

Le duel entre Alice et le garde du corps du marquis Barow se poursuit sous les yeux des nobles, des villageois mécontents et des Pumpkin Scissors. Il faudra encore attendre plusieurs dizaines de pages avant de voir se décanter des choses qui commençaient à traîner un peu, mais qui ont le mérite d'avoir mis en avant d'autres personnages comme Oreld, et d'avoir toujours aussi bien exploité les oppositions entre sections via les agissements discrets de Hunks mais aussi les inégalités délicates entre statuts sociaux. Surtout, cet arc du bal se referme sur de nouvelles pistes très intéressantes, accentuant comme il le faut la menace amenée par l'énigmatique organisation de la Roue Argentée, et faisant de l'intrigant Leoneel un personnage que nous verrons sans doute prendre beaucoup d'importance.

Arrivé à la moitié du tome, Ryôtarô Iwanaga enchaîne sur un petit arc un peu à part, qui, au fil d'une petite intrigue assez classique, permet surtout de faire entrer en scène la Setièm, jeune princesse du Royaume voisin, apparemment vieille connaissance d'Alice. Au fil d'une intrigue la mettant en valeur aux côtés de ce cher Merchis, on découvre le caractère bien prononcé de cette fillette que nous serons sûrement amenés à revoir.

Quant à la fin du tome, elle offre un petit focus pas très profond sur l'un des membres-clés de la Claymore.

Après la fin assez cousue de fil blanc d'un arc du bal qui intrigue néanmoins parfaitement sur Leoneel et la Roue Argentée, l'auteur offre donc deux autres parties qui font un peu une pause dans l'intrigue principale pour faire entrer en scène un nouveau personnage et revenir sur un autre. Si l'ensemble est assez lisse, l'auteur sait y insuffler le dynamisme nécessaire, et son objectif de présenter d'autres protagonistes et plutôt réussi, même si l'on a hâte de voir revenir des choses plus denses.

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Tome 6 :

Trois nouveaux chapitres, pour trois histoires distinctes. Ainsi le premier chapitre conclut-il l'histoire de braquage de banque amorcée dans le précédent volet, qui est surtout l'occasion d'entrevoir un peu plus la façon de fonctionner des Claymore One, la troupe la plus terrifiante du gouvernement. Tandis que l'on entrevoit un peu plus le mode de fonctionnement des membres de cette troupe via des personnages comme le capitaine Snabnose ou son excellent adjoint, on reste surtout marqué par l'extrême violence dont ils usent, devant abandonner tout humanité afin de conserver l'aura terrifiante qu'ils exercent, quitte à faire peu de cas de la vie des innocents. Sans prendre de pincettes, Ryôtarô Iwanaga offre là un portrait sans concession, immersif, malgré des inégalités graphiques toujours présentes.

Les deux chapitres suivants offrent deux autres missions bien pensées dans leur lien avec la reconstruction de l'Empire, le premier mettant en avant la chute psychologique d'un haut militaire qui ne vivait que pour le combat lors de la guerre, et le deuxième présentant une affaire de détournement de courrier. Dans les deux cas, on se régale en voyant une nouvelle fois le focus fait sur le colossal Randel Oland et sur cette chère Alice, le lien entre ces deux-là étant de nouveau animé par certaines interrogations, comme cette remise en question d'Alice qui se sent mise en retrait par le fait qu'elle n'a jamais été sur un champ de bataille.
Cependant, quelques petite déceptions pointent. Ainsi, on a de nouveau droit à un affrontement entre Randel et un tank, chose que l'auteur avait déjà faite. Un petit manque de renouvellement que l'on oublie assez vite face à l'intensité de ce face à face aussi effrayant que sanglant. Et dans le dernier chapitre, on constate quelques facilités dans les rebondissements : on se demande un peu comment les Pumpkin Scissors ont retrouvé si facilement la trace de leur voleur de courrier, le mangaka étant très avare en réponses sur ce point.

