Tohru Honda... la fille qui a été élue l'héroïne la plus cruche dans je ne sais plus quel magazine... On a tous été à un moment ou un autre énervés par sa grande candeur (oui, c'est sa naïveté qui la rend presque pure sous la plume de Natsuki Takaya). Encore une de ces héroïnes trop parfaite, polie sous le joug de la méchante destinée qui la rend orpheline avant l'âge adulte, quasi abandonnée par toute sa famille, ces gens méchants qui la traitent comme un déchet de la société. Cette fille qui ferait craquer n'importe quel type hétérosexuel, elle nous a terriblement saoûlés avec sa maniaquerie, sa niaiserie, ses sourires béats, sa gentillesse en toutes circonstances et sa propension à toujours dire des trucs qui paraissaient profondément spirituels, de grandes phrases à valeurs bouddhiques et qui, en y réfléchissant bien, seraient totalement ridicules dans notre bouche, lors d'une conversation normale... Et on se demande comment elle a pu réellement survivre toute seule, dans son appartement, avec sa mère à côté de la plaque suite à la mort de son père, si jeune, parce que ma soeur de 9 ans a un mal de ch*** à mettre à bouillir de l'eau dans la bouilloire électrique pour se faire du thé, alors elle, encore plus jeune, on se demande... Et il y a aussi ces grands moments où elle parle de sa mère, une telle ferveur pourrait passer pour de l'idolâtrie. Je crois que Tohru est la fille parfaite que toutes les mères du monde aimeraient avoir pour fille !!! Bref, mesdames, mesdemoiselles, à côté de Tohru Honda, nous ne valons pas grand chose avec nos valeurs vendues au rabais, nos qualités plus terre à terre, et notre ras-le-bol de ce comportement tellement lissé de cette fille perfectionnée, proche du robot-shufu. Cette gourde est trop parfaite, c'est un fait. Elle rayonne et tous ces bishônen se battent pour prendre soin d'elle comme une espèce en voie de disparition.
Bref, passons. Cette histoire est la plus longue que j'ai eu le plaisir de suivre - à cette époque-là - et elle a participé à une sorte de forte réflexion intellectuelle à un moment où j'en avais sûrement besoin. Mais avec le recul, c'est vrai que ça fait un peu culcul la praline... trop de pureté ne tue pas la pureté, mais ça peut agacer sérieusement ! Dès le tome 8, tout le monde sait que Tohru aime Kyo et que Kyo aime Tohru, même eux, ils le savent mais avec l'épée de Damoclès qu'est la malédiction au dessus de leurs têtes, ils jouent les prolongations et il leur faut plus de dix tomes pour en venir au fait qu'ils s'aiment... après bien des tergiversations... comme s'ils effeuillaient une marguerite un peu trop fournie. Heureusement il y a la malédiction, avec ses guerres des nerfs (qui, d'Akito ou de sa méchante mère, Ren, va gagner dans la demeure Sôma ? est-ce qu'un jour ils pourront tous vivre gaiement au grand jour, sans crainte de serrer poliment une main ? jusqu'où Shigure va jouer avec la jeune génération alors que lui-même ignore pourquoi la malédiction s'est levé pour Kureno ? ). C'est du shôjo, alors pas de soucis, vous saurez tous tout en temps et en heure... avec quelques gags et quelques pirouettes traditionnelles, l'histoire évite de trop traîner. Il y a pas mal de bons sentiments et d'amour. Mais il faut l'avouer, on aurait probablement été moins fatigués avec une héroïne avec un peu plus de courage -et pas seulement de volonté- comme Rin (voir mon post sur ces héroïnes canons mais pas seulement
). Les filles autour de Tohru sont plus "normales", complexées, énergiques, prises de tête... enfin, comme nous, les vraies filles, quoi ! (et il y a aussi des sadiques comme Kagura, pour quoi l'amour doit faire mal ; des filles effacées kawaii comme Kisa ; des têtes dures et brûlées comme Arisa ; des filles bizarres mais charmantes comme Saki ; des vrai(e)s garçons manqués comme Akito qui ont du mal avec leur féminité...) Tout va bien Houston, le problème ne vient pas totalement de nous. D'une certaine manière, la conception du manga nous ferait presque penser que nous sommes des personnages secondaires intéressants mais éclipsés par la perfection orpheline, la véritable déesse gourde, que nous aimons tous dans le fond, et à qui nous aimerions ressembler ! Qu'est ce que nous aimerions toutes être cernées ou apparentées à ces beaux mâles aux traits un peu efféminés -ok, va pour androgynes- un peu barges mais terriblement attachants ! Nous aurions toutes aimé les traiter comme nos grands nenfants, comme Tohru avec Yuki, ou plus si affinités.
Attendez un instant ! Furuba est un manga shôjo, tout public, pas un jôsei, alors surveillez vos pensées ! Ici, tout est bien qui finit bien, les garçons sont un peu violents entre eux mais c'est à cause de l'adolescence et la testostérone ; et s'ils sont un peu lourds ou rustres, n'ayez crainte, c'est parce qu'ils sont maladroits mais ô combien bishies complexés. Ici, ils sont tous bien intentionnés et doivent bien avoir planqué leur code de bienséance avec les filles, mis à part quelques garnements un peu polissons (Haru et Shigure se reconnaitront
) et Kureno, trop obéissant. (a)
Je vois déjà quelques mains qui s'approchent de paniers garnis de tomates pourries... Attendez, je n'ai pas fini !!! Furuba, c'est un bon manga au dessin plutôt soigné, qui fait de la pub pour le kawaii et que je conseillerai à toute ado mal dans sa peau, pour sourire et voir qu'elle n'est peut être pas si seule au monde. C'est même moi qui en ai fait la pub autour de moi quand j'ai mis le nez dedans il y a quatre ou cinq ans. C'est mignon, mais la fin c'est un peu comme un soufflé qui retombe : après avoir attendu cette levée de malédiction, et l'éclat au grand jour de l'Amûuur, imaginer que même à la retraite ils s'aiment toujours autant Tohru et Kyo c'est trop cliché... Finalement, laissons-les se balader amoureusement, les imbéciles heureux, espérons qu'ils ne sont pas tous si englués... Haru ? Rin ? quelqu'un !!!