Le pauvre Hachiken s'en prend quand même plein la tronche.^^ Et pas forcément à raison de mon point de vue. Après tout, on le juge seulement sur la surface, le temps d'un tome, c'est encore bien trop tôt pour rendre un avis bien défini.
Wang Tianjun a écrit :J'ai ressenti aucune empathie pour Yugo, je me demande même comment il a fini par atterrir ici et pourquoi il ne se barre pas, tout simplement.
Je crois que vous vous méprenez sur le "besoin" d'Hachiken d'être le premier de classe et qu'il ne se définit que par son esprit de compétitivité. En tout cas, ce n'est pas ce que j'ai ressenti. Quelqu'un qui voudrait juste être le premier pour être le premier ne "s'abaisserait" pas à aider quelqu'un de faible en maths ou partirait comme ça à la poursuite d'un veau ou se proposerait pour ramener des poules. "Ca ne lui rapportera absolument rien", comme l'a dit Ichiro. Et c'est la vérité, il n'a pas besoin de s'investir autre-part que dans ses études s'il veut juste être le premier. C'est juste, je pense, que son environnement familial et la société en général lui ont mis plein d'idées dans la tête sur ce qu'était la vie et ce que signifiait "réussir", et qu'on l'a sans doute poussé à être dans le classement de tête à l'école, sinon il n'était rien. La façon dont il réagit au texto de sa mère en dit long selon moi, tout comme le regard qu'il a dans le flashback avec son conseiller d'orientation. Il a juste l'air exténué et perdu, morne et sans vie, et avait besoin d'un grand changement d'air, là où la compétition n'est pas si féroce. Je ne crois pas qu'il ait choisi cette école parce que c'est plus "facile". Il étudie toujours autant et se donne à fond, et se retrouve déjà face à un mur, ce qui lui fait à nouveau remettre en question sa mentalité.
Je ne trouve même pas qu'il se plaint tant que ça. Il se prend en pleine tronche les différences entre citadins et gens de la campagne, mais je ne me rappelle pas l'avoir vu dénigrer quoique ce soit de l'école et à toujours faire des comparaisons avec ce qu'il connaît d'avant en pensant que c'est mieux (la moyenne des commentateurs de MN sur le site est infiniment plus à baffer dans cet aspect). À part quelques remarques intérieures sur le niveau de ses camarades, qui ont été aussitôt balayées par les discussions spécialisées qu'ils tiennent et auxquels il ne comprend rien, on sent du respect de sa part pour son nouvel environnement et pour les gens qui l'entourent. Et jamais il n'a donné l'impression de vouloir abandonner non plus.
Bref, moi je le trouve bien sympathique, Yugo, pas à plaindre ou à détester mais à encourager, et c'est typiquement le genre de personnage qui ne demande qu'à grandir et à s'épanouir naturellement, sans nécessiter un évènement brutal pour secouer le tout. Juste d'être séparé un moment de tout l'environnement qui lui pourrit la vie et qui ne lui permet pas de souffler.
Par contre, je rejoins totalement Glass sur Mikage, elle a vraiment du charme. Les gars, je crois que vous lisez trop de manga, les filles dans la vie réelle ne sont pas toutes des canons dont la beauté vous saute au visage. Elle est très bien comme elle est, la petite, et a suffisamment de présence que pour ne pas avoir besoin d'"arguments de poids".^^ Moi je l'aime beaucoup en tout cas.
Pour le reste, ce premier tome m'a beaucoup plu. Je ne suis pas fan de FMA, mais je reconnaissais néanmoins le talent d'Arakawa dans sa capacité à raconter une histoire passionnante et un grand sens de la narration et pas mal d'humour plus ou moins bien intégré. Le thème de Silver Spoon me parlait déjà plus, c'est donc sans hésitation que je me suis lancé dans la série. Et je n'ai pas été déçu.
Déjà, le genre "tranche-de-vie" où on ne sait pas trop où on va, ça ne me dérange absolument pas et c'est même ce que je préfère. Les intrigues trop compliquées en manga, ça a tendance à tirer en longueur où à ne pas suivre les promesses de départ. J'apprécie en général davantage juste de voir des personnages vivre et évoluer dans leurs relations et dans leurs mentalités. Et je ne suis pas déçu à ce niveau.
J'aime bien comment le titre casse les idées reçues sur le niveau des lycées agricoles aussi. On rabaisse un peu trop beaucoup les gens qui n'ont pas fait l'université ou autres hautes études, alors qu'il y a beaucoup d'autres voies à exploiter dans la vie que celle-ci et dont on n'est pas toujours très conscient, et qu'il s'agit, je pense, d'un bon moyen pour faire découvrir aux jeunes les possibilités de carrière qui s'offrent à eux en dehors des cursus traditionnels. Ce n'est pas plus facile ou quoi que ce soit, c'est juste un univers complètement différent avec des exigences propres et d'autres compétences à cultiver.
C'est bien raconté, la réalité n'est pas déformée, Arakawa ne nous ment pas sur les conditions du métier, et parvient quand même à faire de l'humour et un travail sur les relations entre les personnages. C'est autrement plus intéressant que le typique manga lycéen et autrement plus porteur aussi, ainsi que plus original et plus sincère. Il n'y a pas beaucoup d'auteurs de manga je pense qui peuvent raconter ce genre d'expérience à partir de leur vécu, la plupart d'entre eux étant surtout des citadins. La sincérité et une volonté de nous faire découvrir en nous divertissant et en nous racontant malgré tout une histoire, je crois que c'est ça qui m'a plu dans ce début de série.
Glass Heart a écrit :Arakawa a tendance à en faire un peu trop, notre héros n'ayant apparemment jamais mangé d'oeuf et ne sachant pas que ça sort par le cul d'une poule.
Je pense qu'il y a une grande différence entre "savoir" et "voir". Évidemment tout le monde sait (ou presque, ne jamais sous-estimer la stupidité humaine) que l'oeuf sort du cloaque de la poule. Mais le voir, ça te fait réaliser et j'imagine, produit un choc sur certaines personnes qui n'a rien d'irréaliste. Je sais d'où vient la viande, mais ce n'est pas pour ça que ça ne va pas me dégoûter de voir une vache se faire abattre et dépecer sur le coup, ou un lapin se faire enlever la fourrure d'un seul trait pour ne laisser que ce qu'il y a en-dessous.^^ Faut pas oublier non plus que le titre s'adresse à la jeunesse, et que peu d'entre-eux ont vraiment l'occasion de fréquenter les animaux qui les nourrissent.
Bref, j'ai beaucoup apprécié ce premier tome, et je rajoute la série au faible nombre de titres que je suis dorénavant dès leur sortie.