Entrecoupé par de petits interludes sympathiques revenant notamment sur les deux soeurs d'Alice, ce sixième tome reste donc aussi plaisant que les précédents, le mangaka n'hésitant pas à aller assez loin dans sa peinture sans concession, et sachant relancer régulièrement sa série malgré quelques couacs. On se demande de quoi la suite sera faite.

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Tome 7 :

A cause de l'affaire du vol de courrier, certains membres des Pumpkin Scissors ont accidentellement déchiffré une lettre codée de la 2ème section. Le règlement est sans appel : pour éviter toute fuite liée à la section dédiée à l'espionnage, celles et ceux qui ont lu la lettre se retrouvent sous surveillance pendant 72 heures, sauf Alice et Oland qui n'étaient pas là au moment de l'ouverture de la lettre.
Pour autant, afin d'être sûr d'éviter toute fuite, la deuxième section somme nos deux héros de participer à une mission commune avec elle, histoire de pouvoir malgré tout les surveiller...

Après plusieurs chapitres offrant des missions assez courtes, plus ou moins indépendantes, soulevant tout juste continuellement le fil rouge autour de la Roue Argentée, ce septième volume propose de découvrir une histoire plus ambitieuse, plus longue, qui est l'occasion de découvrir plus en détails la deuxième section, dédiée à l'espionnage, et plus particulièrement son sous-lieutenant, Witter, avec lequel Alice et Oland vont devoir faire équipe. Et indéniablement, le dénommé Witter attise la curiosité, tout d'abord à cause de son suivi très scrupuleux du règlement qui le pousse parfois à paraître trop coincé, bougon ou peu amical, ou a la façon qu'il a de vouloir se servir d'Alice et Oland comme appâts, qui conforte ce caractère froid. Puis petit à petit, on prend plaisir à découvrir les autres facettes de cet homme avant tout extrêmement droit, mais également soucieux de ses subordonnés, comme l'attestera le regain de tristesse tout juste perceptible en lui quand il découvrira ce qui est arrivé au caporal Francia, jeune femme enjouée, dans la cité malsaine de Karussell.

Que se passe-t-il exactement dans cette ville ? C'est là toute la question que pose ce nouvel arc. Ville frontalière de la République, et donc ville où l'espionnage est très présent, Karussell apparaît rapidement comme une cité moribonde, sombre, qui semble peiner à se sortir d'une situation d'après-guerre critique où les personnages et machines qui protégeaient autrefois la bourgade sont aujourd'hui les outils d'une effrayante tyrannie. Une nouvelle fois, Ryôtarô Iwanaga excelle dans sa peinture de monde d'après-guerre, les enjeux liés à l'espionnage étant clairs, de même que la manière dont la ville a été prise d'assaut par de petits tyrans.

Et entre les problèmes de la ville et la découverte de la deuxième section et de Witter, Alice et Oland continuent d'évoluer, se rapprochant toujours doucement. Le colossal caporal montre une nouvelle fois une force et une volonté qui lui joueront des tours, tandis qu'Alice semble prendre peu à peu conscience de certains sentiments qu'elle ne se connaissait pas, notamment à travers les déclarations franches que lui fait Witter.

En bref, à travers un arc plutôt ambitieux et sombre, Iwanaga continue d'enrichir son univers sans rien oublier, du développement de la deuxième section aux problèmes de la ville de Karussell, en passant par les petits tourments de plus en plus présents chez Alice.

[Koiwai]

Tome 8 : Je me prends ma claque de l'année, et juste après je vois qu'on n'est que 33 membres à posséder ce tome. Merci Pika...

