Oeuvres courtes de Natsuki Sumeragi

Ce one-shot se présente comme un recueil composé de quatre histoires puisant leurs sources dans les légendes chinoises et japonaises.
Ce qui frappe en premier, et ce rien qu’en voyant la couverture du manga, c’est le trait extrêmement fin et détaillé de la mangaka. En effet, Sumeragi apporte un soin particulier à ses dessins, en nous offrant de nombreux détails dans les costumes et les coiffures, et en nous proposant des personnages aux traits fins et envoûtants. Ces dessins aux allures d’estampes servent parfaitement les différentes histoires de ce tome. Qu’il s’agisse des amours entre un mandarin et une pivoine, de la rencontre entre un drôle de papillon et un jeune garçon, et de bien d’autres choses, chaque chapitre nous transporte dans un univers mythologique rendu fascinant et poétique par la narration délicate de Sumeragi… Le retour dans la réalité n’en est que plus difficile, vous voilà prévenu !
Delcourt nous a déniché ici une mangaka atypique et talentueuse, et l’éditeur semble l’avoir bien compris en nous offrant une très bonne édition. En plus d’une bonne traduction et d’une qualité d’impression convaincante, nous auront donc également droit à une postface intéressante de Natsuki Sumeragi.



Dans Intrigues au pays du matin calme, one-shot datant de 1993, la talentueuse mangaka nous propose de quitter le Japon pour nous rendre dans une Corée historique, pour y découvrir le personnage de Yun Sugi. Celui-ci est un Angyo Onshi, un inspecteur secret du roi qui voyage à travers le pays pour en découvrir les disfonctionnements, et tenter de les réparer. Au fur et à mesure que nous avançons dans la lecture, nous sommes également amenés à en apprendre plus sur ce personnage, sur le drame amoureux qu'il a vécu et sur un douloureux secret qu'il garde enfoui en lui depuis des années.
Bien avant Youn In-Wan avec le Nouvel Angyo Onshi ou encore les Clamp avec Shin Shunkaden, Natsuki Sumeragi s'était donc déjà intéressée à la légende de l'Angyo Onshi, pour nous offrir une nouvelle fois un récit superbe. Comme toujours avec la mangaka, les dessins sont extrêmement fins et regorgent de détails, ce qui ne manquera pas de charmer l'oeil averti du lecteur. Sumeragi compte son histoire avec beaucoup de subtilité et, grâce à cela, arrive à rendre intéressantes les aventures de son héros.
L'édition de Delcourt est particulièrement réussie. L'impression rend parfaitement hommage aux dessins, et la traduction est convaincante. Enfin, nous pourrons y lire l'intéressante postface de Sumeragi elle-même, rédigée en avril 1993.
Intrigues au Pays du Matin Calme n'est peut-être pas le meilleur titre de l'auteure, mais il prouve, s'il le fallait encore, que Natsuki Sumeragi est une mangaka atypique et dotée d'un incroyable talent visuel et narratif.

