Ballad

Shojo, josei, yuri, yaoï... En d'autres termes voici la rubrique regroupant les genres de manga destinés à un public féminin!
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Koiwai
Rider on the Storm
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Ballad

Message non lu par Koiwai » 31 mars 2016, 14:40

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Tome 1 :

Yuri Narushima n'est pas une mangaka débutante : ayant commencé sa carrière dans la deuxième moitié des années 1990, on lui doit plusieurs séries ancrées dans les genres shôjo, josei et seinen, et elle s'est même offert en 2015 une incursion dans l'anthologie hommage au manga Parasite de Hitoshi Iwaaki. Pourtant, il aura fallu attendre pas mal d'année pour la découvrir en langue française, puisque Ballad, qui sort aux éditions Komikku en cette fin mars 2016, est son premier titre publié chez nous.

Prépubliée entre 2013 et 2015, Ballad est une série en deux tomes qui a vu le jour chez Ichijinsha dans le magazine Comic Zero Sum Ward, un magazine féminin plutôt branché aventure, surnaturel et fantastique. Le diptyque dont il est question ici s'inscrit directement dans cette veine en nous plongeant aux côtés de Ryosuke, un adolescent qui était le plus jeune d'une fratrie de trois, avant qu'un an et demi auparavant ses deux grands frères Masaru et Kenji ne meurent, tués par un meurtrier au mobile indéterminé qui s'est ensuite lui-même donné la mort. Vivant aujourd'hui avec sa grand-mère dans un quartier de banlieue, il voit un jour sonner à sa porte une personne lui remettant un mystérieux colis contenant des boîtes venues de l'énigmatique entreprise Ahashima. A première vue, le contenu de ces boîtes semble être des pâtes. Mais en réalité, ces étranges objets, dès qu'ils sont arrosés d'eau, font invraisemblablement revenir à la vie l'âme du défunt le plus proche... Alors que le jeune garçon et sa grand-mère ont la surprise de voir réapparaître sous leurs yeux Masaru, ils ne se doutent pas encore qu'il ne s'agit là que du point de départ d'une affaire aussi nébuleuse qu'inquiétante. Car un peu partout dans le quartier, des dizaines de défunts reviennent ainsi à la vie, dont le meurtrier de Masaru qui est décidé à ré-accomplir sa tuerie. Et quand se mêlent à cette affaire la police ainsi qu'une jeune fille aussi étrange que sexy, cette bizarre situation se complique encore...

Commençons par les quelques points qui peuvent rebuter quelque peu à la lecture de ce premier volume, et qui concernent essentiellement quelques lacunes graphiques et le rythme qui se veut très rapide. Côté visages, on note parfois des yeux bizarrement placés, un aspect un peu trop relâché ou une utilisation de trames un peu moins subtile qui viennent contraster avec le reste, comme c'est le cas pour l'automobiliste du dernier chapitre. Des petits détails qui, sur le coup, peuvent un peu faire sortir de l'ambiance, mais qui heureusement arrivent plutôt rarement. Un point qui pourra apparaître plus gênant à certains lecteurs est plutôt à chercher du côté de la volonté de la mangaka d'aller à l'essentiel, ce qui amène quelques transitions trop rapides ou informations un brin rushées.

Cela suffit-il à ternir la lecture ? Hé bien non, car au-delà de ces légères maladresses, on peut dire que Yuri Narushima sait très efficacement nous plonger dans son récit, qui s'illustre particulièrement par son atmosphère nébuleuse et un poil macabre. Globalement, ses personnages à l'apparence froide, ses décors de banlieue urbaine, et sa mise en scène soignée et appliquée avec quelques très bonnes utilisations du noir, évoquent par instants une artiste comme Yua Kotegawa (l'auteur de Border, entre autres) et servent à merveille une ambiance de polar surnaturel que les mystères ne font que renforcer.
Ces mystères, ils sont nombreux dès les premières pages. Qu'est-ce que ces boîtes ? Qu'est cette société Ahashima ? Comment les morts font-ils pour revenir à la vie ? Pourquoi Masaru et Kenji ont-ils été tués un an et demi auparavant par un homme qui n'avait visiblement aucun rapport avec eux ? Puis, plus tard, qui est exactement cette fille apparaissant dans le quartier et traquant les revenants ? Est-elle une alliée ou une ennemie ?
L'ambiance générale, autour de ces mystères, tend à conférer au récit une atmosphère nébuleuse assez délicieuse, où l'on se laisse volontiers immerger. Et tandis que certaines révélations arrivent déjà et s'avèrent plus ou moins marquantes (par exemple, pour l'instant, les informations sur le rôle de la fille sont vite expédiées), on voit apparaître pas mal de petites informations intrigantes (notamment sur la force des âmes revenues à la vie), ainsi que des considérations très intéressantes et offrant un surplus d'intérêt au titre. Par exemple, on constate que le retour de certains défunts peut entraîner autant de bonheur que de peur selon les cas et les proches concernés. Et dans le cas des deux frères de Masaru, qu'il pensait ne jamais revoir, faut-il désormais éliminer ou laisser revivre ces deux garçons qui, bien que censés être mort, reste pleinement humains en ayant bien une conscience et des sentiments ?

C'est sur ces considérations que l'on referme un premier volume globalement intrigant et captivant, et dont on attend avec une grande curiosité le deuxième et dernier volume.

L'édition est dans les standards de Komikku : première page en couleur, bonne qualité d'impression sur du papier épais et assez souple... La traduction, signée Masaya Morita, ne semble comporter aucun gros couac et passe très bien à la lecture.
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