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Tome 1 :
Après Kongoh Boncho qui est malheureusement passé un peu inaperçu aux éditions Kana, Nakaba Suzuki revient en France chez Pika avec sa dernière série en date : Seven Deadly Sins, l'un des nouveaux fers de lance du Shônen Magazine de Kôdansha, le magazine de Fairy Tail. Et à l'instar de Fairy Tail ou d'autres gros succès shônen, SDS se base sur de bonnes vieilles recettes qui ont ait le succès de ses aînés... et des aînés de ses aînés !
Tout prend donc place dans un univers "à la Fairy Tail", dans un royaume de Britannia aux inspirations fantasy (et un peu celtiques, cf le nom de Britannia, le personnage nommé Merlin où la brève évocation d'Arthur), où personnages hauts en couleurs et aux pouvoirs colossaux vont se croiser. Parmi les plus forts, deux camps distincts s'opposent. D'un côté, les Chevaliers Sacrés, au service du Roi et garants de l'ordre dans le royaume. De l'autre, les Seven Deadly Sins, troupe de 7 mercenaires aux incroyables pouvoirs, chacun dominé par un animal et un des 7 péchés capitaux. Dix ans avant le début de notre histoire, ces derniers, accusés de trahison envers le royaume, ont vu leur groupe dissout par les Chevaliers sacrés. Nul ne sait ce qu'ils sont devenus, et la légende veut qu'ils sont soit morts, soit cachés loin des Chevaliers Sacrés...
Pourtant, malgré leur réputation peu flatteuse et leur absence depuis dix ans, les Seven Deadly Sins sont désormais recherchés par une jeune fille du nom d'Elizabeth. Princesse du royaume, cette demoiselle aussi jolie qu'ignorante du monde pense que ces mercenaires sont les seuls à pouvoir contrer les Chevaliers Sacrés, ceux qui étaient autrefois garants de la sûreté du royaume ayant effectué un coup d'Etat pour prendre le pouvoir et régner en tyrans sur la population. C'est animée par la volonté de sauver son père le Roi, fait prisonnier, qu'elle parcourt jusqu'à l'épuisement le pays, et qu'elle finit par tomber dans la taverne du nommé Meliodas, jeune garçon étrange, aussi insouciant que pervers, et accompagné de deux cochons : Hawk, un porcinet bavard, et Hawk-Mama, truie géante portant la taverne sur son dos ! Poursuivie par des apprentis Chevaliers Sacrés qui l'ont reconnue, la jeune fille ne sait pas encore qu'elle va être sauvée par sa nouvelle rencontre, qui n'est autre que l'un de ceux qu'elle recherche !
Ainsi commence une aventure qui, pour l'instant, se contente de poser solidement les bases. L'opposition entre les Seven Deadly Sins et les Chevaliers Sacrés dix ans auparavant, ce qui s'est réellement passé à cette époque, le contexte actuel du royaume de Britannia où les Chevaliers Sacrés ont pris le pouvoir, l'identité réelle de Meliodas, et les débuts de la recherche des autres Seven Deadly Sins : pour l'instant, absolument rien ne surprend, on est dans une mise en place on ne peut plus classique, et celle-ci devrait sûrement se poursuivre encore pendant un petit moment puisque la recherche des Seven Deadly Sins ne fait que commencer. Mais l'absence de surprises rend-il de ce premier tome poussif ? Certainement pas ! Car si pour l'instant on a du classique de chez classique, l'auteur emballe les choses de façon très plaisante.