La très talentueuse Natsuki Sumeragi nous revient en France, toujours chez Delcourt, avec un cinquième titre, Pékin années folles, série en deux volumes.
Cette fois-ci, la mangaka nous plonge au cœur de l’Opéra de Pékin, dans la Chine des années 20, où de jeunes gens, passionnés par le métier de comédien, tentent de s’émanciper, au sein d’une société sévère. Ainsi, les quatre histoires de ce premier volume, qui conservent une certaine continuité puisqu’elles ont certains personnages en commun, nous présentent l’évolution de certains de ces jeunes passionnés, dans un pays qui commence seulement à se moderniser. Mais pour assouvir leur passion, il leur faudra renoncer à certaines choses, et si les uns s’en sortiront plutôt brillamment, les autres verront leur rêve brisé.
Une nouvelle fois, Natsuki Sumeragi nous plonge dans son récit et nous passionne, grâce à sa narration délicate et poétique, et à ses dessins somptueux, extrêmement fins et détaillés (notamment dans les costumes qui sont absolument magnifiques tant ils fourmillent de petits détails), et qui ne sont pas sans rappeler les estampes.
Comme toujours lorsqu’il s’agit d’une œuvre de Sumeragi, Delcourt nous offre une édition impeccable, avec quatre pages en couleurs, et dotée en fin de tome de nombreuses clés de compréhension qui nous plongent encore un peu plus dans l’univers de cette mangaka plutôt atypique. A découvrir !
Tome 2:
Après un premier volume nous plongeant au cœur des espoirs et des désillusions de jeunes gens dans le milieu de l’opéra de Pékin, ce deuxième et dernier volume nous invite à suivre, toujours dans le Pékin des années 20, le destin de jeune femmes décidées à s’émanciper. Mais au cœur d’une société qui reste très sévère et qui commence seulement à s’ouvrir, cela n’est pas toujours facile.
A travers les aventures heureuses ou malheureuses des ces femmes, Natsuki Sumeragi nous présente certains aspects de la Chine des années 20, ou la répression et la manque de tolérance restent très présents.
Le coup de crayon de la mangaka, toujours aussi fin et détaillé, se prête parfaitement aux histoires que nous conte de manière subtile Sumeragi. A la fois atypique et enrichissante, Pékin années folles s’inscrit dans la continuité des autres œuvres déjà parues en France de cette mangaka définitivement très talentueuse. Espérons que nous pourrons bientôt découvrir en français d’autres œuvres de la dame.
Une nouvelle fois, les éditions Delcourt nous offrent en fin de tome des clés de compréhension très utilise, ainsi que la postface de Natsuki Sumeragi, qui nous invite à en apprendre un peu plus sur la République de Chine, ainsi que l’idée que l’on a des cheveux courts, le style occidental et les oiseaux à cette époque. La couverture et la page en couleurs en début de tome sont également magnifiques. Du tout bon.

Plusieurs mois après l'excellent Pékin année folles, c'est avec plaisir que l'on retrouve enfin Natsuki Sumeragi en France. L'attente valait-elle le coup ? S'il est clair que oui, certains lecteurs amateurs de la mangaka pourraient tout de même être un peu déçus par un récit parfois longuet, ainsi qu'une narration et un découpage qui ont déjà été plus subtils et dynamiques dans d'autres oeuvres de l'artiste.
En dehors de ces quelques défauts, c'est avec plaisir que l'on retrouve les dessins si particuliers de la mangaka, qui, malgré une absence parfois marquante des décors, quelques problèmes de proportion et un aspect un peu trop statique, se révèlent toujours aussi fins et précis, et, de par leur style "ancien" rappelant les estampes, collent parfaitement à l'aspect historique du titre.
Au niveau du scénario, Natsuki Sumeragi pioche donc une nouvelle fois dans les récits historiques. Ici, elle s'attaque à la Chine du 17ème siècle et nous offre un bon récit, porté par des personnages principaux intéressants et un sujet peu banal. Sur le plan historique, l'ensemble paraît, une nouvelle fois, assez bien respecté, même si l'Histoire n'est ici que source d'inspiration.
Toutefois, dans sa postface, Sumeragi reconnaît elle-même qu'elle a eu des difficultés pour offrir une bonne structure à son histoire. Mais surtout, cette postface nous laisse penser que nous avons affaire ici à un récit inachevé. Mais si c'est réellement le cas, cela ne se ressent absolument pas lorsqu'on arrive à la fin du one-shot.
En conclusion, Sous la bannière de la liberté n'est sans doute pas le one-shot idéal pour découvrir le travail de Natsuki Sumeragi. Mais ceux qui connaissent déjà et apprécient la mangaka devraient retrouver ici une grand partie de ce qui fait le charme de ses oeuvres.
Au niveau de l'édition, c'est à nouveau du tout bon pour Delcourt. La traduction est impeccable et dans le ton du titre, l'impression et l'adaptation satisfaisantes, et le papier agréable. Les notes historiques en fin de volume et les deux premières pages en couleurs sont un plus non négligeable.

