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Tome 1 :
Bien qu'inséparables jumelles, Nobara et Kotori sont deux adolescentes totalement opposées : là où la première est espiègle et n'en fait souvent qu'à sa tête, la deuxième est un modèle de calme et de sagesse écoutant toujours les conseils de ses parents. Mais lors d'une randonnée en famille, l'aventureuse Nobara va provoquer bien malgré elle un drame qui va changer à jamais sa vie et celle de ses proches, et qui n'est que le début d'événements plus terribles encore...
Si la couverture du tome 1 de Double Je voit une jeune fille verser des larmes, ce n'est pas pour rien : quelques mois après Daisy - Lycéennes à Fukushima qui nous avait totalement bouleversés, Reiko Momochi revient en France avec un nouveau drame, bouclé en 5 tomes au Japon et en réalité antérieur à Daisy, qui annonce d'emblée le couleur puisque le premier événement dur arrive dès la vingtaine de pages en laissant quelque peu estomaqué, tant on ne s'attendait pas à une introduction aussi directe. Même si ce bouleversement arrive très vite, nous allons tâcher de ne pas le spoiler... même si cela implique une chronique difficile à écrire tant toute la suite découle de cet événement.
Signalons donc, tout simplement, la dureté d'une histoire qui s'écarte énormément de l'amas de shôjo romantiques et souvent naïfs dont on nous abreuve en France alors que le genre est autrement plus riche. Plus que le drame lui-même, Reiko Momochi s'applique à dépeindre les conséquences de celui-ci : une famille brisée par le deuil, par une rancune cruelle et par un profond sentiment du culpabilité destiné à ne jamais totalement s'effacer, alors que l'espoir subsiste à travers le lien de deux soeurs faisant tout, comme elles peuvent, pour atténuer le malheur. Petit à petit, les filles tentent de se reconstruire, Nobara a même un petit copain sérieux en la personne de Fuwa, et le bonheur semble envisageable même si le passé ne pourra jamais être effacé. Mais c'est quand ce bonheur commence à être palpable que le deuxième drame, plus terrible encore, vient frapper, aussi soudainement que le premier.
On ne peut pas dire que le récit de Reiko Momochi soit réellement surprenant sur ce deuxième drame, tant les indices laissés étaient gros et tant il arrive pile quand le bonheur familial semblait de nouveau possible pour Nobara et ses proches (et puis on peut se dire que cette famille n'a vraiment, vraiment pas de chance...). Mais ce n'est clairement pas la surprise qui intéresse la mangaka, et c'est une nouvelle fois sa narration qui fait tout : l'auteure ne prend pas de détours, offre un nouveau drame très direct et au contenu terrible qui ne peut que bouleverser, encore plus au vu de tout ce que ça implique par la suite, avec de nouvelles remises en question, le retour d'un sentiment de culpabilité qui commençait à peine à s'affaiblir, et l'importance de chercher à soutenir les proches qu'on aime... même si cela implique de "disparaître".
Avec un premier tome choc qui pose des bases solides, Reiko Momochi confirme qu'elle n'est pas une auteure de shôjo comme les autres et livre un drame certes doté de quelques très grosses ficelles, mais où le ton dur et réaliste et la narration sans détour nous prennent aux tripes pour mieux brasser des thèmes aussi forts et vrais que la mort, le deuil, la culpabilité, l'injustice, l'identité, la reconstruction intérieure... et, surtout, les liens familiaux, le pardon et la douloureuse recherche du bonheur.