Antimagia
Posté : 07 mai 2013, 13:30

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Tome 1 :
Dans le royaume imaginaire de Latvania, le chaos règne depuis que le Duc Demonas a éliminé le roi et la reine pour s'emparer du trône. Depuis, il tue pour le plaisir quiconque s'oppose un peu à lui ou a simplement le malheur d'être sur son chemin. Mais alors qu'il est sur le point d'épouser de force Laetitia, la jolie princesse du royaume, un étrange garçon se présente face à lui, et lui offre un petit tour de magie à la fin duquel le tyran se fera joliment décapiter par un dinosaure volant : qu'on se le dise, le prince Lucas, frère jumeau de Laetitia, est de retour après avoir longtemps été porté disparu, et il est bien décidé à récupérer l'héritage laissé par ses parents : le trône de Latvania ! Pour cela, il pourra s'aider de la magie qu'il a mystérieusement acquise : l'antimagia, qui lui permet de transformer les animaux en créatures préhistoriques...
Ainsi se présente Antimagia, nouvelle série courte (2 tomes seulement) de fantasy des éditions Doki Doki, signée des mains d'un auteur jusque là inconnu en France : Kyû Aika.
Disons le clairement : Antimagia propose un divertissement brut et rapide, qui ne s'embarrasse pas de longue contextualisation (voire de contextualisation tout court). Ainsi, le royaume de Latvania n'est que très vite présenté, son background ne s'annonce pas très riche et ne s'enrichira d'ailleurs pas beaucoup au fil du tome, l'auteur se focalisant juste sur quelques idées qu'il fait évoluer à bon rythme en jouant à fond sur le spectacle et les clichés. Ainsi, graphiquement, se retrouve-t-on avec un Demonas très méchant que ce soit dans son caractère meurtrier ou son physique de véritable démon, avec des physiques globalement très caricaturaux (le brigand à physique porcin...) et avec une narration et un découpage qui vont constamment à l'essentiel tout en assurant un côté très poseur aux protagonistes, que ceux-ci soient humains ou dinosaures. En résulte un divertissement too much dans sa forme, mais expressif et fun si on y adhère, d'autant que certaines pages assez gores valent le détour tant elles arrivent soudainement, et que certaines trop rares vues sur les dinosaures en jettent réellement.
Côté histoire, comme déjà dit l'auteur va à l'essentiel, se focalise sur quelques éléments, et il ne faudra donc pas s'attendre à un background abouti : l'univers est très peu développé, et la plupart des personnages restent assez creux, hormis un héros qui intrigue assez. En effet, s'il est de retour pour régner et doit écarter les brigands et ceux qui convoitent son trône, le prince Lucas met son entourage mal à l'aise, car il s'avère être bien différent de ce qu'il était par le passé. Le gentil garçon d'avant est devenu plus violent, il ne se souvient plus de ses parents, sa propre soeur bien-aimée a du mal à le reconnaître... Quelque chose de démoniaque semble logé en lui. Est-il réellement le prince Lucas ? Si oui, d'où lui vient ce caractère plus sombre ? Les réponses arrivent très vite, sont très simples, confirment que le récit ne souhaite pas vraiment se prendre la tête.
Une histoire assez simple, un style graphique qui veut en jeter de façon assez basique, quelques petites pages sanglantes qui valent le détour, un rythme soutenu et brut : on a là les ingrédients d'un court récit de série B qui n'a d'autre but que de divertir le temps de sa lecture. L'ensemble est plutôt correct, mais souffre malgré tout de plusieurs défauts évidents : à force d'aller à l'essentiel et de vouloir maintenir le rythme autour de quelques idées directrices, Kyû Aiya se permet de nombreux raccourcis côté mise en scène, certains passages censés être marquants sont alors trop vite passés en revue. On ne retient pas le nom de certains personnages, on reste circonspect face à certains raccourcis scénaristiques (par exemple, personne ne s'interroge sur la présence de cornes sur la tête de Lucas), et, pire, on reste sur sa faim quant à la principale originalité du titre : la transformation d'animaux en dinosaures. A vrai dire, les grosses bébêtes préhistoriques ne sont mises en valeur qu'au détour de quelques dessins qui veulent en imposer, et c'est tout. Elles sont finalement peu mises en avant, et les combats qui les implique durent à peine quelques pages.
Au final, Antimagia se présente comme une courte série qui divertit en allant à l'essentiel, quitte à ne pas développer grand chose et à effectuer de nombreux raccourcis parfois très dommageables. Une courte série B qui se lit sans déplaisir, mais qui s'oubliera visiblement très vite.