
Fiche Manga-News
Tome 1
A la base une boutique de manga implantée dans le quartier japonais de Paris, Komikku nous revient avec Malicious Code, un shônen sur lequel l’éditeur semble a priori beaucoup miser… Long de quatre volumes et terminé au Pays du Soleil Levant, Malicious Code se veut un shônen d’anticipation se déroulant dans un Tokyo post-apocalyptique. Qu’on se le dise, si ce premier opus ne révolutionne pas le genre, il n’en demeure pas moins une très agréable lecture !
Malicious Code nous propose de suivre l’aventure d’un quatuor de lycéens dans un monde où Tokyo s’est trouvé isolé du reste du Japon pour cause de pandémie qui a frappé la ville des années auparavant. Ce fléau fut nommé « virus Pandora ». Un jour, le véhicule scolaire des quatre étudiants est victime d’un accident causé par une jeune fille énigmatique. Les quatre amis se réveillent à l’intérieur de ce Tokyo délaissé et sont aussitôt attaqué par d’étranges individus possesseurs de pouvoirs. A son tour et pour se défendre, Hiiro, tête téméraire du groupe, éveille sa capacité, un « Code », qui lui permettra de défendre son groupe.
L’intérêt de Malicious Code réside avant tout dans son univers et son ambiance post-apocalyptique. Amenés malgré eux dans un Tokyo délabré où les quelques habitants sont des possesseurs de pouvoirs agressifs, cette brochette de personnage va devoir apprendre à survivre. Durant le premier chapitre, le lecteur peut se trouver perdu dans cet univers énigmatique, visiblement sous le joug de quelques individus. A l’instar des héros, il est livré à lui-même dans un monde qui le dépasse. Néanmoins, cette impression d’égarement se dissipe au fur et à mesure de la lecture. Le concept des pouvoirs est développé doucement mais sûrement, et apporte ainsi quelques questions que le lecteur comme les héros se posent. Bien sûr, l’intrigue est le prétexte idéal pour intégrer au récit des scènes de combat, ce qui n’empêche pas le titre de posséder une intrigue consistante et ambitieuse, dont on ne demande qu’un développement correcte et des révélations bien menées.
Les scènes de combat sont cruciales dans ce premier opening, d’une part pour apporter une dimension spectaculaire au titre, mais aussi pour donner un rôle à chacun des protagonistes et aider l’avancement de l’intrigue. La mise en scène des joutes est une réussite, le talent graphique d’Ikeno Masahiro n’est pas à remettre en cause. Néanmoins, on regrettera peut-être que l’issue des combats soit souvent prévisible, les divers retournements de situation n’étant pour l’instant que peu originaux, le lecteur devinant aisément les rebondissements qui opéreront quelques cases plus tard. Ces duels ont toutefois le mérite de contribuer d’emblée à une avancée de l’intrigue et de ne pas faire office de séquences d’action gratuite, pour caresser l’amateur de shônen dans le sens du poil.
A intrigue ambitieuse, il fallait des personnages intéressants pour rendre le tout grandiose. Mais pour le moment, Malicious Code ne peut se targuer de posséder des personnalités marquantes… Les premiers personnages présentés ne sortent guère des sentiers battus. Dans la brochette de héros, nous retrouvons ainsi le héros intrépide, son acolyte grande gueule et solitaire, la demoiselle aux petits soins du protagoniste ainsi que l’ami timide mais souhaitant gagner en assurance. Rien de marquant de ce côté-là, vous en conviendrez. On aurait même tendance à reprocher au quatuor de manquer de crédibilité dans leur surprise face aux évènements surnaturels qui découlent sous leurs yeux. C’est peut-être du côté des adversaires que d’avantage d’originalité se fait sentir. Chez certains d’entre eux, une humanité sera progressivement mise en avant, appuyée par un flashback très classique mais qui a le mérite d’exister et justifier la psychologie des personnages sans trop s’étendre. Ces premiers ennemis ne sont pas présentés comme surpuissants comme ça aurait pu être le cas dans un shônen d’action, bien au contraire. Et c’est bien cela qui va contribuer à s’attacher à ces quelques figures. On apprécie aussi le chara-design inspiré de quelque uns de ces adversaires, permettant de les rendre intrigants.
Du côté de l’édition, Komikku nous offre un volume exemplaire ! Le titre sur la couverture bénéficie d’une dorure et contribue à faire de ce tome un bel objet, sans compter que les papiers utilisés sont de qualité. Les quelques pages couleurs du titres figurent sur papier glacé, rendant honneur aux illustrations couleurs de l’auteur. L’adaptation de Komikku est on ne peut plus honorable : pas de lacune à constater, un lettrage maitrisé, et l’éditeur nous fait profiter de pages bonus en fin de tome. Un travail exemplaire, ni plus ni moins.
A l’heure où le marché du manga regorge de shônen d’action en tous genres, Malicious Code propose une alternative intéressante. Le cadre post-apocalyptique et une ambiance plus mature permettent à ce shônen de tirer son épingle du jeu, sans compter que le scénario, ambitieux, promet de surprendre sur les prochains volumes. On pourra reprocher au titre des héros peu marquants ou des pouvoirs qui méritent d’être d’avantage inspirés, mais ce premier tome contentera sans conteste les amateurs du genre ou les lecteurs à la recherche de shônen un peu plus sombres. Si la suite s’avère meilleure, nous aurons affaire à un très bon titre !