Tandis qu'Oland, épaulé par une serveuse de bar et son patron, reste en convalescence, Alice et Witter recherchent activement Tiramisu, le chien de la défunte Francia, qui erre quelque part parmi les chiens errants de la ville. Ils espèrent trouver sur lui un quelconque indice laissé par Francia, afin de pouvoir remonter jusqu'aux sources du mal qui ronge la ville de Karussel, dominée par le règne de terreur d'Arvy. Ils ne savent pas encore que leurs pas vont les amener à mettre leur vie toujours plus en danger, et que tout ceci va petit à petit lever le voile sur une affaire dont les implications sont on ne peut plus graves, d'autres problèmes se cachant derrière Arvy...

La gravité de ce qui se dévoile peu à peu, le lecteur la ressent parfaitement, et celui-ci risque d'être surpris à plusieurs reprises, au fil de révélations impliquant de nombreux problèmes : trahisons, magouilles au sein même de l'Empire ou, pire, avec la République... La cité de Karussel, qui était en apparence si calme, renferme de sombres secrets à plus ou moins grande échelle, et tout le talent de Ryôtarô Iwanaga est de parvenir à relier le tout de manière logique, complexe, mais très claire. Tandis que se dévoilent les nombreuses ficelles d'un récit plus sombre que jamais, on constate que tout, des problèmes diplomatiques aux enjeux personnels en passant par les tourments psychologiques d'habitants impuissants, est cohérent, a été bien pensé, y compris la moindre petite réplique, que ces dernières servent à expliquer les enjeux à grande échelle ou à confronter les personnages à eux-mêmes.

L'enquête se poursuit donc, riche en informations fracassantes, sombre et violente de par son ton général, de par la torture que subit Alice, de par le désespoir total animant les habitants de Karussel depuis trois ans, de par la folie toujours plus grande d'un Arvy qui n'hésite plus à bombarder sa propre ville. Et au coeur de ce chaos toujours plus grand, de ressorts scénaristiques parfaitement huilés, l'auteur parvient à dégager, le plus naturellement du monde, une certaine complexité chez ses protagonistes.
On pense en premier lieu au sous-lieutenant Witter : au fil des pages, "Cold Witter", le rigide et froid maniaque du règlement, gagne énormément en charisme, les avancées de l'enquête réveillant toujours plus en lui des tourments et des regrets profondément enfouis, mettant en exergue sa relation plus que professionnelle avec la défunte Francia. Sous des abords austères, l'homme gagne beaucoup en humanité, sans que le mangaka n'ait besoin d'en faire trop.
De manière générale, chaque personnage trouve ici un rôle le mettant bien en valeur. D'un côté, le maire factice Myle gagne beaucoup et reste crédible, trouvant un équilibre entre sa lâcheté, son impuissance et sa volonté de mettre fin au drame de sa ville, tandis que se dévoile une facette de son passé. De l'autre côté, la confrontation entre Oland et ses deux hébergeurs du bar soulève habilement la culpabilité qui occupe chacun.

Osons donc le dire : dans son genre, ce volume est proche de la perfection. En dehors de quelques brefs flashbacks arrivant comme un cheveu sur la soupe, Ryôtarô Iwanaga offre avec ce tome un concentré de rebondissements et de révélations clairement narrés, s'emboîtant parfaitement les uns aux autres afin d'offrir une ampleur toujours plus grande à l'oeuvre, et dans le feu de l'action, l'auteur en profite pour ciseler finement ses protagonistes, faisant même de Witter un monstre de charisme. Le tome 9, dans lequel se conclura probablement ce qui est pour l'instant le meilleur arc de la série, promet d'être tout aussi exceptionnel.

[Kimi_]

Ta claque de l'année n'était pas le cinquième volume de Magi ?

Très bonne chronique au passage.

[Wang Tianjun]

Tome 8 : Je me prends ma claque de l'année, et juste après je vois qu'on n'est que 33 membres à posséder ce tome. Merci Pika...

C'est pas comme si tu te doutais pas à l'avance que la série faisait un four et que les chances d'en voir le bout étaient minces, hein ? ^^"
Cela dit, je compatis pleinement, avec mon seul 20 spontané sur Nodame...