La première nouvelle, "Le chant de la fille de Yue", a pour cadre un village de Chine avant notre ère, à l'époque des Royaumes Combattants. Ke-yi est éperdument amoureux d’Ai-ru depuis toujours, mais la jeune demoiselle ne le lui rend pas. Ai-ru, rêvant d’une vie plus excitante et aventureuse, tombe sous le charme du riche prince pu pays voisin, en visite dans les environs. Pendant une promenade en bateau, le prince demandant à entendre une chanson, Ai-ru saisit sa chance en improvisant une chanson et se fait remarquer par le prince, qui lui propose de repartir avec lui. Mais Ke-yi ne l'entend pas ainsi, et est bien décidé à prouver la force de son amour en allant rencontrer le prince, à ses risques et périls.
La nouvelle "Le dieu de la montagne", si elle s'inspire également de la mythologie asiatique, est dotée d'un cadre plus merveilleux. Elle raconte l'histoire de Hyeon-a, fille cadette du chef d’un village montagnard. Ce chef décide d'offrir la jeune fille en mariage à celui qui arrivera à tuer un redoutable tigre qui sévit dans la région. Ne supportant pas cela, Hyeon-a décide d’aller à la rencontre du dieu de la montagne pour avoir de l'aide. Elle ne tarde pas à rencontrer un mystérieux garçon qui, après sa mort, est devenu capable de parler au dieu de la montagne et au tigre. Tombant amoureux de la jeune fille, il décide d elu faire croire qu'elle est morte elle aussi pour qu'elle reste avec lui dans la montagne...
Parmi les récits de la mangaka parus en France, "L’enlèvement de la mariée" est le premier à avoir pour cadre l'Europe, et plus précisément une région qui semble se situer vers l'actuel Pays de Galles. Elfrick, un jeune serviteur, doit escorter Estrida, la future épouse de Lord Talbot jusqu’à lui. Sur leur route, ils ne tardent pas à rencontrer des religieuses. C'est alors qu'Estrida se fait enlever par un ravisseur...
"L’éventail fleuri" reprend pour cadre la Chine, où une jeune fille. Haïssant les étrangers qu'elle accuse d'avoir tué son père, elle décide de se venger en faisant couler leur sang sur son éventail, éclaboussé à l'époque par le sang de son père, jusqu'à ce que celui-ci soit devenu totalement rouge.
Enfin, "La maison close", entre histoires d'amour, d'amitié et de jalousie, nous présente la vie de plusieurs femmes qui se prostituent.
Ce sont donc des récits très variés que nous propose ici Sumeragi. Avec le talent de conteuse qu'on lui connaît déjà, la mangaka dépeint plusieurs époques, allant de -200 au dix-neuvième siècle, et ce dans plusieurs lieux s'étendant jusqu'en Europe. La variété se retrouve également dans l'ambiance générale des contes, que ceux-ci soient historiques, réalistes ou emprunts de merveilleux.
Mais surtout, ce sont les différents portraits de femmes qui attirent ici toute l'attention. Qu'elles soient amoureuses, à la recherche d'amitié, mystérieuses, désireuses d'aventure ou de vengeance, ou encore le jouet de luttes et de complots, elle sont toutes fort bien dépeintes par Sumeragi. Par ailleurs, la mangaka s'attarde également beaucoup sur les relations entre les différents personnages, ainsi que sur les différentes cultures dans lesquelles elle installe ses récits.
Visuellement, le trait de la mangaka est toujours aussi facilement reconnaissable, la finesse et le souci du détail de l'ensemble ne manquant pas d'évoquer les estampes.
Au final, voici un recueil très sympathique à suivre, hétéroclite et abordant bien son sujet.