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Tome 1 :
Secrétaire pour le patron de son entreprise, Shirotani est atteint de mysophobie, peur irrationnelle du moindre contact avec la saleté ou avec des éléments pouvant avoir es microbes. Il porte constamment des gants qui abîment ses mains, n'a de contact physique avec personne, évite les choses banale comme prendre le métro, aller au restaurant ou boire après quelqu'un d'autre. Mais il pense au plus profond de lui-même qu'il n'a pas forcément besoin de changer, son entourage tel son patron Kuramoto ou son collègue Mikami comprenant son problème.
Pourtant, les choses vont basculer le jour où un accident impliquant son patron provoque sa rencontre avec Kurose, un psychiatre qui commence à s'intéresser à lui en lui proposant de le délivrer de son trouble obsessionnel. Kurose demande à Shirotani de faire une liste des 10 choses qu'il se sent incapable de faire, le 1 étant le moins dur et le 10 le plus éprouvant. Commence alors une lente désensibilisation, où, en compagnie du psychiatre, le jeune homme devra surmonter chacune de ces 9 phobies, la dixième et plus grande restant pour l'instant un mystère...
Habituée des personnages fragilisés ou incertains, Rihito Takarai nous propose, avec 10 Count plus qu'avec aucune autre de ses précédentes séries, le portrait d'un homme sentimentalement affaibli par le mal qui le ronge, même s'il dit s'en accommoder très bien. Mais l'apparition de Kurose dans sa vie, petit à petit, change tout. Avec l'aide du psychiatre, le jeune homme cherche pour la première fois à se débarrasser de son mal, et l'auteure croque la chose avec la finesse et la douceur qui sont ses marques de fabrique.
Dans les premiers temps très fragile et ayant beaucoup de mal à aller au devant de sa phobie, Shirotani, presque imperceptiblement, souffre, par exemple au point de s'évanouir en prenant le métro ou de craindre une simple poignée de main. Grâce à sa narration limpide, Takarai fait bien ressortir les incertitudes et faiblesses de son personnages, sans pour autant insister dessus. Pour progresser, le jeune homme peut alors compter sur la présence permanente de Kurose, psychiatre dont les motivations restent énigmatiques. Pourquoi a-t-il pris sous son aile Shirotani sans que celui-ci le lui demande franchement ?
Dans tous les cas, on suit avec beaucoup d'intérêt la lente évolution d'un Shirotani qui, les unes après les autres et avec plus ou moins de difficultés, affronte ses peurs. Bientôt, il tente par lui-même de faire face à ses phobies, tente spontanément de boire après quelqu'un d'autre, ou va de lui-même au contact des autres et notamment de Mikami, son collègue arrivé dans l'entreprise en même temps que lui et avec lequel il voulait sympathiser. De fil en aiguille, étape par étape, sa vie change, il parvient à faire certaines choses qu'il ne parvenait pas à accomplir avant, et se sociabilise doucement. Mais dans le même temps, au fil de sa difficile et lente guérison, lui et Kurose semblent peu à peu s'éloigner... Seulement, Shirotani sera-t-il capable de le supporter ?
Dans tout ça, le boy's love est pour l'instant quasiment absent, on ne fait que le deviner en filigranes à travers les relations d'amitié et de confiance qui se créent entre les personnages. Ici, Rihito Takarai s'applique avant tout à dépeindre avec subtilité les tourments si particuliers de son héros, le résultat est saisissant et laisse pleinement le temps d'apprécier les liens qui se nouent entre les protagonistes.
Avec son thème inédit et abordé avec finesse, son réalisme dans la lente évolution des liens entre personnages, son ton doux et posé et la grâce de son coup de crayon élancé et élégant, 10 Count se démarque déjà du lot sur son seul premier volume, et nous offre un récit d'une délicatesse et d'une sensibilité exemplaires.
L'édition de Taifu s'avère plaisante, entre la première page en couleur, l'honnête qualité d'impression et de papier et la traduction claire.