Il y a, pour commencer, un style un peu old school qui nous ramène pas mal d'années en arrière. Si dans Kongoh Boncho Nakaba Suzuki se faisait un plaisir de pousser à fond, jusqu'au délire, certains aspects du bon vieux shônen, ici l'auteur se réapproprie d'agréable manière des recettes vues dans des classiques du genre. Dans un monde d'inspiration fantasy rappelant un peu Fairy Tail, le mangaka nous offre en premier lieu un personnage principal bien campé en la personne de Meliodas, basé sur un physique de gamin insouciant mais très puissant, comme pour beaucoup de héros de ce type (Natsu et Luffy en tête), à ceci près que le bonhomme, en plus d'être plus âgé que ne le laisse penser son physique, se pare d'un humour pervers qui coule avec naturel, qui fait donc sourire et qui rappelle certaines des plus belles frasques vicieuses de Dragon Ball. La mignonne Elizabeth, pure et innocente jusqu'à l'excès, en fera les frais à bien des reprises. Autre figure marquante, le cochon Hawk, qui se dresse déjà comme une mascotte de charme, à la langue bien pendue et véhiculant lui aussi une bonne dose d'humour. D'autres personnages viennent peu à peu s'ajouter à cette listes de caractères classiques mais bien campés, dont certains montrent évidemment les premiers exemples de leur puissance. Dès les premières intrigues, on ressent bien la puissance exceptionnelle des chevaliers Sacrés ou de Meliodas (et sûrement des autres Seven Deadly Sins), qui peuvent détruire des paysages entiers d'un simple coup d'épée ou jeté de lance. Evidemment, cela promet des affrontements dantesques par la suite.
Et si tout est pour l'instant très classique, l'auteur n'oublie pas d'intriguer sur certains points qui, à n'en pas douter, enrichiront petit à petit un univers qui ne demande qu'à s'étoffer. Quel est le passé exact des Seven Deadly Sins ? Pourquoi ces mercenaires sont-ils nommés ainsi ? Combien y a-t-il de Chevaliers Sacrés ? Quelle est l'étendue du Royaume de Britannia ? On a aussi hâte de découvrir, au fil des recherches de Meliodas et d'Elizabeth, chacun des Seven Deadly Sins, la première rencontre de nos héros étant d'ailleurs déjà assez prometteuse de par son physique assez peu courant, et malgré son caractère extrêmement cliché.
Toutefois, les limites qui peuvent se montrer dans ce premier tome viennent précisément de là : des caractères excessivement clichés, surtout en ce qui concerne les deux premières présences féminines, entre une Diane excessivement jalouse et bien pourvue, et une Elizabeth qui est pour l'instant l'incarnation-même de la princesse-potiche ultra-mimi, pleine de bonne volonté mais ne sachant rien faire et devant être sauvée à chaque chapitre. C'est amusant à petite doses, mais à force, certains lecteurs pourraient se demander quelle vision de la gente féminine Nakaba Suzuki a exactement... Espérons que cela change par la suite. De même, on n'échappe pas, par exemple, au traditionnel gamin maladroit qui s'attire les foudres de son village en recherchant juste de la reconnaissance, ou au méchant Chevalier Sacré ultra-beau-gosse-poseur (qu'on a hâte de voir se faire éclater, du coup). Les autres exemples de ce genre ne manquent pas, et si vous n'êtes plus du tout sensible à ce type de choses déjà vues et revues, cela risque fort de vous rebuter, malgré tout le talent de l'auteur.
Revenons justement sur ce talent, qui ne se limite pas à ce qui a déjà été dit côté histoire, et qui éclate également au niveau des dessins. Si les personnages sont classiques, Wakaba Suzuki leur offre une expressivité bienvenue, mais c'est surtout du côté des décors que l'auteur propose des choses très plaisantes : ceux-ci sont riches et denses quand il le faut, portés par des paysages et bâtiments assez médiévaux du plus bel effet. Les détails sont là, y compris dans les quelques brèves scènes d'action, et cela renforce considérablement l'immersion.
Soyons clairs : avec ce premier tome, Seven Deadly Sins se présente comme du shônen tout ce qu'il y a de plus classique. Une série mainstream qui a tout pour plaire à un large public (de préférence assez jeune, mais les amateurs de récits d'aventures un brin old school peuvent aussi y trouver leur compte), n'a pour l'instant rien de très original mais est nourrie au talent d'un auteur qui sait raconter une histoire avec brio, en n'oubliant pas d'inclure ce qu'il faut d'éléments et de questions annonçant un univers plus riche qu'il n'y paraît. C'est donc avec plaisir, envie et curiosité qu'on lira la suite !
Les éditions Pika comptent énormément sur cette nouvelle série qui a tout d'un bon petit frère pour Fairy Tail, et elles nous le font bien comprendre en nous offrant, en plus d'une belle campagne publicitaire, une édition plaisante, portée par une excellente traduction. Seul point dommageable : le papier légèrement jauni.